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En japonais, désir (seiyoku) s’écrit avec un caractère qui signifie «demander, prier». Mises en attente, l’air grave, les modèles du photographe érotique Ogaeri Kazuma lisent des livres et se regardent dans des miroirs.
A la différence de beaucoup de photographes érotiques, Ogaeri –musicien et photographe japonais né en 1955– ne met pas en scène le plaisir, mais le manque. Dans un album publié aux éditions Reuss, intitulé Sweet maids Hot dreams– Ogaeri insiste sur la dimension nostalgique de son art. Il photographie des modèles dont les cheveux nattés et les uniformes sages reflètent quelque chose de perdu : l’âge des premiers émois, au collège, lorsque garçons et filles font leurs premières expériences. Le mot nostalgie en japonais se dit hôkyô et désigne généralement la tristesse d’avoir quitté son village natal, entre les rizières et les forêts… Pour Ogaeri, c’est une donnée essentielle pour comprendre son travail : «J’ai grandi dans un hameau perdu en région montagneuse. C’est dans ce village natal que mon imagination s’est développée.»
Enfant, il adorait pêcher et photographier les trains à vapeur, passant presque chaque jour entre l’école, la gare et la rivière. «J’étais soulevé d’émois lorsque les herbes d’été remuaient sous le vent en me caressant et les jeux que se livraient l’eau et les pierres dans le courant m’apparaissaient soudain comme la chair frissonnante d’une jeune fille.» Plus tard, d’autres visions se substituent à celles des fleurs ou des rivières : Ogaeri se passionne pour les filles. «Mes souvenirs d’excitation les plus intenses datent de mes 12 ans. J’espionnais au hasard les jeunes filles dans les salles de classes, les salles de club, les bus ou les dortoirs.» Captant au vol la vision de collégiennes alors qu’elles sont accroupies ou perchées sur des clôtures, le jeune Ogaeri s’enflamme.
Cette période d’exaltation dure un an : «après quoi le rideau retomba sur le trou de serrure de ce fantasme voyeur. Plus âgé, je partis à Tôkyô. Rien cependant de ce que j’y fis n’y égala jamais les émotions de mon enfance ni ma fascination précoce pour le voyeurisme.» Les photos publiées par Reuss sont le fruit d’un hasard : à l’âge de 36 ans, en 1991, Ogaeri (1) se voit commander par la revue Hot Dog Press une série sur les lycéennes de Tôkyô. Renouant avec son passé –sous l’influence de cette «révélation érotique advenue dans le passé»– il photographie des femmes (plus de 700 à ce jour), avec une préférence marquée pour celles qui sont à l’arrêt. Celles qui attendent le passage du train. Celles qui font des voyages immobiles.
Celles qui se rongent le coeur. À défaut d’un amant, elles se tournent vers des substituts ou bien contemplent des miroirs qui renvoient leur image dédoublée – celle d’une jeune fille et celle d’une femme mûre, séparées par le silence. S’agit-il de deux personnes différentes partageant le même espace ? Ou d’une seule et unique femme habitée par la présence de son fantôme imaginaire ? Rêve-t-elle de ce qu’elle était par le passé, jeune fille, ou s’imagine-t-elle, plus âgée, répétant les mêmes gestes de masturbation solitaire à plusieurs années de distance ? Impossible de savoir dans quelle mesure ces femmes existent. Elles se côtoient, regard perdu dans un monde peut-être déjà disparu, ou à venir.
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A LIRE : Sweet maids Hot dreams, d’Ogaeri Kazuma, éditions Reuss, 2019. (100 photos en couleur, format 30x22 cm).
NOTE 1 : Le nom du photographe est-il un nom d’artiste ? Ogaeri Kazuma (魚返 一真) pourrait se traduire «De retour dans une réalité».
En japonais, désir (seiyoku) s’écrit avec un caractère qui signifie «demander, prier». Mises en attente, l’air grave, les modèles du photographe érotique Ogaeri Kazuma lisent des livres et se regardent dans des miroirs.
A la différence de beaucoup de photographes érotiques, Ogaeri –musicien et photographe japonais né en 1955– ne met pas en scène le plaisir, mais le manque. Dans un album publié aux éditions Reuss, intitulé Sweet maids Hot dreams– Ogaeri insiste sur la dimension nostalgique de son art. Il photographie des modèles dont les cheveux nattés et les uniformes sages reflètent quelque chose de perdu : l’âge des premiers émois, au collège, lorsque garçons et filles font leurs premières expériences. Le mot nostalgie en japonais se dit hôkyô et désigne généralement la tristesse d’avoir quitté son village natal, entre les rizières et les forêts… Pour Ogaeri, c’est une donnée essentielle pour comprendre son travail : «J’ai grandi dans un hameau perdu en région montagneuse. C’est dans ce village natal que mon imagination s’est développée.»
Enfant, il adorait pêcher et photographier les trains à vapeur, passant presque chaque jour entre l’école, la gare et la rivière. «J’étais soulevé d’émois lorsque les herbes d’été remuaient sous le vent en me caressant et les jeux que se livraient l’eau et les pierres dans le courant m’apparaissaient soudain comme la chair frissonnante d’une jeune fille.» Plus tard, d’autres visions se substituent à celles des fleurs ou des rivières : Ogaeri se passionne pour les filles. «Mes souvenirs d’excitation les plus intenses datent de mes 12 ans. J’espionnais au hasard les jeunes filles dans les salles de classes, les salles de club, les bus ou les dortoirs.» Captant au vol la vision de collégiennes alors qu’elles sont accroupies ou perchées sur des clôtures, le jeune Ogaeri s’enflamme.
Cette période d’exaltation dure un an : «après quoi le rideau retomba sur le trou de serrure de ce fantasme voyeur. Plus âgé, je partis à Tôkyô. Rien cependant de ce que j’y fis n’y égala jamais les émotions de mon enfance ni ma fascination précoce pour le voyeurisme.» Les photos publiées par Reuss sont le fruit d’un hasard : à l’âge de 36 ans, en 1991, Ogaeri (1) se voit commander par la revue Hot Dog Press une série sur les lycéennes de Tôkyô. Renouant avec son passé –sous l’influence de cette «révélation érotique advenue dans le passé»– il photographie des femmes (plus de 700 à ce jour), avec une préférence marquée pour celles qui sont à l’arrêt. Celles qui attendent le passage du train. Celles qui font des voyages immobiles.
Celles qui se rongent le coeur. À défaut d’un amant, elles se tournent vers des substituts ou bien contemplent des miroirs qui renvoient leur image dédoublée – celle d’une jeune fille et celle d’une femme mûre, séparées par le silence. S’agit-il de deux personnes différentes partageant le même espace ? Ou d’une seule et unique femme habitée par la présence de son fantôme imaginaire ? Rêve-t-elle de ce qu’elle était par le passé, jeune fille, ou s’imagine-t-elle, plus âgée, répétant les mêmes gestes de masturbation solitaire à plusieurs années de distance ? Impossible de savoir dans quelle mesure ces femmes existent. Elles se côtoient, regard perdu dans un monde peut-être déjà disparu, ou à venir.
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A LIRE : Sweet maids Hot dreams, d’Ogaeri Kazuma, éditions Reuss, 2019. (100 photos en couleur, format 30x22 cm).
NOTE 1 : Le nom du photographe est-il un nom d’artiste ? Ogaeri Kazuma (魚返 一真) pourrait se traduire «De retour dans une réalité».
La Ligue a indiqué que sa commission dédiée examinerait ce 28 août les dossiers de L1, L2 et Coupe de la Ligue « pour lesquels des chants injurieux et/ou homophobes ont été consignés ».
L’article Roxana Maracineanu : « l’homophobie et le racisme n’ont leur place ni dans la rue, ni dans les stades » est apparu en premier sur Association STOP HOMOPHOBIE | Information - Prévention - Aide aux victimes.