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Vous l’aurez remarqué, mon site est comme… endormi. En vérité, nous travaillons à lui redonner un coup de peinture ! Comme je ne peux plus créer ici tout ce dont j’ai envie, je vais vous dresser une liste de romans que vous pourrez glisser sous le sapin ou dans la hotte du Père Noël. Voire lui chuchoter les idées à l’oreille. Il courra chez votre meilleur libraire !
EN DOUCE de Marin Ledun, Ed. Ombres Noires
LE roman noir de Marin Ledun ! (cf. ma chronique)
KABUCHIKO de Dominique SYLVAIN, Ed. Viviane Hamy
Kabuchiko est le quartier le plus sulfureux de la capitale nippone. L’art de séduire se paye à coup de gros billets et de coupes de champagne. Les clientes raffolent du très élégant Yudai. Et de Kate Sanders, l’Anglaise fascinante. L’hôtesse la plus recherchée du Club Gaïa.
Entre mensonges et pseudo-vérités, difficile de démêler les fils d’une manipulation démoniaque.
Tous les romans de Dominique Sylvain ont paru chez le même éditeur !
CROTALES de Jean-Luc Bizien, Ed. du Toucan
Ciudad Juarez, à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis. Ses gangs armés, ses combats clandestins, ses cadavres exposés au soleil. Ses policiers corrompus, ses agents infiltrés, son mystérieux sniper. Paradis pour les truands, enfer pour les autres.
Après avoir quitté New York, Paik Dong-Soo, ex officier du Renseignements nord-coréen a décidé d’y trouver refuge. Quand Nero, représentant des familles italiennes de la côte Est débarque pour conclure un marché avec le patron du cartel local.
Paik Dong-Soo est un personnage de la Trilogie des Ténèbres. Les trois volumes existent en poche chez le même éditeur. Il serait vraiment dommage de s’en priver !
A noter : Le berceau des ténèbres a obtenu le Prix Sang d’encre 2016
JIM MORRISON ET LE DIABLE BOITEUX de Michel Embareck, Ed.de l’Archipel
Dans ce roman où les faits réels – de 1968 à 1971 – alimentent la fiction. John Lennon, Yoko Ono, Alice Cooper, Richard Nixon, Elvis Presley, Charles Manson y figurent. Et bien sûr, Morrison et Gene Vincent.
Jim Morrison aurait-il été assassiné par overdose pour une sombre histoire d’adultère et de testament ?
Un Embareck en très grande forme !!!
Du même auteur et chez le même éditeur : Personne ne court plus vite qu’une balle.
BEZIERS, 1209 – Les aventures de Guilhem d’Ussel, chevalier troubadour de Jean d’Aillon, Ed. Flammarion
Guillaume d’Ussel a laissé son fief de Lamaguère sous tutelle et est devenu prévôt de l’Hôtel de Philippe Auguste, à Paris. Le roi le charge de découvrir les meurtriers d’une prostituée égorgée dans l’église Saint-Gervais.
Qui tente d’éloigner d’Ussel de Philippe Auguste alors que le pape, Innocent III, exerce une pression de plus en plus forte sur le royaume de France afin que ses barons se rassemblent en croisade contre les hérétiques albigeois ?
Plusieurs romans historiques de Jean d’Aillon ont paru en poche, notamment chez J’ai Lu. De quoi revisiter l’Histoire au travers d’histoires riches en suspense telle Le Grand Arcane des Rois de France (en lisant ce roman, vous comprendrez pourquoi je vous l’indique).
MORTEL SABBAT de Preston & Child, Ed. de l’Archipel
En compagnie de Constance Greene, sa protégée, l’inspecteur Pendergast (FBI) se rend à Exmouth, village de pêcheurs situé au nord de Salem, dans le Massachussetts. Peu après leur arrivée, un historien qui effectuait des recherches sur le naufrage d’un navire à la fin du XIXe siècle est assassiné. Son corps mutilé est retrouvé dans les marécages, recouvert de symboles sataniques.
Douglas Preston et Lincold Child forment un duo d’auteurs connus dans le monde du suspense. Ils ont signés 21 romans dont 14 aventures mettant en scène l’inspecteur Aloysius Pendergast, le Sherlock Holmes des temps modernes. Tous ont paru à l’Archipel.
A COMME APOCALYPSE de Preston & Child, Ed. de l’Archipel
Il y a cinq ans, Eli Glinn avait dirigé une expédition pour récupérer un météore géant tombé sur un îlot du Cap Horn. Mais le navire avait sombré. Cette météorite a aujourd’hui donné naissance à une créature mutante qui menace la planète.
La mission est confiée à Gideon Crew, spécialiste des armes nucléaires.
UN BON ECRIVAIN EST UN ECRIVAIN MORT de Guillaume Chérel, Mirobole Ed.
Dans un ancien monastère, Augustin Traquenard doit animer un débat littéraire où seront présents dix écrivains très médiatiques : Frédéric Belvédèren, Michel Ouzbek, Amélie Latombe, Delphine Végane, David Mikonos, Katy Podcol, Tatiana de Roseray, Christine Légo, Jean de Moisson et Yann Moite.
Dès le premier soir, l’histoire dérape.
Guillaume Chérel a signé ici le roman de l’anti-rentrée littéraire. Dé-li-cieux !
JE SUIS UNE FILLE DE L’HIVER de Laurie Halse Anderson, Ed. La belle colère
Lia et Cassie étaient amies depuis l’école. « Filles de l’hiver », elles ont grandi prisonnières de corps fragiles et concurrentes dans la course morbide à la minceur. Elles ont 18 ans maintenant et si leurs chemins se sont séparés, le soir de sa mort, Cassie a appelé Lia 33 fois.
Que s’est-il passé ? Rongée par la culpabilité et obsédée par sa maigreur, Lia entame un monologue intérieur.
Poétique et fiévreux.
VITE, TROP VITE de Phoebe Gloeckner, Ed. La belle colère
« Je ne me souviens pas de ma naissance mais je sais que j’étais un bébé très laid. Comme ça ne s’est pas beaucoup amélioré depuis, j’imagine que c’est un coup de chance si ma jeunesse attire. »
Ce sont les premiers mots du journal intime de Minnie Goetze, une adolescente de quinze ans qui vit à San Fransisco, dans les années 70. Tiraillée par ses angoisses existentielles, son égocentrisme et ses pulsions autodestructrices, Minnie court après la reconnaissance et se jette à corps perdu dans la découverte de la sexualité.
Cette satire est sans complaisance. Phoebe Gloeckner est aussi auteur de bandes dessinées. Les émotions de son héroïne sont disséquées au travers de plusieurs éléments : prose, dessins…
LE SECRET DU CHATEAU DE FRAISAC de Patrice Valette, Ed. Terre d’Histoires
Septembre 1855. La grande foire du village de Saint-Anthème rassemble tout ce que le Forez compte de scieurs et d’ouvriers du bois. Parmi les hommes qui cherchent du travail, Joseph Matheron reçoit une offre du châtelain de Fraisac. Cette proposition d’embauche très généreuse intrigue Joseph qui, toutefois, l’accepte. Ce loup solitaire qui ne croit en rien et ne compte sur personne s’attachera pourtant à une fillette et… la fille du maître de maison est loin de lui déplaire.
Ce roman est le Livre I de cette histoire romanesque qui se déroule dans le fascinant pays d’Auvergne. Vite le suivant !
UN AUTRE JOUR POUR MOURIR de Carole Declercq, Ed. Terra Nova
A vingt-sept ans, Stéphanie Rettner est violoniste virtuose. Mais elle n’est pas douée pour le bonheur. Abattue par une rupture amoureuse, elle va découvrir la musique de Stefan Fraundörfer, grand violoniste autrichien d’après-guerre. L’artiste qui vit comme un ermite accepte de la former. Pourrait-elle trouver le bonheur auprès de cet homme austère ?
Beaucoup moins enlevé et jouissif que son premier roman Ce qui ne nous tue pas… que vous trouverez chez le même éditeur.
L’article PLAISIR DE LIRE, PLAISIR D’OFFRIR DES LIVRES ! ET HOP ! est apparu en premier sur Impudique Magazine.
Pour la deuxième année consécutive, le festival Explicit a pris ses quartiers au Domaine de Grammont juste à l’extérieur de Montpellier. Bien entendu, le Tag se devait d’être présent à un rassemblement pensé pour mettre en avant « les expressions plurielles du sexuel ». Le programme est alléchant : spectacles vivants autour du corps, projections de documentaires et de courts métrages pornos, concerts et, surtout, des invités prestigieux… Retour sur une semaine riche en découvertes.
La voiture m’a déposée au milieu d’un parc arboré, j’ai croisé des chevaux, des sportifs en train de s’entraîner, mais à part eux pas âme qui vive. Plus on approche du lieu et plus je me demande où j’ai atterri. Une fois devant le théâtre « Humain trop humain » je vois des personnes presser le pas et monter les marches qui mènent au hall. Je me sens moins seule. Il y a déjà foule et ce n’est pas fini. Les lieux s’apprêtent en effet à recevoir plusieurs centaines de personnes pour un week-end consacré aux sexualités et aux questions de genre.
Le festival a commencé en centre-ville il y a trois jours, avec la projection de Yes, we fuck! un documentaire consacré à la sexualité des personnes handicapées, primé en 2015 au PornFilmFestival Berlin, ainsi que de Kiki, un film émouvant qui plonge au cœur de la culture Ballroom new-yorkaise. Le film suit le parcours de plusieurs acteurs de la scène Kiki, des rassemblements exubérants de danseurs de Vogue, qui servent à la fois de famille de substitution pour ces minorités racisées rejetées par les leurs, mais aussi de lieu d’échange et d’engagement militant pour des mouvements comme « Black and Trans Lives Matter« . La projection a été accompagnée d’un atelier avec l’un des co-auteurs du film, Twiggy Pucci Garçon, pour mieux comprendre le ballroom et s’exercer avec lui à l' »European Runway » : une discipline où il s’agit de défiler avec des costumes fabuleux et faits main.
Outre cet atelier, le Festival Explicit fait la part belle au spectacle vivant. Et pour cause : ses créateurs Marianne Chargois et Matthieu Hocquemiller sont tous deux performers et nous les croiserons eux-mêmes sur scène dans deux des spectacles proposés par le festival. C’est d’ailleurs Matthieu, chorégraphe et directeur d’une compagnie (ACPS) qui ouvre le bal, nu, dans Extime : une performance dans laquelle viennent s’insérer des images médicales accompagnées d’une voix-off qui nous conseille de nous interroger sur l’obscène, la pornographie, la place du nu dans le privé, l’intime. Il sera suivi par une autre performance, Biofiction, où l’on voit évoluer des protagonistes queer dans une scène de nature surréaliste. Ensemble, ils s’adonnent à des mouvements sensuels et sexuels avec des branches et d’autres éléments naturels, sous une musique expérimentale improvisée. Voir des corps nus et non normés sur scène est vraiment inspirant. Cependant, je ne vous cache pas que je suis ressortie en n’ayant pas saisi toutes les finesses de la performance. Comme je le disais sur Snapchat pour ceux qui m’ont suivi, je n’ai pas une connaissance très poussée de ce genre d’oeuvre, je ne me permettrai donc aucune critique qui risquerait d’être infondée. Le temps que je me pose ces questions philosophiques, la salle enchaîne avec un apéritif et un dj set qui durera assez tard dans la soirée.
Extrait de « Biofiction »
Le lendemain, à la lumière du jour, tout semble plus calme et sérieux. Je suis venue en avance pour avoir le temps de m’entretenir avec les différents invités du jour. Et quels invités ! Aujourd’hui c’est Buck Angel qui est à l’honneur. La journée ouvre avec la conférence de Marie-Anne Paveau sur la « Discursivité du corps sexuel et dimension réflexive des post-pornographies » (oui c’est sérieux je vous l’avais dit) : le public est conquis, attentif, informé. Si le sujet vous intéresse, courez vous procurer son livre !
On poursuit avec la projection de Sexing the Transmen, un documentaire sur la sexualité des hommes trans réalisé par Buck Angel. On l’y voit partir à la rencontre de personnes en transition (femme vers homme) et les interroger sur leur vie depuis qu’elles ont entamé le processus, les injections d’hormones et le besoin de connecter leur sexe, pour la plupart non opéré, avec leur corps… Le tout est entrecoupé de passages explicites tournés au même moment avec les mêmes protagonistes. Une façon pour Buck « de glisser des images porno dans un documentaire très sérieux », comme un pied de nez à la censure. Après le film, Buck a pris le micro pendant une heure pour raconter son histoire. Comment il a vécu une lutte quotidienne contre ce corps qu’il ne reconnaissait pas et comment il a fini par tenter la transition, à une époque où cela n’avait presque jamais été fait, en se disant « qu’au pire [il se] suiciderait ». Il est ému aux larmes lorsqu’il raconte ce moment crucial dans sa vie, quand il a enfin osé dire à sa psy de l’époque qu’il se sentait homme, et qu’elle lui a simplement répondu : « Je sais. Je l’ai su au moment où tu es entré pour la première fois dans mon cabinet », lui accordant pour la première fois une reconnaissance par autrui, lui sauvant probablement la vie à cet instant.
Après ce moment intense, la salle s’est remplie pour un autre genre d’émotions : les courts-métrages porn, un moment assez attendu dans le festival. La sélection est pointue, esthétique et très sexy. On retrouve tous genres de scènes : de la chorégraphie BDSM à la manière d’une comédie musicale de Broadway, de l’urophilie, des jeux de sang qui ont fait grincer les dents de plus d’un spectateur, du squirt… J’ai eu un énorme coup de cœur pour Zolushka de Wes Hurley, une ré-interprétation très gaie de Cendrillon où le prince recherche son bien-aimé disparu aux douze coups de minuit, non pas à l’aide d’une chaussure de vair, mais du doux souvenir d’un rimjob parfait.
Zolushka, de Wes Hurley.
On enchaîne sur un spectacle : Schönsheitabend, mêlant ballet classique, danse contemporaine, shibari et sexe gonzo (photo en Une), puis un passage obligatoire par la case restauration. C’est probablement une des choses qui m’a fait le plus sourire. Le fait de voir le public boire du vin (local) et manger des planches de charcuterie et fromage, une vision très traditionnelle et terroir, qui contrastait follement avec l’ambiance résolument queer, moderne, ouverte du festival. L’équipe de La fête du slip de Lausanne était là elle aussi, pour initier les gens aux vidéos en VR et présenter POV Paper, un journal au format classique et au contenu orienté vers la culture porn. La soirée se termine avec le groupe de musique électro avant-gardiste berlinois Hyenaz.
Le dernier jour du festival est consacré à la thématique « My Body is my Business » et se concentre autour de travailleurs du sexe, avec la présence notamment de Thierry Schaffauser, syndiqué au STRASS (Le Syndicat du TRAvail Sexuel), qui prend le temps d’expliquer les problématiques auxquelles on peut être confronté au quotidien dans ce milieu (des choses aussi banales que la location d’un appartement sans fiche de salaire ou les frais de déplacements). S’en suit une table ronde avec Marianne et Buck, qui soulève une question récurrente : pourquoi le statut artistique est-il si souvent remis en question lorsqu’il contient une pratique sexuelle explicite ? Est-on moins artiste qu’un autre parce que l’on montre son cul ?
La projection suivante, Live Nude Girls Unite! nous replonge avec plaisir dans les années 90. On suit le parcours de la première grève et syndicalisation des danseuses du peep-show « Lusty Lady » de San Francisco. Une lutte difficile à l’époque, pour réclamer les mêmes droits que des employés d’un travail non-sexuel, pour empêcher la discrimination selon la couleur de peau ou la taille des seins des danseuses, mais surtout une lutte qui a inspiré le pays et qui a permis à des centaines de femmes de voir leur travail valorisé et leurs conditions d’emploi et de vie améliorées.
L’après-midi continue sur Traumboy de et avec Daniel Hellman, un one-man show présenté comme une sorte d’autofiction sur sa vie en tant qu’escort boy en Suisse, même si pour lui son métier relève plus « d’une recherche artistique que d’un réel gagne-pain ». Le spectacle est émouvant, il y évoque très naturellement et sans langue de bois des anecdotes sur ses clients, sa vie personnelle, son coming-out à ses amis… Et termine sur un karaoké très spécial, où le public se passe le micro et lit les commentaires reçus par Daniel sur son profil d’escort : fous-rires garantis.
Daniel m’a confié avoir « remarqué un énorme décalage entre la représentation du travail du sexe dans les médias et dans la culture. » C’est pourquoi il cherche à diffuser son spectacle dans des endroits moins ouverts que ce genre de festivals : « Ici le public est assez averti, mais parfois je joue dans des endroits où parler de prostitution semble aussi grave que parler de l’holocauste. Puis le public se rend compte qu’on peut en parler avec légèreté. Et c’est important car beaucoup de [travailleurs du sexe] souffrent de la stigmatisation et de la discrimination à un niveau politique et social mais aussi dans le milieu familial et amical. Il faut arrêter de montrer les travailleurs de sexe de manière négative, larmoyante comme si cela justifiait ce qu’ils font et qu’il fallait avoir pitié d’eux… Ca m’emmerde, parce qu’on ne fait pas ça avec d’autres métiers. On a même critiqué mon spectacle, soi-disant parce qu’il glorifiait les prostitués ! » Comme beaucoup, il est pessimiste sur la situation actuelle et se désole de l’hypocrisie et le paternalisme ambiant de nos sociétés : « On a l’impression qu’au lieu d’avancer il faut défendre ce qui était acquis. C’est pourquoi j’essaie d’apporter un côté pédagogique dans le spectacle. Pour essayer de casser tout ça. »
« Traumboy », Daniel Hellman
Juste après et pour clore l’après-midi, Marianne, co-créatrice du festival mais aussi danseuse, contorsionniste et travailleuse du sexe, nous parle de son rapport avec ses clients urophiles dans Golden Flux. Comme son nom l’indiquait, je m’attendais avec un peu de crainte à une performance uro… Mais comme l’ensemble des spectacles du festival, elle était très naturelle, drôle, engagée et belle. Pendant tout le festival, le public a été mis face à des choses qui sont mal jugées ou critiquées dans nos sociétés, alors qu’elles ne sont rien de plus que des choses naturelles. La nudité, le sexe, la prostitution, l’urine ou même le sang sont mis en scène de manière esthétique, artistique. On en ressort ravi et, pour ma part, apaisé sur certains sujets et drôlement fâché sur d’autres. Si le festival voulait nous faire réfléchir sur ses thèmes, c’est réussi.
On clôture le week-end sur un concert de hip-hop queer avec Will Sheridan, aussi connu sous le pseudonyme de G.I.A.N.T., mais surtout pour sa carrière de basketteur, pendant laquelle il a dû garder le silence sur son homosexualité. Après avoir pris sa retraite et s’être consacré à la musique, il a été nommé Grand Marshall de la Pride de Chicago pour son travail queer novateur dans la musique et le sport. Le concert est très hot, le public aussi. Les gens n’ont pas l’air d’avoir envie de partir, de quitter la bulle de liberté et de tolérance qu’est le Festival Explicit. Je vois Buck torse nu sur la piste, l’équipe du festival également, ravie de pouvoir enfin se lâcher après avoir travaillé d’arrache-pied pour organiser un événement aussi réussi.
Telle Cendrillon je me sauve avant les douze coups de minuit, non sans avoir discuté avec Marianne et Mathieu et les avoir remercié et félicité pour leur travail. Marianne m’a confié être ravie du succès de cette deuxième édition : « Les retours que nous recevons sont très beaux : les personnes vivent une vraie expérience, un voyage qui déplace et non une simple visite de spectateur. Et nous reviennent toujours ces phrases émouvantes nous remerciant de restaurer cet espace manquant, inexistant, du paysage artistico-culturel, de créer un lieu où se déconstruisent de façon essentielle des rapports au corps et au sexuel. » Je leur dis au revoir et leur renouvelle ma hâte de revenir l’année prochaine, mais cela semble compromis. Matthieu me dit en effet que « le départ de Rodrigo Garcia (le directeur de Humain trop humain, ndlr) rend la possibilité d’une autre édition incertaine, car l’existence de ce festival tient pour grande part en son invitation et sa confiance. Nous avons pour nous le succès des deux premières éditions et nous allons faire notre possible pour une troisième : ici ou ailleurs, selon les possibles qui s’ouvriront. » On l’espère en tout cas.
Photos non légendées prises par mes soins.
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CamSoda n’en peut plus d’attendre le futur. Mercredi 14 décembre, le site de cam a annoncé le lancement imminent d’un service de camshows holographiques baptisé Holo-Cam.
Holo-Cam n’a rien de bien sorcier : pour en profiter, vous n’aurez besoin que d’un smartphone et d’un projecteur d’hologrammes en 3D, c’est-à-dire d’une pyramide de plastique que vous pouvez acheter pour moins de dix euros ou fabriquer vous-même en quelques minutes. Lorsque vous utilisez Holo-Cam, l’écran qui repose sur le projecteur d’hologrammes affiche quatre vidéos différentes disposées en croix, une par face de la pyramide. En se reflétant sur les parois de plastique, ces images s’assemblent pour former un modèle 3D de votre modèle préféré.
Les choses sont un peu plus compliquées du côté des studios de CamSoda. Pour être transformées en hologrammes 3D convaincants, les modèles doivent être filmés de face, de dos et des deux côtés simultanément, le tout sur fond vert. Les images doivent ensuite être assemblées en direct avant d’être envoyées vers les smartphones et tablettes des internautes. Tout ce boulot vaut le coup : l’illusion est loin d’être parfaite mais elle fait entrevoir un avenir rempli d’hologrammes toujours plus convaincants.
Le service Holo-Cam sera montré en public pour la première fois du 18 au 21 janvier prochain à l’AVN Adult Entertainent Expo de Las Vegas. Pour cette grande première, une pyramide de plus d’un mètre de haut projettera les hologrammes de performeuses célèbres : CamSoda parle de Tori Black, Dani Daniels, Gianna Michaels, Brandi Love, Brooklyn Chase, Darcie Dolce et Teagan Presley. Du beau monde.
Tous les êtres humains qui n’auront pas la chance d’être à Las Vegas début 2017 devront attendre qu’Holo-Cam fasse ses débuts sur CamSoda. Aucune date de sortie précise n’a été dévoilée. L’annonce de lancement du service affirme néanmoins qu’un show holographique hebdomadaire sera mis en place dans “un futur très proche”. Les camgirls qui logent dans la CamSoda House pourront également donner des sessions holographiques privées. “Les tarifs habituels seront appliqués” note CamSoda, avant de préciser que les shows hebdomadaires ne seront gratuits que le premier mois.
A défaut de changer la face de la webcam, Holo-Cam va permettre à CamSoda de renforcer son image d’expérimentatrice. La plateforme propose déjà des live shows à 360°C et des fellations virtuelles pour les propriétaires de masturbateurs connectés Kiiroo. Des services un peu gadgets, certes, mais aptes à ouvrir les yeux des internautes sur l’avenir du fap augmenté. Le meilleur reste à venir – évidemment.
Se mettre à nu, se dévoiler, découvrir une chose qui était cachée, découvrir un corps. L’acteur se met à nu pour nous livrer son intériorité. Le modèle se met à nu pour offrir son corps au regard du peintre. Stéphanie Mathieu est de ces deux espèces. Elle se livre et délivre pour nous raconter sa...
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Se mettre à nu, se dévoiler, découvrir une chose qui était cachée, découvrir un corps. L’acteur se met à nu pour nous livrer son intériorité. Le modèle se met à nu pour offrir son corps au regard du peintre. Stéphanie Mathieu est de ces deux espèces. Elle se livre et délivre pour nous raconter sa...
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Venues des forêts pluviales envahies de brumes, la Catasetum fait partie des plus bizarres des orchidées tropicales : elle «éjacule» son pollen. C'est la fleur de la décadence, des satyres et des transgenres.
Les premières Catasetum arrivent de Trinidad, en 1823. Elles sont d’abord implantées dans des serres, pavillons moites et suffocants dont les britanniques font leur grande spécialité et que certains scientifiques du 19e siècle nomment avec répulsion des «hôpitaux de plantes infirmes» (1). Les serres sont le produit de la culture victorienne et les fleurs qu’on y trouve ont des formes qui confinent à l’indécence, notamment les Orchidées, mot formé à partir du latin orchis sous l’influence du grec orkhidion : «testicule». La Reine Victoria elle-même, qui visite une de ces serres en 1844, découvre avec fascination ces specimens d’obscénité végétale, «cailloutés de cramoisi et de vert myrte», étalant leurs labelles «couleur de viande crue, striée de côtes pourpres» ou de «toile vernie» salie «par des taches de minium et de céruse». S’ils attisent la curiosité des élites, ce n’est pas uniquement en raison de leurs formes suggestives d’organes reproducteurs, mais aussi – et surtout – parce que ces fleurs semblent échapper aux catégories morales en vigueur dans le monde savant. Certaines «mouillent», excrétant un liquide poisseux qui remplit leur sabot. D’autres «éjectent» un pollen pulvérulent qui se colle comme une glaire sur l’insecte ayant eu le malheur de «frotter» certaines parties de la fleur… L’orchidée possèderait-elle des zones sensibles, voire érogènes ?
Fleur ou serpent ?
Dans son livre Queer Beauty (2010), le chercheur Whitney Davis, étudie le cas particulier de la Catasetum, dont les témoins s’étonnent qu’elle possède deux «antennes» qui «forment des cornes rigides s’effilant en pointe, avec une fente comme une langue de vipère». Quand ces fleurs sont touchées «en certains points déterminés» (comme l’explique pudiquement Darwin) par un stylet ou l’équivalent d’un insecte ailé, elles projettent leurs pollinies (deux boules de pollen) à la façon d’une catapulte. Dans un ouvrage qu’il leur consacre à peine trois ans après avoir publié L’Origine des espèces (1959), Darwin décrit ainsi le processus : les antennes «pendent au-dessus du labelle sur lequel les insectes s’abattent et l’excitation produite par le contact d’un corps est retransmise de long de ces antennes jusqu’à la membrane qui doit se rompre ; puis, quand cette rupture a eu lieu, le disque de la pollinie se trouve subitement libre, Les pédicelles retenus dans une position arquée, se redressent avec une telle force que […] toute la pollinie est lancée en avant […] à la distance de 2 ou 3 pieds.» Ce curieux procédé de reproduction, parfois appelé «sniper», se trouve au coeur d’une fleur qui, par ailleurs, possède l’allure incongrue d’un animal… Darwin parle de son «aspect étrange, sinistre, reptilien».
Des plantes appelées Satyrion
«Dans l’ancien monde Méditerranéen, les orchidées étaient vues comme capable d’exciter le désir, rappelle Whitney Davis. On appelait ce genre de plante : Satyrion» (2). Au 19e siècle, lorsque la société savante britannique découvre les Catasetum, ces fleurs deviennent instantanément célèbres pour leur «perversion sexuelle». Cette réputation sulfureuse vient de ce que les orchidologistes ne parviennent d’abord pas à comprendre son mode de reproduction. Ils ont identifié le Catasetum comme une forme mâle… sans parvenir à trouver sa femelle. Un des experts les plus tenaces de la Catasetum, Sir Robert Schomburgk, examine des centaines de fleurs à Trinidad en cherchant partout celle qui aurait des ovaires. Que trouve-t-il ? Un monstre à trois têtes. A sa plus grande surprise, Schomburgk découvre l’existence sur une même tige, de fleurs appartenant à trois espèces différentes : Catasetum tridentatum (mâle), Monacanthus viridis (femelle) et Myanthus barbatus (hermaphrodite). «Inutile de le préciser, mais une telle aberration ébranlait jusqu’aux fondations même la vision du monde telle qu’elle avait été mise au point, basée sur l’étanchéité des genres et des espèces (3). Le mot même d’espèce avait d’ailleurs été défini comme le regroupement des individus capables de se reproduire entre eux.»
Trois espèces de fleur sur une même tige ?
L’apparente absurdité de la Catasetum violait non seulement les tables de la loi biologiques, telles qu’elles avaient été posées par les savants mais la vision de l’espèce comme générant sa propre descendance. Tout cela était certainement «étrange et sinistre» pour le moins. Dans le milieu de l’art, les noms des fleurs tropicales devinrent synonymes de déviance. Proust inventa l’expression «faire cattleya» (d’après le nom d’une orchidée mauve), en 1914. Huysmans consacra un chapitre entier de son roman A Rebours (1884) aux orchidées. Oscar Wilde se mit à surnommer son ami Aubrey Beardsley «la plus monstrueuse des orchidées». Beardsley (qui avait appris l’existence des singulières Catasetum) dessinait des orgies bizarres, peuplées de «freaks polyhemisexuels» («mot signifiant “triade sexuelle”», explique Whitney Davis). C’est dire si les Catasetum attisaient les convoitises. On allait les contempler avec le coeur battant : comment faisaient-elles pour se reproduire ? C’est finalement Darwin qui trouva la solution, en 1862.
A quoi sont sensibles ces «formes mâles» ?
Pour trouver la solution, Darwin passa des années en studieuses caresses. Dans quelle condition était-il possible de faire «éjaculer» les Catasetum ? Frôlant leur antenne avec toutes sortes d’objets – une fine aiguille, un courant d’air, un cheveu d’homme, une soie de porc – il parvint finalement à comprendre ce qui excitait ces plantes et leur permettait de se reproduire. La solution était simple, même si elle avait échappé jusqu’ici aux chercheurs. Darwin mit au point l’idée que les trois fleurs, malgré leurs différences morphologiques, formaient en fait une seule et même espèce : la notion d’espèce était donc sauvée (quel soulagement). Mais Darwin ajouta que, sur les trois types de fleurs, la mâle et la femelle effectuaient l’acte sexuel en partenariat avec des insectes. Dans ce cas, pouvait-on encore parler de l’espèce comme d’une unité de reproduction étanche ? Les conclusions de sa recherche étaient si extraordinaires qu’il consacra un livre entier à la fédondation des orchidées.
Une abeille peut-elle féconder une fleur ?
Dans ce livre consacré aux «effets positifs de la trans-sexualité [good effects of intercrossing]» (4), Darwin essaya de montrer que les étranges organes mâles du Catasetum avaient pour but de capter l’attention (provoquer l’excitation) d’insectes mâles, afin que ceux-ci transportent le pollen sur une plante femelle. La plante mâle se «travestissait», émettant un parfum très proche de celle de l’insecte femelle. Ce concept préfigurant la notion de symbiose heurtait plus que les bonnes moeurs. Dans le contexte de la colonisation alors en plein essor, l’idée du «croisement» interspécifique n’était pas sans susciter l’image ô combien préoccupante du métissage. Elle ne fut donc pas exploitée. Il fallut attendre les années 70 avant que l’idée fasse véritablement son chemin. De nos jours encore, l’activité sexuelle interespèces reste un tabou. On a beau expliquer aux enfants que les fleurs sont pollinisées par les insectes, on ne leur dit pas tout ce que cela signifie. Cela signifie que l’insecte est parfois sexuellement attiré par la fleur et qu’il essaye de la pénétrer. Vous voulez en savoir plus ? Rendez-vous lundi.
A LIRE : Queer Beauty. Sexuality and Aesthetics from Winckelmann to Freud and Beyond, de Whitney Davis, Columbia University Press, 2010.
Des hommes qui aiment les plantes. Histoires de savants du monde végétal, de Stefano Mancuso, Klincksieck, 2016.
NOTES
(1) Source : Journal de pharmacie et des sciences accessoires, Vol. 24, 1838. Le terme «hôpital» est repris par Huysmans dns A Rebours.
(2) Ce mot a d’ailleurs survécu dans la superbe Satyrium erectum Lindley d’Afrique du sud.
(3) Lindley fit observer «qu’un tel fait ébranle jusque dans leurs fondements toutes nos idées sur la stabilité des genres et des espèces.» (Transactions of the Linnxan Society, vol. XVII, p. 522). Lindley est cité par Darwin dans son allocation devant la société linnéenne, allocution qui fut reprise sous forme de livre la même année (1862) : On the three remarkable sexual forms of Catasetum tridentatum, an orchid in the possession of the Linnean Society. Proceedings of the Linnean Society of London. Botany 6: 151-157.
(4) Ma traduction est volontairement maladroite. Le titre du livre a été traduit en français : «De la fécondation des orchidées par les insectes et des bons résultats du croisement»