Avouons-le, nous ne sommes pas insensibles aux bonnes vibes, aux clips inventifs et aux références porno (ce que cumule par exemple ce son d’Orelsan). Alors il nous est difficile de faire la fine bouche face à la dernière création du musicien français Hiérophante. Voyez plutôt :
Le clip de ce morceau judicieusement intitulé « Reproduction » est le Ready Player One du cul. Une « culture tube » d’une centaine de secondes où l’on se plaît à retrouver des bribes de Blacked et de Nuru Massage, mais aussi des extraits de castings, apparitions de camgirls et autres POV émoustillants. Un menu Maxi Best-Of des images perverses qui constituent nos faps quotidiens, entre visages féminins en attente de jouissance, hentais hardcore, éjaculations faciales et fessées en abondance. Le tout rythmé à grands renforts de vibrations électros, comme autant de coups de reins fougueux et élancés.
Il faut dire que l’artiste frenchie Hiérophante est un véritable obsédé de la compilation : sur ce principe reposait déjà le clip de « Clichés« , exploration sérielle des instantanés Instagram – avec l’involontaire participation de Justin Bieber, Ariana Grande et Kim Kardashian. En chérissant cet effet de style hypnotique, le musicien interroge notre rapport à l’art en tant que consommation. D’énergique, la musique se fait étouffante. Bien qu’érotiques, ces corps qui s’alternent sous nos yeux sont si morcelés qu’ils en deviennent aberrants. L’idéal pour traduire la condition du spectateur qui, en quête du tag parfait, zappe avec voracité et jusqu’à l’indigestion des vidéos interchangeables, chacune étant la « reproduction » de l’autre – mêmes fantasmes, mêmes sensations. Une lassitude du fappeur forcément familière.