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Sexualité Barebacking, l’amour du risque?
Egypte La caméra au service de l’homophobie
Tunisie Un transgenre témoigne
Buzz Ciccone connection
Drag kings Les rois de la nuit sortent de l’ombre
Musique Laura Jane Grace, transition punk
Fassbinder, poète maudit du cinéma allemand
Livres Mystères Dévoilés
Portfolio «Il n’y a pas d’homosexuels en Iran», par Laurence Rasti
Clubbing Les nuits poulpe, les céphalopodes en goguette
Le Phare, couleur chaude au milieu de Genève
La fête du slip les sexualités s’exposent positivement
Et toutes les rubriques Transdessinée, la fiche cuisine arty, les infos associations et santé, les agendas clubbing et cruising de Gaymap, ainsi que les Chants nocturnes de Greta Gratos.
Photo de une par Laurence Rasti.
Manifestement, la cuisine c’est le truc du moment. A voir les audiences des émissions de bouffe et les étagères des librairie, tout le monde serait en quête de recettes, de conseils nutritionnels et brûlerait de savoir plier les serviettes. Un nouveau livre de cuisine sort enfin du lot. On y cause beurre, amour et poils. «Cooking with the Bears: Healthy Recipes by Hairy Men» (Cuisiner avec les bears: des recettes saines proposées par des mecs poilus) du photographe Angelo Sindaco, qui a suivi d’authentiques nounours italiens dans leurs aventures culinaires. Les calories? On s’en fout! «En Italie, on dit: Ce qui ne tue pas te rend plus gras!» explique l’auteur à Vice.
Pour découvrir la galerie, cliquez sur l’image
Pour Sindaco, la bouffe est un moyen privilégié d’accéder au monde plutôt secret des bears. D’ailleurs, il raconte que les lecteurs les plus enthousiastes de son livre (sorti l’été passé) sont… des femmes. Encore un bouquin de cuisine que vous pourrez prêter à maman!«On a approché les cuisiniers via Growlr et d’autres apps, raconte-t-il. Certains ne voulaient pas être photographiés. Ils disaient que leur copain allait être jaloux. D’autres pensaient que je voulais baiser, le genre Je suis photographe de mode, je ferai de toi une star!» Une fois qu’il a brisé la glace, ses modèles ont non seulement livré leurs secrets gastronomiques, mais raconté leur vie… avec humour.
Voluptueux
«De ma propre expérience, les bears adorent cuisiner et manger, d’où leurs courbes voluptueuses, sexy et velues», écrit Mike Enders, du blog AccidentalBear, dans la préface de l’ouvrage. Evidemment, quand on parle de bouffe, le sexe n’est jamais bien loin. Et certains cuistots n’hésitent pas à tomber le tablier pour parachever leur plat en jockstrap. Ciel, un poil dans les tortellini!
«Cooking with the Bears», Angelo Sindaco. Ed. Drago, Rome. 176 p. 45 euros / 59 fr.
Branle-bas de combat mardi, à la Foire internationale du tourisme de Madrid, le Fitur. A la veille de l’ouverture de l’événement au public, la maire de la capitale espagnole a piqué une grosse colère en découvrant le stand consacré à sa ville, rapporte «El Mundo». «On dirait un stand gay», aurait décrété Ana Botella, selon des témoins cités par le quotidien. En cause: les panneaux qui décorent le haut de la structure, construite en forme de stade de football. Les lamelles étaient colorées en dégradé arc-en-ciel. L’élue du Parti populaire et épouse de l’ex-Premier ministre José Maria Aznar a ordonné aux ouvriers de repeindre la structure. Ils y ont passé une partie de la nuit, intercalant des séries de lamelles grises et noires dans l’arc-en-ciel, jusqu’à le camoufler complètement.
Le stand repeint en catimini. Le résultat? Moche! (cliquer sur la photo pour agrandir)
Interrogée sur ce changement de dernière minute, la mairie a assuré que la gamme de coloris ne correspondait pas au projet original. Faux, réplique Jesús San Vincente, l’architecte du stand: «La frise arc-en-ciel était à la base du projet. Notre idée, avec le design multicolore, n’était que de montrer Madrid comme une ville accueillante cosmopolite et ouverte.»Ultraconservatrice
Maire depuis 2007 d’une des villes réputées les plus gay-friendly d’Europe, Ana Botella est connue pour ses positions conservatrices et sa proximité avec les catholiques ultra. En 2004, alors qu’elle était encore «première dame», elle avait pris position contre le mariage homosexuel en expliquant qu’«une pomme et une poire ne donnent jamais naissance à une autre pomme.»
Quelles sont les dernières interdictions décrétées par nos amis anglais ? House of Dust (A.D. Calvo, 2015) vient d'être interdit aux moins de 18 ans au Royaume-Uni (sa sortie en vidéo est programmée le 2 mars 2015). Dans le même temps, le film racontant l'histoire d'étudiants pourchassés par l'esprit d'un serial killer, est classé "R" (interdit aux mineurs de 17 ans non accompagnés) aux États-Unis. Même restriction pour WYRMWOOD (Kiah Roache-Turner, 2015), distribué par Studio Canal, attendu en salles le 13 février outre-Atlantique et le 27 février outre-Manche. Une histoire post-apocalyptique pleine de zombies bien trop gore pour les Britanniques si l'on en croît le Bureau de classification. Ces deux films ne sont pas encore annoncés en France.
Exclusive image above courtesy of FrolicMe (thank you!).
Much love and a toast to the launch of April Flores’s Fat Girl Fantasies! Art, sex and love, for always, and forever.
Content copyright © 2013 Violet Blue ® (R) permitted for use on tinynibbles.com only.Julia Palombe est une artiste spéciale à mon cœur. Elle est adorable, douée, audacieuse et n’hésite pas à aller en terrain inconnu en assumant jusqu’au bout sa féminité et son talent. Si vous avez déjà vu un de ses concerts vous savez de quoi je parle, pour les autres, je vous invite à vous ruer…
Cet article Aidons Julia Palombe à financer sa tournée 2015 ! est apparu en premier sur NXPL.
Le noeud de Christian Grey
Vous n’avez pas fini de bouffer du 50 nuances de Grey. Après les livres et la cohorte de produits dérivés « coquins » qui ont suivi, voici venir la saison 2 avec… le film qui sort pour la Saint Valentin. Est-ce l’occasion de développer un peu plus l’utilisation d’objet coquins par les françaises et les français?
Pour le savoir le Passage du Désir a fait réaliser une étude par l’institut BVA (et pas le spécialiste ès- sondages cul de l’Ifop qu’est François Kraus). Etude qui se présente comme la première étude sérieuse sur le sujet de l’adoption des sex-toys par les français.
Boucherie chevaline
On y apprend que le mythe du français libéré sur les questions de sexe est définitivement un mythe. 14% des français (pour 22% des couples) possèdent un sex-toy, ce qui place la France dans le peloton de queue des études du même genre. Alors, ces produits dérivés 50 shades, l’occasion de dévergonder la France? « Le produit qui se vend le plus, c’est la cravate » me dit Patrick Pruvost, fondateur du Passage du Désir. « Et puis les objets SM de cette gamme ne fonctionnent pas vraiment, comme par exemple les menottes qui ne ferment pas ». Mais n’était-ce pas l’occasion de vendre de vrais produits SM qui fonctionnent? « Non on ne voulait pas ça. Le Passage du Désir reste un endroit qui se veut grand public, qui veut abolir la distance qu’il peut y avoir entre les gens et l’achat d’un sex-toy. D’ailleurs on ne met jamais de sex-toys en vitrine, on n’est pas là pour provoquer alors que nos magasins sont très visibles ».
Une sagesse (auto-censure?) que n’avait pas eu le magasin 1969, qui avait ouvert juste devant une église dans le quartier du marais et en avait fait les frais 2 ans plus tard après une condamnation en justice à une fermeture administrative. « Quand on est une boucherie chevaline, on ne s’installe pas devant un centre équestre », résume Patrick Pruvost avec un certain sens de la formule!
Godes ceinture et bisounours
On ne risque donc pas de voir des barres d’écartement et des godes ceinture en rayon pour fêter 50 shades et la Saint Valentin. « Quoique les godes ceinture, on en vend sur le site internet, parce que des gens venaient y taper ce mot-clé. » Pour pouvoir continuer à vendre des sex-toys dans cet environnement bien plus bisounours que les sex-shops porno opaques qui bordent les gares (une spécialité française issue des législations françaises successives), le Passage du Désir fait profil bas. « Quand on a créé la boutique rue du Pont Neuf, on a quand même eu un huissier le jour de l’ouverture… Maintenant on a ouvert un magasin dans un centre commercial à Marseille, entre un Armand Thiery et un Afflelou, qui sont ravis de notre présence. Mais on a toujours du mal à trouver de nouveaux emplacements. »
Bref, petit à petit, le sex toy fera peut-petre son nid, mais il faudra beaucoup plus que 50 nuances, qui a suscité une envie de sex-toys à seulement 14% de ceux qui en ont entendu parler. Quant à l’influence de l’enquête BVA, j’ai pu poser la question à leurs deux sondeurs qui ont piloté cette étude : avez-vous des sex-toys? « Non, pas personnellement, on est plutôt dans la catégorie des ‘pourquoi pas’. D’ailleurs grâce à cette étude, on a eu accès au site du Passage du désir depuis le bureau, qui le censurait jusque là ».La galanterie comme «art de plaire, d’aimer et d’être aimé» recouvre une gamme de conduites variées, parfois contradictoires, allant du «plan drague» à l’expression de la plus exquise urbanité… Parfois même galanterie désigne une MST. Comment s’y retrouver ?
La galanterie est-elle une spécialité française ?
Il est courant de dire que «c’est la langue française qui a fourni à toutes les autres l’appellation, sinon la chose» et que seuls les Français possèdent l’art de la galanterie. Pourquoi ? Certains s’appuient sur l’étymologie et affirment que la Gaule et la galanterie sont liées… « Esprit gaulois et galanterie sont la même chose, remontant tous deux au verbe Galler, se réjouir, s’amuser, mener joyeuse vie», raconte Yves Giraud dans L’Art d’aimer en romandie (1979).
Ce n’est pas tout à fait exact : Gaulois vient de Gali qui veut dire, littéralement, «les furieux» en Gaulois et qui a donné Gaillard. Confère le vieil Irlandais Gal qui signifie «vapeur, fureur».
Quant au mot Galant, c’est le participe présent de l’ancien verbe Galer, «s’amuser», mot issu du francique Walare («se porter bien»), dérivé de Wala («bien»). Confère l’Anglais Well «bien» (ou Well well «bien bien»).
La galanterie a-t-elle un rapport avec le galop ?Il n’y a donc aucun rapport entre la Gaule et la Galanterie. Non seulement parce que les racines de ces deux mots n’ont rien à voir mais parce que le mot Galer qui a donné Galant est d’origine francique, c’est-à-dire germain. A noter que ce verbe Galer («s’amuser») se retrouve dans : gala, régaler, galéjade, régalade, galopin et… galop. Il existe en effet un lien entre le Galop et la Galanterie. Le verbe Galoper –qui se compose de deux mots franciques Wala Halupan (l’équivalent de l’allemand moderne Wohl Laufen)– signifie «bien courir». Faut-il en déduire que ceux qui «galantisent» (ainsi que l’on dit au 18e siècle) sont des coureurs.
La galanterie est-elle l’art de courir les femmes ?Au début, non. A l’origine, le galant est celui qui aime s’amuser, faire la «gale», la fête, qui recherche les réjouissances, l’amusement, l’euphorie. Il n’y a d’abord aucune connotation de séduction dans ce mot. Mais l’amusement présuppose la fête collective, la réunion rassemblant hommes et femmes, ce qui explique pourquoi, progressivement, le terme prend un sens plus général : est galant celui qui cherche à plaire aux dames. La galanterie devient donc une disposition de caractère, un penchant naturel : « l’attache qu’on a à courtiser les dames», dit Furetière (Dictionnaire universel, 1690). Mais elle est aussi un comportement appris, celui de l’homme qui a assimilé les règles de civilité. Richelet définit donc le galant comme « un homme qui a de la bonne grâce, qui est bien fait et qui, pas ses manières, tâche à plaire aux dames.» Le Dictionnaire de l’Académie (1694) définit également la galanterie comme «les respects, les soins, les empressements pour les femmes qu’inspire l’envie de leur plaire».
La galanterie est-elle une maladie vénérienne ?La Galanterie désigne aussi bien le cadeau que l’on fait à une femme que celui qu’elle vous fait en retour, à savoir une maladie sexuellement transmissible ou, ainsi que le formule joliment Furetière : « quelque petite faveur de Venus qui demande des remèdes». Le Littré donne ainsi quatre définitions de galanterie :
1/ « Se dit des présents. «Et si vous faites cas de ces galanteries / vous n’aurez qu’à choisir / disposez de mes pierreries «(Rec. de Vers.)».
2/ « Fleurettes, douceurs amoureuses.» Autrement dit : flatteries bien tournées, belles paroles. «Combien voyez-vous de jeunes gens qui vont de ruelle en ruelle distribuer leur galanterie enjouée, sans avoir aucun dessein formé ? » (Mademoiselle de Scudery).
3/ « Res nihilis». «On dit aussi «Cette affaire-là n’est qu’une pure galanterie (res nihilis) «pour dire «Ce n’est pas une chose de conséquence.»
4/ « On dit qu’un homme a gagné quelque galanterie avec une femme, pour dire une vilaine maladie qui demande des remèdes et qui est généralement l’effet de la débauche. »
Un galant homme n’est pas un homme galantC’est probablement lorsque l’art de la cour se développe, vers le XVIIe siècle, que le mot se met à désigner deux choses radicalement opposées. Une disjonction s’opère. Il prend deux sens différents, presque antithétiques dont le Littré de 1771 résume ainsi la teneur : «Il y a beaucoup de différence entre un galant homme et un homme galant. Un galant homme est plus de tout dans la vie ordinaire, il a des agréments plus profonds et le temps a moins de prise sur lui. Un homme galant devient à la fin le rebut et le mépris du monde. «(Le Ch. de M.). » Pour le dire en termes clairs : «Galant homme» désigne un homme poli, honnête et agréable. Alors qu'«Homme galant» veut dire séducteur, seulement préoccupé d’obtenir les faveurs des femme s.
Se «battre en galant» : l’homme d’honneurExpurgé de toute connotation sexuelle, le mot Galant (dans son sens «noble») devient, ainsi que Vaugelas le définit en 1647 «un composé où il entre du je-ne-sais-quoi, ou de la bonne grâce, de l’air de la cour, de l’esprit, du jugement, de la civilité, de la courtoisie et de la gaieté, le tout sans contraintes, sans affectation et sans vice. » Qu’on se le dise. Les Lois de la galanterie (1644) enfonce le clou –pas de vice– en précisent que l’exercice de la galanterie requiert «propreté, civilité, politesse, éloquence, adresse, accortise, prudence mondaine.» Rien à voir avec les femmes, donc. «La tradition mondaine ennoblit et intellectualise la galanterie en la purgeant, au moins en surface, de toute concupiscence et en faisant d’elle l’idéal de vie de l’honnête homme en société. »
Lorsque l’on dit d’un officier de l’armée qu’il « s’est battu en galant homme» cela signifie qu’il s’est montré «honnête homme», respectueux des codes d’honneur et des règles en usage dans le monde. Galant, alors, signifie «habile dans sa profession, qui entend bien les choses dont il se mêle. Vous pouvez lui donner votre affaire à conduire, il s’en acquittera bien. » (Littré, 1771). Mais les choses ne sont pas si claires…
Un galant homme peut en cacher un autreUn autre sens, très différent, se développe en parallèle du premier. Ce sens –qui s’impose dans l’usage commun– désigne le Galant comme « celui qui fait l’amour à une femme mariée ou une fille qu’il n’a pas dessein d’épouser» (Dictionnaire de l’Académie, 1694). Rappelons que «faire l’amour», à cette époque, veut dire «faire la cour». Mais il n’y a qu’un pas des jolis mots fleuris au lit… Le Galant est donc l’homme qui s’amuse avec les femmes, qui recherche les aventures : ses intentions ne sont pas honnêtes. « Témoin cet officier suisse qui rendait des visites très fréquentes à une demoiselle. La mère de cette jeune personne, qui craignait de laisser un prétexte à la médisance demanda un jour à cet officier sur quel pied il voyait sa fille
- Est-ce pour le mariage ou autrement, dit-elle ?
Le Suisse répondit avec assez d’ingénuité : - C’est pour autrement.» (L’Art d’aimer en romandie, 1979).
Qu’est-ce qu’un Vert-Galant ?« Anciennement, bandit qui se postait dans les bois. Homme redoutable pour la vertu des femmes», dit Le Petit Robert (1984) de façon un peu floue. Il est probable que l’expression «Vert-Galant» soit née à cette époque où les Galants de feuillée se postaient dans les bois pour attaquer les passants. Ils surgissaient des buissons pour voler et violer. Mais ce sens est escamoté dans les dictionnaires du XVIIe siècle qui font l’impasse sur les crimes sexuels. Pour Furetière (1690), un vert galant est un « homme sain et vigoureux qui est propre à faire l’amour» (conter fleurette, donc). Le Vert-Galant n’est plus qu’un homme entreprenant avec les femmes : à peu près ce que nous appellerions un dragueur. Le Littré de 1771 dit : «On appelle un vert galant un jeune homme sain, vigoureux, qui est propre au plaisir».
Faut-il être dupe de la galanterie ?En 1777, un certain Emer de Vattel décrit la galanterie comme une technique de prédation sexuelle moins brutale et plus gratifiante que le viol. «Nous, les hommes, dit-il, nous sommes physiquement plus forts que vous, les femmes. Raison pour laquelle la galanterie a été inventée : pour donner aux femmes l’illusion qu’elles ont du pouvoir sur les hommes, qu’elles peuvent décider de leur sort, qu’elles peuvent se refuser… Moyennant quoi, nous les hommes, nous en tirons aussi l’illusion que lorsqu’elles acceptent, c’est parce qu’elles nous désirent».
« C’est pour notre propre bien, Mademoiselle, et par un raffinement de volupté que nous autres hommes sommes astreints à tant d’égards et de respects pour les femmes. La Nature nous ayant fait plus forts qu’elles, si nous voulions agir en maîtres, nous croirions n’être redevables qu’à la crainte, ou à une obéissance intéressée, des plaisirs qu’elles [les femmes] nous procurent. Nous avons pris le parti de les ériger en divinités pour avoir la satisfaction d’en être exaucés dans nos prières. Nous nous persuadons ensuite que nous devons notre succès à notre mérite ; et nous éprouvons qu’il est infiniment plus doux d’obtenir de cette façon que de prendre par force ou par autorité. » (Lettre anonyme A une jeune demoiselle sur l’origine et la raison des respects que les hommes témoignent aux femmes, 1777).
La galanterie comme «art de plaire, d’aimer et d’être aimé» recouvre une gamme de conduites variées, parfois contradictoires, allant du «plan drague» à l’expression de la plus exquise urbanité… Parfois même galanterie désigne une MST. Comment s’y retrouver ?
La galanterie est-elle une spécialité française ?
Il est courant de dire que «c’est la langue française qui a fourni à toutes les autres l’appellation, sinon la chose» et que seuls les Français possèdent l’art de la galanterie. Pourquoi ? Certains s’appuient sur l’étymologie et affirment que la Gaule et la galanterie sont liées… « Esprit gaulois et galanterie sont la même chose, remontant tous deux au verbe Galler, se réjouir, s’amuser, mener joyeuse vie», raconte Yves Giraud dans L’Art d’aimer en romandie (1979).
Ce n’est pas tout à fait exact : Gaulois vient de Gali qui veut dire, littéralement, «les furieux» en Gaulois et qui a donné Gaillard. Confère le vieil Irlandais Gal qui signifie «vapeur, fureur».
Quant au mot Galant, c’est le participe présent de l’ancien verbe Galer, «s’amuser», mot issu du francique Walare («se porter bien»), dérivé de Wala («bien»). Confère l’Anglais Well «bien» (ou Well well «bien bien»).
La galanterie a-t-elle un rapport avec le galop ?Il n’y a donc aucun rapport entre la Gaule et la Galanterie. Non seulement parce que les racines de ces deux mots n’ont rien à voir mais parce que le mot Galer qui a donné Galant est d’origine francique, c’est-à-dire germain. A noter que ce verbe Galer («s’amuser») se retrouve dans : gala, régaler, galéjade, régalade, galopin et… galop. Il existe en effet un lien entre le Galop et la Galanterie. Le verbe Galoper –qui se compose de deux mots franciques Wala Halupan (l’équivalent de l’allemand moderne Wohl Laufen)– signifie «bien courir». Faut-il en déduire que ceux qui «galantisent» (ainsi que l’on dit au 18e siècle) sont des coureurs.
La galanterie est-elle l’art de courir les femmes ?Au début, non. A l’origine, le galant est celui qui aime s’amuser, faire la «gale», la fête, qui recherche les réjouissances, l’amusement, l’euphorie. Il n’y a d’abord aucune connotation de séduction dans ce mot. Mais l’amusement présuppose la fête collective, la réunion rassemblant hommes et femmes, ce qui explique pourquoi, progressivement, le terme prend un sens plus général : est galant celui qui cherche à plaire aux dames. La galanterie devient donc une disposition de caractère, un penchant naturel : « l’attache qu’on a à courtiser les dames», dit Furetière (Dictionnaire universel, 1690). Mais elle est aussi un comportement appris, celui de l’homme qui a assimilé les règles de civilité. Richelet définit donc le galant comme « un homme qui a de la bonne grâce, qui est bien fait et qui, pas ses manières, tâche à plaire aux dames.» Le Dictionnaire de l’Académie (1694) définit également la galanterie comme «les respects, les soins, les empressements pour les femmes qu’inspire l’envie de leur plaire».
La galanterie est-elle une maladie vénérienne ?La Galanterie désigne aussi bien le cadeau que l’on fait à une femme que celui qu’elle vous fait en retour, à savoir une maladie sexuellement transmissible ou, ainsi que le formule joliment Furetière : « quelque petite faveur de Venus qui demande des remèdes». Le Littré donne ainsi quatre définitions de galanterie :
1/ « Se dit des présents. «Et si vous faites cas de ces galanteries / vous n’aurez qu’à choisir / disposez de mes pierreries «(Rec. de Vers.)».
2/ « Fleurettes, douceurs amoureuses.» Autrement dit : flatteries bien tournées, belles paroles. «Combien voyez-vous de jeunes gens qui vont de ruelle en ruelle distribuer leur galanterie enjouée, sans avoir aucun dessein formé ? » (Mademoiselle de Scudery).
3/ « Res nihilis». «On dit aussi «Cette affaire-là n’est qu’une pure galanterie (res nihilis) «pour dire «Ce n’est pas une chose de conséquence.»
4/ « On dit qu’un homme a gagné quelque galanterie avec une femme, pour dire une vilaine maladie qui demande des remèdes et qui est généralement l’effet de la débauche. »
Un galant homme n’est pas un homme galantC’est probablement lorsque l’art de la cour se développe, vers le XVIIe siècle, que le mot se met à désigner deux choses radicalement opposées. Une disjonction s’opère. Il prend deux sens différents, presque antithétiques dont le Littré de 1771 résume ainsi la teneur : «Il y a beaucoup de différence entre un galant homme et un homme galant. Un galant homme est plus de tout dans la vie ordinaire, il a des agréments plus profonds et le temps a moins de prise sur lui. Un homme galant devient à la fin le rebut et le mépris du monde. «(Le Ch. de M.). » Pour le dire en termes clairs : «Galant homme» désigne un homme poli, honnête et agréable. Alors qu'«Homme galant» veut dire séducteur, seulement préoccupé d’obtenir les faveurs des femme s.
Se «battre en galant» : l’homme d’honneurExpurgé de toute connotation sexuelle, le mot Galant (dans son sens «noble») devient, ainsi que Vaugelas le définit en 1647 «un composé où il entre du je-ne-sais-quoi, ou de la bonne grâce, de l’air de la cour, de l’esprit, du jugement, de la civilité, de la courtoisie et de la gaieté, le tout sans contraintes, sans affectation et sans vice. » Qu’on se le dise. Les Lois de la galanterie (1644) enfonce le clou –pas de vice– en précisent que l’exercice de la galanterie requiert «propreté, civilité, politesse, éloquence, adresse, accortise, prudence mondaine.» Rien à voir avec les femmes, donc. «La tradition mondaine ennoblit et intellectualise la galanterie en la purgeant, au moins en surface, de toute concupiscence et en faisant d’elle l’idéal de vie de l’honnête homme en société. »
Lorsque l’on dit d’un officier de l’armée qu’il « s’est battu en galant homme» cela signifie qu’il s’est montré «honnête homme», respectueux des codes d’honneur et des règles en usage dans le monde. Galant, alors, signifie «habile dans sa profession, qui entend bien les choses dont il se mêle. Vous pouvez lui donner votre affaire à conduire, il s’en acquittera bien. » (Littré, 1771). Mais les choses ne sont pas si claires…
Un galant homme peut en cacher un autreUn autre sens, très différent, se développe en parallèle du premier. Ce sens –qui s’impose dans l’usage commun– désigne le Galant comme « celui qui fait l’amour à une femme mariée ou une fille qu’il n’a pas dessein d’épouser» (Dictionnaire de l’Académie, 1694). Rappelons que «faire l’amour», à cette époque, veut dire «faire la cour». Mais il n’y a qu’un pas des jolis mots fleuris au lit… Le Galant est donc l’homme qui s’amuse avec les femmes, qui recherche les aventures : ses intentions ne sont pas honnêtes. « Témoin cet officier suisse qui rendait des visites très fréquentes à une demoiselle. La mère de cette jeune personne, qui craignait de laisser un prétexte à la médisance demanda un jour à cet officier sur quel pied il voyait sa fille
- Est-ce pour le mariage ou autrement, dit-elle ?
Le Suisse répondit avec assez d’ingénuité : - C’est pour autrement.» (L’Art d’aimer en romandie, 1979).
Qu’est-ce qu’un Vert-Galant ?« Anciennement, bandit qui se postait dans les bois. Homme redoutable pour la vertu des femmes», dit Le Petit Robert (1984) de façon un peu floue. Il est probable que l’expression «Vert-Galant» soit née à cette époque où les Galants de feuillée se postaient dans les bois pour attaquer les passants. Ils surgissaient des buissons pour voler et violer. Mais ce sens est escamoté dans les dictionnaires du XVIIe siècle qui font l’impasse sur les crimes sexuels. Pour Furetière (1690), un vert galant est un « homme sain et vigoureux qui est propre à faire l’amour» (conter fleurette, donc). Le Vert-Galant n’est plus qu’un homme entreprenant avec les femmes : à peu près ce que nous appellerions un dragueur. Le Littré de 1771 dit : «On appelle un vert galant un jeune homme sain, vigoureux, qui est propre au plaisir».
Faut-il être dupe de la galanterie ?En 1777, un certain Emer de Vattel décrit la galanterie comme une technique de prédation sexuelle moins brutale et plus gratifiante que le viol. «Nous, les hommes, dit-il, nous sommes physiquement plus forts que vous, les femmes. Raison pour laquelle la galanterie a été inventée : pour donner aux femmes l’illusion qu’elles ont du pouvoir sur les hommes, qu’elles peuvent décider de leur sort, qu’elles peuvent se refuser… Moyennant quoi, nous les hommes, nous en tirons aussi l’illusion que lorsqu’elles acceptent, c’est parce qu’elles nous désirent».
« C’est pour notre propre bien, Mademoiselle, et par un raffinement de volupté que nous autres hommes sommes astreints à tant d’égards et de respects pour les femmes. La Nature nous ayant fait plus forts qu’elles, si nous voulions agir en maîtres, nous croirions n’être redevables qu’à la crainte, ou à une obéissance intéressée, des plaisirs qu’elles [les femmes] nous procurent. Nous avons pris le parti de les ériger en divinités pour avoir la satisfaction d’en être exaucés dans nos prières. Nous nous persuadons ensuite que nous devons notre succès à notre mérite ; et nous éprouvons qu’il est infiniment plus doux d’obtenir de cette façon que de prendre par force ou par autorité. » (Lettre anonyme A une jeune demoiselle sur l’origine et la raison des respects que les hommes témoignent aux femmes, 1777).