NDLR : Ceci est le troisième numéro de la série Bouillon de Kub’Ture initiée par Storia Giovanna.
Vous le savez, la culture, j’adore ça. Que ce soit à travers le patrimoine immatériel que j’ai reçu de mes familles, mon éducation, et même mon boulot, j’estime qu’il est nécessaire d’élargir son horizon quotidien à travers la pratique ou les objets culturels. J’en veux pour preuve le fait que seulement le fait de pratiquer le chant et la danse m’a en partie prémunie d’une vie de handicap assez lourd. C’est pour ça que je préconise l’ouverture culturelle au plus grand nombre et que je suis ravie que le lycée où je travaille puisse offrir l’option audiovisuel et théâtre au baccalauréat.
Aujourd’hui, je côtoie des artistes, des professeurs d’art comme des intermittents du spectacle, des artistes amateurs comme des sans talents mais éclairés, et je me pose cette question :
À quoi sert le ministère de la Culture en France en 2017 ?
Je me pose cette question, d’autant plus que nous Français en venons presque unanimement à nous plaindre de la gestion de la politique culturelle en France. Si les non-utilisateurs lambda trouvent que trop d’argent est investi dans la culture (mais gueulent quand le musée est trop cher ou que leur ville est morte), les artistes, quant à eux, dénoncent le manque de moyens.
C’est pour cette raison que je me demande si, en 2017, la France a réellement les moyens de soutenir une politique culturelle digne de ce qui se passait dans les années 1970 et 1980 (en termes de moyens, on s’entend).
Cette fois, ce n’est pas une personnalité politique ou issu d’une haute administration, mais l’éditrice d’Actes Sud, Françoise Nyssen, qui, nonobstant donc une pratique de la culture avérée, se fait déjà défoncer pour avoir fondé une école Steiner-Waldorf dans le Sud (avec toute la polémique que peut créer cette pédagogie en France). Ce qui est déjà un “progrès” par rapport à certaines nominations un peu plus problématiques (genre Audrey Azoulay). Bref, ne boudons pas notre plaisir, Actes Sud reste quand même une maison d’édition super en vogue, on peut se douter que son éditrice a quand même deux-trois notions de connaissances sur la gestion d’un projet culturel.
Mais avant 1959 et sa création par le général De Gaulle, le ministère de la Culture était un secrétariat d’Etat sous l’égide du ministère de l’Instruction publique. Cela n’a pas empêché les différentes Républiques et même l’Ancien régime de mener des politiques culturelles hors du simple cadre du mécénat d’Etat.
L’action et les pratiques culturelles ont évidemment explosé depuis qu’un ministère y est dédié, certes, mais à titre personnel, je me demande, comme beaucoup d’autres choses, si l’Etat français a encore les moyens humains et financiers de mener la politique culturelle qu’il mène depuis 60 ans.
Par exemple, la presse dans son ensemble ne devrait-elle pas relever du ministère de l’Intérieur ? Certaines pratiques du ministère de l’Education nationale ? D’autres du ministère de l’Economie et des Finances ? C’était déjà le cas avant qu’un ministère y soit dédié, et l’éparpillement des enjeux du ministère de la Culture dans d’autres structures permettait certes la construction d’une politique culturelle commune à travers l’instruction publique. Cependant, peu de moyens, mis à part les différentes formes de mécénat publics et privés, auraient pu permettre la démocratisation des arts et de la consommation d’objets culturels telle qu’elle s’est amorcée au XXe siècle.
Pour que les arts restent démocratisés au niveau où ils en sont actuellement en 2017, il est donc nécessaire que le gouvernement qui vient de s’instituer laisse une place tant idéologique que budgétaire à la Culture.
Il est vrai que, depuis le départ de Jack Lang du ministère, aucune politique culturelle n’a pu s’ancrer durablement dans la société française, tant la culture a été considérée depuis la présidence de Jacques Chirac comme n’étant nécessaire ni à l’économie, ni à la société. Si des moyens en constante augmentation lui sont pourtant alloués, il me semble que c’est davantage pour consolider ce qui a été construit entre les années 1970 et les années 1990 que pour faire une politique durable de relance de la culture.
Bref, moi qui suis enfant d’une époque où la culture en France était développée partout, la réflexion actuelle autour de la politique culturelle me fait me poser des questions. Faut-il consolider tout ce qui a été créé, au risque de ne plus voir les évolutions des pratiques culturelles ? Faut-il tenter à tout prix de conserver un patrimoine qui peut souvent être voué à la ruine ? Faut-il tout effacer et recommencer ? Tels sont les enjeux, selon moi, d’un ministère de la Culture que j’espère renouvelé dans sa réflexion et dans ses missions.
(cc) Jovan J
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