Saint Nicolas, basilique éponyme, Bari. Photo de Maxim Marmur/AFP
Dans l’Est de la France et dans le Nord, ce week-end est festif. En vedette, l’évêque Saint Nicolas. Pourquoi fêter Nicolas et pas Tartenpion ? Je vous explique. Accrochez-vous, même si je vous offre une compilation des faits.
On oublie bien souvent que Nicolas est né en Turquie en 270 dans une famille riche, instruite et pieuse - son père était Grec, sa mère Arménienne, selon certaines sources. Ses « miracles » ont commencé le jour de son baptême où ce bébé s’est mis debout pour recevoir l’eau bénite. Par la suite, il n’a cessé d’aider et de sauver des personnes. Quel brave homme ! Hé ho ! Je ne vais pas en dire du mal le jour de sa fête, je risquerais de me retrouver face au père Fouettard qui m’offrirait un martinet !
On sait rarement que Saint Nicolas est mort le 6 décembre 345 et qu’il est le saint patron de la Lorraine, la Russie, des écoliers et des enfants, des prêteurs sur gages, des marins et des bateliers, etc. ; je vous laisse allonger la liste, Google est votre ami. Petite rectification et pas des moindres sur ma remarque ironique : s’il ne figure pas parmi vos *contacts Facebook, Twitter ou autres, Google est l’agent de renseignement le plus rapide qui soit. Si vous savez trier. *Ici, « contacts » n’est pas synonyme de « amis » mais tout le monde l’aura compris.
Mais revenons à notre Saint Nicolas, évêque de Myre, qui était présent au premier concile de Nicée en 325, reconnu comme le premier concile œcuménique, c’est-à-dire réunissant toutes les Eglises. C’est à partir de ce concile que la profession de foi des chrétiens fut promulguée. Par la suite, elle sera adaptée (concile de Constantinople). Amen !
La dextre bénissante de Saint Nicolas fut volée en 1087 à Bari (Italie) par Aubert de Varangéville lorsque ses ossements étaient rapatriés de Myra alors tombée aux mains des musulmans. Cette sainte phalange fut ramenée à Port devenue par la suite Saint-Nicolas et, depuis 1961, Saint-Nicolas-de-Port, ville proche de Nancy. On construisit rapidement une église pour accueillir ce morceau de doigt miraculeux - dès cette époque, les ossements de Saint Nicolas étaient réputés pour suinter une huile sacrée.
A noter qu’en 1429, Jeanne d’Arc, qui quittait son pays pour rejoindre la France, viendra se recueillir devant la sainte relique de Saint Nicolas. Cela dit, elle n’a pas dû le prier beaucoup car elle a terminé sur le bûcher sans qu’il lève le petit doigt ! Ou il a tellement bien réussi son coup de mystification que ceux qui hésitent encore sur le jour véritable de la mort de la Pucelle ont raison. Sacré Nicolas !
Winston Churchill. AFP
Toutes ces légendes contées depuis des siècles sont bien jolies et effrayent ou amusent juste ce qu’il faut les petits et les grands enfants. Ce que personne n’a jamais osé rapporter, c’est que toutes les figures historiques éprises de justice promues saints ou saintes mangeaient avec plus ou moins d’appétit, buvaient avec plus ou moins de raison et déféquaient dur ou mou selon les jours. Comme les simples mortels qu’ils étaient.
La plupart des gens qui se lèvent pour dire non à l’injustice, qui exercent des métiers d’aidants et/ou qui évoluent au sein d’associations bénévoles prenant soin des plus démunis se référeront souvent à l’un de ses êtres magnifiques, si vous les questionnez sur le pourquoi de leurs engagements : Olympe de Gouges, Léon Blum, Jean Jaurès, Winston Churchill, Charles de Gaulle, Martin Luther King, l’abbé Pierre, sœur Emmanuelle, Carl Rogers, Françoise Dolto, Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire, Willy Rosenbaum, Luc Montagnier, Simone de Beauvoir, Simone Weil, Gisèle Halimi, Michel Colucci, Nelson Mandela… Cette liste n’est pas exhaustive, bien entendu.
Aucun de ces êtres cités n’a été sanctifiés et quelque part, c’est une très bonne chose car dans la vie de tous les jours, ils n’étaient ou ne sont pas des saints mais simplement des humains. Ce que nous sommes censés être tous, n’est-il pas ?
L'abbé Pierre, 1949. AFP
Gisèle Halimi, 1972. AFP
Pierre Colucci, création des restos du coeur, 1985. AFP
Nelson Mandela libéré, 11 février 1990. AFP