Ne sois pas vulgaire. Cet ordre moraliste, la jeune Mathilde Biron en fait le titre de son premier livre photographique, paru en cette fin novembre aux éditions Les presses littéraires. Quatre-vingt pages de clichés érotiques qui rétorquent aux injonctions par l’irrévérence.
« Le cul, la chair, le ventre plein, le ventre vide, le monde des morts, l’inconscient, les fantasmes, l’imaginaire, le rêve, l’intime. Les fluides vitaux qui nous irriguent, nous épuisent, nous consolent – les larmes, le sang, le sperme, la mer, le Chanel N°5. ». C’est tout cela qu’évoque Ne sois pas vulgaire, ni plus ni moins. Un listing ambitieux pour ce premier recueil de photographies signé Mathilde Biron, parisienne de vingt et un ans dont l’oeil s’est aiguisé au fil d’années d’études d’arts appliqués et d’esthétisme de l’art à la Sorbonne. Avec cet opus, elle conjugue traditions (comme celle de l’autoportrait) et modernisme : les légendes que cette ancienne modèle accole aux photographies sont des captures d’écran de SMS. Dans l’air du temps, l’artiste puise autant dans la peinture que dans les sextos pour trouver l’inspiration.
Résultat ? Ses impudeurs sont chatoyantes. Recouvertes d’un noir et blanc précieux, elles provoquent le regard par les courbes – féminines et masculines – qu’elles représentent, au sein d’un monde moite traversé par les fantasmes. Un aller vers le site de l’artiste donne une petite idée de ces romances absolument modernes et sensuelles. Et la vulgarité, bordel ? Dans le dossier presse, la photographe éclaire notre lanterne : « Ce livre est comme une projection papier de nos iphone. Assumons cette (non) vulgarité. Je ne peux pas dire que ce livre s’adresse à tout le monde. Mais j’aime l’idée qu’il soit comme un nouveau souffle, sur notre monde qui se dit ouvert, mais qui reste fermé d’esprit malgré tout. On fait tous l’amour, on a tous un corps. Assumons le, montrons le ». Ou comment briser les tabous à coups de flashes.
En attendant une exposition de cette esthète sex-positive en 2019, rendez-vous est donné à la soirée de lancement de Ne sois pas vulgaire, le 30 novembre à 20h, au comptoir du Sud Ouest, 167 rue Saint-Martin. Mathilde Biron nous la tease « comme une fête intimiste où les invités seront plus ou moins vêtues vulgairement ou non, dans un lieu à l’allure d’une cave transformée en boudoir« . De quoi donner l’eau à la bouche.
Photo en une : © Mathilde Biron