Quand tu es une vedette de la télé, c’est facile d’avoir des jolies filles à dîner, dans un restaurant chic, en tête à tête. Le tout est de savoir à quoi ça sert. J’ai pas envie de perdre du temps là-dedans. Je ne trouve pas d’intérêt dans ces espèces d’aventures show-biz. Ni avec les vedettes – je ne suis pas un starfucker -, ni avec les débutantes. Le mec qui fait croire à une fille qu’il va lui faire faire de la télé pour la baiser, quoi de plus ringard ? Je trouve ça nul. No zob in job. Si j’avais vraiment envie de baiser, je préférerais appeler une professionnelle du sexe, ou aller dans des boîtes échangistes, c’est plus simple et plus rapide. Tu vois ce que je veux dire.[Philippe Kieffer : Je vois. Et c’est comme ça que tu t’es fait une réputation de partouzeur, apôtre de l’échangisme.] […] L’autre soir, j’arrive aux Chandelles, je suis une vedette là-bas, depuis que j’y ai fêté mon anniversaire, j’arrive, et le mec me dit : ...
« Si vous saviez le nombre de gens qui viennent et qui demandent : « Il est là, Ardisson ? » » Les gens pensent que j’y suis toutes les nuits, que j’habite là, quoi. En fait, ce que j’aime dans ces boîtes, c’est que les gens baisent au lieu de danser en rêvant qu’ils vont baiser. C’est mon côté soixante-huitard, ennemi de ce puritanisme que j’ai connu avant Mai. J’ai eu dix-huit ans l’année de Summer of Love. Les boîtes échangistes ne me choquent pas plus que les back-rooms homos. Je les tolère volontiers. […][Philippe Kieffer : Donc, tu n’es pas le jouisseur, l’hédoniste que d’aucuns imaginent…]Je ne dis pas que je suis un saint, et que je n’ai pas des fantasmes, des envies de magnifiques orgies au bord d’une piscine, avec des putes et du champagne, comme dans les clips de rap. Simplement, je ne suis pas victime de mes sens. C’est la différence avec d’autres. Je me contrôle. Je connais des nymphomans, mais c’est une pathologie dont moi, je ne suis pas atteint. [Philippe Kieffer : A propos de pathologie, tu es jaloux ?]Très. Si je n’arrive pas à joindre ma femme pendant une après-midi, je vais m’énerver, ça c’est sûr. C’est clair que je surveille. C’est très flatteur pour une femme d’avoir un mec possessif. Les gonzesses, elles aiment bien qu’on leur dise : « Je ne veux pas que tu ailles baiser avec un autre. »
Référence : Confession d'un baby-boomer, Thierry Ardisson avec Philippe Kieffer, Flammarion, septembre 2005
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