Elle l’imagina vierge du désert, habitant l’un de ces endroits gelés par la nature et les amours brisées. Une vieille bâtisse retapée, quelque part dans un petit village, à mi-chemin entre la mer et la montagne. Dans son écrin de solitude, il chercherait à se racheter, en quête de paix intérieure et de silence. Il serait un loup alpha dont le nombre élevé d’anciennes maîtresses aurait fait pâlir de jalousie le marquis de Sade. Un bad boy dont le regard hypnotique t’obligeait à te raccrocher à ta petite culotte, ton caleçon ou ton arme, si par malheur, il se posait sur toi.
Un sourire se dessina sur les lèvres de l’écrivain, ses doigts coururent sur le clavier. Il était là, devant elle, un chouïa voûté, le regard charbonneux qui la mettait au défi d’inventer sa vie.
The lovesick man. 92, 5 kg pour 1, 86 m. La barbe aussi noire que ses yeux. Les cheveux drus où filaient quelques poils blancs. Portant la queue à droite, le pistolet semi-automatique à gauche, le costume coupé chic aussi bien qu’une paire de jeans usés. Il fumait. Trop. Il possédait un chien sans nom, récupéré un soir d’ivresse amoureuse, sur un trottoir mouillé. L’homme avait de l’humour, les petites rides aux coins de ses yeux en témoignaient, il savait rire. Mais pas avec n’importe qui. La plupart du temps, son visage était hermétique. Il parlait peu.
Elle l’appela Sigmund Kalt, lui colla une ex-femme chinoise, une môme qui croyait encore au Père Noël et rajouta un Douk-douk noir à sa panoplie. Voilà. Non. Il roulerait en Audi A5. Noire. A certaines heures, il pourrait boire un peu trop de bière ou de whisky. Son pistolet serait un Sig Sauer P230. Son surnom, elle le prononça à voix haute : « Sig ».
L’histoire pouvait commencer.
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