L’amour de la liberté, en amour, ne peut faire l’économie de quelques contradictions d’envergure.
Je n’aime pas les clubs libertins, mais je vais pourtant y braconner, à l’occasion, quelques petits plaisirs qui suralimentent mon excitation…
Ce qui suralimente mon excitation ?
Surtout la magie des sons. Le bruit de fond.
C’est-à-dire les grands cris de jouissance qui rythment les lieux...
Le meilleur lieu pour braconner ce plaisir-là : les Chandelles.
Aux Chandelles, donc, mon endroit fétiche : le renfoncement adjacent au salon de droite, où s’asseoir dos à la grille, donc sans rien voir de ce qui s’y déroule, mais bénéficier de tous les cris me parvenant directement…Fermer les yeux, simplement écouter, et laisser l’excitation me gagner : me laisser totalement griser aux seuls sons du plaisir...
Tout m’excite, en fait, à écouter : des plus petits souffles étouffés à tous les mots du plaisir prononcés dans ces circonstances (parfois tendres, parfois orduriers), des cris un peu désordonnés jusqu’aux grands hurlements d’orgasme - ceux des plus ardentes redditions… (très fréquents dans ce lieu. Souvent surjoués ? Débat récurrent…). Toute la bande son du plaisir...
Ça, oui, ça m’excite vraiment. Je ressens presque le plaisir des femmes simplement à les entendre crier : la proximité de la perdition inscrite dans la raucité de leurs souffles, leurs cris toujours plus affolés au fil du plaisir , sans cesse plus sauvages, plus impudiques, plus incontrôlables, plus excitants, jusqu’au dernier grand cri d’orgasme, et au souffle court qui s'ensuit…
J’aime le style avec lequel certaines femmes se donnent, la splendeur des libérations de leur plaisir quand elles l’extériorisent sans aucune pudeur (je suis incontestablement de ces femmes-là ; je pense d'ailleurs que mes amants pourront sourire à cet aveu).
L’art de défaillir, ce mélange de luxe et d’abdication dont jouissent certaines femmes à l'instant suprême… J’aime l’expression de leur orgasme : lascive, orageuse, déchirée de plaisir, interminable et excessive, vaguement inquiétante, immensément troublante…
Aux Chandelles, donc : j’aime aussi m’attarder dans le couloir séparant les deux salons, et entendre les cris étouffés me parvenir de tous côtés, cette impression de me trouver au cœur-même d'un îlot de volupté où toutes les femmes autour de moi sont en train de se faire baiser (et de le crier sans scrupules)...
L’abandon à la volupté du moment, et la magie des Chandelles, c’est ça : laisser l’excitation nous gagner par contagion. Savourer le plaisir qui est dans l’air, celui qui se crie sans se cacher, celui qu’on entend où qu’on se trouve dans le lieu…
Nota : Par contre, je ne suis pas (du tout) excitée d’entendre « les fesses claquer » (comme dit le jeune homme dans cette vidéo, piquée sur Youtube – tournée au Moon City, un des clubs les plus glauques de Paris. Ils interviewent une suédoise qui participe à sa première soirée libertine en France). Je me demande d’où vient cette obsession de certains hommes, dans les lieux libertins, de baiser comme des bourrins ? Mais qui leur a dit que cela était propice au plaisir des femmes ? Rien ne me semble plus contraire au plaisir des femmes que cette façon de baiser comme des brutes et n'importe comment, comme si certains hommes avaient besoin d’en « sur-rajouter » dans la virilité pour épater la galerie. Totalement débile. Mais ce sera un autre débat.