T’aimes pas trop les hôpitaux. Comme beaucoup de mecs. Bravo le cliché. L’odeur, l’ambiance, le tout pimenté à la sauce COVID pour en rajouter une couche.
La maternité, c’était ok d’y aller. Même si t’appréhendais le moment, t’avais été parfaitement préparé, t’avais suivi toutes les séances avec la maman comme un bon futur papa, bien décidé à devenir un père plus que parfait, à lire un maximum de choses sur le sujet, à te renseigner, à questionner, à t’abreuver de savoirs, dans un seul et même but : être le meilleur daron possible.
Depuis bientôt 15 ans que t’as pris la grande claque qui t’a propulsé dans la paternité, t’as eu beaucoup de chance. T’en as d’autant plus conscience que t’as interviewé plus de 80 darons dont les destins paternels n’ont pas tous été aussi fleuris que le tien.
Quelques bobos, quelques passages aux urgences pour des p’tits pépins mais jamais rien de grave.
Là, c’est différent. C’est certes la première fois que tu vas à l’hôpital pour y voir l’une de tes mômes, mais elle a un goût particulier, cette première fois.
Au-dessus de l’entrée de l’hosto lillois, tu le vois, écrit en très gros, ce “Psychiatrie”. Tu ne peux pas l’éviter.
Sa mère, ton ex, qui l’avait accompagnée la veille, pendant que tu prenais soin de votre autre rejeton, en était revenue toute chamboulée. “C’est pas pour ça que j’avais signé”, qu’elle t’avait glissé, au petit matin autour du café.
Tu m’étonnes.
On a tellement l’impression d’avoir fait du mieux qu’on pouvait. Et si l’enfant en bas-âge saura taper dans vos réserves physiques, la faute à la fatigue notamment, l’adolescent, lui, viendra toucher beaucoup plus profondément, sur l’aspect psychologique de votre personne.
Notre fille, par exemple, ne nous veut aucun mal, elle nous aime beaucoup (et c’est très réciproque), mais elle a plein de reproches très légitimes à nous faire sur l’éducation qu’on lui a offerte. Normal.
Là où le bât blesse, c’est que ces reproches, à un moment donné, finissent par venir en contradiction directe avec, non pas les parents, mais les personnes que nous sommes. Et ça, ça picote.
Parce que oui, ne vous méprenez pas : je suis 100% d’accord avec les enfants qui font tous les reproches du monde à leurs parents. Grand bien leur en fasse. Après tout, ils n’ont jamais demandé à venir au monde.
Il n’empêche. Même si en tant que parent, on accepte cette sentence bien méritée, il faut savoir ensuite l’encaisser. Et ça, c’est une autre paire de manches.
L’adolescence est déjà un moment compliqué à vivre, mais on peut comprendre que la montagne est d’autant moins évidente à franchir si on leur rajoute sur le dos tous les ingrédients de merde que nous ont apporté 2020 et 2021.
Petite digression à ce propos mais le jour où on fera l’addition de tous les dommages collatéraux à cette crise sanitaire, on se rendra compte que la santé mentale de nos jeunes sera sans doute en tête de la liste, et il faudra qu’on en prenne conscience très vite.
Résultat donc de l’adolescence made in 2021, à laquelle tu ajoutes un divorce parental et un environnement compliqué : notre fille a tiré la sonnette d’alarme à une ou deux reprises, jusqu’à nous demander d’aller faire un séjour en hôpital psychiatrique. En HP. D’ailleurs, on ne dit plus hôpital psychiatrique, mais clinique psychiatrique. Ça fait moins Vol au-dessus d’un nid de coucous, sans doute.
Je m’étais toujours dit jusque-là : “on offre le meilleur à nos mômes, on est à leur écoute, toujours prêts à échanger avec elle, on leur offre de l’autonomie, la possibilité de nous envoyer bouler si elles le souhaitent, normalement, elles devraient surfer sur l’existence facile”.
Et puis tu voyais les autres parents galérer, et même si tu faisais preuve d’empathie envers eux, t’as une petite voix de connard au fond de toi qui te chuchotait “ptn, les pauvres mais ils ont bien dû merder pour en arriver là”.
Et puis un jour, tu te retrouves à suivre le parcours fléché vers l’aile “Psychiatrie Adolescente”, et tu te demandes “ptn, mais à quel moment j’ai merdé ?”. Saloperie de culpabilité, de croyance que t’allais être un père, des parents plus que parfaits.
C’est d’la merde tout ça, ça n’existe pas, les parents parfaits. C’est même une condition sine qua none pour que tes enfants se construisent, de merder en tant que parent. Instagram n’existait pas à l’époque où on a eu nos mômes, mais j’espère que les réseaux et les instaparents n’accentuent pas encore cet effet. Faites gaffe à vous, vraiment.
Et pour revenir à ma fille, ouiii je sais, il y’a beaucoup de positif dans toute cette histoire : que notre fille ait su demander de l’aide, qu’elle puisse profiter de ce séjour pour faire la connaissance d’autres enfants de son âge suicidaires ou atteintes de TCA depuis des années, ça ajoute sans doute à son expérience, ça pourra peut-être l’aider, je l’espère, à l’avenir.
Mais cette histoire, c’est aussi et sans doute un grand réveil pour sa mère et moi : y’a un moment où, t’as beau faire du mieux que tu peux, les mettre dans les meilleures dispositions possible, ton enfant finit par être un humain à part entière, avec son libre-arbitre, sa capacité de rebond (ou pas), son interprétation de la vie, ses décisions, et ça, même si je le savais déjà bien sûr en théorie, j’en ai vraiment pris bien bien conscience dans la pratique en prenant le chemin du service Psychiatrie adolescente la semaine passée.
À ce propos, si vous êtes un daron qui a eu des histoires compliquées avec ces ados à me partager, n’hésitez pas, vous pouvez m’envoyer un mail sur histoiresdedarons@gmail.com. J’ai eu assez peu de darons d’adolescents jusqu’ici, et j’aimerais bien vous en proposer dans les mois à venir.
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L’article Le jour où tu amènes ton enfant en clinique psychiatrique est apparu en premier sur Histoires de Darons.