Depuis quelques semaines, la polémique fait rage au Royaume-Uni. Plusieurs fournisseurs d’accès à internet ont appliqué les préconisations du Gouvernement quant aux blocage de sites pornographiques dits «offensifs». Au-delà du caractère discutable de ces mesures, l’opération s’est soldée par un cafouillage général. La presse britannique a rapporté que les «protections» mises en place ne fonctionnaient pas. Des sites hard continuent d’être accessibles, tandis que de des portails consacrés à l’éducation sexuelle et à la violence conjugale ou destinés aux victimes de viol ont disparu du web.
Entreprise modèle contre la discrimination
Les sites de soutien aux personnes LGBT ou d’infos sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre ont subi le même sort. Ce qui a poussé Gay Star News à s’intéresser de plus près aux systèmes employés pour censurer certains sites. Et surprise: parmi eux figurent SonicWall, un produit proposé par Dell. Cette entreprise informatique basée au Texas a été distinguée pour son attitude LGBT-friendly. L’ONG américaine Human Rights Campaign lui a même décerné la plus haute note pour sa politique antidiscrimination.
SonicWall, relève Gay Star News, permet à des entreprises ou à des institutions (des lycées ou des universités, par exemple) comprend parmi ses options le blocage de tout site internet comprenant du contenu LGBT, y compris les portails d’aide aux personnes en détresse. On peut aussi s’en servir pour refuser l’accès aux sites parlant de religion, entre autres.
Langue de bois
Le site LGBT britannique a mis Dell au pied du mur: si un tel filtre est acceptable, pourquoi pas en proposer un qui viserait les minorités ethniques ou les femmes? a-t-il suggéré. Il a aussi interrogé la porte-parole de la firme américaine sur la légalité de ce type de blocage. La réponse de l’entreprise fleure bon la langue de bois: «Notre objectif est de fournir des choix à nos clients, de leur permettre d’accéder à ce dont ils ont besoin afin d’assurer un environnement productif et efficace à leurs utilisateurs. Nous n’émettons aucun jugement quant au choix de filtres.» L’entreprise a refusé d’éclaircir davantage sa position. «Cette censure est totalement incompatible avec des firmes qui assurent être gay-friendly, commente le créateur d’un site gay. Pensez à ce qui se passe en Russie – l’effet est de réduire aux silences les voix LGBTI, de les empêcher de s’unir et de s’entraider.»
A noter que d’autres compagnies contactées par Gay Star News ont accepté de revoir leurs options. C’est le cas de Trend Micro, une compagnie travaillant avec Cisco Systems au filtrage du web.