La Rada, le Parlement ukrainien, a classé sans suite un projet de loi répressif contre la propagande homosexuelle. Deux ans après les premiers débats autour de l’initiative, il a été décidé que celle-ci avait «perdu sa pertinence». Le texte, soutenu par les Eglises orthodoxes et inspiré de dispositions russes analogues, avait pourtant été accueilli avec enthousiasme lors de deux premières lectures, en 2012. Il prévoyait un maximum de 5 ans de prison pour les activistes LGBT, accusés de saper les fondements de la famille et de contribuer à la «crise démographique» dont souffre le pays.
Mais c’était à l’époque du président pro-russe Victor Ianoukovitch, déchu entre-temps. Depuis les événements de Maïdan et la guerre dans la partie orientale du pays, la donne a changé. «L’idée était tentante pour de nombreux députés, explique le militant LGBT Svyatovslav Sheremet à Gay Star News, mais avec la compréhension que l’homophobie est liée à la Russie et au monde russe, de telles initiatives peuvent difficilement être menées à leur terme.» Sans compter que le projet de loi jetterait un froid entre Kiev et ses alliés européens. Ce n’est vraiment pas le moment.
Pro-européen, mais pas gay-friendly
Même avec le pouvoir pro-européen du président Porochenko, l’Etat ukrainien reste extrêmement réticent aux revendications des minorités sexuelles. Les militants et événements LGBT font régulièrement l’objet d’attaques et intimidations par des mouvements d’extrême droite. En octobre dernier, notamment, un incendie criminel avait ravagé un cinéma de la capitale où était projeté un film à thématique gay.