L’art dans les municipalités est un sujet éminemment politique et en fonction de ses élus locaux, la politique culturelle n’est pas la même… La semaine dernière, deux expositions se sont signalées, l’une à Paris, l’autre à Toulouse, mais pour des raisons différentes.
A Paris, c’est une rétrospective Jeff Koons au centre Pompidou. Artiste génial ou fumiste complet, chacun a son idée. Mais pourquoi en parler sur Sexpress? Connu pour ses oeuvres « gonflables » (ou qui en ont l’air), Jeff Koons s’est aussi marié en 1991 avec Ilona Staller, alors actrice porno sous le nom de la Cicciolina. Il en a tiré une série, Made in Heaven, qui « ambitionne de délivrer le public de la honte et de la culpabilité associées à l’acte sexuel » (c’est pas moi qui le dit) en les mettant en scène en plein ébats. Ce qui vaut donc à ces oeuvres d’êtres exposées dans une zone « interdite aux moins de 18 ans », rien que ça.
COLL. PARTICULIÈRE, COURTESY FUNDACION ALMINE Y BERNARD RUIZ-PICASSO PARA EL ARTE
D’après le centre Pompidou, « on respecte un cadre légal strict. Il faut que le visiteur puisse choisir de voir ces oeuvres ou pas, en fonction de sa sensibilité, et un agent surveille l’entrée. » D’ailleurs ces oeuvres de Jeff Koons, « ce n’est pas de la pornographie, c’est une oeuvre d’art explicite. » Voilà une belle question : le sexe de Jeff Koons est-il une oeuvre d’art parce que c’est le sien? Vous avez quatre heures (et vous avez le droit de citer Sexe Libris).
A Toulouse, des élus UMP ont quant à eux trouvé « vulgaires » et « immorales » les planches de BD du projet crocodiles, qui devaient être exposées lors de la journée internationale contre les violences faites aux femmes. On y trouve que ces oeuvres sont trop choquantes : pour la journée contre les violences faites aux femmes, il fallait peut-être se cantonner à des petites fleurs?
Une des planches en question – Le Lombard/Thomas Mathieu
Toujours d’après le Centre Pompidou, « il faut être prudent quand on parle de censure, voir si le contenu potentiellement choquant pouvait être intégré dans la scénographie en permettant d’avertir en amont le visiteur. » Reste qu’on ne se pose pas ce genre de question dans les musées de la Renaissance sur les écartelés et les ébouillantés… Le double standard sexe/violence est tenace. Et cacher la violence sexuelle ne la fait pas disparaître pour autant.