Si vous avez 30 ans et des étincelles, vous commencez à entendre cette phrase partout. Tout le temps. « L’âge de raison » qu’ils disent. Raison de la vie ou raison de nous ? Va savoir…
Tout de même il faut se l’avouer, avoir 30 ans bouleverse un peu le cours de l’existence. Enfin, pour ceux qui ont la trentaine « responsable » j’entends. 30 ans, c’est le nouveau 40. L’âge un peu hype où l’on commence à avoir un salaire décent qui nous permet de maîtriser cette science qu’est la vie : “Ce boulot est-il fait pour moi ? Est-ce avec Elle/ Lui que je veux faire ma vie ? Ce studio devient trop petit pour le canapé design que je veux m’offrir.“
STABILITÉ : Caractère de ce qui est stable.
STABLE : position d’équilibre bien assuré.
A 30 ans on est moins téméraire. Le lundi, on ne sort plus. C’est péché. Faut pas déconner il faut être en forme pour sa semaine. Le mardi ne sert à rien. Autant dormir. Encore. Le mercredi, on ne sort pas non plus. A cause des enfants. Ces satanés enfants. Quand on en a, il faut les occuper (merci l’Assemblé Nationale) et quand on en n’a pas, il est impensable de prendre le risque de les croiser dans la rue (The Walking Dead c’est bien mais à la télé).
Le jeudi. Le jeudi ok. Le jeudi c’est LE jour où l’on se permet des dîners entre amis après le boulot, des apéros avec les copines, les expo nocturnes et j’en passe. Mais tout de même, pas plus tard que minuit parce qu’il y’a le VENDREDI. Ah, le vendredi ! Qu’est-ce qu’il nous émoustille, nous met en joie ! Là encore, c’est soirée de folie… enfin, seulement si nous avons survécu au jeudi. Et le samedi ? Ben on se repose du jeudi et du vendredi, le dimanche étant consacré au repas de famille, aux séries US et au match de foot.
PATHETIQUE. Je vous entends d’ici vingtenaire. Notre vie ne vous fait pas rêver n’est-ce pas ? Faut dire que vous, entre nouvelles expériences physiques et émotionnelles (qui demandent souplesse du corps et du foie), vous n’avez pas le temps de dormir. Sauf que vous ne bossez pas. Enfin, pas vraiment. Et puis le bruit ne vous dérange pas car encore une fois vous ignorez tout du calvaire de l’open space. Et entre vos Facebook, Twitter, Tinder et Snapchat vous êtes des adeptes de la consommation sociale. A 30 ans, ce que l’on recherche c’est la qualité. L’ami réel plutôt que les 30 000 followers. Le grand cru plutôt que la Villageoise. La fine gastronomie à la junk food.
Âge de raison vous dites ? Non. Peur de vieillir je pense. L’équilibre comme le dit Wikipédia. Vivre. Pas Trop vite. Pas trop tôt. Pas trop fort. Sinon trop bête. Noyé entre les mots cholestérol et cancer du côlon, la pub qui nous martèle le cerveau avec l’apparition de nouveaux chemins sinueux sur le visage et nos push qui nous alertent sur la misère du monde, on centralise. On tente le juste. La consommation n’est plus histoire d’envie mais besoin de s’affirmer. Etre sociable doit avoir un intérêt : pourquoi ce choix et jusqu’à quand ?
Et un seul mot, tellement obsolète pour vous, mais qui déclare clairement l’objectif : être heureux.
Vraiment ? La raison, les responsabilités, les impôts et tout ça, ce serait pour être heureux ? En fait, on n’en sait rien. Ce n’est pas très clair dans nos cervelles de jeunes cadres trop ou pas assez dynamiques. Le hic, vous voyez, c’est que le trentenaire, à force d’être jugé par ses parents, ses boss, les djeuns, son +1, les internets, il ne sait plus trop où donner de la tête. Il est assailli de messages contradictoires qui lui font comprendre qu’il n’est pas assez adulte pour parler retraite et déjà plus très jeune pour se foutre la tête en l’air en soirée.
Alors qu’est-ce qu’on fait ? Ben on sourit. On joue aux grands encore un peu enfants en s’achetant gadget hi-tech et Thermomix. On prévoit des weekends à la campagne avec nos potes plutôt que des open bars d’étudiants… Et puis, on se fait des tapes dans le dos pour se consoler en se disant : « Ben oui, c’est l’âge de raison ».
(cc) Alyssa L. Miller
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