C’est une citation de Céline… J’adore notre secrétaire d’Etat démissionnaire, qui pendant qu’il donnait des leçons avec morgue et mépris sur la moralisation de la vie politique, et vice-présidait la mission d’information sur la fraude fiscale, avait – oups… - juste omis de déclarer ses revenus pendant quelques années.
C’est fréquent avec le fric, plus encore avec le cul. Ce sont tellement souvent « les plus vicelards » les plus prompts à donner de grandes leçons… Ne jamais, surtout jamais se fier aux apparences, donc : les activistes du moralisme ont rarement « les fesses propres », comme on dit… Certains de ceux qui ont hurlé au scandale au moment de l’affaire DSK (non pas tant sur l’histoire de viol présumé
mais le côté «
mais comment un homme dont les moeurs étaient en réalité si dissolues allait-il accéder aux plus hautes fonction, quel scandale, gouverner notre beau pays exige un dévouement total à la tâche, et puis quoi, allons, il n'aurait quand même pas pu organiser des partouzes à l'Elysée… Alors vous imaginez le truc ? Les services secrets sur les nerfs parce qu'à la nuit tombée le Président quitte discrètement la rue Saint Honoré pour aller partouzer dans Paris, allons, ce n'est pas sérieux ! »), un notamment de ces ravis de la crèche était pourtant (dit-on dans le « milieu libertin») un de ses acolytes les plus réguliers dans les soirées osées… pas forcément du meilleur goût. Celui-là aurait pu éviter les interviews, ou botter en touche : il en a fait deux fois plus que tout le monde dans la condamnation, accents outrés et trémolos dans la voix pour déclamer ses vibrantes tirades "mais vraiment si j'avais su quel homme il était, quel homme j'ai soutenu, je me sens si intiment trahi...", larme au coin de l’œil et visage indigné… Il y en a qui n’ont vraiment peur de rien ! Et puis un jour ça se sait, et ils se retrouvent complètement piteux, « la queue entre les jambes », sans le moindre argument pour excuser le vice qu’ils ont si ardemment condamné…
On peut citer cette anecdote – certes un peu ancienne, rapporté par l’éditeur Jean-Jacques Pauvert dans son autobiographie
La traversée du Livre (Editions Viviane Hamy, 2004) : après la guerre, la France salie par la collaboration cherche à se refaire une virginité. Aussi, rarement les ouvrages licencieux n’y ont été autant traqués. Deux lois, de 1939 et 1949 figurent que «[…] tous imprimés contraires aux bonnes mœurs pourront être poursuivis » et que les livres « présentant sous un jour favorable […] la débauche ou tous actes qualifiés crimes ou délits ou de nature à démoraliser l’enfance ou la jeunesse sont interdits ». Pour faire appliquer ces lois et mettre à l’index tous ces « mauvais livres », un groupe baptisé « Cartel d’action morale » s’était auto-constitué. A sa tête, plus moraliste tu meurs, un certain Daniel Parker. Le Cartel fut à l’origine d’intenses pressions sur les gouvernements pour durcir les lois, et de beaucoup de poursuites retentissantes (en se portant partie civile), dont celles de
Sexus de Miller et des livres de Boris Vian (pseudo Vernon Sullivan). L’éditeur de ce dernier, un certain Gaston Gallimard, lassé de perdre son temps dans d’interminables procès, eut la géniale intuition d’employer un détective privé pour suivre Daniel Parker. Le détective ne lui trouva certes aucune maîtresse… mais des dizaines de très jeunes garçons violés, plusieurs poursuites ayant été étouffées grâce à ses relations dans la haute hiérarchie du clergé (haute hiérarchie ravie de son activisme contre les livres de cul, au point de faire taire quelques enfants de cœur, miam miam). C’est ainsi qu’après 20 ans de lutte acharnée contre les écrivains et éditeurs qui osaient laisser passer une page de sexe, et une soixantaine de procès intentés à ce sujet, Parker disparut du jour au lendemain de la circulation…
C’est aussi incroyable que pour Cahuzac ! La grande tradition française de la duplicité, dans ce qu’elle a de plus théâtral :-) C'est fou comme souvent, plus on est intolérant vis-à-vis d'un vice, plus on est intimement concerné...