Je ne peux cesser de penser à toi tellement tu es belle.
J’adore tes défauts et ta perfection. Ce petit nez trop étroit, presque inutile, me rappelle à quel point le mien peut être gros et bosselé. Tes sourcils épais et si joliment dessinés, ordonnés marquent un visage jeune de plusieurs décennies. Cette jeunesse des années qui passent et l’inexactitude de tes traits, pour moi, tu es trop belle.
Un regard songeur, celui d’une toile vieillie par le temps immobile d’un musée. Des couleurs peu distinctes, effacées peut être, rendent difficile leur lecture. Noirs ? Bruns ? Bleu profond ou bien verts ? On ne sait pas, ils brillent et puis voilà. Ils ne sont même pas identiques un plus petit que l’autre, en voilà un gros défaut ; tu es trop belle.
Tu me vois te regarder et parcourir tous les traits de ton visage. Ta bouche parfaite ne sait faire que des sourires en coin… Des lèvres sans maquillage et d’un rouge gourmandise donnent envie d’un délice sucré. Elles sont salées ?! Qu’à cela ne tienne ! Tu es trop belle.
Tu essayes de nous laisser apparaître ta plus moche grimace, triste, tordue. Ainsi tes dents parfaites se révèlent parfaitement de travers. Des canines qui avancent légèrement, un blanc surprenant et éblouissant, même triste, tu es trop belle.
Ton pire défaut est certainement de n’être jamais triste finalement. Tu éclates de joie juste pour énerver ton entourage, comme nous, comme moi. Un rire fracassant de bonheur avec lequel tu vrilles le cerveau des plus fragiles. Tu enivres, tu éblouies, tu ris, tu énerves, tu es trop belle.
Même ton corps vieilli est insupportable. Des petits seins, une taille de guêpe, des hanches de feu, tout te va. D’ailleurs, dans les yeux d’un autre, ta poitrine serait trop opulente. Et bien que jamais attiré par une guêpe (que je fuirais d’ailleurs), tu es trop belle.
Parlons de ces jambes presque trop longues : infinies, équilibrées, à peine arquées…. crois-tu que c’est beau au point de les dévoiler toute l’année ? Moi oui… On les imagine oppressantes, nous ceinturant la taille pour ne plus que l’on bouge…
Les idées se battent dans ma tête pour se débattre de folles images, et tu es trop belle.
En jean ou en tailleur, en jupe ou robe, courte ou longue, pull en laine ou débardeur, blonde rousse noire ou brune, de petits ou grands yeux verts, bleus, noisette, vairons, de petits seins fermes ou gros qui pendent en poire pomme ou au plat, un long cou, de grandes jambes fines, un petit cou sur des épaules frêles, des cuisses musclées ou grassouillettes, le pied grecque ou le pied bot, le nez grecque ou l’égyptien de Cléopâtre, des taches de rousseur, les cheveux longs ou courts, crépus ou lisses, de jolies hanches ou des hanches joliment arrondies, larges ou étroites, pourvues d’un derrière de déesse au fil des temps, un léger cheveu sur la langue, des lèvres fines ou plus épaisses, qui dessinent une grande bouche ou un sourire discret, avec ta peau trop blanche, mate, ou noire, petite, grande, géante, fine, obèse, avec ton rire de crécelle ou ta voix de sirène, toi, femme, tu es trop belle.
Qui que tu sois, tu es trop belle. Qui que tu sois, tu es fascinante.
Amie, petite amie, maîtresse, épouse, fille, mère, grand mère, sœur, tante, patronne, ouvrière, voisine, passante, tu es trop belle.
Je dois l’avouer, j’aime la femme !
(« Femmes, je vous aime » était déjà pris)
(cc) adriana serra
The post Femme appeared first on Ladies Room.