Avec regret, les organisateurs du Festy Gay de Gourin, en Bretagne, ont annoncé hier l’annulation de cette «gay pride de campagne». C’est à travers un post sur la page Facebook de l’évenement que les participant.e.s ont appris la triste nouvelle.
«DES CONDITIONS DRACONIENNES»
Contacté par Yagg, le maire de la ville, David Le Solliec, confirme que cette décision fait suite une «circulaire préfectorale avec des conditions draconiennes». Parmi les contraintes à respecter, il y a la fermeture des 25 rues qui donne accès au Festy Gay, l’installation de plusieurs barrières Heras hautes de 2 mètres, un dispositif anti-voiture-bélier, incluant cinquante plots de béton de 800 kg.
Le non-respect de ces contraintes aboutit à un «avis défavorable» de la préfecture. Les organisateurs et la mairie prennent alors l’entière responsabilité en cas d’accidents «pas seulement pour un attentat, mais aussi pour un bras cassé, ou un quelconque accident, comme il y en a toujours» affirme David Le Solliec. Ce serait donc la responsabilité pénale qui serait engagée, que ni l’assurance du maire, ni celle de l’organisateur, ne prend en charge.
Pour chacune de ces obligations, un dispositif en amont est à mettre en place. «Les autres années, pour bloquer les rues, c’est un seul homme, qui installait à la main des petites barrières avant le passage des chars et qui les retirait juste après» nous raconte le maire. «Pour installer les blocs de bétons, il faudrait faire venir beaucoup des camions grues, les rues seraient complètement bloquées, la circulation interrompue avant et après l’événement ça prendrait la journée à tout mettre en place et tout désinstaller». Mais l’argument massue qui a enterré l’événement est le coût financier d’une telle organisation.
AUCUN SOUTIEN DE LA PRÉFECTURE
«Accumulées, toute ces modifications font rapidement monter la facture à 100 000 euros, constate le maire de Gourin. Et la ville et l’association organisatrice, les Folies Gourinoises, n’ont pas les moyens de financer tout ça. A titre d’exemple, cette somme correspond à l’ensemble des subventions accordées chaque année aux 70 associations présentes à Gourin». Sur ce terrain là, la préfecture n’est absolument pas venue en aide à la ville de 4000 habitants. «La préfecture ne met pas un kopeck. Il n’y a pas un centime de mis par l’État, comme jamais d’ailleurs. Toutes les fêtes de la région Bretagne sont concernées, et donc elles peuvent toutes réclamer une somme équivalente». A titre de comparaison, le maire nous précise que le festival des Vieilles Charrues a dû rajouter 400 000 euros pour répondre aux critères de sécurité exigés par la préfecture.
David Le Solliec, maire de Gourin: «La préfecture ne met pas un kopeck. Il n’y a pas un centime de mis par l’État, comme jamais d’ailleurs.»
Face à ces obstacles, l’association Les Folie Gourinoises et la mairie ont préféré mettre un terme au projet cette année. «C’est une fête de libertés, ça n’a plus aucun sens si l’on barricade tout» déplore Bernard Raynal, président des Folies Gourinoises. «On n’est plus du tout dans le thème, si on enferme les gens dans des grillages», ajoute le maire de Gourin.