Laurent Guillaume a débuté sa carrière comme commandant d’une unité de lutte contre la criminalité et les violences urbaines du Val-de-Marne. Après un passage aux stups, il part quatre ans au Mali dans le cadre de la coopération pour les affaires de stupéfiants.
Il travaille depuis 2011 à la brigade financière d’Annecy. Il est l’auteur de 4 romans et travaille aussi à des scénarii.
Résumé
Ancien des stups respecté de la profession, Solo est devenu un détective privé connu à Bamako. Il noie ses souvenirs douloureux dans l’alcool jusqu’au jour où une avocate française l’engage pour faire libérer sa sœur arrêtée à l’aéroport en possession de cocaïne. Ce dossier en apparence simple va prendre très vite une tournure inquiétante et dangereuse.
Extrait choisi
[…]
Bamako, 2009
C’était une belle matinée. Il devait être aux alentours de dix heures, autant dire l’aube. Elle m’attendait en haut de l’escalier extérieur. Je ne la remarquai pas immédiatement tant j’étais concentré à gravir les marches irrégulières. Ma dernière crise de palu datait de plusieurs semaines, mais il me fallait encore tenir la main courante rouillée, comme un petit vieux. D’autant que des margouillats téméraires ou suicidaires s’ingéniaient à galoper entre chacun de mes pas. Lorsque je relevai la tête, elle était là, dans la coursive ouverte aux rayons ardents du soleil de juin, vêtue d’une robe blanche et légère que l’harmattan, ce vent sec et chaud d’Afrique, faisait frissonner.
Elle me regardait d’un air à la fois grave et plein d’espoir. J’essuyai machinalement du dos de la main la fine pellicule de sueur qui couvrait mon front et passai devant elle en faisant mine de l’ignorer. Les jolies femmes ne m’avaient valu que des emmerdes et, à en juger par son physique, celle-là pourrait me valoir des tonnes de contrariétés. Tout en sortant une clé de ma poche, je m’avançai vers la porte sur laquelle un panonceau doré fanfaronnait : « Camara investigations ». Elle fit un pas gracieux de côté pour me céder le passage.
— Vous êtes Souleymane Camara ? demanda-t-elle dans mon dos pendant que je glissai la clé dans la serrure.
J’entrouvris la porte.
— Ça dépend, dis-je en soupirant et en me tournant vers elle.
Elle était grande – presque ma taille – et racée. Elle était manifestement originaire d’un pays du Maghreb. J’aurais parié pour le Maroc. Les muscles fins et nerveux de ses cuisses bronzées ne se trouvaient qu’à quelques centimètres de ma main et je dus me retenir de les effleurer. Ses cheveux de jais étaient captifs d’un austère chignon d’où s’évadaient quelques mèches. Loin de l’enlaidir, sa coiffure soulignait l’ovale parfait de son visage et l’intensité de son regard noir et profond qui me sondait sans indulgence. Il convient de préciser que la nuit avait été courte et que, à en croire la désapprobation que je pouvais lire dans ses yeux, les débordements auxquels je m’adonnais régulièrement depuis quelques temps me trahissaient ostensiblement. Bizarrement, cela me contrariait qu’elle me jugeât aussi sévèrement.
[…]
Mon avis
Un livre qui pourrait être résumé comme un hymne au Mali tellement le pays y est omniprésent. Vous me direz, la quatrième de couverture nous annonce Bamako, l’auteur n’allait pas nous décrire la Hollande. Certes, mais j’insiste, les paysages sont décrits de belle façon. Black cocaïne oblige, ce Mali-ci est un pays corrompu.
Quant au héros à l’américaine – solitaire, alcoolique et suicidaire, il semble être insensible aux coups et blessures au point que certaines scènes ressortiraient presque rocambolesques, on serait alors plus proche de l’atmosphère de L’Arme Fatale (Richard Donner) que de celle de French Connection (William Friedkin).
Même si ce roman comporte quelques petits défauts, il reste agréable à lire.
Black Cocaïne, Laurent Guillaume, éditions Denoël 272 pages 19,90 €
Pensez à l’acheter chez votre libraire, merci.