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Au Tag Parfait, on garde un œil sur ce que Twitter fait au porn. Le petit oisillon bleu n’a jamais caché sa réserve de plus en plus marquée concernant les « contenus offensants« . Contenus automatiquement masqués sur la plateforme de microblogging, puisque susceptibles de heurter la sensibilité des internautes. Mais comme l’indique le site d’AVN, la sélection par défaut n’est pas sans abus.
Un renforcement des mesuresLe « shadowing », c’est le terme employé pour désigner les contenus que Twitter masque pour « violation du règlement« . Depuis le 17 octobre – et l’intégration du harcèlement sexuel numérique dans la catégorie des contenus offensants – ces critères se sont renforcés. Désormais, le réseau social s’appliquera à suspendre tout compte partageant des « images volées » obscènes, type upskirts, sans la permission de leurs « auteurs » (bien), tout en épinglant les comptes faisant l’apologie de la violence. Une démarche bienveillante, me direz vous, mais qui ne fait pas dans la nuance. Car sur ce second point, le robot ne différencie pas forcément la dangerosité « réelle » des images mises en ligne sur la Toile et celle des contenus pornographiques BDSM, par exemple. Ce qui condamne à l’oubli les tags trop borderline ou ambiguës pour le grand public – vous imaginez Kink.com analysé par Twitter, vous ? De quoi craindre pour l’analyse de la porn culture, susceptible d’être plus largement « masquée » à l’avenir.
Pas de répit pour les anonymesLaisser un robot masquer les contenus indésirables, c’est un peu comme jouer à la roulette russe : c’est coton. Se basant sur l’historique hashtag des utilisateurs, mais également sur celui de leurs followers (ce qui est plus aléatoire), l’algorithme Twitter est toujours à deux doigts de la marge d’erreur. Comprendre : si certains producteurs de contenus pour adultes devraient voir leurs publications masquées dans la page de résultats (même combat pour les partages de leurs abonnés), les utilisateurs anonymes, eux aussi, ont de quoi craindre pour la visibilité de leurs tweets. Puisque la majorité des comptes explicites sont généralement « suivis » par des utilisateurs anonymes, ceux-ci prennent le risque de voir leurs contenus masqués par l’algorithme. Pire, les « partiellement anonymes » eux aussi y auront droit. Pour rappel, un compte anonyme n’a ni prénom ni nom affichés en adresse URL. Un compte partiellement anonyme quant à lui a soit l’un, soit l’autre. C’est vous dire si, même aux antipodes des faps de Pornhub, vous n’êtes jamais qu’à deux doigts du « contenu potentiellement sensible« .
Pas besoin de déverser sur votre fil les fantaisies les plus underground pour être devenir l’un des fantômes de ce vaste shadowing. Si pour une raison ou une autre Twitter juge votre compte « sensible« , votre blaze sera automatiquement masqué de la barre de recherche – celle du fil d’actualités. Si d’autres veulent vous voir, ce qui ne serait pas trop mal, il leur faudra glisser du côté de leurs paramètres de recherche puis décocher la case : Masquer les contenus offensants.
Ça date de quand, ça, la case «Hide sensitive content» cochée par défaut (on l'a décochée)? pic.twitter.com/h080MVqg7K
— Garriberts (@Garriberts) October 20, 2017
Une fois ces modifications enregistrées, c’en est fini de ce shadowing pernicieux (tout est expliqué ici). Le souci, c’est que tous les utilisateurs n’auront pas forcément ce réflexe. Jusqu’où s’étendra la vague fantoche de Twitter ?
Un petit peu comme quand je baise, j’aime savoir à qui j’ai à faire quand je me branle. J’ai donc acquis, par la force des choses, une culture assez étendue sur les pseudonymes des actrices et acteurs pornos. Celles et ceux qui sont comme moi savent qu’il est parfois très compliqué de retrouver un nom lorsqu’on n’a qu’une image ou un bout de scène. Mais cette connaissance chèrement obtenue est plutôt désapprouvée par le commun des fappeurs. Quand tu arrives à nommer Tyler Nixon, des blaireaux questionnent ta sexualité ; quand tu identifies Kylie Page, les mêmes te traitent de gros pervers. Tu as simplement de l’intérêt pour le porno en tant que divertissement et milieu professionnel, et on te met à part ; imagine si tu en faisais vraiment…
Un peu comme Robert Paulson, les performeurs et performeuses existent, ils ont des noms. Pourquoi les cacher ? Nous sommes dans un mouvement tendant vers l’affirmation du porno comme une véritable industrie artistique, alors commençons par créditer les gens qui y travaillent. En effet, c’est un métier et en reniant le droit d’être reconnu par son pseudo, on empêche le public de réaliser qu’ils existent, qu’elles bossent réellement. Donc, lorsque je tweete un petit jeu pour deviner quelles sont les actrices, évitez d’essayer d’être marrant en répondant : fap 1, fap 2, fap 3. Ce sera drôle quand ces personnes seront véritablement reconnues.
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Il y a eu cette annonce de Playboy avec son « bon côté de l’Histoire » qui met en avant une Playmate transgenre. Chanel Santini et d’autres ont réagi positivement.
"Being a woman is just being a woman." Meet November 2017 Playmate Ines Rau, the first transgender Playmate. https://t.co/w28vfilSP9 pic.twitter.com/iVAqOgB0TK
— Playboy (@Playboy) October 18, 2017
Standing on the right side of history. pic.twitter.com/i9ySJ4yBrL
— Playboy (@Playboy) October 19, 2017
Du coup, elle essaie de se placer. J’aurais fait pareil.
It’s always been a dream of mine to pose for @Playboy ✨ Never thought it was possible until now, who would want to see me in the mag? pic.twitter.com/B4ZJxz94ex
— Chanel Santini (@CCSantini) October 20, 2017
Face à l’étroitesse d’esprit de certains, Jessica Fappit réagit. Le mouvement est amorcé et il devrait continuer.
Trans stuff isn't going away. It's going to get bigger every year. You don't have to like it but you're not going to make us go away.
— 18day till bday Buns (@JessicaFappit) October 20, 2017
Chanel aussi. Rappelons qu’elle n’a que 19 ans.
Sounds like your just mad cause your completely irrelevant. Step your Pussy up bitch. Tgirls are the future & we ain’t going anywhere baby https://t.co/4iZZJEqx61
— Chanel Santini (@CCSantini) October 21, 2017
Prochaine étape, le défile de Victoria’s Secret, comme un fan de Chanel l’a suggéré.
First Trans Angel? if Playboy can put a Transwoman in the mag VS should get inspired too 🤗 https://t.co/LVuI2pBqQj
— Chanel Santini (@CCSantini) October 22, 2017
Vous pouvez écouter ce qu’elle dit à propos de sa situation.
Public Service Announcement #girlslikeus #TransIsBeautiful pic.twitter.com/Db3fHG3n14
— Chanel Santini (@CCSantini) October 22, 2017
Je parle tellement de Chanel, on dirait que je suis amoureux. Oh wait!
Et pour mater du porno avec des Tgirls, il faut aller chez Trans Angels !
Are you ready for tomorrow's latest scene with @NATASSIADREAMSX & @Eli_Hunter88? pic.twitter.com/6h6nTiYDcF
— TransAngels Official (@Transangelsxxx) October 22, 2017
Ou aller sur le ManyVids de Natalie Mars.
"Two Gingers and a Dickgirl" feat. @OUSweetheart & @yaegerman
ManyVids: https://t.co/PAPI5svkJB
Clips4Sale: https://t.co/jfxQB06FdA pic.twitter.com/q1NAPeykOU— Natalie Mars (@theNatalieMars) October 21, 2017
À noter que cette Ines Rau n’est pas la première à poser pour Playboy.
The first transgender woman to pose for Playboy was Tula in September 1991. pic.twitter.com/Xpl65HZaEU
— Playboy (@Playboy) October 19, 2017
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Olympe de G a sorti un trailer très beau pour sa nouvelle vidéo chez Erika Lust.
The Dick, The Cunt & The Asshole.@Olympe_De_G & @xconfessions make an homage to the human body & three of life's greatest treasures… pic.twitter.com/1XgurQMSsa
— Erika Lust (@erikalust) October 17, 2017
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Vous n’avez pas pu passer à côté de l’historique mouvement de dénonciation du harcèlement et des agressions sexuelles qui a eu lieu dans de nombreux milieux ces derniers jours. Bizarrement, je n’ai vu personne s’en faire l’écho dans la sphère porno, à l’exception de Molly Saint Rose. Comme si l’omerta était trop forte. Liselle Bailey, réalisatrice pour Dorcel notamment, l’a évoqué, mais rapidement.
I've had sexual harassment in the Porn industry but nothing compared to when I worked in the music industry, TV or even as a teacher #metoo
— Liselle Bailey (@LiselleBailey) October 16, 2017
Fist Pump Films, enfin le mec qui gère derrière, a sorti une sale vanne à une actrice.
i didn’t even @ them, just unfollowed and said i won’t work w ppl that make rape jokes 🤷♀️ pic.twitter.com/IRuvIKlP9h
— ivy aura (@ivyaura_) October 16, 2017
Déjà qu’il met un temps incroyable à sortir le site, il se retrouve blacklisté par certaines filles. Pas très malin.
fist pump films. they deleted it and apologized to me for “being offensive” but i’ll never shoot with them now
— ivy aura (@ivyaura_) October 15, 2017
Janice Griffith s’est énervée contre plein de choses cette semaine. Mais elle a surtout sorti une histoire de N-word utilisé par Riley Reid avec le groupe Metro Zu. Du coup, on n’aura jamais plus de porno entre elles.
Just so y'all know, this is how @rileyreidx3 feels about the n word. pic.twitter.com/3Z5cxqScSo
— janice (@thejanicexxx) October 22, 2017
Je vous avoue que j’ai de plus en plus de mal à suivre les clashs, ça devient ultra technique. J’en ai passé un tas à l’as parce que le subtweet (remarque passive agressive sans dire à qui elle est vraiment adressée) était trop puissant.
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Pixie a trouvé un keum qui veut bien passer devant la caméra. On est plutôt contents, ça va faire du chouette contenu à venir.
Hey guys! Guess what? I fell in love~*~*~*~*~*~
pic.twitter.com/qymU3E5Hun— Pixie (@PixiePixelized) October 17, 2017
La Française a la douce voix, Lele, cartonne sur Pornhub avec son ASMR. Bravo à elle.
700k views on #pornhub Merci pic.twitter.com/1jMPbEwXwo
— Lele (@ohshititslele) October 18, 2017
Pandora / Blake fait une émission de radio. Elle a invité Blath et Dion de Rossi. Ça ne va pas parler du dernier Brazzers, ça c’est sûr.
I'm being interviewed by @pandorablake on Radio Ava in about ten minutes – come listen to me chat shit.https://t.co/i1HFpJ8gs5 pic.twitter.com/6dfmHjJrh6
— Blath. (@blathh) October 20, 2017
So excited to be repping @Sluts4slutscol on AVA Radio today talking queer porn w @blathh and @pandorablake pic.twitter.com/PK1szEpqQN
— Dion De Rossi (@DionDeRossi) October 20, 2017
Elles sont toujours aussi mignonnes.
content filming w your favorite fractals… (editing this shaving video today…!) pic.twitter.com/QzU0OwyqmV
— alex&amelia ☁️ (@shycloud_CB) October 22, 2017
Petit clin d’œil à notre Carmina nationale qui lance un documentaire autour de la cam sur la revue Far Ouest.
Oubliez vos apriori sur le sexe, la pornographie ou la prostitution. Avec @JohanDrillard et @carm_ina ➡️ https://t.co/7CgktJFULC pic.twitter.com/8AkbJfoQk4
— Revue Far Ouest (@RevueFarOuest) October 18, 2017
Rappel utile : payez votre porno. Elle nous rappelle que cela permet aux artistes, indé notamment, de survivre. Et sinon, éduquez vos potes quand ils vous racontent qu’ils ont kiffé une vidéo sur Pornhub (ou dites-leur d’aller sur Le Bon Fap).
#payforyourporn pic.twitter.com/vwYfsdR3t4
— ☀️Nicki Sunshine☀️ (@_NickiSunshine) October 20, 2017
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Le porno de Chanel Santini fait envie. Dommage que ce ne soit que sur OnlyFans.
❤️ @MSTRVKTR & I had an amazing fuck session today coming soon to my OnlyFans pic.twitter.com/OyyBYwkW0q
— Chanel Santini (@CCSantini) October 18, 2017
Par contre, OnlyFans commence à contrarier certains utilisateurs, comme Liza Del Sierra. Son compte ne semble plus accepté de nouveaux abonnés.
Je sais. Je les harcèle. Le pire service client de la planète LOL https://t.co/lUyPuOJi3n
— Liza del Sierra (@lizadelsierra) October 23, 2017
UGH ONLYFANS NEVER UPLOAD MY STUFF ON THE FIRST TRY
— Sammie Katsueki (@lil_bbgrl) October 22, 2017
L’amour dans le porno existe. Ces deux-là en sont une des nombreuses preuves.
Happy Birthday to my love, @WhoisLogan 🥃 pic.twitter.com/OPF0EVgHNx
— Kristen Scott (@krisscottxxx) October 17, 2017
Moi aussi Kissa, j’aimerais tellement. Soyons tous des Grégoire !
I wish sex workers could all support each other. Society looks down on ALL of us. Let’s be a team!!
— Kissa Sins (@KissaSins) October 21, 2017
C’est l’époque des calendriers qui arrivent. Lucy Cat est en avance.
Einblick in den März! Alle Bilder gibt es im KALENDER 2018! Für 19.99€ jetzt im Store! :D Link in der Bio! pic.twitter.com/da3TfZ4km1
— Lucy Cat (@LucyCatOfficial) October 22, 2017
Énorme enquête sur la taille des cam models cette semaine. Lily Ivy a lancé le thread le plus intéressant.
Camgirls, how tall are y'all? Just wondering. I am 5'6"
— Autumn Angel (@LilyIvyMFC) October 18, 2017
Apparemment, les gens sont aussi plutôt petits dans le porno.
*spoiler alert* everyone in porn is actually really short
— Owen Gray (@veryowengray) October 18, 2017
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Le cosplay et le déguisement, surtout en cette période d’Halloween, sont une vraie tendance. Qu’attendent les féminins pour en parler ?
here’s my Sally look from Nightmare Before Christmas. was a heck of a time getting this to come together but I am pleased. Cam soon! pic.twitter.com/39ZIVi7Ksd
— Jasper Ahptik (@ahptik) October 21, 2017
✨️✨️✨ pic.twitter.com/BnNAdFCkTi
— Artemis (@Artemis__Moon) October 21, 2017
I woke up like this…not sure what happened but I think last night got a little crazy?? pic.twitter.com/dye37dcxPV
— Kitty Kat Luna (@kittykatluna_) October 21, 2017
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Que feriez-vous sans cette petite sélection de jolies photos hebdomadaire ?
— charlotte sartre (@GothCharlotte) October 16, 2017
She was such a PYT, catching all the light pic.twitter.com/omJcZAAAF4
— Rσвιи мaɛ (@RobinMaeeee) October 17, 2017
It's 2am so here's some cute pics of @thekiranoir that I took the other day ✨ #pervert pic.twitter.com/Ezhin24kA3
— Porndon Ramsay (@isabeldresler) October 18, 2017
IG saw them first.
PYT: @Andrea_Rosu pic.twitter.com/puysSvtWcl
— Vic (@shitbyvic) October 19, 2017
despite this bruise & speaking very shitty French, getting tested in Paris was my fastest/easiest testing experience ever
be online soon pic.twitter.com/5zUFfX268h
— moth + rust (@mothandrust_) October 19, 2017
If the bad girls are what you want, I can show you bad. I can show you bad.
Photo by David Zayas Jr.
NYC 2017 pic.twitter.com/LtwRZOGRKC— Ramona Flour 18+ (@RamonaFlour) October 20, 2017
alien pussy pic.twitter.com/1wPkR9j29V
— Mia Rand (@rand_mia) October 21, 2017
Goodnight pic.twitter.com/1cJ0vUyXJn
— Lily LaBeau (@LilyLaBeau) October 22, 2017
C O M I N G S O O N
to https://t.co/TbPCytIuuO
✖️ pic.twitter.com/pu9NxYAyNv— Four Chambers (@fourchambered) October 22, 2017
I feel you on my finger tips , my tongue dances behind my lips for you pic.twitter.com/PeM6u2r6l5
— Carmen Caliente (@carmencalixxx) October 18, 2017
All the dick I'm getting tonight. pic.twitter.com/7K9MV8D4Bj
— Valentina Nappi (@ValeNappi) October 21, 2017
— Mutin(aea) (@mutinaea) October 18, 2017
Tonight was really fun, thanks!!! pic.twitter.com/cdIwd9qlE4
— Brazilian X Nuts (@brazilianxnuts) October 19, 2017
BOOTY GAINZ & taco pic.twitter.com/nkikNC8bC0
— Kendra Sunderland (@KSLibraryGirl) October 19, 2017
Photo de une : Charlotte Sartre (la divine) par Isabel Dresler.
Des hommes en situation de pouvoir abusent de leur pouvoir. Ces hommes ont l'habitude de se faire obéir et de profiter d'autrui. Ils ne sont pas les seuls à le faire, tant s'en faut, car beaucoup d'hommes harcèlent et agressent sexuellement les femmes, mais leur impunité est grande, même si le mouvement des femmes a commencé à la fissurer.
- ViolencesIl aura fallu du temps pour que je reprenne la plume. Peut-être que j’en avais assez dit sur les friends, les amours surtout celles qui durent un jour ou trop de mots sur les maux… C’est vrai que je râle beaucoup. Il aura fallu du temps pour me sortir de la torpeur et ce ne sont pas les abdos des frères Hemsworth qui m’ont dégelée, bien que je les soupçonne d’être responsable du réchauffement climatique.
Non il aura fallu un vent venu des Amériques, une rumeur qui enfle comme la colère, des actrices qu’on admire, des artistes que l’on écoute, un soulèvement des poitrines, des murmures qui se rejoignent pour former un cri.
C’est beau hein ? Dis comme ça, ça claque…
Quelle poésie, c’est délicat, comme une femme ou l’image que l’on s’en fait. Parce qu’une femme en toute occasion il faut que cela reste joli, posé, discret… Oserais-je dire décoratif ! Sois belle et tais-toi. Si t’es pas jolie sois polie. Malheureusement avec moi, ils n’ont jamais fait long feu les dictons de mamie.
Bref à coup de hashtag, les langues se délient avec un goût amer… Je suis désolée, moi pourtant si féministe je le dis haut et fort, je ne suis pas fan du régime de Vichy, et j’aime la charcuterie.
Moi sexe faible, vivant au quotidien au sein du sexisme ordinaire, victime anonyme de mots et de gestes déplacés, d’agression même, je souffre d’être résumée à un appel médiatique, bien propret, bien cadré, oserais-je dire bien orchestré. Des promesses de lois inapplicables je n’en veux pas, des regards compatissants je n’en veux pas, de guerre des sexes je n’en veux pas non plus. Je rêve de dialogue, de changement profond de la condition féminine. Oui, je crois encore au père Noël, aux lutins et aux licornes.
Je ne souffre pas d’être sifflée dans la rue, mais j’en ai assez d’être suivie. Je ne me sens pas traitée comme un être inférieur quand un gentleman m’ouvre la porte, mais je hurle à perdre la voix quand il faut professionnellement que je justifie mes compétences pour faire oublier la taille de mon bonnet.
Je considère un compliment à sa juste valeur… d’ailleurs, à ce sujet : « T’es bonne tu mériterais » n’est pas un compliment sachez-le, chers bourrins élevés à grand renfort de YouPorn. Personnellement je ne dis pas merci à Jacquie & Michel.
Par pitié, ne mélangez pas tout. Le soulèvement des hashtags n’est qu’un cri de souris. Le malaise est tellement plus profond. Nous sommes 3,5 milliards de femmes, de sous-êtres, de maillons faibles. Au revoir. Merde, ça fait quand même beaucoup d’handicapées.
Alors évidemment y a pire ailleurs. Bien sûr, j’aurais pu naître ou ne pas naître en Chine, en Inde ou Pakistan, subir le gynocide, être lapidée, excisée, ou être obligée de me baigner en burkini. Mais quoi ? Je devrais remercier le pays de la liberté ? Je devrais fermer les yeux, accepter l’omerta ? Je devrais être contente de mon sort ? Accepter d’avoir peur dans la rue, dans le métro, dans la vie ? Je devrais accepter de me cacher, de cacher mon corps pour ne pas m’exposer ? Je devrais accepter le machisme ordinaire, la société patriarcale ? Je devrais avoir honte et me taire ? C’est mal me connaître, c’est mal nous connaître.
Messieurs, faut-il que nous soyons si fortes pour vous faire aussi peur ? Faut-il que vous soyez si faibles que vous deviez absolument imprimer votre suprématie au travail ou dans notre chair ?
Je ne fais pas d’amalgame, je ne mets pas tous les hommes dans le même panier, tout comme la liste de vos erreurs n’est pas exhaustive. Je ne suis peut-être pas même 100% objective. Il faut me pardonner. Je fais moi-même partie des êtres sous-développés.
Mais il est vrai que votre comportement me déconcerte et m’afflige. Vous qui nous traitez de pute et vous servez de nos corps dans la violence, vous vous transformez en Dexter dès que l’on parle de vos mères, vos femmes et vos sœurs. Mais réalisez que nous sommes toutes les putes d’un autre. Nous sommes également toutes les filles, les femmes et les mères d’un autre.
Mais je sais, je sais… c’est pas vous, c’est de notre faute. Pardonnez-nous pauvres pêcheurs. Sachez néanmoins qu’une femme habillée en « pute » n’est pas un corps en libre service, juste une femme en plein fashion faux pas. Qu’une femme dans les transports n’est pas excitée comme une porn star quand elle voit votre sexe ou quand vous vous frottez. Rappelez-vous, ça c’est du cinéma. Rappelez-vous, une femme qui se balade, même en mini-jupe, ne rêve pas de vos mains sur son corps tandis qu’elle fait ses courses. Ça aussi c’est du cinéma, et pas le meilleur au box office. Une femme qui dit non c’est non, même si elle a déjà dit oui à votre voisin…
Une femme qui… oh mon dieu il y aurait tellement à dire que déjà je m’emballe, l’écume aux lèvres et la fumée sortant de mes nasaux. Ces hashtags lancés comme un os à ronger, ces lois visant à nous apaiser. La colère me vrille les tripes.
Je n’appelle pas à la révolution mais à l’éducation. À nous mamans de ne tolérer aucun mépris, aucun sexisme dans la bouche de nos fils. À nous mamans, d’apprendre à nos filles à ne plus avoir peur. À vous papas de regarder vos filles et vous demander si votre vision de la femme est vraiment ce que vous désirez pour elles.
Je milite pour les robes à fleurs à l’Assemblée Nationale. Je m’insurge contre la pseudo-parité politique (encore un os à ronger), contre les femmes qui oublient leur féminité pour se fondre dans le décor politique et public. J’ouvre ma gueule pour la Liberté et l’Égalité.
Il est déjà trop tard pour ma génération mais que je l’ouvre pour les enfants de mes enfants. Je suis féministe mais j’ai besoin de vous messieurs, mes amis mes proches, pour réaliser, pour ne plus laisser faire sous vos yeux. Vous si puissants, soyez donc nos chevaliers, à nos côtés.
Il aura fallu qu’on me rappelle si ouvertement que je suis une minorité, moi qui défends les droits des autres, pour les droits des LGBT, les réfugiés, contre le racisme, je m’aperçois qu’il me faut en priorité me battre contre la connerie ordinaire.
Il aura fallu, un monstre de producteur américain, mais un monstre parmi tant d’autres pour que je décide de revenir.
Il faudrait tellement de lignes et de mots pour faire le tour de la question, tellement de changements à engager en profondeur, tellement de siècles à rattraper. L’important aujourd’hui, c’est le chemin que nous prenons.
L’important c’est d’arrêter d’être passive, et ne pas se tromper de débat.
The post Hashtag Femelle appeared first on Ladies Room.
Je me souviens avoir cliqué sur ce lien clickbait qui disait « Ces stars qui ont très mal vieilli » avec une photo de Brigitte Bardot. J’avais la vague espoir qu’on évoque par exemple ses propos racistes répétés, même s’il faudra un jour qu’on parle de cette tendance à attribuer à la vieillesse ou à la sénilité des propos racistes, homophobes, transphobes ou sexistes. L’article s’étonnait donc réellement qu’une femme de 83 ans n’ait plus le physique de ses 25 ans. C’était visiblement une offense personnelle, un sale tour qu’elle nous jouait de vieillir comme tout un chacun. Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’il semble presque plus violent pour certain-es que Bardot ait vieilli qu’elle tienne des propos racistes. A se demander ce qu’il se passerait si elle tenait les mêmes propos avec son physique de 1965.
Les femmes ne sauraient être uniquement talentueuses ou intelligentes ; il faut toujours rappeler qu’elles ont été belles ou, tout au moins, jeunes. Trois monstres du cinéma français, Mireille Darc, Danielle Darrieux et Jeanne Moreau sont mortes il y a peu. Toutes les couvertures de journaux qui leur ont rendu hommage ont exhumé des photos d’elles d’il y a 30, 40 ou 50 ans. On n’a vu aucune photo récente, où elles avaient plus de 50 ans, contrairement évidemment à Jean Rochefort que quasi tous les journaux montrent déjà âgé. Il n’y a même pas l’excuse de dire que leurs derniers bons films sont déjà anciens puisque toutes ont continué à avoir une vie publique et à tourner qui dans des films, qui à réaliser des documentaires.
Mireille Darc était par exemple, lors des nécros, toute entière réduite à sa fameuse robe et nous avons ainsi eu le plaisir de lire, alors que son cadavre était à peine froid, les fantasmes explicites de beaucoup d’hommes sur son postérieur. Il n’y a évidemment aucun problème à avoir été très sexy et avoir incarné un fantasme absolu ; Mireille Darc l’assumait volontiers d’ailleurs et en était, semble-t-il, plutôt contente. Le problème survient lorsque TOUS les media font leur couverture sur cet unique film et procèdent de la même façon avec toutes les actrices qui décèdent. Une actrice ne vieillit pas et fut-elle centenaire, elle semble être morte à l’âge de 30 ans. Je ne sais pas ce qu’il y a de problématique à montrer les rides, le visage qui tombe, les fanons du visage, les taches de vieillesse. C’est ce que montre la couverture de Telerama pour Jean Rochefort ; il est âgé, il a les yeux chassieux, les joues creuses, des rides et des tâches. En ne faisant pas la même chose pour Moreau, Darc ou Darrieux, on les ampute d’une partie de leur vie, on a l’impression que ce qu’il y a eu après leur jeunesse compte moins ou peu. On a l’impression d’une ultime galanterie, comme si on leur rendait service au fond, à ne pas exhiber leur visage marqué et ridé, comme s’il y avait une quelconque gêne à apparaître aussi vieille. Peut-être que toutes les vieilles femmes devraient faire comme Greta Garbo et se cloîtrer après 50 ans pour préserver le monde de leur vieillesse si insupportable. Il semble que la vieillesse féminine, qui commence vers 40 ans semble-t-il, constitue une gêne, une offense, une violence. Alors toutes les actrices meurent jeunes au contraire des acteurs. On a l'impression d'une espérance de vie inversée entre les femmes et les hommes tout d'un coup.
Le 17 octobre 2017, le député Mustapha Laabid interpellait Marlène Schiappa au sujet des violences faites aux femmes. Il se contentait de répéter ce que 250 féministes ont dit avant lui, ce que la secrétaire d’état a dit avant lui, mais il fut acclamé par toute l’assemblée nationale.
Et Colette Guillaumin de dire : « Avez-vous remarqué dans les assemblées : une femme dit un truc... plouc, ça tombe au fond, pas une ride à la surface, rien. A condition d'ailleurs qu'on ne lui coupe pas la parole sans même se rendre compte qu'elle parlait, sans même ouïr qu'un son sortait de sa bouche. Car, qu’elle commence à parler ou qu'elle ait « fini » - elle a d'ailleurs intérêt à se dépêcher, ce que le plus souvent, l'excuse à la bouche et l'œil angoissé, elle ne montre que trop -, on n'a rien entendu. Ravivez vos souvenirs de colloques divers, congrès, réunions syndicales et autres assemblées, houleuses ou non. Donc, rien, on recommence à parler dès qu'elle l'a fermée, et souvent avant. Même si on ne pouvait pas le moins du monde l'accuser de digression, on ne l'a pas entendue, donc on peut continuer après qu'elle a cessé de faire du bruit et de troubler la concertation. Mais, mais... un quart d'heure après - ou une heure, c'est selon - quelqu'un (un) d'autre, mû par une inspiration soudaine et irrépressible, dit (ce qu'elle avait dit). Alors là on écoute, et on entend : c'est un homme qui parle. On écoute, même pour s'opposer au besoin, la question n'est pas là, on peut être contre mais on a entendu. On a même entendu quelqu'un qui vient - enfin ! - d'avoir une idée nouvelle, tout fraîche, toute neuve, que personne n'avait jamais eu... C'est pour ça, on est frappé ! C'est frappant quelque chose qui n'a jamais été dit, non ? Transparentes nous sommes. Transparentes mais utilisées. Pas du tout inefficaces, très efficaces même, productrices d'idées anonymes, mères de la pensée en quelque sorte. Là où ça puise librement, là où on peut regarder et voir à travers... Oui, nos mères étaient des vitrières. »
Au milieu de son discours on entendit « ces femmes sont nos mères, ces femmes sont nos filles, nos sœurs, nos amies ». Il entrait ainsi dans la longue tradition des hommes qui considèrent qu’une femme n’existe que si elle est rattachée à un homme. Stéphanie Lamy s’en faisait également la reflexion, ce qui lui valut d’ailleurs un bel harcèlement.
Cette tradition va de Claude Levi-Strauss « Le village entier partit le lendemain dans une trentaine de pirogues, nous laissant seuls avec les femmes et les enfants dans les maisons abandonnées » (s’ils sont avec les femmes et les enfants, ils ne sont pas seuls, le village n’est pas parti entier et les maisons ne sont pas abandonnées) au harceleur de rue qui demande à un groupe de filles si « elles sont seules » comme si être en groupe exclusivement féminin, ne constituait pas une preuve solide de compagnie, comme si ne pas être en compagnie de ses propriétaires, de ses cautions d'existence changeait la donne en matière de harcèlement.
Et cela existe également pour les actrices qui ne sauraient avoir une existence propre. Je relevais déjà à la mort de Mireille Darc qu’on disait d’elle « qu’elle avait joué auprès des plus grands ». C’est une phrase qu’on retrouve également pour Moreau et pour Darrieux qui furent deux des plus grandes actrices du cinéma français et mondial. Bien évidemment rien de tel pour Jean Rochefort qui est un des plus grands, qui n’est pas défini par quelqu’un d’autre que lui-même et qui existe par ce qu’il a fait et non par ce que les autres hommes ont fait à côté de lui. Les femmes peuvent-avoir accompli les plus grands exploits, joué dans les plus grands films ; il faut les ramener au neutre générique, à un homme qui va les définir, leur accorder un peu de sa valeur intrinsèque.
On dénonce beaucoup ces jours-ci les violences sexuelles dont sont victimes les femmes. On s’en étonne. Comment en être surpris alors que les femmes sont toujours définies comme des appendices de l’homme ? Un surplus, Une « Madame de », une femme, une mère, une sœur. Un truc en plus qui n’a de la valeur que s’il a un homme pour le définir, si elle est la femme ou la sœur d’un homme. Je pense à ce film où un homme harcèle une femme, il n’écoute absolument pas ses refus, il doit être sourd, je ne vois que cela. Arrive l’amant de la jeune femme. Notre harceleur s’excuse auprès de lui. La femme n’a aucune importance, elle est entre eux, elle n’a pas de valeur propre, elle n’a pas de refus à exprimer puisque cela ne compte pas. Elle acquiert une valeur en tant que propriété d’un homme.
Libération, 29 août 2017
Paris-Match, 28 août 2017
Libération, 1er août 2017
Libération, 20 octobre 2017
La cinémathèque, 31 juillet 2017
La cinémathèque, 19 octobre 2017
Première, 31 juillet 2017
Première, 09 octobre 2017
Le Monde, 10 octobre 2017
La grande librairie, 12 octobre 2017
France info, 16 octobre 2017La cinémathèque, 9 octobre 2017
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La répression de propos insultants est prévue par la loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881, mais ce n’est qu’en 2004 qu’elle a été modifiée pour rendre délictueuses les injures visant spécifiquement les gays et les lesbiennes. Huit années de plus ont été nécessaires pour que les insultes transphobes soient logées à la même enseigne. La loi du 6 août 2012 réprime en effet les injures commises à raison de l’«identité sexuelle», une terminologie jugée alors très insatisfaisante par les associations trans. En janvier 2017, cette expression sera enfin remplacée par celle d’«identité de genre», plus conforme à la réalité de la transidentité. Il a ainsi fallu à la loi française plus de 130 ans pour protéger l’ensemble des personnes transgenres, lesbiennes et gays des injures les visant spécifiquement.
Insulte publique ou non-publique ?Pour déterminer les règles applicables à votre situation, il faut s’interroger sur le caractère public ou non de l’insulte subie. L’injure publique est celle pouvant être entendue ou lue par un public étranger à l’auteur des propos et à ses victimes : c’est le cas si elle est proférée en pleine rue. À l’inverse, l’injure non-publique est celle prononcée sans qu’aucun témoin extérieur ne soit présent (par exemple lors d’un envoi par SMS). Les propos tenus sur un réseau social peuvent être publics ou non selon les paramètres du compte ; il faut que les insultes soient accessibles à tout internaute pour qu’il s’agisse d’injures publiques.
Selon le cas, les peines encourues divergent. Une amende de 750€ est prévue pour une injure homophobe ou transphobe non-publique, contre 6 mois de prison et 22 500€ d’amende en cas de publicité.
Victime de tels propos, vous pouvez vous rendre au commissariat pour porter plainte ou écrire directement au Procureur de la République. Dans la mesure du possible, joignez tout élément qui étaye vos dires : témoignages, photos, etc. Mais attention aux délais de prescription : pour déposer plainte, vous disposez d’un an à compter des faits, en cas d’injure publique… mais seulement de trois mois en cas d’injure non-publique !
Illustration © Vergine Keaton
Photo : Lilya Brik photographiée par Alexander Rodchenko © DR
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Une vingtaine de personnes se pressaient, samedi 9 septembre, au Centre LGBTI de Lyon pour assister à la première réunion d’information d’une toute nouvelle association. Migrations, minorités sexuelles et de genre (plus simplement appelée 2MSG) a été créée le 17 mai dernier, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie. Comme son nom l’indique, elle cherche à répondre aux problèmes que rencontrent les personnes migrantes LGBT à leur arrivée en France.
Le projet n’est pas né ex nihilo : il existait déjà, au sein du Centre LGBTI, une commission en charge de ces questions. 2MSG prend son relais pour faire face à l’afflux de demandes d’aide. Chaque semaine, plusieurs personnes migrantes viennent en effet taper à la porte des associations. Ce sont pour la plupart des hommes, venus d’Afrique subsaharienne ou du Maghreb. Certains viennent demander une attestation d’appartenance à une association LGBT, qui pourrait les aider à obtenir un statut de demandeur d’asile. Mais le soutien apporté par 2MSG va bien au-delà d’un simple bout de papier.
Constitution de dossierSes bénévoles (qui sont actuellement une dizaine, à parité hommes-femmes et tou-te-s membres d’une autre association du Centre LGBTI) aident ainsi les personnes migrantes à faire valoir leurs droits auprès de l’administration, en particulier auprès de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA). Cet organisme dépendant du ministère de l’Intérieur peut accorder le droit d’asile à celles d’entre elles qui fuient des persécutions dans leur pays d’origine, notamment en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. «L’une de nos tâches consiste à les préparer à leur entretien avec l’OFPRA et à les aider à établir leur «récit de vie» : un document de une à six pages qui présente leur parcours, les raisons de leur départ et pourquoi elles ne veulent pas retourner dans leur pays», explique Jean-Yves Brunel, secrétaire de 2MSG.
Lors de cette entrevue, qui dure en moyenne une heure, une présentation confuse, contradictoire ou manquant de précisions et d’éléments personnels peut aboutir à un refus. D’autant plus que certain-e-s migrant-e-s LGBT viennent de pays considérés par l’OFPRA comme «sûrs» parce que leur vie n’y est pas en danger immédiat – ce qui ne les empêche pas d’y subir persécutions et harcèlements quotidiens. «Cette préparation nécessite de gagner la confiance des personnes migrantes», poursuit Jean-Yves. «Beaucoup sont ainsi devenus des amis». À terme, il souhaiterait d’ailleurs que celles qui ont obtenu le droit de rester en France s’impliquent à leur tour dans l’association, dont la nécessité, malheureusement, semble devoir s’inscrire dans la durée.
Prochaines permanences les jeudis 12 et 26 octobre de 15h à 18h au Centre LGBTI de Lyon, 19 rue des Capucins-Lyon 1 / 04.78.27.10.10 / www.centrelgbtilyon.org
contact@asso2msg.org / www.asso2msg.org / www.facebook.com/Asso2MSG
Photo : lors de la Pride de Londres en 2016 © Alisdare Hickson
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Vous êtes allé à l’école, vos enfants iront à l’école. Pour vous, l’école conditionne l’exercice de la démocratie. Et si c’était faux ? Dans l’ouvrage “Pensionnats Sadiques”, un chercheur secoue les idées reçues. Education rime avec soumission, dit-il.
Pourquoi tellement de feuilletons mettent-ils en scène le lycée comme un film d’horreur ? Pourquoi tant d’étudiantes sont-elles abusées sur nos écrans ? Le nombre de séries TV ayant pour cadre une Académie, un Conservatoire, un Institut ou un pensionnat est loin d’être innocent : il témoigne, spectaculairement, de l’incroyable impact du système scolaire sur notre imaginaire. Le mot «prof» éveille forcément l’idée d’un pervers. «Maîtresse», c’est pire encore. L’école cristallise tous les fantasmes de sadisme. Et pour cause : lorsque l’Occident accouche du «système éducatif», la machine à soumettre les volontés se met en branle. «Le Grand Enfermement de la jeunesse, dont le pensionnat est le parfait emblème, est un des épiphénomènes les plus frappants de ce que Foucault appelle dans son archéologie du pouvoir désormais canonique Surveiller et Punir (1975) “le moment historique des disciplines.”»
Ecole : matrice de la propagande d’Etat
A l’école, on inculque les vérités officielles. On dresse la pensée. Il s’agit de rendre l’individu «d’autant plus obéissant qu’il est plus utile», comme dit Foucault, qui énumère, avec passion, l’extraordinaire variété des sanctions mises au point par la «machine» pour rendre les enfants plus dociles. Cela passe, notamment, par toute une «micropénalité du temps (retards, absences, interruptions des tâches), de l’activité (inattention, négligence, manque de zèle), de la manière d’être (impolitesse, désobéissance), des discours (bavardage, insolence), du corps (attitudes “incorrectes”, gestes non conformes, malpropreté), de la sexualité (immodestie, indécence)». La liste des humiliations ou des peines infligées à ceux que le système nomme maintenant des «apprenants» (on appréciera la Novlangue) serait sans doute trop fastidieuse, ici. Parlons plutôt de sexe. Ou plutôt de dressage érotique.
Ce que le conditionnement scolaire fait à notre libido
Ce qu’il y a de surprenant avec l’être humain, c’est cette propension à retourner la souffrance en plaisir. De la propagande répressive, il fait le moteur de ses rêveries. De l’injustice et de la misogynie, une source inépuisable de fantasmes. Pour Antonio Dominguez Leiva, il y a là matière à méditation. Notre sexualité ne serait-elle qu’une réaction de défense immunitaire aux diktats de la société ? Spécialiste du cinéma, de l’érotisme et de la cruauté (Université du Québec à Montreal), Antonio Dominguez Leiva brosse dans l’ouvrage Pensionnats Sadiques une passionnante histoire de notre asservissement, analysé au prisme des productions érotiques. Pour ce chercheur à la plume acide, les vidéos X, les slashers, les giallo, les mangas hentaï et les romans masturbatoires incarnent par excellence «l’extension libidinale du régime des micropénalités analysé par Foucault» : ils s’inspirent majoritairement des pratiques pédagogiques et de ses corollaires : l’instruction, la leçon, l’interrogation, la punition.
Instruction, leçon, interrogation, sanction
L’imaginaire érotique occidental est terriblement révélateur. Il s’appuie en grande partie sur des scénarios de dressage qui mettent en scène des jeunes, livrés à des institutions censées leur inculquer des «règles de vie»… Le scénario du pensionnat sadique est le plus courant. Antonio Dominguez Leiva en fait remonter l’origine à «l’époque baroque, ce “grand âge du fouet”» : dès le début du XVIIe siècle, des voix dissidentes postulent «non seulement le caractère esclavagiste de la pratique punitive mais aussi sa dérive libertine». En Grande Bretagne, un pamphlet anonyme de 1669 présente les écoles comme des bordels où les «parties honteuses des enfants» sont frappées, telles des enclumes, de coups lubriques et impudiques. L’auteur demande, ironiquement : «exercée sur d’autres parties, la punition aurait-elle lieu si souvent ?». En 1693, le philosophe anglais John Locke –dans Pensées sur l’éducation– écrit : «Cette discipline tyrannique fait des individus serviles» («Such a sort of slavish discipline makes a slavish temper»).
Le vice anglais : naissance d’une perversion
«Dans la comédie décapante The Virtuoso (Shadwell, 1678) un vieux demande à sa maîtresse de produire «les instruments de notre plaisir» qui ne sont autres que des verges, expliquant qu’il a été si habitué à l’école qu’il ne peut plus s’en passer […]. Il s’agit là pour Ian Gibson, dans sa célèbre somme sur la question, The English Vice, de la première allusion littéraire en langue anglaise au lien entre punition corporelle et algolagnie.» Le «vice anglais» ne le reste pas bien longtemps. Rapidement, la France adopte les verges de bouleau. Dans Le Chérubin (1792), un romancier anonyme évoque un Pensionnat de Demoiselles dirigé par une Directrice, de mèche avec un vieux et riche libertin, qui fait fouetter les jeunes élèves lors de séances dignes d’un roman sadien. En voici un extrait :
«Toutes les fautes commises, les dérogations au règlement, etc., sont soigneusement enregistrées pendant les quatre ou cinq jours qui précèdent la visite du Crésus; le jour de sa venue est fixé pour l’exécution de toutes les punitions infligées aux élèves. Après avoir fait entrer le vieux birbe dans un petit cabinet adjoignant la salle et dans la porte duquel sont aménagés des trous d’observation, les élèves sont appelées l’une après l’autre, mises à nu, étendues sur un établi ad hoc et fouettées sur leurs postérieurs en proportion de la gravité de leurs fautes. Dans la situation où elles se trouvent les jeunes filles ne peuvent pas se douter un instant qu’elles sont vues de toute autre personne que leur directrice. Et quand le vieux jouisseur, après avoir suivi, au moyen d’une lorgnette toutes les phases et les progrès de la flagellation en est arrivé au summum bonum de sa passion il sort de son rôle passif et se transforme à son tour en exécuteur...».
L’école comme espace de coercition et d’embrigadement
Pour Antonio Dominguez Leiva, ce récit est archetypique. Il inaugure une longue tradition de récits flagellationnistes, dont l’énumération le mène –au fil d’une éblouissante analyse– jusqu’aux jeux de massacre du cinéma plus ou moins hardcore dont les scénarios, hyper-schématiques, répètent en boucle les figures de l’étudiante enfermée, abusée, battue, violée et massacrée… ad libidum. Ces «variations autour du locus horribilis du pensionnat sadique ne peuvent, par la répétition obsessionnelle, que décupler l’effet de saturation congénital à l’iconosphère néobaroque contemporaine», dit-il, non sans avoir au passage évoqué de passionnantes anecdotes concernant les soeurs Brontë, Dickens ou Orwell. Saviez-vous que la Lowood School dans Jane Eyre (Charlotte Brontë) avait réellement existé? Que le succès du roman Nicholas Nickleby (Dickens) mena à la fermeture de la Bowes Academy qui l’inspira ? Et qu’Orwell écrivit son roman 1984 en parallèle à un pamphlet contre les pensionnats où il avait tellement souffert? On ne peut comprendre 1984 qu’à la lumière de sa critique radicale du système éducatif (Such, such were the joys). Ainsi qu’Orwell le démontre, l’appareil idéologique des états modernes repose en grande partie sur l’embrigadement de la jeunesse dans des écoles construites comme des casernes. Tous les enfants au pas !
Eclair, coup de fouet!
Parmi les extraordinaires pépites de Pensionnats Sadiques, il y a aussi ce texte de Robert Desnos intitulé «Pensionnat de Hummingbird Garden» (dans La liberté ou l’amour, 1927) qui –s’emparant des tropes les plus éculés du genre– en fait la matière d’un poème extatique. «Le texte de Desnos est à plus d’un titre une fin et un commencement, transfigurant le bric-à-brac des perversions disciplinaires bourgeoises en une dérive poétique qui vise à leur dépassement hégélien en une sorte de Aufheben libidinal», explique Antonio Dominguez Leiva, qui utilise un mot allemand difficile à traduire («lever un siège», «débloquer»), emprunté à Hegel : Aufheben est en philosophie le «dépassement d’une contradiction». La fonction de l’érotisme pourrait-elle être ainsi résumée ?
Transformant l’abus de pouvoir en source de plaisir, l’érotisme permettrait-il de «dépasser» l’opposition douleur/plaisir ? Pour les sado-masochistes, en tout cas, cela relève de l’évidence : il n’y a pas d’opposition dans le domaine des fantasmes. Comme dans celui des rêves, ainsi que Robert Desnos l’écrit, un fouet peut illuminer le monde : «L’orage de toute éternité montait derrière ton toit d’ardoise pour éclater, lueur d’éclair, à l’instant précis où le martinet de la correctrice rayerait d’un sillon rouge les fesses d’une pensionnaire de seize ans et éclairerait douloureusement, tel un éclair, les mystérieuses arcanes de mon érotique imagination. N’ai-je écrit cette histoire que pour évoquer votre ressemblance, éclair, coup de fouet! ».
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A LIRE : Pensionnats Sadiques de Antonio Dominguez Leiva, éditions du Murmure, 2014.