Penchons-nous sur le sujet éternel de la taille de la teub. Qui a dit qu'il fallait un gros zizi pour donner du plaisir ?
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Saviez-vous que Marcel Carné était homosexuel ? Et que l’histoire d’amour dans “Les enfants du paradis” n’en est pas une ? Dans “Homosexualité, censure et cinéma”, Christophe Triollet s’attaque à ce qu’il désigne volontiers comme la transgression ultime.
«En matière de censure cinématographique, bien avant la violence, le sexe ou la religion, l’homosexualité fait l’unanimité contre elle.» Après avoir traité du gore, du porno, du sacrilège et de l’ultra-violence, Christophe Triollet –créateur de la revue Darkness– consacre un ouvrage à ce qu’il désigne comme le sujet parmi les plus tabous de tous : l’homosexualité. Son nouvel opus –Homosexualité, censure et cinéma (éditions LettMotif)– est un recueil d’articles publiés dans Darkness et signés par une brochette d’historiens du cinéma, de juristes et de passionnés qui brossent à grands traits la fresque historique des batailles que les gays mènent pour avoir sur grand écran autre chose que le rôle du “bad gay guy”. De fait, entre les années 1930 et 1960, les gays n’ont pas de chance comparés aux lesbiennes. Alors que Marlène Dietrich (Morocco), Barbara Stanwyck (Ladies they talk about) ou Greta Garbo (La reine Christine) assoient de magnifiques rôles de femmes fortes et ouvertement homosexuelles, les gays eux n’ont guère le choix : soit on leur fait jouer le rôle du précieux ridicule (1), soit celui de l’ignoble pervers (2). Soit ils font rire, soit ils suscitent l’épouvante.
Charlton Heston dans un rôle de gay… malgré lui
Mais la censure n’est jamais si efficace et certains d’entre eux parviennent malgré tout à obtenir de beaux rôles… en se faisant passer pour ce qu’ils ne sont pas (de chouettes potes, souvent). L’exemple le plus connu, c’est bien sûr celui de Ben-Hur de William Wyler (1959) : en apparence, le film raconte une histoire d’amitié entre Judah Ben-Hur (Charlton Heston), riche prince de Judée, et Messala (Stephen Boyd), nouveau tribun et chef de la garnison romaine de Jérusalem. En réalité… Dans le documentaire The Celluloid Closet, Gore Vidal, scénariste du film, raconte qu’il eut l’idée de pimenter l’histoire en en imaginant une relation amoureuse entre Ben-Hur et Massala. Sachant que Charlton Heston refuserait de jouer un rôle de «pédéraste», il fallait que cela reste un secret. Le réalisateur «ne mit dans la confidence que Stephen Boyd qui surjoua l’homosexualité tacite dans le film, en prenant plus de plaisir encore, fort de l’ignorance de Heston sur cet aspect.» Sans le savoir Heston devint une icône gay.
Contourner (malhabilement) la censure
Il existe d’autres tours de passe passe au cinéma. La version pour grand écran de La Chatte sur un toit brûlant (1958), signée Elia Kazan et Richard Brooks, évacue totalement les allusions homosexuelles… sans vraiment faire illusion. Comment comprendre l’histoire autrement que comme l’amour contrarié d’un homme marié pour un amant mort ? Cet homme marié –Brick (Paul Newman)– refuse de coucher avec son épouse –Maggie (Elizabeth Taylor)– parce qu’il est déprimé : son «meilleur ami», Skipper, s’est suicidé car il ne supportait pas d’être homosexuel. Voilà l’histoire originale dont le film s’inspire. Pour éviter la censure, Kazan et Brooks en font une invraisemblable histoire d’adultère et de jalousie : officiellement, Brick soupçonne sa femme d’avoir couché avec Skipper puis de l’avoir poussé au suicide. Ce qui est absurde. Le scénario est (volontairement ?) si mal ficelé que «l’informulable homosexualité transpire de chaque réplique».
Faire passer le gay pour un amoureux trop transi
Mais le tour de passe passe le plus surprenant c’est celui qui s’opère dans Les enfants du paradis. Certains critiques interprètent le film de Marcel Carné comme l’expression la plus «poignante, bien que déguisée, de son homosexualité». Officiellement, c’est l’histoire d’amour entre Baptiste, un jeune mime idéaliste (Jean-Louis Barrault) et une prostituée au grand coeur (Arletty). Officieusement ? «Dans la chambre de la jeune femme, et alors qu’il vient de lui déclarer son amour, il est troublé, comme pourrait l’être un enfant, au moment où la jeune femme se déshabille naturellement devant lui “Tournez-vous si ça vous gêne”, lui lance-t-elle en souriant. En s’exécutant, le personnage masculin révèle son incapacité à appréhender la femme aimée comme un être réel. À l’instar des romantiques, Baptiste idéalise à l’excès celle qu’il aime, la transforme en icône. […] Le lendemain matin, Garance, déjà habillée, serre contre sa poitrine la tête de son amant, comme une mère le ferait avec son enfant.» Faire du gay un amant platonique, en mal d’une déesse mère, c’est la façon la plus détournée de représenter au cinéma un homosexuel qui ne soit ni une folle, ni un dégénéré. Et ça passe. Ni vu, ni reconnu ?
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A LIRE : Homosexualité, censure et cinéma, dirigé par Christophe Triollet, éditions LettMotif, 2019.
NOTES
(1) Dans The Public Enemy (1931), William Wellman «met ainsi en scène un tailleur efféminé à la moustache finement taillée et aux mains baladeuses qu’il promène le long du corps de Tom Powers (James Cagney), un youngster à la gâchette facile dont il semble plus émoustillé qu’effrayé de prendre les mesures. Cette scène, au cours de laquelle le tailleur s’exclame “Quels muscles !” en levant les yeux au ciel après avoir palpé un biceps de Powers, sera d’ailleurs coupée à la réédition du film en 1941 – c’est-à-dire après la constitution de la Production Code Administration (PCA) et la nomination à sa téte de Joseph Breen, catholique orthodoxe ultra-conservateur bien décidé à faire enfin régner l’ordre à Hollywood.» (Source : «L’amour impur à l’ère du pré-Code. Être homosexuel dans le cinéma hollywoodien des années 1930-1934», de Benjamin Campion, dans Homosexualité, censure et cinéma).
(2) Dans le Faucon maltais de Dashiell Hammett, porté au cinéma par John Huston (1941) Peter Lorre apparaît sous les traits de Joel Cairo, «criminel trop parfumé et trop élégant entretenant des rapports très étroits avec un de ses complices dans le second (et suçotant de façon très suggestive le pommeau de sa canne). Les portraits de ces deux personnages secondaires (mais essentiels) n’en sont pas moins noircis dans la version filmique, manière, en les rendant repoussants, de répondre aux interdits du Code Hays : ces êtres bizarres, louches – dans leurs désirs inavouables comme dans leurs actes – sont renvoyés du côté obscur de valeurs américaines qu’ils menacent.» (Source : «L’amour impur à l’ère du pré-Code. Être homosexuel dans le cinéma hollywoodien des années 1930-1934», de Benjamin Campion, dans Homosexualité, censure et cinéma).
Saviez-vous que Marcel Carné était homosexuel ? Et que l’histoire d’amour dans “Les enfants du paradis” n’en est pas une ? Dans “Homosexualité, censure et cinéma”, Christophe Triollet s’attaque à ce qu’il désigne volontiers comme la transgression ultime.
«En matière de censure cinématographique, bien avant la violence, le sexe ou la religion, l’homosexualité fait l’unanimité contre elle.» Après avoir traité du gore, du porno, du sacrilège et de l’ultra-violence, Christophe Triollet –créateur de la revue Darkness– consacre un ouvrage à ce qu’il désigne comme le sujet parmi les plus tabous de tous : l’homosexualité. Son nouvel opus –Homosexualité, censure et cinéma (éditions LettMotif)– est un recueil d’articles publiés dans Darkness et signés par une brochette d’historiens du cinéma, de juristes et de passionnés qui brossent à grands traits la fresque historique des batailles que les gays mènent pour avoir sur grand écran autre chose que le rôle du “bad gay guy”. De fait, entre les années 1930 et 1960, les gays n’ont pas de chance comparés aux lesbiennes. Alors que Marlène Dietrich (Morocco), Barbara Stanwyck (Ladies they talk about) ou Greta Garbo (La reine Christine) assoient de magnifiques rôles de femmes fortes et ouvertement homosexuelles, les gays eux n’ont guère le choix : soit on leur fait jouer le rôle du précieux ridicule (1), soit celui de l’ignoble pervers (2). Soit ils font rire, soit ils suscitent l’épouvante.
Charlton Heston dans un rôle de gay… malgré lui
Mais la censure n’est jamais si efficace et certains d’entre eux parviennent malgré tout à obtenir de beaux rôles… en se faisant passer pour ce qu’ils ne sont pas (de chouettes potes, souvent). L’exemple le plus connu, c’est bien sûr celui de Ben-Hur de William Wyler (1959) : en apparence, le film raconte une histoire d’amitié entre Judah Ben-Hur (Charlton Heston), riche prince de Judée, et Messala (Stephen Boyd), nouveau tribun et chef de la garnison romaine de Jérusalem. En réalité… Dans le documentaire The Celluloid Closet, Gore Vidal, scénariste du film, raconte qu’il eut l’idée de pimenter l’histoire en en imaginant une relation amoureuse entre Ben-Hur et Massala. Sachant que Charlton Heston refuserait de jouer un rôle de «pédéraste», il fallait que cela reste un secret. Le réalisateur «ne mit dans la confidence que Stephen Boyd qui surjoua l’homosexualité tacite dans le film, en prenant plus de plaisir encore, fort de l’ignorance de Heston sur cet aspect.» Sans le savoir Heston devint une icône gay.
Contourner (malhabilement) la censure
Il existe d’autres tours de passe passe au cinéma. La version pour grand écran de La Chatte sur un toit brûlant (1958), signée Elia Kazan et Richard Brooks, évacue totalement les allusions homosexuelles… sans vraiment faire illusion. Comment comprendre l’histoire autrement que comme l’amour contrarié d’un homme marié pour un amant mort ? Cet homme marié –Brick (Paul Newman)– refuse de coucher avec son épouse –Maggie (Elizabeth Taylor)– parce qu’il est déprimé : son «meilleur ami», Skipper, s’est suicidé car il ne supportait pas d’être homosexuel. Voilà l’histoire originale dont le film s’inspire. Pour éviter la censure, Kazan et Brooks en font une invraisemblable histoire d’adultère et de jalousie : officiellement, Brick soupçonne sa femme d’avoir couché avec Skipper puis de l’avoir poussé au suicide. Ce qui est absurde. Le scénario est (volontairement ?) si mal ficelé que «l’informulable homosexualité transpire de chaque réplique».
Faire passer le gay pour un amoureux trop transi
Mais le tour de passe passe le plus surprenant c’est celui qui s’opère dans Les enfants du paradis. Certains critiques interprètent le film de Marcel Carné comme l’expression la plus «poignante, bien que déguisée, de son homosexualité». Officiellement, c’est l’histoire d’amour entre Baptiste, un jeune mime idéaliste (Jean-Louis Barrault) et une prostituée au grand coeur (Arletty). Officieusement ? «Dans la chambre de la jeune femme, et alors qu’il vient de lui déclarer son amour, il est troublé, comme pourrait l’être un enfant, au moment où la jeune femme se déshabille naturellement devant lui “Tournez-vous si ça vous gêne”, lui lance-t-elle en souriant. En s’exécutant, le personnage masculin révèle son incapacité à appréhender la femme aimée comme un être réel. À l’instar des romantiques, Baptiste idéalise à l’excès celle qu’il aime, la transforme en icône. […] Le lendemain matin, Garance, déjà habillée, serre contre sa poitrine la tête de son amant, comme une mère le ferait avec son enfant.» Faire du gay un amant platonique, en mal d’une déesse mère, c’est la façon la plus détournée de représenter au cinéma un homosexuel qui ne soit ni une folle, ni un dégénéré. Et ça passe. Ni vu, ni reconnu ?
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A LIRE : Homosexualité, censure et cinéma, dirigé par Christophe Triollet, éditions LettMotif, 2019.
NOTES
(1) Dans The Public Enemy (1931), William Wellman «met ainsi en scène un tailleur efféminé à la moustache finement taillée et aux mains baladeuses qu’il promène le long du corps de Tom Powers (James Cagney), un youngster à la gâchette facile dont il semble plus émoustillé qu’effrayé de prendre les mesures. Cette scène, au cours de laquelle le tailleur s’exclame “Quels muscles !” en levant les yeux au ciel après avoir palpé un biceps de Powers, sera d’ailleurs coupée à la réédition du film en 1941 – c’est-à-dire après la constitution de la Production Code Administration (PCA) et la nomination à sa téte de Joseph Breen, catholique orthodoxe ultra-conservateur bien décidé à faire enfin régner l’ordre à Hollywood.» (Source : «L’amour impur à l’ère du pré-Code. Être homosexuel dans le cinéma hollywoodien des années 1930-1934», de Benjamin Campion, dans Homosexualité, censure et cinéma).
(2) Dans le Faucon maltais de Dashiell Hammett, porté au cinéma par John Huston (1941) Peter Lorre apparaît sous les traits de Joel Cairo, «criminel trop parfumé et trop élégant entretenant des rapports très étroits avec un de ses complices dans le second (et suçotant de façon très suggestive le pommeau de sa canne). Les portraits de ces deux personnages secondaires (mais essentiels) n’en sont pas moins noircis dans la version filmique, manière, en les rendant repoussants, de répondre aux interdits du Code Hays : ces êtres bizarres, louches – dans leurs désirs inavouables comme dans leurs actes – sont renvoyés du côté obscur de valeurs américaines qu’ils menacent.» (Source : «L’amour impur à l’ère du pré-Code. Être homosexuel dans le cinéma hollywoodien des années 1930-1934», de Benjamin Campion, dans Homosexualité, censure et cinéma).