L’avancement des droits des femmes ne pourra se faire sans nous. Pour beaucoup (trop) d’hommes, le féminisme est au mieux une cause inutile, au pire un mouvement animé par des femmes castratrices sexuellement frustrées dans leurs rapports aux hommes.
Cependant, c’est bien plus complexe, et nous avons besoin du féminisme (je parle du féminisme en général, je n’évoquerai pas ici les différents courants). Je ne vais pas m’attarder sur les raisons nobles, les mêmes qui mobilisent la lutte contre le racisme et autres discriminations, mais adopter un point de vue égoïste sur ce que cela apporte à la gente masculine. Pourquoi cet angle ? Car c’est beaucoup plus facile de sensibiliser autrui quand celui-ci y trouve un intérêt personnel. Tout simplement.
Celles qu’on aime méritent l’égalitéÇa vous laisse indifférent de voir vos sœurs, votre mère, votre copine ou vos amies victimes des rôles genrés sur lesquels fonctionne notre société ? Que celles-ci se soient harcelées dans la rue, soient victimes d’agressions sexuelles, soient handicapées dans la recherche d’emplois quand elles sont considérées comme « potentiellement fertiles » ? Non, car on souhaite le meilleur à ceux et celles qu’on aime. Donc le machisme, le slut-shaming, les agressions sexuelles, ça nous concerne aussi.
Des femmes qui gagnent plus, c’est plus d’argent au foyerRaison purement matérialiste, mais qui reste la plus évidente pour les personnes les plus obtuses et cupides : une femme payée l’égale d’un homme, c’est plus de capital à la maison. Plusieurs raisons expliquent pourquoi nous gagnons plus qu’elles : moins de femmes occupant des postes à responsabilité, des enfants qui sont un frein à la carrière, et parfois un écart de salaire à poste égal. En moyenne, la différence sur la fiche de paie va de 10 à 15 %. Plus de détails avec cette vidéo récapitulant les chiffres 2011 de DARES, l’INGAS et l’INSEE.
Infographie : Les inégalités hommes femmes par lesechos
Les féministes ont bien compris que l’avancement des droits des femmes passe par la remise en cause de ce que la société attend de notre genre. Phénomène dont nous sommes aussi victimes, à moindre échelle bien sûr. À quel garçon n’a-t-on jamais dit « Pleure pas. T’es un homme ! » ? Combien d’entre nous se sont sentis obligés de rouler des mécaniques plus que nécessaire pour correspondre à l’image « d’homme » qu’attendent nos compatriotes équipés d’un pénis ?
Comme l’explique très bien le député Sébastien Dénaja, 35 ans (en général ça n’intéresse pas trop les vieux mâles…)
« Le féminisme, c’est un travail, une analyse des stéréotypes dans lesquels on est enfermés, tant les hommes que les femmes. »
Personnellement, ça m’embête de ne pas pouvoir adopter certains comportement dits « féminins » sans susciter constamment la curiosité, ou me faire vanner sur mon hypothétique orientation homosexuelle. La plupart du temps je ris car je trouve ça drôle, mais des hommes moins assurés peuvent être véritablement agacés. Voici quelques exemples.
J’ai le droit d’admirer le style ou le physique d’un mec sans que ça me stimule sexuellement, et ce pour une raison extrêmement simple : boobies.
Parfois, j’ai envie de dire qu’un truc est trop mignon sans que ça interpelle car ça sort de la bouche d’un homme.
D’autres fois, j’ai envie d’être invité à sortir ou être embrassé le premier. Pas que je n’aime pas prendre l’initiative (au contraire), mais histoire de changer, de découvrir une autre facette de la séduction, même si je l’apprécierais probablement moins. Et certainement pas car je complexe sur mon rapport aux femmes comme le pensent certains à propos des hommes féministes.
J’en ai marre que les filles soient excusées de ne pas avoir des bases de bricolage mais que toi, malheureusement, quand tu ne sais pas faire, tu prends tous les blâmes. Car tu es un homme, tu DOIS être bricoleur, elles c’est normal leur truc c’est plutôt les torchons et les serviettes…
Bref, plein de petites choses qui, mises bout-à-bout, nous cloisonnent dans des schémas dont on aimerait parfois s’extirper.
Des femmes bien dans leur peau, c’est bon pour notre vie sexuelleJe conclue avec l’argument le plus racoleur. Promis, j’évite de flirter avec le beauf.
Quand toutes les femmes ne seront plus flinguées sur la place publique pour avoir multiplié les partenaires de manière trop évidente, les plus timides seront plus enclines à croquer la vie à pleines dents. Dans l’imaginaire collectif, les mecs sont des crevards. Sauf que l’appétit des deux sexes est assez similaire mais qu’une certaine « décence » empêche les femmes, dans certains milieux, d’exprimer le leur. Tout comme certains mecs se refusent de ne pas avoir envie, soucieux de coller aux représentations. Vous imaginez des femmes autant en chien que ce que l’on imagine de la plupart des mecs ? Faudra bien vous accrocher à votre slip.
Quand la masturbation féminine sera moins taboue, que la pornographie s’adressera plus aux femmes, dont 50 % en regardent seules et 18% de manière régulière selon l’Ifop, et bien nous profiterons aussi de ces avancées. Pourquoi ? Rappelez-vous votre dernière expérience avec une femme peu à l’aise avec son corps, et maintenant pensez à celles où votre partenaire connaissait son fonctionnement. Ces dernières sont généralement mieux, non ? Moins on stigmatisera la manière dont les femmes vivent leur sexualité, plus on nous verra avec cette tête de bienheureux.
Un homme heureux
Il y a certainement encore beaucoup de raisons qui font que le féminisme puisse améliorer la vie des hommes. Car même si j’ai un peu noirci le tableau nous concernant – on est pas à plaindre – une société plus égalitaire ne peut que nous profiter.
Et vous, voyez-vous d’autres avantages pour la gente masculine ?
Crédits photos : Marianne Fenon, Jeromy Shepherd
Cet article Pourquoi les hommes ont besoin du féminisme est apparu en premier sur I'm not Bitch.