Tout le monde s’échine ces temps-ci, dans Fetlife et ailleurs, à définir le consentement sexuel, ce qu’il est, ce qu’il n’est pas, ce qu’il dit et ce qu’il ne dit pas, ce qu’il doit être et ne pas être, de telle sorte qu’il puisse aider à gérer/minimiser/enrayer les risques de dérapage et d’abus.
Il est aussi question d’offrir une meilleure éducation sexuelle à l’école (voir les exemples québécois, français et wallon plus bas).
On veut bien. Rien de tout ça ne devrait faire de tort. Quand j’étais gamin, comme les autres gamins, on aurait mérité mieux que de se faire servir des vidéos de chats pour nous illustrer la sexualité humaine et la reproduction!
Tout de même, je vois les choses différemment.
C’est bien beau le consentement, de connaître tous nos organes génitaux par leur petit nom latin, d’expérimenter les pratiques intimes les plus insolites aux quatre coins de la ville (et de la campâââgneuh), et d’épeler sans se tromper le mot « r-e-s-p-e-c-t » avec Otis Redding.
Et si le réel problème en était un de gestion de pouvoir?
N’est-il pas là le vrai noeud du problème?
Le pouvoir dans la sphère professionnelleJe veux dire, on le voit bien dans la sphère professionnelle. Ils et elles sont légion à ne pas savoir gérer le pouvoir qui leur est conféré.
Cela me semble complémentaire à la difficulté de nombreuses personnes à dire « non » aux demandes qui leur sont faites, quelles qu’en soient les raisons. Cette difficulté à dire « non » dans un contexte professionnel est l’autre partie de l’équation, à l’origine de bien des difficultés pour bien des gens.
La gestion du pouvoir dans la sphère intimeDans la sphère intime aussi, ils et elles sont légion à ne pas savoir gérer le pouvoir qui leur est offert, implicitement (par des gestes et des paroles d’encouragement) ou explicitement (la fameuse tasse de thé), que ce pouvoir s’exerce dans une structure établie (une relation amoureuse ou bdsm, voire une première rencontre), ou en absence de structure établie (dans la rue, « au hasard » d’une soirée de jeux, privée ou publique).
Cela me semble aussi complémentaire à la difficulté de nombreuses personnes à dire « non », quelles qu’en soient les raisons. Cette difficulté à dire « non » dans un contexte personnel est l’autre partie de l’équation, à l’origine de bien des difficultés pour bien des gens.
Gérer le pouvoir, ça s’apprendGérer le pouvoir, ça s’apprend. Ça prend aussi du temps, de l’expérience de vie, de bonnes expériences et… des échecs.
Quand on apprend à gérer le pouvoir, on apprend qu’il ne suffit pas de menacer ou de crier, voire de mentir ou de manipuler, pour obtenir quelque chose de la part d’une personne qui souhaite se soumettre à nous pendant 15 minutes ou durant les 25 prochaines années.
Des gestionnaires chevronnés dans la sphère professionnelle tiendront sensiblement le même discours.
Quand on apprend à gérer le pouvoir dans la sphère intime, on constate aussi que tout le monde n’est pas fait pour la relation de pouvoir érotique. Que malgré les bonnes volontés et les efforts, des gens n’y sont pas à leur place. Il n’y a rien de mal à ça.
Tout comme dans la sphère professionnelle, des gens ne sont pas tous faits pour avoir et exercer le pouvoir. Ce n’est pas un jugement, c’est un constat que nous faisons régulièrement tous les jours.
Or, beaucoup de gens suivent des multitudes de formations courtes ou plus longues pour apprendre à gérer le pouvoir professionnel, tant avec leurs supérieurs qu’avec leurs subalternes.
Combien de gens suivent une formation pour apprendre à gérer le pouvoir dans leur vie intime?
Programme d’éducation sexuelle en France (source).Voir aussi les exemples québécois et wallon.
L’article Apprendre à gérer le pouvoir est publié dans le site cercle O - L'échange de pouvoir érotique.