Dans son édition du 16 janvier 2015, reprise par lefigaro.fr, Le Parisien nous révélait ce matin que le film Timbuktu (Abderrahmane Sissako, 2014) - sélectionné pour l'Oscar 2015 du meilleur film étranger et remarqué au dernier festival de Cannes - avait été déprogrammé du cinéma municipal à la demande Jacques-Alain Bénisti, maire UMP de la commune de Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne). « J'ai peur que ce film ne fasse l'apologie du terrorisme […] Ce n'était juste plus possible de le diffuser maintenant. Nous le repasserons plus tard, j'attends de voir comment évolue la situation », expliquait alors l'élu pour justifier sa décision. Pas une interdiction locale au sens juridique donc, le maire n'ayant pas pris d'arrêté d'interdiction de projection du film dans sa commune, mais une "simple" déprogrammation du cinéma municipal dont le maire est responsable.
Sorti sur les écrans français le 10 décembre 2014, Timbuktu raconte l'histoire de villageois du Nord du Mali à l'arrivée des djihadistes dans leur région. « La déprogrammation de ce film plébiscité par la presse et les spectateurs n'est pas comprise par l'opposition municipale de Villiers-sur-Marne », rapporte Le Figaro dans la matinée. Jacques-Alain Bénisti, quant à lui, parle d'une « mesure de sécurité eu égard aux événements ».
Censure, amalgame ou manque de courage ?
Toujours est-il que dans l'après-midi, lemonde.fr nous apprend que sous la pression, le maire a finalement fait marche arrière : « Compte tenu des événements, et du fait que Hayat Boumeddiene [la compagne d’Amedy Coulibaly, le responsable de la tuerie de l’Hyper Casher et de l’assassinat de la policière de Montrouge] soit originaire de Villiers, je ne voulais pas que le sujet du film soit dévoyé et que les jeunes puissent prendre comme modèle les djihadistes. Nous allons reprogrammer le film dans une quinzaine de jours, et organiser un débat, avec des responsables de trois grandes religions, des représentants d’associations, et pourquoi pas, s’ils le souhaitent, des membres de l’équipe du film ».
Une reprogrammation différée, certes, mais une reprogrammation quand même.