C’est un soir de semaine, mon mec est en train de se bourrer la gueule fêter sa rentrée avec des amis, ma coloc est en vacances, je suis seule à l’appart avec mon chat. Après avoir rattrapé mon retard sur l’actualité et mes flux, j’hésite à lancer les Sims (et me coucher à pas d’heure), ou à procrastiner autrement. J’ai fait le tour de Tumblr (note : poster une photo avec un strap-on fait gagner pas mal de followers), il ne se passe rien sur Twitter, BREF – me voilà en train de taper Chaturbate dans la barre d’adresse.
Il y a quelques jours, j’ai lu avec beaucoup de curiosité les deux articles de Stephen sur son expérience en tant que camboy (à lire sur le Tag ici et là), et ça m’a donné plein d’idées. N’étant pas une grosse amatrice de porn en général, je n’avais jamais été non plus sur ce type de site. Je sais, je vais avoir trente ans et j’ai jamais été sur Charturbate, il fallait bien que je le fasse avant d’être accusée d’avoir raté ma vie.
Je me retrouve donc sur la home de ce site. Premier constat, c’est pas trop mal foutu, et c’est en français (j’ai beau être bilingue j’apprécie l’effort de traduction – malgré les fautes qui traînent ici et là). Vu l’heure tardive, les cam sont majoritairement des Américain.e.s (Nord et Sud) – je note une Espagnole, quelques Allemands, pas mal de Latinos. Je suppose que les Français limitent aussi leur visibilité pour ne pas être reconnus… Certains semblent vraiment jeunes, d’autres me font penser à ces couples exhib de 40-50 ans qui sévissent sur Tumblr.
Très vite, je me trouve deux petits couples qui me plaisent bien – une jolie brunette à frange tatouée avec son mec plutôt hot, et une fille toute fine avec des cheveux bleus. Dans ces deux cas, c’est surtout la fille qui entretient la conversation. Le mec est derrière, s’occupe de je ne sais quoi (un des deux joue à Call of Duty sur son ordinateur). Ils ont des chiens, qui se promènent derrière et font leur vie. Pour l’un la cam est sur le lit, l’autre est posée par terre, la fille allongée sur la moquette.
Il ne se passe pas grand chose, chacun discute avec ses « fans », la brunette vient de se voir offrir un super cadeau de sa liste Amazon par un de ses followers et chiale d’émotion (on apprendra au bout de 40 min que c’est une GoPro). De temps en temps, le mec revient dans le champ et joue un peu avec la fille – ils sont rarement à poil, je suis frustrée, je voulais voir des couples s’amuser, et je me retrouve à chatter avec des potes à poil dans leur salon.
Dogturbate, nouveau concept de la SPA
Je passe sur les filles seules. Crush sur cette poupée aux cheveux bleus (oui au moins elle attire l’oeil) (Katty Kitten – semble-t-il qu’elle est connue) qui tente d’attirer les tokens en lançant des œillades sous un trait d’eye-liner. Elle sort un énorme gode qu’elle commence à sucer – quelques tokens tombent, mais c’est relativement très calme. Elle ne parle pas vraiment avec ses fans, elle a beau être superbe, c’est chiant. Je switche vers une espèce de sublime brunette aux yeux de chat – une Canadienne qui cam avec son mec, mais qui est seule ce soir. Elle tente difficilement de faire monter les enchères pour allumer son hitachi – à 100 tokens, la jarre se remplit, elle laisse le hitachi allumé tant qu’il y a des tokens. Avec une promesse de squirt si ça va assez loin. Dans son cul, un superbe plug transparent – qu’elle a du insérer plus tôt, je sais pas. Elle apostrophe ses followers « come on guys, tip for the hitachi !« . Là non plus, ça prend pas vraiment.
Allongée sur un tapis, elle jette régulièrement des coups d’oeil hors caméra – son mec ? son chien ? – se mord la lèvre comme un tic qui ferait bander ses followers (faut dire que sa bouche est vraiment sexy). 100 tokens. Elle allume le hitachi. Commence à prendre son pied, mais la jarre baisse et ne se remplit plus. « Come on guys !« . Stop. Au bout de la 3e tentative, et 3e jarre qui se vide, on sent son agacement – moi aussi je pêterai un câble si je devais arrêter de prendre mon pied pour une histoire de jetons, pour des mecs qui semblent n’en avoir rien à faire. Je regarde sa chatte – elle mouille à peine. Dans sa bio, elle écrit qu’elle est là tous les soirs. Rapide calcul, il est 20h dans sa province Canadienne. Je me demande quelle est sa vie, si elle passe ses soirées à tenter de jouir devant des mecs pas convaincus. Je réalise aussi à quel point c’est pas facile de se faire de l’argent – elle est super jolie, elle a un plug dans le cul et des promesses de squirt, une communauté de pas mal de followers, et pourtant elle mendie pour des jetons.
Il est 3h du matin, j’ai pas vu l’heure, je me lève le lendemain. La loose. J’ai passé bien 2 heures sur ce site, sans avoir eu ne serait-ce que l’idée de me toucher. C’était fun, mais ça me laisse une impression un peu étrange d’avoir passé un bout de la nuit assise dans le salon de vieux copains – j’ai d’ailleurs dans l’idée que j’aurais plus de chances de voir certains de mes amis baiser que sur Chaturbate
Je ne m’arrêterai pas là. Ça me rend vraiment curieuse, et je compte bien y retourner – même si je reste grise (sans tokens).
– à suivre… -