« Sois sage, ô ma Douleur et tiens-toi plus tranquille »
Baudelaire, Recueillement, Les Fleurs du mal
Un chagrin dans un jardin secret
Il est vrai que les maîtresses sont des salopes.
Il est vrai que leur vie est enviable.
Et son chagrin quand l’homme marié choisit de ne plus l’honorer ?
Le jardin secret, si beau sous le soleil amoureux, si bien entretenu à coup de missives, fertilisé par les rendez-vous hors de la norme, s’est étiolé, que dis-je, s’est écroulé. Un jardin qui s’écroule ? Un jardin anéanti dans le vide de l’absence, dans le monde du silence.
L’amour ne croît plus. C’est l’hiver, le temps où Perséphone rejoint le monde des enfers.
Enfers… du chagrin qui étouffe parce qu’impossible à dire.
Enfers du chagrin qui… rend impossible toute respiration et inspiration.
Enfers du chagrin, abyssal par un vide imposé.
Crier ? Interdit pour la maîtresse, sauf dans une chambre fermée à double tour, chambre devenue un gueuloir, pas pour le mot juste mais pour la larme qui s’écoule si juste.
Pleurer ? Parlons-en. Impossible pour la maîtresse. De quoi se plaint-elle ? Pourquoi souffre-t-elle ? Ne doit-on pas se réjouir de la victoire de la raison ?
Hoqueter ? En faisant attention que personne n’en comprenne la raison.
Se laisser emporter par une tristesse no limit.
La nostalgie submerge et d’elle surgit un souvenir, celui d’un sourire, celui d’une parole, celui d’un regard…
Il y en aurait mille, mais en choisir un et le cajoler, le cultiver. Il apaise, il pose un baume sur la vive douleur. Et ce souvenir, il faut le taire pour se laisser envelopper par sa douce magie.
Être l’écrin de ce souvenir. Se tranquilliser. Métamorphoser en bijou ce doux moment.
Se reposer.
(cc) Chris Beckett
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