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L’opéra le plus célèbre de Puccini fait d’une geisha de 15 ans, appelée «Madame Butterfly», l'héroïne d'un drame passionnel qui s'achève en suicide… L’histoire s'inspire soi-disant de faits réels. Mais dans les faits, Madame Papillon… Est-elle morte d'amour ?
Jusqu’au 13 octobre à Paris, l’opéra «Madame Butterfly» – mis en scène par Bob Wilson – fait résonner l’Opéra Bastille de tristes échos. L’histoire se déroule au Japon au début du XXe siècle : le Lieutenant américain Pinkerton épouse Chôchô-san («Madame Papillon»), une très jeune geisha. Trois ans plus tard, Pinkerton est rentré aux États-Unis mais Chôchô refuse d’oublier celui dont elle a un fils. Impossible de lui faire entendre raison. Accompagné de sa femme américaine, Pinkerton revient au Japon récupérer l’enfant. Chôchô le cède et se tue, à l’aide d’un couteau reçu de ses ancêtres samouraïs…
Composé par Puccini (1858-1924), représenté pour la première fois en 1904, l’opéra fait un triomphe : tout le monde pleure sur la figure tragique de la Nippone épousée puis trahie… Mais cette vision romantique du Japon ne colle pas avec les faits. A l’époque où les premiers Occidentaux débarquent au Japon, le mariage n’existe pas. Pas tel que nous l’imaginons en tout cas. L’exposition «Le Bouddhisme de Madame Butterfly» qui se déroule actuellement au Musée d’Ethnographie de Genève remet l’histoire en perspective dans le contexte de l’époque… l’occasion de s’apercevoir à quel point l’image que l’on se fait du Japon relève de l’illusion. Voire de l’ingérence.
Le travail de projection fantasmatique commence avec Pierre Loti (de son vrai nom Julien Viaud, 1850-1923). C’est lui qui, parmi les premiers, fait l’expérience littéraire du «choc des cultures»… et de la vie de couple «genre nippon». Son célèbre ouvrage «Madame Chrysanthème» est un récit semi-autobiographique écrit comme un journal intime. Au cours de l’été 1885, avec son «frère» Yves (1), Pierre Loti visite le Japon et, dès le premier jour, se fait emmener dans une maison de thé (sorte d’agence matrimoniale), pour trouver une «petite femme à peau jaune, à yeux de chat – je la choisirai jolie. Elle ne sera pas plus haute qu’une poupée». Il a en effet décidé de se marier, comme font beaucoup d’Occidentaux en mission au Japon. Six jours plus tard, il opte pour une adolescente de 18 ans (la candidate de 15 ans qu’on lui soumet en premier choix est trop jeune à son goût) dont le nom, par hasard, se révèle être… O-kane, «Argent» (2).
Ainsi qu’il l’explique dans son roman, les Japonaises sont «louées» par leur famille, un peu comme une marchandise, un jouet ou un «petit chien savant». «Ses parents vous la donnent pour 20 piastres par mois», dit l’entremetteur après une soirée de négociations. Loti cependant regrette déjà son choix. Il a la nostalgie de la Turquie et des Ottomanes sensuelles. Incapable d’apprécier cette Japonaise qu’il compare à un «bibelot saugrenu», il finit par attendre le jour de son départ comme celui de la délivrance.
La séparation du couple approche. Un jour, Loti entend sa compagne faire gaiement sonner les pièces qu’elle a reçues de lui. «Rien ne s’est jamais passé dans cette petite cervelle, dans ce petit cœur», dit-il avec dépit, surpris de constater que cette femme, épousée pour son exotisme… ne l’a elle-même épousé que pour son argent. Il prétend être soulagé, cependant : «La crainte de la laisser triste avait failli me faire un peu de peine, et j’aime beaucoup mieux que ce mariage finisse en plaisanterie comme il avait commencé», prétend-il. Sa désinvolture sonne faux. A la fois vexé et rassuré par le détachement affectif de la jeune fille, il décrit la façon dont elle affecte «une petite moue de tristesse» alors qu’il s’en va. Aucune effusion. Pas de larme.
Comme pour se consoler, Loti écrit avec une amère dérision : «Allons, petite mousmé, séparons-nous bons amis ; embrassons-nous même, si tu veux. Je t’avais prise pour m’amuser ; tu n’y as peut-être pas très bien réussi, mais tu as donné ce que tu pouvais, ta petite personne, tes révérences et ta petite musique ; somme toute, tu as été assez mignonne, dans ton genre nippon.» L’écrivain, semble-t-il, a mal digéré l’aventure. Pendant la gestation de son œuvre, il écrit d’ailleurs à un ami qu’il écrit un «roman japonais» : «roman sera stupide. Le deviens moi aussi». Le mépris qu’il affiche pour son bibelot humain (autant que pour lui-même, au passage) est déconcertant.
Il faut croire que le mariage «à la japonaise» perturbe les Occidentaux, car ils sont nombreux à décrire par le menu ces unions «d’opérette». «Entre 1867 et 1914, par exemple, près de cent cinquante écrivains et voyageurs rapportèrent des témoignages publiés sur leur séjour nippon. Madame Chrysanthème n’est donc pas une œuvre isolée, même si elle demeure la plus célèbre», explique Alain Quella-Villéger dans une introduction au roman. Le témoignage le plus étonnant concernant l’union libre au Japon se trouve d’ailleurs dans un ouvrage d’anthologie, compilation de récits rapportés par les premiers gaijin (visiteurs étrangers) du XIXe siècle : «Le Voyage au Japon». Il s’agit d’un extrait de correspondance. La lettre est signée par un aristocrate de 28 ans – Emile d’Audiffret – qui, en compagnie de son ami Arson de St Joseph, entreprend un voyage autour du monde. Il arrive à Yokohama le 9 octobre 1878 (3) et s’empresse de découvrir les «mœurs locales» avec l’aide d’un interprète – nommé «Tatzu». Voici son récit :
«Arson est décidé ce soir à entrer dans un de ces intérieurs japonais. En un mot, il veut les voir de près». Avisant au hasard la boutique d’un marchand de soieries, et – dans la pièce attenante – deux «très jolies jeunes filles, occupées à peindre des éventails», Arson s’invite. Loin de s’offusquer, les Japonais chez qui il fait intrusion «se courbent jusqu’à terre devant lui, en prononçant avec empressement des mots de bienvenue. Arson s’assied alors et le plus tranquillement du monde, il leur fait signe de reprendre leurs places. […] «Cha arimasuka ?», demande-t-il. Les deux jeunes filles se lèvent aussitôt, courent dans la pièce voisine et reviennent» avec du thé qu’elles offrent aux étrangers : Emile d’Audiffret se décide à imiter son ami, suivi de l’interprète. Leurs hôtes semblent ravis. «J’aurai donné mille pistoles pour que de Paris vous ayez pu nous voir au milieu de ces Japonais parlants japonais, toute une famille prosternée devant nous, parce que nous étions entrés chez eux sans les connaître !»…
Brusquement, les jeunes filles prennent l’initiative. «Êtes-vous mariés ?», demandent-elles à Arson. «Pendant qu’on nous traduit cette question, les deux muzumés s’approchent et nous regardent d’un petit air mutin. Elles sont vraiment gentilles, ces deux petites Japonaises. […] Tatzu ayant répondu que nous n’étions arrivés que depuis quatre jours, et que nous n’étions point mariés. «Vous devriez nous prendre pour femmes, dirent-elles. Nous irons à Tokio avec vous. Nous resterons avec vous. Depuis qu’on parlait mariage, les parents semblaient prendre un réel intérêt à la conversation. […] Tatzu commença alors une longue conversation avec le paterfamilias».
Les deux hommes négocient longuement sous l’œil des «mousmés» qui ne s’occupent pas plus de leurs hôtes que s’ils n’existaient pas. Elles suivent avec passion le déroulement de la conversation qui aboutit finalement à l’accord suivant : «Les deux jeunes filles seraient nos femmes aux conditions suivantes : D’abord nous les prendrions pour quatre mois au moins. Ceci avait été la plus grande difficulté : le père voulait un an. Puis venait la question de la dot. A cet effet nous verserions d’abord entre les mains du père la somme de cent yens pour chacun de nos femmes. Enfin nous leur donnerions à chacune une pension de cinquante yens par mois tant que nous les garderions. Si plus tard nous voulions faire un arrangement de longue durée, on nous ferait alors un prix de famille.
«Moyennant cela les deux muzumés seraient nos femmes, contrat serait passé et nous les emmènerions où bon nous semblerait. Nous n’avions à notre départ qu’à les renvoyer à leur famille, Quand au choix de la femme, nous aurions naturellement pris chacun celle que nous voulions. Aucune difficulté à ce sujet.» Emile d’Audiffret cependant s’inquiète des conséquences possibles : si son épouse tombait enceinte, à qui reviendrait la charge d’élever l’enfant ? Il demande : «Mais enfin Tatzu et si le ciel bénit notre union ? - Ne vous inquiétez pas de cela, la famille recevra tout ce que vous lui renverrez. C’est prévu. «Pendant que Tatzu nous expliquait cela, une grande discussion s’était élevée entre le père et les deux filles.
«Qu’est-ce donc ?, demanda Arson. – Elles lui reprochent de ne pas avoir imposé l’obligation de leur donner deux beaux obi tous les mois». L’obi est la large ceinture de soie brodée que les femmes portent autour de la taille et qui forme derrière le dos la vaste nœud qui est la suprême élégance des Japonaises. «Dites-leur que si nous les épousons, nous en donnerons quatre«. La réponse met immédiatement fin aux récriminations. Les deux jeunes filles semblent ravies. Il n’y a plus qu’à finaliser l’accord… Mais les Français s’en abstiennent.
«Quelques modestes que fussent les prétentions de cette famille pour nous donner deux jolies petites ménagères, et quelques peu terribles que fussent les chaînes de ce mariage, nous n’avions ni l’un ni l’autre la moindre velléité de convoler. Tatzu nous dit : «Attendez donc. Vous trouverez d’autres épouses aussi jolies et moins chères«. Nous expliquâmes au père que nous allions sérieusement réfléchir et que nous repasserions. Depuis que la question d’intérêt était réglée, nos deux jolies Japonaises étaient revenues à nous plus aimables que jamais, tellement aimables que, grâce à leur costume ouvert de tous côtés et à leurs immenses manches il n’eut tenu qu’à nous de nous assurer jusqu’à une certaine limite de la valeur matérielle de nos futures.»
La lettre s’achève ainsi. On peut comprendre la stupéfaction des Occidentaux lorsqu’ils découvrent qu’au Japon le mariage bourgeois à vie, assorti de serments, n’existe pas… Pas encore. Pas plus que les déclarations d’amour, ni le pathos affectif qui donne au contrat matrimonial l’allure d’un drame existentiel. Lorsque Puccini compose son opéra, en complète contradiction avec les faits, il «corrige» donc la réalité sociale du Japon et ne présente de ce pays qu’une version imaginée, forgée de toutes pièces suivant les standards moraux qui dominent alors le monde prétendument civilisé. C’est le début de la «globalisation». Bienvenue dans le United World of Pinkerton, le monde dans lequel – sous couvert d’universalisme – on veut nous faire pleurer sur des tragédies, soigneusement construites et mises en scène, qui servent de couverture à des intérêts géo-stratégiques souterrains…
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A LIRE : Le Voyage au Japon - Anthologie de textes français 1858-1908, de Patrick Beillevaire. Collection Bouquins, Robert Laffont.
EVENEMENTS :
Opéra «Madama Butterfly». Mise en scène : Bob Wilson. Opéra Bastille, Paris. Jusqu’au 13 octobre.
Exposition «Le Bouddhisme de Madame Butterfly». Musée d’Ethnographie de Genève. Jusqu’au 10 janvier 2016. Plus de renseignements ici.
NOTES
(1) Les relations de Pierre Loti avec celui qu’il présente comme son frère – Yves – étaient probablement homosexuelles.
(2) «Kane veut dire argent, et ce nom lui allait bien», remarque Loti avec rancoeur. De toute évidence, il aurait préféré que son «bibelot» soit la victime d’une illusion sentimentale.
(3) Emile d’Audiffret et son ami quittent le Japon par ce même port le 28 janvier 1879.
Récemment, je suis tombée sur cet article de Lady Malefica, et je n’ai eu qu’une seule réaction :
Alors oui, je suis bien d’accord qu’en termes de relations amoureuses, les Européennes et Nord-Américaines de ce début de XXIe siècle se sont pliées à certains désirs, dont celui de se dire que non, aimer un homme ne veut pas forcément dire avoir besoin de lui dans tout ce que nous faisons, ni l’admirer dans tout ce qu’il fait. Et ça, la plupart des hommes ont encore du mal à le comprendre, ce qui crée un décalage dans les relations. Malgré tout, contrairement à Cauet-Vita, je n’ai pas un avis tranché sur les hommes…
Peut-être parce que j’ai travaillé sur les mandales que je me suis prises, peut-être parce que, plus encore, j’ai travaillé sur mes relations aux hommes dans leur globalité. Peut-être aussi parce que je me suis trouvé un homme qui sait accompagner mes désirs de femme trentenaire. D’ailleurs, plus que Lady Malefica, et as usual quand j’écris depuis deux ans, c’est le Mari qui a inspiré cette réponse. Je vous entends d’ici :
Et je vous donne tout à fait raison.
Pourquoi le Mari et pas un autre, me direz-vous ? Parce qu’outre qu’il me trolle la plupart du temps, parmi ses notables qualités, c’est un romantique pour de vrai. D’ailleurs, il en a honte, parce qu’il pense qu’on va le clouer au pilori s’il ose avouer qu’il aime les choses délicates et qu’il se préoccupe de mon bien-être. Soit des valeurs en soi considérées comme pas tellement masculines, mais tellement appréciées des femmes qui fréquentent les hommes de goût. Mais attention ! Il ne m’offre pas de fleurs et ne me fait pas de déclarations à la con – lors de notre première Saint-Valentin, il m’a déclaré : Je suis sur un boulevard, tu m’indiques les nids-de-poule –, mais certains gestes du quotidien et les musiques qu’il me dédie prouvent un côté fleur bleue extrêmement touchant.
Lui-même prompt à écouter des trucs super bizarres, il m’a surpris récemment à me faire écouter les chansons les plus douces des Rolling Stones ou bien même du Roy Orbison. J’ai alors compris qu’il existait certains hommes, la plupart du temps artistes, qui mettent un peu le service trois pièces en veilleuse pour exprimer de très belles choses. La plupart du temps, on se méfie de ces hommes, car ils ne s’adaptent pas à la rugosité du quotidien en couple. Surtout, le romantisme, et de surcroît le romantisme suranné qui se rapproche du modèle courtois, n’est vécu que comme un enrobage à des relations qu’on ne considérerait comme pas trop sérieuses. C’est vrai, mais c’est dommage. Vraiment.
Car les hommes gagneraient à exprimer leurs sentiments, qu’importe le moyen. Et, à mon sens, le romantisme suranné est l’un des meilleurs moyens qui soit. Pourquoi ? Parce que je suis trop inspirée par l’évanescence des femmes celtes et bretonnes qui pourraient jouer, telles les anciennes fées, jouer de la harpe avec leurs cheveux.
Malgré tout, n’en déplaise à Diane Tell, on ne peut pas remplacer les hommes. Par conséquent, autant les rééduquer à l’aune de nos propres désirs, voire même autorisons-nous nous-mêmes à être romantiques.
Malgré tout, certains artistes sont, pour moi, prêts à l’emploi. Au lieu de leur cracher dessus, voyons ensemble en quoi cela peut faire ouvrir mon cœur.
The Rolling Stones, Lady Jane (1966)
On n’attendait pas des bad boys du Swinging London qu’ils puissent nous livrer une chanson d’amour dans la plus pure tradition élisabéthaine. Le pire, c’est que cette chanson très fleur bleue a été écrite par le brave Mick Jagger suite à une rupture avec une certaine Jane. Malgré tout, Aftermath, l’album dont Lady Jane est issu, est le préféré du Mari. Lui-même reconnaît la vérité des Stones dans ce genre de son, alors que j’aurais tendance à le trouver dans Jumping Jack Flash, Under My Thumb ou Start Me Up [flagellez-moi, je vous prie].
Simon & Garfunkel, Scarborough Fair/Canticle (1966)
Quoi de mieux qu’une chanson d’amour médiévale d’origine anglaise pour exprimer le romantisme suranné ? Mais qu’on ne s’y trompe pas : à l’homme orgueilleux qui prétend donner à sa belle un ouvrage inextricable à faire, celle-ci lui répond sur ton de la moquerie. Et qui de mieux que les troubadours new-yorkais pour retranscrire une ambiance des plus anciennes et des plus délicates ?
Cat Stevens, Lady d’Arbanville (1970)
On a encore un mec en mode canard au mic. Avant qu’il ne s’appelle Yusuf, Cat Stevens était amoureux d’une certaine Patti d’Arbanville et il lui dédie cette chanson où il la voit en Belle au Bois Dormant. Et comme il était vraiment accro, lorsqu’ils ont rompu, il a écrit son autre gros tube qu’est Wild World (1971) en son honneur. Si le mec n’était pas romantique avec ça…
Malicorne, Le jardinier du couvent (1977)
Là, ce n’est pas un homme seul qui chante l’amour à la manière d’autrefois, mais un homme avec sa femme de l’époque. En effet, Gabriel et Marie Yacoub, au sein du groupe Malicorne (entre 1973 et 1988), ont basé leur musique folk sur les airs traditionnels de France et de Navarre. Ce n’est donc pas un cas isolé, contrairement aux autres artistes, qu’ils chantent ce conte d’amour interdit entre la fille d’un négociant et le garçon d’un fabriquant.
Francis Cabrel, Je pense encore à toi (1980)
Francis Cabrel est non seulement LE représentant du romantisme suranné en France, avec son accent chantant et son allure de mousquetaire. Mais, de surcroît, il allie des mélodies très simples à des paroles qu’on dirait inspirées par des heures de contemplation béate de la nature. Le tout avec un air tellement habité par l’amour qu’il pourrait chanter le bottin en disant qu’il est peuplé d’étoiles et de roses. Francis, c’est notre maître à tous, prosternons-nous.
Laurent Voulzy, My Song Of You (1987)
Le romantisme suranné tel que l’interprète Laurent Voulzy n’est pas tant dû à une exploration des mélodies anciennes – même si Lys & Love (2013) pioche parmi ses lubies médiévales – qu’à une exploration des mélodies lointaines. De ses racines guadeloupéennes, il extrait des mélodies aquatiques et mélancoliques, sur lesquelles fondent les mots que tout un chacun a envie d’entendre.
Les hommes qui expriment ce qu’ils veulent et qui savent l’exprimer de belle manière sont des oiseaux rares, mais qu’il faut écouter. Il ne faut cependant pas confondre avec les beaux parleurs qui sont, la plupart du temps, des hommes qui savent manier les mots pour manipuler les sentiments. Les artistes que j’ai cités, à petite dose, permettent aux moins téméraires de trouver de jolis mots pour répondre aux désirs des femmes.
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Vu sur Automne 2015 dans la collection e-ros
Après la publication de La Vengeance de Junon de Clarissa Rivière et de Mon Chien Picchi de Vagant, que réserve la collection e-ros ? Octobre 2015 : Un roman de Jip. L’année dernière, vous avez pu lire son recueil de nouvelles Macabres Cambrures. A présent, ce seront des romans qui vous seront proposés. Le premier, […]
Cet article provient de Littérature érotique
Pour sa quatrième édition, le Fetish et BDSM festival vous accueillera dans un endroit aussi exceptionnel qu’unique : le Hangar 43. date 24 et 25 octobre 2015.
À cette occasion, de nombreux exposants spécialisés, allant du textile, au matériel, en passant par les accessoires, workshops, des performances shibari, concours d’échappement bondage, massage gratuit des pieds féminins au stand Feetlovers, non stop BDSM & Fetish shows, élection de Miss Fetish Belgium, photoshoot gratuit, etc.
Entrée: 20 euros (15 euros en prévente) / 2 jours : 25 euros
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Indiana s’adapte de plus en plus. IL est au calme avec Nnous la semaine et c’est le tourbillon le week-end. En faite je le soupçonne de se reposer la semaine après le tumulte du week-end. Il a de moins en moins peur dehors. Il prend de l’assurance et c’est toujours Nnotre bébé à la maison. Nnous avons pris un éducateur car je n’ai jamais eu de gros chien et je voudrai bien faire. Et en plus c’est nécessaire car j’ai developpé un côté sur protecteur pour lui. Il le ressent et il en fait autant pour Nnous donc ce n’est pas bon. En faite l’éducateur est plus pour moi que pour le chien. je ne dois pas être prête à sauter sur un chien qui s’approche de lui. il n’a vraiment pas besoin de moi pour se protéger car bien que jeune il fait déjà presque 40 kg. Avoir un chien ce n’est pas évident et pour l’avoir j’ai du accepter de renoncer à vivre comme une petgirl. Le temps qu’il apprenne ou est sa place. je suis une chienne mais il ne doit pas essayer de prendre le dessus sur moi. Il ne doit pas essayer de me monter. Sinon quand je serai seule avec lui il ne m’obéira pas. Et cela arrive parfois que je sois seule car parfois Monsieur rentre plus tard que moi donc je dois m’occuper d’Indiana et le sortir.
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Beaucoup ont tendance à voir les féministes comme un groupe monolithique, dont les membres seraient interchangeables. Le féminisme est, plus que jamais, riche de personnalités très diverses.
J'ai donc décidé d'interviewer des femmes féministes ; j'en connais certaines, beaucoup me sont inconnues. Je suis parfois d'accord avec elles, parfois non. Mon féminisme ressemble parfois au leur, parfois non.
Toutes sont féministes et toutes connaissent des parcours féministes très différents. Ces interviews sont simplement là pour montrer la richesse et la variété des féminismes.
Interview de Karine.
Bonjour peux tu te présenter ?
Bonjour, je m'appelle Karine, j'ai 44 ans, je vis à Lille depuis 2 ans après avoir été longtemps parisienne dans le 19ème, j'ai 2 enfants, un garçon de 12 ans et une fille de 11 ans, en garde alternée et je vis un couple (mon mec a lui-même un garçon de 9 ans, mais seulement un week-end sur 2 à son grand désespoir). Je travaille en free-lance dans le marketing depuis 5 ans, après de nombreuses années de salariat. J'organise donc mon temps beaucoup comme je le souhaite, ce qui me permet de dégager du temps pour ATD Quart Monde où je suis engagée depuis 5 ans, en particulier sur le sujet de l'école.
Depuis quand es tu féministe ?
Je crois avoir toujours été féministe: aînée de ma fratrie (j'ai un frère et une sœur) de parents soixante-huitards (quand ils étaient jeunes et donc m'ont eue !), j'ai eu l'impression d'être élevée de façon assez indifférenciée. Toutes les photos de moi petite sont en jean, salopette, coupe à la stone, j'ai eu très peu de poupées, en revanche j'ai eu des bouquins, des feuilles et des crayons dans les mains dès que j'ai pu les tenir. Et j'ai aussi été plutôt poussée dans mes études, dans l'idée d'être autonome et indépendante. Pas du tout dans l'idée "marie-toi et fais des enfants" et encore dans l'option de ne pas travailler. C'était aussi un acquis dans ma famille que contraception et ivg étaient évidemment autorisés sans condition (j'ai été aussi élevée dans le rejet clair des religions). Et qu'être féministe était bien (et pas un truc de femme frustrée, au contraire). Même si ma mère était au foyer et donc je me suis retrouvée une fois professionnelle et mère avec la double-injonction contradictoire "bosse à fond, sois indépendante financièrement" + "sois une mère parfaite et disponible".
J'ai aussi réalisé très jeune qu'il y avait des stéréotypes fille vs garçon, justement parce que je n'étais pas vraiment dans le stéréotype fille (pas dans les jeux de "fille" dans l'enfance, pas du tout intéressée par mon apparence à l'adolescence, pas du tout dans les jeux de séduction, hyper agacée par les commentaires du type "t'es drôlement bonne en maths pour une fille", choquée des commentaires sur les "filles faciles" quand les garçons à gros tableau de chasse étaient bien vus).
Mais c'est surtout dans la vie professionnelle que j'ai vu les différences de traitement qui m'ont mise en rage: quand, jeune diplômée, j'ai commencé à travailler dans une grande banque française, j'ai vu qu'à diplôme et fonction égaux, j'étais moins payée qu'un collègue mec. Sous prétexte qu'il avait fait son service militaire. Non mais pardon, en quoi ça le sur-qualifie à faire du contrôle de gestion par rapport à moi ?? Ensuite, quand j'ai demandé une expatriation, on m'a dit explicitement que c'était plus compliqué pour une femme, sauf si elle était mariée à un homme de la banque qui lui-même serait expatrié. Une collègue a perdu 1,5 année d'augmentation pour un congé maternité de 3 mois et demi...
Et puis je me suis trouvée, dans une autre boite, un poste au Pérou et j'ai été frappée par la différence entre la France et le Pérou (censé être un pays machiste pourtant): jamais au Pérou, je n'ai eu la moindre remarque sur le fait que je sois une femme dans mon boulot. Alors qu'en France, j'avais régulièrement droit à des "ah c'est agréable un sourire féminin dans une réunion", "vous présenterez les chiffres au directeur, ce sera plus agréable pour lui si c'est vous que moi". La seule fois où j'ai été ramenée à ma condition de femme et non de professionnel, c'est lors de la visite du PDG français qui a passé son temps le nez dans mon décolleté sans écouter un mot de ce que je disais. Dire que ça m'a mise en rage (en plus de choquer mes collègues péruviens) est un euphémisme. A l'inverse, au Pérou, j'ai vu ce qu'est une société où l'IVG est illégal et ça c'est une belle claque, d'autant plus que j'ai avorté peu de temps avant d'y partir et que je voyais le droit à l'IVG comme l'avancée la plus importante du droit des femmes (pour ça oui, j'ai fait des manifs et j'ai été témoigné sur le blog "je vais bien merci" dont j'aime beaucoup le propos). J'ai fait un long article sur l'IVG très documenté (à la fois statistique et philosophique) sur un site d'opinions en 2001 et j'ai été bouleversée par la violence inouï des commentaires, ça m'a fait réaliser que ce n'est pas aussi acquis que ça en a l'air.
Ca s'est encore affirmé quand j'ai eu des enfants. Subissant de plein fouet la double injonction "mère parfaite" et "grande pro", avec un père certes impliqué dans le maternage mais trouvant somme toute normal que je gère toute l'intendance logistique et administrative de la maisonnée (et pas normal que je m'en plaigne, notons que je m'en suis séparée depuis). Une de mes meilleures amies vivait la même contradiction et nous échangions beaucoup sur nos points de vue féministes, c'est ensemble qu'on a décrypté nos conditionnements (parce que bien sûr il faut se laisser faire pour se retrouver à tout assumer). Je me suis mise à lire pas mal de bouquins (je pense en particulier à L'injustice ménagère de François de Singly qui a m'a aidée à mettre des mots sur ce que je ressentais plus ou moins confusément), des blogs, à aller à des conférences, j'ai même été rencontré des chercheurs sur la conciliation vie privée / vie pro. A fréquenter des réseaux pros féminins aussi. Où d'ailleurs le féminisme n'a pas toujours bonne presse: je me souviens m'être opposée à une oratrice qui expliquait doctement qu'il fallait promouvoir un esprit féminin en entreprise sans tomber dans le féminisme. Je lui ai expliqué que promouvoir les femmes, mettre à jour les mécanismes des plafonds de verre, c'EST du féminisme et que dire le contraire dessert les femmes. C'est quand même pas honteux de souligner qu'aujourd'hui les femmes sont moins bien payées, moins promues et que c'est pas normal et qu'il est temps d'y remédier.
Et c'est aussi le moment où j'ai commencé à prêcher "la bonne parole" autour de moi, à expliquer les mécanismes des stéréotypes et des injonctions sociales à mes copines. A expliquer aussi en quoi "féministe" n'est pas un gros mot. Je crois avoir ouvert les yeux à pas mal. Même si, bien sûr, le savoir n'empêche pas systématiquement la reproduction des modèles (et oui, c'est toujours frustrant de voir une copine intelligente et indépendante devenir l'épouse modèle au service de la carrière de son mari. Ou celle qui annonce fièrement porter le nom de son mari).
C'est en revanche assez tard que je me suis sensibilisée à la problématique de la culture du viol. Via des lectures de blogs clairement. Mais aussi parce que, avec ma bande de copines, on échange sur un forum privé où on partage des choses souvent intimes et j'ai découvert que, dans cette bande de 30 nanas "normales" (dans le sens pas spécialement féministes, généralement mariées et mères de famille avec tout type de job), 8 ont vécu viol ou abus sexuel (et ça n'inclut pas les zones grises du petit copain ou mari qui "force un peu" ou met la pression). 8 sur 30, ça m'a paru vraiment massif. Et je vois surtout les dégâts du silence autour. Sur les 8, AUCUNE n'a porté plainte (moi non plus d'ailleurs). Même celles qui ont vécu des viols archétypes (inconnu sur lieu public). Donc c'est surtout sur ça que je me documente et l'ouvre maintenant.
Et puis je suis mère de 2 enfants, d'une fille et d'un garçon, et je suis donc hyper-sensible aux questions des différences de traitement filles - garçons dans l'éducation et à l'école. Longtemps uniquement sous l'angle "bridage des filles", et je crois que les 2 sont très sensibilisés sur la question. Et maintenant que mon fils est collégien et pré-ado, aussi sous l'angle "formatage viriliste des garçons" parce que, d'une part, je vois comme ça fait du mal aux garçons qui n'adhèrent pas à ce formatage et d'autre part parce que c'est évidemment là que se joue le futur harcèlement des filles. Je me refuse à éduquer ma fille à "faire attention" dans l'espace public même si je la prépare au fait qu'elle sera forcément harcelée (et donc qu'il faudra se défendre, PAS "faire attention". Bon je crains que son père n'ait pas la même politique que moi sur ce point). Je me concentre davantage sur l'éducation de son frère finalement: lui expliquer pourquoi c'est intolérable, pourquoi et comment il lui faudra s'opposer à ses "copains" s'il les voit avoir ce type de comportements.
As tu une éducation antisexiste avec tes enfants ? Enseignes tu des choses différentes selon que tu parles à ton fils ou à ta fille ?
J'ESSAYE d'avoir une éducation antisexiste avec mes enfants oui. De là à dire que j'y arrive je ne sais pas. J'essaye de ne pas marquer de différences liées à leur sexe, en priorité. Par exemple, j'avais lu et vu pas mal de choses sur les différences de comportements des adultes et des mères en particulier vis à vis de leur bébé selon que ce soit une fille ou un garçon, dans la façon de les tenir, de répondre aux pleurs. Du coup, j'ai fait attention à me comporter de façon identique quand ils étaient bébés. J'ai évité les vêtements trop genrés quand ils étaient petits aussi: mon critère, comme j'ai un garçon puis une fille assez rapprochés en âge, c'était que je puisse utiliser les vêtements pour l'un ou l'autre indistinctement (bon, évidemment, on m'a offert des tas de robes pour ma fille... Alors que, franchement, une robe sur un bébé, dans le genre pas pratique pour marcher à 4-pattes, hein !). Maintenant ils ne s'habillent plus pareil évidemment (même si ma fille trouve ses hauts plutôt dans les rayons garçon parce qu'elle supporte pas le rose, les fleurettes et les imprimés chatons) mais je mets le même focus (assez bas) sur la coquetterie pour mon fils que pour ma fille.
Je leur proposais les mêmes activités périscolaires et je les ai plutôt poussés à tester des activités atypiques pour leur genre (mon fils a fait de la danse. Il aimait beaucoup. Sauf qu'il était le seul garçon et a fini par avoir des remarques. Ma fille a milité pour que les filles puissent faire du foot avec les garçons sur la pause méridienne à l'école, alors qu'elles étaient cantonnées à faire pompom-girl, j'ai du finir par m'adresser à la directrice de l'école...). Encore aujourd'hui, ils font tous 2 du triathlon par ex et ça me plait que ce soit un sport peu genré.
Je leur propose aussi les mêmes livres. Et quand mon fils m'a répondu une fois "ça me tente pas trop ce bouquin parce que c'est une fille l'héroïne, pas un garçon", je lui ai fait remarquer que sa soeur se tapait beaucoup de romans dont le héros est un garçon sans rechigner et heureusement pour elle parce que sinon sa bibliothèque serait nettement plus petite que la sienne. Résultat, c'est lui qui est allé faire un scandale dans une librairie parce que la série qu'il lisait à ce moment Le journal de Georgia Nicholson était classé dans "romans pour filles": il leur a fait remarquer qu'il n'y avait de catégorie "romans pour garçons" donc dire "romans pour filles", c'est débile.
Dans le même genre, longtemps, on demandait aux 2 "alors est-ce que tu as un amoureux ou une amoureuse ?": leur père a pas mal fréquenté les milieux gays et c'est lui qui a souligné, à juste titre, qu'on n'avait pas à les étiqueter hétéro dès leur plus jeune âge. Bon, un jour, mon fils a fini par dire "non mais en fait, je crois pas que je serai amoureux d'un garçon, je suis plutôt amoureux de filles" donc on a arrêté. Mais, du coup, ils ont manifesté pour le mariage pour tous en ne comprenant même pas pourquoi il y avait à manifester tellement ça leur paraissait évident.
En entrant dans l'adolescence, même si aux 2, je recommande d'abord de cultiver leur propre personnalité (vs la pression des pairs), je commence à différencier. Je crois ma fille très sensibilisée sur les injustices faites aux filles, parce qu'elle en a vécu directement via le sketch du foot à l'école (j'ai adoré qu'elle fasse remarquer cet été qu'on dit "coupe de monde de foot" quand c'est des hommes et "coupe du monde de foot féminin" quand c'est des femmes. Et que c'est parfaitement sexiste). Son frère ne le vivant pas directement s'en rend moins compte. Donc c'est moi qui les lui souligne. Par ex, l'an dernier, il était dans une classe à projets "enfants précoces" et, sur 25, il n'y avait que 5 filles. Je lui ai demandé s'il avait une idée de pourquoi il y avait si peu de filles. Première réponse "y a moins de filles précoces ?". Mauvaise réponse évidemment (je lui ai sorti les statistiques, il est très factuel comme gamin, il a besoin de preuves). Et je lui ai expliqué les différences de traitement, le fait que les parents investissent plus l'éducation des garçons, que les filles sont davantage conditionnées pour ne pas poser de problème en classe (donc n'ont pas besoin d'être dans une classe "spéciale"). Donc qu'en gros, il fait partie du groupe ultra-privilégié des garçons, blancs, de catégorie sociale supérieure. Et que ça lui donne la responsabilité de ne pas abuser de ce privilège, voire de l'utiliser pour soutenir ceux qui ne les ont pas. Bon, évidemment, à 12 ans, il voit d'abord que, au milieu de ses pairs, il est l'intello pas très grand et pas très costaud donc il se vit pas comme privilégié mais j'ai espoir qu'à terme, ça devrait infuser. Je lui ai fait le test "like a girl" d'après la pub Always, et il était très honteux d'être tombé dans le panneau après avoir vu sa soeur le faire aussi...
A ma fille, j'explique plutôt qu'il ne faut pas juger les autres filles sur l'apparence (elle est dans une phase de rejet des "petites pétasses"), les injonctions faites aux filles dont elles ne sont pas responsables. Je ne lui parle pas encore slutshaming mais ça viendra.
Peux tu expliquer davantage ce que tu fais au sein d'ATD Quart monde ?
Au sein d'ATD Quart Monde, je fais partie du réseau Ecole. Je travaille depuis plusieurs années avec des enseignants, des professionnels de l'éducation, des parents en situation de grande précarité et des parents comme moi (c'est à dire pour qui l'école a été "facile" mais qui sont solidaires des familles pour qui c'est plus difficile) pour chercher des solutions concrètes qui permettent la réussite de tous les enfants à l'école. Ca s'est traduit par une plateforme de propositions présentée aux candidats à la présidentielle en 2012 (certaines sont reprises dans la loi de refondait de l'école. Pas toutes malheureusement. Et la mise en pratique pêche), par le rapport du CESE de Marie-Aleth Grard sur les bonnes pratiques qui réduisent les inégalités. Et localement à Lille, on anime des ateliers de partage de pratiques où se côtoient professionnels et parents de tous milieux. J'essaye aussi d'y glisser des messages féministes: comme on parle beaucoup des préjugés sur les enfants pauvres, j'ajoute au passage les préjugés fille - garçon.
Là où je retrouve les mécanismes du féminisme, c'est qu'il s'agit d'abord de prendre conscience des mécanismes qui construisent les inégalités (et on retrouve beaucoup les préjugés) et d'écouter les premiers concernés pour élaborer avec eux des solutions. Avoir une expérience du féminisme m'a aidée à "bien" travailler avec les parents en grande précarité: de même que je ne supporte qu'un mec m'explique ma condition de femme, je me suis appliquée à ne jamais expliquer à un militant pauvre ce qu'il vit et comment il est censé se comporter.
ATD milite actuellement pour que la discrimination sur l'origine sociale soit reconnue dans la loi. Et j'approuve. Parce que, même si on voit bien via le féminisme qu'interdire la discrimination par la loi ne résout pas tout loin de là, le fait que ce soit officiellement illégal offre une base pour avancer.
Tu parles de double injonction faite aux mères ; peux tu développer sur ce sujet ?
Ma génération, les quarantenaires, on est les filles des féministes. A ce titre, on a reçu l'injonction à être indépendantes, à avoir un boulot, voire quand tu viens d'un milieu aisé, à faire carrière: on nous a "vendus" que bien sûr, on pourrait être ce qu'on voulait, chirurgienne, chef de service, directrice, faire les mêmes carrières qu'un mec, il suffisait de s'impliquer (sous-entendu "autant qu'eux"). J'avais vraiment l'intention de faire "une carrière de mec". Et, en même temps, a fortiori quand tu as été élevée par une mère au foyer ayant eu 3 enfants, dès que tu as des enfants (et ça reste une énorme injonction faite aux femmes que d'avoir des enfants, je suis moi-même incapable de faire la part de l'injonction sociale et de mon désir perso dans le fait que j'ai voulu des enfants), ils sont censés devenir ta priorité des priorités (ce qu'on n'attend pas d'un père). Et là, y a hiatus parce que, concrètement, être super performante au boulot (et quand je dis super performante, c'est plus que les hommes parce qu'il faut démontrer que le fait d'être mère n'a vraiment aucun impact dans ton investissement professionnel. Ce qui est un chouia compliqué dans la vraie vie) ET être méga disponible pour tes enfants, ben, c'est pas possible. A la rigueur, le moment le plus facile (si on passe sur l'épuisement physique et le coût hallucinant...), c'est la petite enfance : avec une bonne nounou, tu t'en sors grosso modo. Mais quand ils grandissent, vont à l'école, sont malades, ont besoin qu'on les écoute raconter leurs petits et grands soucis, qu'on les accompagne dans leurs devoirs, à leurs activités (ah la grosse pression du début d'année "ils font quoi cette année comme activités tes enfants ?". Euh rien parce que le mercredi je peux pas faire taxi, je bosse...), à la bibliothèque, dans leur découverte d'Internet, etc... ben si tu es au boulot 11h par jour, 5 jours sur 7, voire en déplacement, ça marche pas. Un truc qui m'avait fait vraiment tilter: j'avais une convention collective de merde, avec des jours enfants malades non rémunérés. Leur père était fonctionnaire avec 12 jours enfants malades rémunérés. Quand il a fallu rester à la maison pour garder un enfant malade, c'est toujours moi qui l'ait fait. Parce que le chef de mon mec lui a dit "ben ils ont une mère tes enfants non ?" et parce que moi aussi je voulais rester à leur côté quand ils étaient malades (et du coup je bossais de la maison...). Ca n'avait aucun sens si on y réfléchit plus d'une seconde et demie.
Rajoute par là-dessus l'injonction de faire des menus équilibrés et faits maison, d'avoir une maison jolie et en ordre et la nécessité de remplir à temps tes démarches administratives (déclaration nounou, inscription à l'école, dossier CAF, suivi médical des enfants et j'en passe), je me suis retrouvée à lire aussi assidument les blogs d'organisation domestique que les blogs féministes. Et je vois bien le hiatus entre les 2 puisque, bien sûr, les blogs d'organisation domestique ne s'adressent qu'AUX femmes !
J'ai résolu le truc en 2 temps: d'abord, je suis sortie du salariat et je me suis mise à mon compte pour choisir, selon les moments, comment j'organise mon temps et l'ordre de mes priorités. Et je travaille à domicile. J'ai donc abandonné l'idée de "faire carrière", j'ai un boulot cool et dans lequel je gagne correctement ma vie, ça me suffit actuellement. Même si ça me gave de laisser le pouvoir en entreprises aux mecs parce que c'est pas comme ça que ça changera... Peut-être que je rechangerai plus tard, on verra.
Et quand je me suis remise en couple, j'ai cette fois choisi un mec féministe (j'ai définitivement renoncé à transformer un mec pas féministe en féministe, c'est trop de boulot !) et quand on a parlé de vivre ensemble, j'ai posé comme préalable qu'on discute du partage des tâches. On a tout listé et tout réparti. Le partage est juste et je m'efforce de le respecter (parce que le risque majeur, c'était que, par habitude, je prenne ses tâches !).
Tu dis qu'une de tes collègues "a perdu 1,5 année d'augmentation pour un congé maternité de 3 mois et demi" ? Peux tu nous expliquer comment cela est possible ?
Le retard d'augmentation à cause des congés maternité, je l'ai vécu aussi. En fait, c'est simple:
- entretien d'évaluation année N, tu es enceinte, tu vas partir en congé maternité dans 3 mois "tu comprends, on va pas t'augmenter maintenant puisque tu vas partir bientôt".(in petto, on va quand même pas investir sur une nana qui va bientôt être moins disponible et performante)
- entretien d'évaluation année N+1, tu es revenue de congé maternité depuis 5 mois "tu comprends, on ne va pas t'augmenter, t'as pas été là presque la moitié de l'année". (4 mois de congés mat et patho, + tes congés payés comme tout le monde mais comme tu les as collés à ton congé mat, ben non, ça fait pas comme tout le monde).
Et bam pas d'augmentation pendant 2 ans. Alors que j'étais partie en déplacement pro de 4 jours à l'étranger 2 jours après mon retour de congé mat (gros regret. Le truc qui m'a appris à dire non par la suite).
Ma collègue dans la banque, c'était "tout bêtement" parce que, à la date des augmentations, elle était en congé maternité donc suspension de contrat de travail. Contrat de travail suspendu, t'es pas augmentée et c'est valable jusqu'à la prochaine, il n'y a pas de remise à niveau à la reprise du travail. Si l'augmentation suivante n'est que 18 mois plus tard, tant pis pour toi.
Karine souhaitait rajouter quelque chose
Peut-être, pour conclure, je voulais dire que je suis bien consciente que le féminisme recouvre énormément de sujets et que volontairement je ne hiérarchise rien, même si je ne suis pas impliquée dans tout. Et, en même temps, il y a des sujets sur lesquels je n'ai pas d'opinion encore arrêtée, sur lesquels je m'interroge voire fluctue, en particulier quand ça touche des populations plus discriminées que moi: je pense à la question du voile (j'ai alterné pour ou contre l'interdiction et, encore aujourd'hui, je ne suis pas au clair), à la prostitution (je m'interroge sur la pénalisation des clients). Mais aussi à l'implication des hommes en particulier dans le domaine de la conciliation vie privée / vie pro (d'un côté, je trouve très bien que les hommes s'autorisent à réclamer du temps privé, de l'autre, ça me rend malade de penser que parce que ce sont des hommes qui le demandent, ça va peut-être arriver, tant que c'était un besoin de femmes, tout le monde s'en fichait). Bref je suis une féministe qui continue à s'interroger et donc à écouter et interroger les autres.
Et, du coup, même si je suis parfois en désaccord avec certains points de vue féministes (mais je gère bien le désaccord, je trouve ça enrichissant), la seule posture de féministe qui me gêne, c'est la posture omnisciente, qui assène sans douter. Je la trouve paternaliste, ce qui est quand même un comble pour une féministe
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Il y a quelques semaines, soulignant que nous manquions de rédactionnel, deux jeunes femmes (Karolyne et Ernestine, cherchez pas ce sont des pseudos) se sont proposées pour nous rédiger des articles gracieusement. Sous leur air innocent se cachent manifestement deux véritables chipies fétichistes. A la lecture de leur troisième papier, l’ensemble de la rédaction a plongé sous les tables. Il ne restait debout que les deux chipies et le rédacteur-en-chef. Fidèle à à lui-même il dit, tout doucement : « on publie le tout et… tel quel ! »
Attention les yeux !
Pourquoi dans de nombreuses soirées SM ou fétichistes des dominatrices données pour professionnelles, donc disposant à priori des revenus nettement supérieurs aux vôtres et/ou nôtres, quémandent-elles à tous les hommes qui passent près du bar, soumis, dominateurs ou fétichistes l’offrande d’une boisson alors qu’elles sont à tout petit prix ? Et pourquoi ne s’étonnent pas, sans avoir honte, des refus quasi-systématiques qui leur sont faits ?
Pourquoi après très peu de temps d’existence, certaines soirées fétichistes se tournent-elles aussi rapidement vers d’autres thèmes comme le pur déguisement carnavalesque qui n’a rien voir avec le nom de leur propre soirée ? Et pourquoi s’appellent-t-elle encore « soirée fétichiste » ? Il n’y a rien de honteux à changer de thème… Mais prévenir c’est bien aussi.
Pourquoi y a-t-il deux soirées créées, donc semble-t-il à peu près à la même époque, qui ont fêté leur premier anniversaire l’une à Londres et l’autre à Paris et qui portent exactement le même nom sans pour autant avoir un quelconque autre rapport que celui du thème ? Après plus de 20 ans, comment peut-on encore manquer d’aussi peu d’imagination dans le milieu fétichiste ?
Pourquoi la soirée qui se présente comme étant la plus grande soirée fétichiste de Paris n’a-t-elle pas lieu à Paris mais à quelques kilomètres de là ? Acceptons le pur concept commercial, au même titre que le Zoo de Vincennes a été renommé Zoo de Paris. Faut-il encore accepter que la distance est loin d’être la même, c’est pas franchement à deux pas d’une Porte de Paris… loin de là. Mais admettons, soyons magnanimes.
Pourquoi une maison d’édition a-t-elle confié la réalisation d’un livre de photos ou de textes (mystère) devant faire le tour des soirées fétichistes à une personne qui n’a, à peu près jamais sauf à de très rares exceptions, plus mis les pieds dans aucune ces soirées si ce n’est celles extrêmement privées (et dont ce livre ne semble pas devoir traiter) que va-t-elle bien pouvoir écrire ? C’est pas grave… quand on ne sait… on invente n’est-il pas, mes amis ?
Alors qu’il y a dix ans personne ne connaissait la pratique du shibari en France, après le le reportage il y a plus de 10 ans d’Agnès Giard et Francis Dedobbeleer pour Canal + (à l’époque), tout le monde s’est découvert une passion absolue à la fois pour le Japon et pour les cordes à tel point qu’on arrive plus à s’y retrouver dans les innombrables soirées, apprentissages, sessions d’initiations, stages ou autres à Paris ? On n’y comprend plus rien. Déjà que cet art n’est pas simple. Faut=il y voir l’aspect’aspect macho du truc souligné par toutes les meilleures dominatrices japonaises ?
Pourquoi une soirée se présentant comme fétichiste et BDSM ayant lieu dans un très très beau lieu de la banlieue de Paris se présente-t-elle encore comme telle alors que comme la majorité des photos et des témoignages de tous les participants de son édition 2015 confirment qu’elle n’a proposé en grande majorité que des shows de strip-tease et de burlesque, sans rapport avec les fétichismes divers et surtout des tenues bien moins belles et osées adoptées depuis toujours dans cette nuit par le public. Qui peut nous en expliquer le sens ?
Pourquoi les relations sexuelles sont-elles interdites ou en tout cas proscrites dans certaines soirées SM et fétichistes et pas du tout dans d’autres ? Qui est parvenu à mettre fixé la limite précise entre la relation strictement SM et fétichiste et celle à connotation sexuelle ? Pourquoi certaines et certains affirment avec une vraie agressivité connaître avec une précision totale où se situent les limites des rapports sadomasochistes entre avec sexe et pas sexe ? Qui peut nous donner une définition stricte et précise ne pouvant subir aucune contestation ? Mystère et boule-de-gomme comme dirait Renaud.
Qui peut expliquer pourquoi les nouvelles chipies de la réaction de Sentiment Moderne soyons aussi désagréables ?
Texte : Karolyne & Ernestine