Des études récentes ont mis en évidence ces dernières années les difficultés importantes et les discriminations auxquelles les personnes LGBT sont confrontées dans le monde du travail. A destination des entreprises, des ONG et des institutions publiques, les assises des 28 et 29 novembres prochains ont pour but de prévenir l’homophobie et la transphobie. Loin de s’arrêter uniquement aux constats, elles ont, selon les associations organisatrices, l’objectif de recenser des bonnes pratiques déjà en place et, qui sait, de tenter un maximum d’entreprises à les appliquer!
Line Chamberland, titulaire de la chaire de recherche sur l’homophobie à l’Université du Québec à Montréal, est notamment spécialisée dans le domaine de la stigmatisation et des discriminations envers les personnes de minorités sexuelles en milieu scolaire et en milieu de travail. Elle interviendra lors de ces deux journées. Rencontre.
– Les discriminations dans le monde du travail sont-elles différentes si on est L, G, B ou T?
– Line Chamberland Comparativement aux gais, les lesbiennes sont confrontées à des discriminations qui s’entrecroisent, à la fois en tant que femmes et en raison de leur orientation sexuelle. Gais et lesbiennes peuvent taire ou cacher leur homosexualité à divers degrés, mais il y a un prix psychologique à le faire. Comme l’homosexualité masculine est plus visible socialement, les gais sont davantage exposés à des commentaires et à des blagues stéréotypées de la part de leur entourage au travail. Selon les études néanmoins, les personnes trans* sont les plus vulnérables: elles ne bénéficient pas toujours de protections légales, elles sont souvent exclues du marché du travail, sous-employées par rapport à leurs qualifications et ont de faibles revenus. Il y a en revanche très peu de recherches sur les personnes bisexuelles. Cependant, il y a aussi des inégalités au sein de chaque communauté, en lien avec leur classe sociale, l’éducation, le type d’emploi ou avec d’autres vecteurs de discriminations tels l’origine ethnoculturelle ou le statut d’immigrant/réfugié. En somme, il est impossible de tracer un portrait homogène de chaque communauté.
– Au niveau des pratiques, en quoi le Canada est-il un bon exemple?
– L’existence de lois et de chartes qui interdisent la discrimination sur la base de l’orientation sexuelle dans les milieux de travail envoie un message fort aux employeurs et aux employés, selon lequel les personnes LGBT doivent recevoir un traitement égal, que ce soit dans l’embauche, les congés parentaux ou en tant que conjoint-e ou époux-se. Plusieurs organisations syndicales sont proactives. Dans le secteur public et dans plusieurs entreprises, elles ont négocié des clauses afin de protéger les droits, y compris ceux des couples et des familles LGBT, ce qui permet de déposer un grief si ces droits ne sont pas respectés. Cela dit, les protections formelles n’ont pas toujours d’impact sur le climat de travail au quotidien, elles ne font pas disparaître les préjugés. Bien que les droits formels soient acquis, il reste beaucoup de travail à faire.
Appel à témoignages
Lors des assises, des séquences de témoignages filmées seront projetées.
Vous êtes un.e employé.e LGBT ou à la recherche d’un travail? Vous êtes out au travail ou pas? Votre milieu de travail est ouvert et vous pouvez y être vous-même ? Au contraire, avez-vous subi de l’homo/transphobie, en emploi ou en recherche d’emploi? Vous êtes un.e collègue, un.e directeur/directrice, un.e supérieur.e hiérarchique et vous êtes engagé.e.s pour que toute personne puisse travailler dans un environnement professionnel serein? Au contraire, avez-vous été témoins de manifestations d’homo/transphobie?
Vous souhaitez partager votre expérience et votre histoire? Prenez contact par email: assises@federationlgbt-geneve.ch ou par téléphone au 076 437 84 14. Un cadre de témoignage et un tournage de confiance vous sont garantis, ainsi que l’anonymat si vous le souhaitez.
La diversité au travail: un enrichissement mutuel : Comprendre les réalités professionnelles des personnes LGBT pour repenser le monde du travail. Les 28 et 29 novembre 2014, Haute Ecole de Travail Social, Genève. Informations et inscriptions : www.diversite-au-travail.ch