Si écrire un bon texte, avec du rythme, du vocabulaire, et un contenu intéressant, est difficile, ça l’est encore plus lorsqu’il s’agit de s’attaquer à l’écriture érotique/pornographique. Qu’on ne me parle pas de 50 Nuances ou je vous jette mon iPhone dans la figure.
L’écriture de textes érotiques est un exercice périlleux, car au delà de la simple (mais essentielle) qualité littéraire, cela appelle à notre intime, nos fantasmes, notre conscience et notre sensibilité profonde, stimulée simplement par la suggestion. Loin des codes du porno filmé qui exhibe en mettant trop souvent de côté l’esthétisme, ce point me semble primordial si ce n’est fondamental lorsqu’on parle d’éveiller et susciter le désir par des mots. Il s’agit de trouver – et conserver – cet équilibre fragile entre vulgarité et ridicule, ligne ténue qui n’est pas la même pour tout le monde.
Lorsqu’il s’agit d’excitation par un matériel porno ou érotique, je suis pourtant plus sensible au bruissement du papier qu’aux grognements simulés d’acteurs de seconde zone en mode sodomite. Je suis donc à la recherche constante de textes, blogs, romans, et j’en passe, qui puissent allumer les chatouilles au creux de mon ventre (et plus si aff). Sans en faire non plus un support masturbatoire (vous avez déjà essayé de vous toucher avec un bouquin dans une main… ?), j’aime le son des mots, et j’apprécie d’autant plus la qualité de textes lorsqu’ils abordent cet art délicat.
Sans même aller jusqu’à la littérature érotique en tant qu’objectif, il est toujours intéressant de voir la manière dont les écrivains intègrent le sexe dans leurs histoires – bien souvent de la manière la plus sobre qui soit : en évitant le sujet. On est pourtant loin des interdictions -16 à l’écran des cinémas, et c’est ainsi que j’ai connu mes premiers émois BDSM lors de la découverte de l’art du shibari chez Djian (Vers chez les blancs, roman érotique assumé mais qui n’a pourtant pas été publié comme tel), dont j’ai lu une grosse partie des écrits à l’adolescence. Despentes, dans des romans drama-trash féministes, amène aussi une sexualité saphique brutale (et parfois critiquée). Enfin, on retrouve une forme d’érotisme qu’on a tendance à mettre de côté dans certains romans comme l’ovni de Suskind, Le Parfum. Une histoire entièrement basée sur l’odeur, et cette quête insensée de l’amour (malgré son contexte légèrement pervers et meurtrier), n’est-elle pas la quintessence de l’érotisme ?
J’aimerais vous parler un peu plus de mes lectures et émois littéraires – ainsi qu’entamé par Louise avec sa critique de Pornoterrorisme, nous inaugurons donc ici une nouvelle rubrique dans notre Quête : les culottes de Papier.