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Il y a Le vert de l’herbe saoule Ivre de printemps Il y a Les branches offertes au ciel Du cerisier en fleurs Il y a L’ombre soyeuse d’une chatte Serpente parmi les herbes Il y a L’éternité du monde Avril dans mon jardin
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Mardi 19 avril, l’Utah est devenu le premier état américain a faire du porno une “crise de santé publique” par le biais de la résolution S.C.R. 9. Le texte affirme que le X “entretient un environnement sexuel toxique” et “contribue à l’hypersexualisation des adolescents, et même des enfants prépubères”. Il soutient également que la pornographie “apparente la violence envers les femmes et les enfants au sexe, la douleur avec le plaisir, ce qui soutient la traite d’êtres humains, la prostitution, les images d’abus sexuels sur mineurs et la pédopornographie.” Tout ça !
Fort heureusement, la S.C.R. 9 n’est qu’une résolution dépourvue de tout pouvoir punitif. Elle appelle avant tout à renforcer “l’éducation, la prévention, la recherche et l’adaptation des normes dans la société afin de faire face à l’épidémie de pornographie qui met en danger les citoyens de l’Utah ainsi que ceux de la nation”. Le signataire du texte, le gouverneur républicain Gary R. Herbert, a reconnu qu’il s’agissait d’une “déclaration audacieuse” avant d’invoquer le bien-être des citoyens pour justifier son paraphe. “Nous voulons que la jeunesse de l’Utah comprenne que le caractère addictif (du porno) est néfaste à notre société”, a ajouté son porte-parole. Et tant pis si des études ont prouvé que le X ne rendait pas dépendant.
Gary R. Herbert, gouverneur républicain de l’Utah
L’adoption de la S.C.R. 9 est une victoire pour le groupe anti-pornographie Fight The New Drug, bien connu pour avoir tapissé la Bay Area de San Francisco d’affiches qui proclamaient “Le porno tue l’amour, combattez pour l’amour” en octobre dernier. L’association soutenait officiellement le projet de résolution. L’ONG de défense des professionnels du porno Free Speech Coalition a regretté cette petite victoire : “Nous devrions vivre dans une société où la sexualité est discutée ouvertement, de manière nuancée et érudite, sans être stigmatisée”, a déclaré son porte-parole Mike Stabile.
La résolution S.C.R. 9 a été signée en compagnie d’un autre texte, le H.B. 155. Cette loi oblige les informaticiens à contacter les autorités s’ils sont confrontés à des images pédopornographiques pendant leur travail. Un doublé qui en dit long.
Partir, nous partirons. Avec tampon, sans tampon... nous partirons. Comme des maudits et alors ? Comme des forçats... Sur le ventre peut-être, malades à crever ; sur les poings et les genoux, sur les ongles un par un, quitte à les perdre tous, sur les canines peut-être ; sanglants à force d'y laisser la peau, comme des écorchés s'il le faut ; nous partirons...
Nicole Caligaris Les Samothraces (citation trouvée dans la thèse Communautés d’itinérance et savoir-circuler des transmigrant-e-s au Maghreb de Claire Escoffier)
Il y a 30 à 40 000 prostituées en France dont 90% d'étrangères. Il est donc impossible de parler de prostitution sans parler d'immigration, de processus migratoires et des lois françaises et européennes sur l'immigration.
J'aborderai dans un article suivant la question du trafic et des réseaux.
Le mot "migrant-e" permet de souligner la complexité des processus de migrations. On parle désormais de transmigrations (pour des gens qui transitent dans un pays dans lequel ils ne souhaitent pas rester) ; parler de "migrant-e" et pas d'"immigré-e" permet de rendre compte des processus de migrations qui ne sont pas toujours achevés. On peut rester longtemps dans un pays, changer régulièrement de pays (en particulier pour éviter les contrôles policiers mais pas que), aller et venir entre un pays de destination et d'origine, changer de choix de destination...
Le migrant est avant tout vu comme un homme (comme en témoignent les discours de Marine le Pen) qui migre pour des raisons économiques ou en tant que demandeur d'asile. Les femmes qui migrent sont donc invisibilisées et il y a longtemps eu peu de travaux sur elles. La proportion de femmes qui migre est pourtant à peu près comparable à celle des hommes ; ainsi en 2013, on comptait 53% d'hommes migrants contre 47% de femmes migrantes.
On n'imagine pas que les femmes puissent être sujets de leur migration ; on ne les voit ni comme des travailleuses ni comme des demandeuses d'asile comme le soulignent Laura Oso : "La femme migrante apparaît comme économiquement inactive et donc comme non digne d'intérêt en tant qu'objet d'étude ou sujet politique. Enfin, l'invisibilité de la migration féminine s'inscrit dans un cadre plus large : la sous-estimation des femmes comme actrices du développement (en tant qu'élément moteur de ce développement)." et Nasima Moujoud et Dolorès Pourette : "Les discours politiques et publics sur la "traite" et le "trafic" d'êtres humains passent le plus souvent sous silence un aspect essentiel du phénomène : la volonté des personnes de migrer vers des pays riches qui ferment leurs frontières."
Les femmes ont donc longtemps été vues comme attendant passivement le mari qui aurait migré ou le rejoignant dans une politique du regroupement familial. Cela questionne d'ailleurs les préjugés européens sur les femmes maghrébines et africaines souvent vues comme plus rassurantes, courageuses et discrètes que les hommes.
Claire Escoffier rappelle qu'"En France, la pratique du regroupement familial massif qui a eu lieu à partir des années 74 a contribué à réduire la figure de la femme migrante à celle d’une mère de famille nombreuse "dépositaire" de la culture d’origine, défenseuse des valeurs-refuges et soumise à une autorité masculine dominatrice. Les migrations féminines ont été alors qualifiées de "passives", les femmes étant perçues comme n’ayant ni spécificité ni compétences propres alors qu’elles avaient souvent des qualifications dans leur pays d’origine."
Les femmes migrantes depuis les années 90 sont essentiellement perçues comme des victimes de trafics d'êtres humains ce qui a l'inconvénient de nier qu'elles ont une volonté claire de migrations. On peut d'ailleurs vouloir migrer et être victime d'exploitation y compris sexuelle ; l'un n'exclut pas l'autre. Et Laura Agustin de montrer que "Il est frappant qu’encore en 2001, la femme qui quitte la maison pour la même raison que l’homme – pour améliorer son sort en travaillant – soit si largement perçue comme y étant poussée, obligée, contrainte ou forcée."
Les dangers subis par les femmes migrantes
Les femmes migrantes seules sont généralement victimes d’une triple discrimination : en tant que personne migrante, en tant que femme et en tant que femme seule et migrante. Ces discriminations peuvent être cumulables et ne sont donc pas exclusives l’une de l’autre.
Il est plus difficile pour une femme mariée de migrer que pour un homme. Dans le cadre du mariage, l'homme est davantage vu comme un pourvoyeur d'argent pour qui l'activité de migrations est logique alors que la femme est davantage supposée s'occuper de la famille et du foyer.
Beaucoup ont également tendance à considérer qu'une femme seule qui migre est une potentielle prostituée et/ou une potentielle victime d'exploitation ce qui explique beaucoup de politiques migratoires limitant les mouvements des femmes. Gail Pheterson rappelle ainsi que beaucoup de femmes haïtiennes souhaitant entrer de façon légale aux Etats-Unis se voyaient refuser l'entée au prétexte qu'elles risquaient de devenir prostituées.
Les femmes qui migrent sont soumises aux mêmes dangers que les hommes mais risquent en plus des violences sexuelles et donc d'être contaminées par des IST ou de tomber enceintes. Dans ces cas là elles risquent donc également d'accoucher pendant leur trajet et de devoir, en plus de leur propre sécurité, assurer celle d'un nouveau-né.
Les activités des femmes migrantes
Les femmes migrantes sont les plus sujettes à la précarité et à l'inactivité et ce quel que soit le secteur d'activité. En 2009, 42% des femmes immigrées de 15 à 64 ans sont sans emploi, contre 33% des femmes non immigrées. Pour les hommes, les taux sont respectivement de 23% et 25%. L’écart entre le taux d’activité des femmes et des hommes est encore plus marqué au sein de la population immigrée qu’au sein du reste de la population.
Les femmes migrantes exercent en Europe principalement 3 types d'activités ; le travail domestique, le soin aux personnes (ce qu'on appelle le care).
Selon les politiques migratoires du pays d'arrivée (et de ses lois face à la prostitution) elles peuvent le faire de manière légale ou illégale. Rappelons - même si cela semble évident - qu'en France si l'on a pas un titre de séjour ouvrant droit au travail, on ne peut travailler de façon légale.
Nasima Moujoud et Dolorès Pourette indiquent que "L'absence d'accès à l'emploi contraint les femmes à se tourner vers des activités non déclarées. Les itinéraires des prostituées étrangères que nous avons rencontrées montrent que, même quand elles parviennent à obtenir un titre de séjour provisoire (trois mois), une autorisation de travail et un emploi (toujours dans les activités de services), les pratiques discriminatoires les maintiennent dans des activités dégradantes et dans un statut stigmatisé. Ainsi, une prostituée albanaise s'est vue offrir un emploi de serveuse dans un restaurant par l'ANPE. Outre le fait que l'employeur ne voulait pas déclarer la totalité des heures effectuées, il lui a fait comprendre qu'elle devrait aussi avoir des rapports sexuels avec lui si elle acceptait cette place".
Il existe des similitudes dans les secteurs d'activité (prostitution, travail domestique, soins aux personnes) comme le montrent Nasima Moujoud et Dolorès Pourette : "Il s'agit de secteurs d'emploi informels, non reconnus, réservés aux femmes et aux jeunes filles — et parfois à des garçons ou des jeunes hommes — les plus démunies. Il s'agit de deux secteurs invisibilisés en tant que secteurs d'emploi, d'une part parce que ces activités sont réalisées au cœur du privé et de l'intime, d'autre part parce qu'elles reposent sur des activités "traditionnellement" réservées aux femmes, et supposées ne pas nécessiter de professionnalisation, ni produire de richesse économique. (...) Par ailleurs, services domestiques et travail sexuel partagent des conditions de travail similaires. L'invisibilité des activités effectuées, des lieux privés où elles sont réalisées et le fait qu'il s'agisse de services rendus à des particuliers favorisent les abus : l'exploitation physique, sans respect de la personne, du travail effectué, des tarifs ou de la rémunération demandés, ni des horaires de travail ; la stigmatisation et les atteintes psychologiques dues à des attitudes humiliantes, dégradantes, insultantes. La domesticité comme le travail sexuel sont des secteurs éminemment dévalorisés, sous-payés, non professionnalisés qui échappent à la législation du travail et largement réservés aux femmes en situation administrative et politique précaire."
Des préjugés racistes et sexistes
Les femmes migrantes comme nous l'avons vu sont victimes de multiples discriminations ; en tant que femmes, en tant que migrantes, en tant que femmes potentiellement racisées. Elles souffrent donc de préjugés rattachés à leur condition.
En Italie la loi Bossi Fini de 2002, si elle a facilité l'expulsion de très nombreux étrangers, a permis, sous la pression de familles italiennes, la régularisation de nombreuses étrangères qui travaillaient auparavant pour elles de façon illégale en s'occupant des personnes âgées de la famille. Cette loi a donné beaucoup de droits et de latitudes aux employeurs, bien peu aux employées. Comme le dit Francesca Scrinzi "Lorsqu’on a besoin d’elles on les traite d’indispensables remplaçantes des mères italiennes ; lorsqu’il s’agit de leur reconnaître des droits, ne serait-ce que l’octroi d’un permis de séjour et d’un contrat en règle, on leur rappelle qu’elles ne sont qu’un succédané des Italiennes telles qu’on les voudrait, et qu’on leur rend service en acceptant de les accueillir."
En Espagne, les femmes latino-américaines sont employées pour s'occuper des personnes âgées à cause de leurs supposées patience, soumission et docilité. Pour le travail domestique, on emploie davantage les femmes maghrébines, supposées plus fortes et plus rapides.
L'essentiel des femmes migrantes philippines en France est employée sans contrat de travail comme domestiques ; là encore les employeurs les jugeant "dociles" et "déférentes".
En France, beaucoup de femmes africaines sont engagées comme nourrices pour leur supposées qualités maternelles.
Précarité et violences
Les secteurs domestiques et de soins aux personnes sont en France les secteurs les plus précaires et les moins payés. Sans surprise, ce sont les secteurs les plus féminisés et là où il y a le plus de femmes migrantes. Les femmes y subissent de nombreux abus, violences (sexuelles ou non) et discriminations.
Ainsi le témoignage de Perla, 45 ans, chinoise : "Arrivée en France, elle a été embauchée chez des Wenzhou (Chinois originaires de la région du même nom, située dans la province du Zhejiang) comme "nourrice". Payée 450 € par mois, elle travaillait, tous les jours, toute la journée, avec seulement deux jours de repos par mois. Elle n'était en outre ni nourrie, ni logée — elle mangeait aux Restos du cœur et payait environ 100 € par mois pour un lit dans un logement appartenant à une famille de Chine du Sud, dans lequel elle dort avec cinq autres personnes, dont deux hommes."
Chantal, 33 ans, ivoirienne : "Mes premiers employeurs, ils me faisaient travailler plus de douze heures par jour et ils ne payaient pas les heures supplémentaires. Je me sentais exploitée, on s'est très bien engueulés, ils m'ont licenciée en disant que je ne faisais pas le travail... Ensuite il y a eu deux familles, je suis restée quatre ans à chaque fois."
Témoignage rapporté au PICUM : "Une femme immigrée qui vivait en Allemagne depuis trente ans a été dénoncée par son ancien employeur, qu’elle avait quitté parce qu’il ne la rémunérait pas. Maisha l’aide à planifier son retour qui reste cependant traumatisant parce qu’elle est malade et ne bénéficié ni d’un soutien familial ni d’un soutien médical et ne peut se reposer sur aucun réseau social dans son pays d’origine, qu’elle avait quitté jeune femme et dans lequel elle rentre à l’âge de la retraite, sans l’aide sociale."
Il est important de comprendre que la situation des femmes migrantes est souvent faite de violences (sexuelles ou non) parce qu'elles sont et femmes (parfois racisées) et migrantes.
Il serait faux de penser que c'est uniquement l'activité prostitutionnelle qui crée cette violence ; cela reviendrait à nier les violences dont elles sont victimes hors prostitution.
Cette situation est liée à la domination masculine, aux préjugés racistes qu'elles subissent mais également à la politique migratoire européenne.
Beaucoup de migrantes, comme nous le verrons, dans un prochain article, ont été trompées, volées, escroquées, frappées ou violées parce qu'elles ont du faire appel à des réseaux, ne pouvant venir en Europe de façon légale.
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Les Guerrilla Girls se présentent comme les justicières masquées du monde de l’art. Le groupe est né en 1985 sur un coup de gueule dans l’Amérique rigide et proprette des années Reagan. Outrées par une exposition du Museum of Modern Art de New York intitulée An International Survey of Painting and Sculpture où l’on ne dénombre que 13 femmes parmi les 169 artistes exposés – sans parler des artistes de couleur parfaitement absents – un groupe de femmes artistes fonde les Guerrilla Girls. Leur objectif: dénoncer le sexisme et le racisme scandaleux qui règnent en maîtres dans la sphère culturelle. A partir de ce jour, elles n’auront de cesse de produire des affiches, des tracts et des actions publiques afin d’interpeller le public en mettant le doigt là où ça fait mal: pointant sans détour les nombreuses discriminations qui sévissent dans les institutions artistiques et plus récemment dans l’industrie musicale.
Usant à bon escient d’humour noir et d’ironie, elles font vaillamment éclater ces injustices au grand jour tout en proposant une nouvelle lecture de l’Histoire de l’art dans laquelle les femmes ne sont pas totalement éclipsées ou confinées à des seconds rôles de muses ou d’inspiratrices. C’est dans cette même idée que chaque membres du groupe choisit comme pseudonyme le nom d’une importante artiste femme décédée, telles Frida Kahlo, Eva Hesse ou Georgia O’Keefe. Servant leur anonymat, ces pseudonymes visent principalement à dénoncer l’absence de ces artistes femmes majeures de la culture générale.
Transgression
A cet anonymat nominatif s’ajoute aussi celui fourni par les masques de gorilles dont elles s’affublent à chacune de leurs apparitions publiques. Cette image volontairement caricaturale les aide aussi notamment à transgresser la perception largement répandue de la féministe hystérique ou trop frustrée. Ce double camouflage protège donc non seulement leurs carrières mais concentre par la même occasion l’attention du public sur leur discours et non sur leur identité, tandis que le côté plus spectaculaire du gorille enragé fait très rapidement parler d’elles. Selon la légende, le choix de porter des masques de gorilles – devenus aujourd’hui leur emblème – serait né du lapsus de l’une des membres du groupe, qui aurait transcrit par erreur «gorilla» au lieu de guerilla lors d’un meeting.
Le symbole du gorille tombant plutôt à pic dans ce contexte très précis, il fut adopté sur-le-champ, ajoutant une pointe d’ironie fort bienvenue à toute la démarche. Car s’il y a bien un gorille entre tous que ces masques évoquent immédiatement, il s’agit bien sans aucun doute possible de King-Kong, le grand singe le plus tristement macho de l’industrie cinématographique. L’humour un brin potache permet ainsi de désamorcer quelque peu la situation pourtant précaire de la représentation des artistes femmes dans les institutions muséales – qui stagne à environ 11 % – ainsi que celle des artistes de couleur, encore plus minuscule. Bien que l’art contestataire des Guerrilla Girls soit principalement dirigé contre le monde de l’art, elles ont aussi proposé périodiquement des actions ciblant les républicains conservateurs, en les écornant au passage comme il se doit.
«F» word
Rapidement, le nom du groupe, les pseudonymes, les masques et l’anonymat provoquent une certaine inquiétude dans le monde de l’art, car personne ne peut savoir d’où elles viennent, combien elles sont et où elles vont frapper la prochaine fois. La guérilla est donc à ce stade bel et bien entamée. Mais il reste encore beaucoup à faire pour que les statistiques affichées en pleine rue sur leurs posters virulents se mettent à changer le monde de manière effective. Car il faut bien le constater ce n’est toujours pas le cas à ce jour, ou si peu, comme elles aiment à la rappeler sur un poster affichant des chiffres quasiment identiques avec 20 ans d’écart.
Quant à leur principal cheval de bataille, il s’agit la réinvention du féminisme, du «F» word comme elles aiment à le surnommer avec un brin de raillerie. A la différence des mouvements féministes des années 1970, les Guerrilla Girls intègrent également des problématiques anti-racistes et postcoloniales à leurs luttes contre le sexisme. Les justicières masquées s’inscrivent dans les nouvelles orientations que prend le féminisme dans les années 1980 et participent activement à l’élaboration de nouvelles pratiques qui perdurent toujours actuellement, Femen en tête. Ainsi pour la centaine de femmes qui travaillent collectivement et anonymement au sein des de la formation depuis 1985, la ténacité et l’humour sont devenus l’arme infaillible afin de lutter contre l’obscurantisme et l’archaïsme toujours en vigueur, ajoutés à une identité visuelle forte, simple et efficace héritée du langage publicitaire. Leurs slogans coup de poing assénés sans détour sur fond fluo ne passent pas inaperçus. Comble de l’ironie, certains de leurs posters devenus des objets-culte font à présent partie des plus grandes collections du monde, incluant une majorité d’institutions dont elles ont vertement dénoncé les pratiques éminemment phallocrates.
Les Guerrilla Girls ont aussi publié plusieurs livres sur les affligeantes inégalités dans le monde de l’art tels que: «The Guerilla Girls Museum Activity Book» ou «The Guerilla Girls Bedside Companion to History of Western Art», sans oublier le truculent «Bitches, Bimbos and Ballbreakers» (un guide illustré des stéréotypes féminins) toujours d’actualité, emplis d’une énergie joyeusement rebelle. Et à la question mythique qui ornait leur toute première affiche: «Les femmes doivent-elle être nues pour entrer au Metropolitan Museum?» il existe une réponse qui brûle les lèvres: «Oui. Mais avec un masque de gorille»!
Les Guerrilla Girls se présentent comme les justicières masquées du monde de l’art. Le groupe est né en 1985 sur un coup de gueule dans l’Amérique rigide et proprette des années Reagan. Outrées par une exposition du Museum of Modern Art de New York intitulée An International Survey of Painting and Sculpture où l’on ne dénombre que 13 femmes parmi les 169 artistes exposés – sans parler des artistes de couleur parfaitement absents – un groupe de femmes artistes fonde les Guerrilla Girls. Leur objectif: dénoncer le sexisme et le racisme scandaleux qui règnent en maîtres dans la sphère culturelle. A partir de ce jour, elles n’auront de cesse de produire des affiches, des tracts et des actions publiques afin d’interpeller le public en mettant le doigt là où ça fait mal: pointant sans détour les nombreuses discriminations qui sévissent dans les institutions artistiques et plus récemment dans l’industrie musicale.
Usant à bon escient d’humour noir et d’ironie, elles font vaillamment éclater ces injustices au grand jour tout en proposant une nouvelle lecture de l’Histoire de l’art dans laquelle les femmes ne sont pas totalement éclipsées ou confinées à des seconds rôles de muses ou d’inspiratrices. C’est dans cette même idée que chaque membres du groupe choisit comme pseudonyme le nom d’une importante artiste femme décédée, telles Frida Kahlo, Eva Hesse ou Georgia O’Keefe. Servant leur anonymat, ces pseudonymes visent principalement à dénoncer l’absence de ces artistes femmes majeures de la culture générale.
Transgression
A cet anonymat nominatif s’ajoute aussi celui fourni par les masques de gorilles dont elles s’affublent à chacune de leurs apparitions publiques. Cette image volontairement caricaturale les aide aussi notamment à transgresser la perception largement répandue de la féministe hystérique ou trop frustrée. Ce double camouflage protège donc non seulement leurs carrières mais concentre par la même occasion l’attention du public sur leur discours et non sur leur identité, tandis que le côté plus spectaculaire du gorille enragé fait très rapidement parler d’elles. Selon la légende, le choix de porter des masques de gorilles – devenus aujourd’hui leur emblème – serait né du lapsus de l’une des membres du groupe, qui aurait transcrit par erreur «gorilla» au lieu de guerilla lors d’un meeting.
Le symbole du gorille tombant plutôt à pic dans ce contexte très précis, il fut adopté sur-le-champ, ajoutant une pointe d’ironie fort bienvenue à toute la démarche. Car s’il y a bien un gorille entre tous que ces masques évoquent immédiatement, il s’agit bien sans aucun doute possible de King-Kong, le grand singe le plus tristement macho de l’industrie cinématographique. L’humour un brin potache permet ainsi de désamorcer quelque peu la situation pourtant précaire de la représentation des artistes femmes dans les institutions muséales – qui stagne à environ 11 % – ainsi que celle des artistes de couleur, encore plus minuscule. Bien que l’art contestataire des Guerrilla Girls soit principalement dirigé contre le monde de l’art, elles ont aussi proposé périodiquement des actions ciblant les républicains conservateurs, en les écornant au passage comme il se doit.
«F» word
Rapidement, le nom du groupe, les pseudonymes, les masques et l’anonymat provoquent une certaine inquiétude dans le monde de l’art, car personne ne peut savoir d’où elles viennent, combien elles sont et où elles vont frapper la prochaine fois. La guérilla est donc à ce stade bel et bien entamée. Mais il reste encore beaucoup à faire pour que les statistiques affichées en pleine rue sur leurs posters virulents se mettent à changer le monde de manière effective. Car il faut bien le constater ce n’est toujours pas le cas à ce jour, ou si peu, comme elles aiment à la rappeler sur un poster affichant des chiffres quasiment identiques avec 20 ans d’écart.
Quant à leur principal cheval de bataille, il s’agit la réinvention du féminisme, du «F» word comme elles aiment à le surnommer avec un brin de raillerie. A la différence des mouvements féministes des années 1970, les Guerrilla Girls intègrent également des problématiques anti-racistes et postcoloniales à leurs luttes contre le sexisme. Les justicières masquées s’inscrivent dans les nouvelles orientations que prend le féminisme dans les années 1980 et participent activement à l’élaboration de nouvelles pratiques qui perdurent toujours actuellement, Femen en tête. Ainsi pour la centaine de femmes qui travaillent collectivement et anonymement au sein des de la formation depuis 1985, la ténacité et l’humour sont devenus l’arme infaillible afin de lutter contre l’obscurantisme et l’archaïsme toujours en vigueur, ajoutés à une identité visuelle forte, simple et efficace héritée du langage publicitaire. Leurs slogans coup de poing assénés sans détour sur fond fluo ne passent pas inaperçus. Comble de l’ironie, certains de leurs posters devenus des objets-culte font à présent partie des plus grandes collections du monde, incluant une majorité d’institutions dont elles ont vertement dénoncé les pratiques éminemment phallocrates.
Les Guerrilla Girls ont aussi publié plusieurs livres sur les affligeantes inégalités dans le monde de l’art tels que: «The Guerilla Girls Museum Activity Book» ou «The Guerilla Girls Bedside Companion to History of Western Art», sans oublier le truculent «Bitches, Bimbos and Ballbreakers» (un guide illustré des stéréotypes féminins) toujours d’actualité, emplis d’une énergie joyeusement rebelle. Et à la question mythique qui ornait leur toute première affiche: «Les femmes doivent-elle être nues pour entrer au Metropolitan Museum?» il existe une réponse qui brûle les lèvres: «Oui. Mais avec un masque de gorille»!
Il suffit d’un écran tactile pour transformer sa vie en statistiques : d’innombrables applications analysent notre façon de dormir, de manger, de nous déplacer… Certaines de ces applications non seulement enregistrent nos données les plus personnelles, mais les convertissent en chiffres, assortis de comparateurs.
I just made love (Android, Iphone et Ipad / gratuit)
Faites savoir au monde entier que vous venez d’avoir un rapport, dans quelle position, et si c’était à l’intérieur, à l’extérieur, dans une voiture ou sur un bateau. «Rendez cela public… et les autres jaloux». En 2011, quand cette application est lancée pour Android puis Iphone (et maintenant Ipad), l’idée paraît absurde: cette application ne semble avoir d’autre but que marquer par géolocalisation tous les endroits où vous avez «fait l’amour». But : visualiser sur une carte vos faits d’arme («I fucked here») et faire en sorte que les autres le sachent. Pour chaque endroit, il est possible de préciser s’il s’agissait d’une fellation et/ou d’un missionnaire, avec ou sans préservatifs, avec un petit commentaire en option. Lorsqu’elle est lancée, Rob Waught (sur DailyMail) note que l’application a déjà été téléchargée 10 000 fois – elle est gratuite –, mais semble-t-il essentiellement par des hommes, presque tous basés en Pologne. En 2011, un seul «acte sexuel» a été déclaré et géolocalisé en Iran ajoute-t-il, mais sans commentaire. Décevant. Cinq ans plus tard, il semblerait que la base de données se soit un peu (quoique à peine) étoffée : «300 000 événements amoureux ont été enregistrés», vante le site. Les commentaires des utilisateurs sont moins enthousiastes : «Cette appli est stupide, on dirait que les seuls qui l’utilisent sont les développeurs eux-mêmes».
SexTrack (Iphone/payant)
«Comment se passent vos rapports intimes ?». Au cas où vous auriez du mal à les évaluer, déclenchez l’appli SexTrack juste avant le début des ébats, puis posez l’appareil près de vous : «sur le lit, le plus près possible de l’action», précise le mode d’emploi, afin que votre Iphone enregistre la durée, la fréquence, la vitesse ainsi que l’intensité de vos va-et-vient. «L’accéléromètre intégré de votre Iphone mesure la dynamique de vos aventures, vante la brochure commerciale. Par la suite vous pouvez consulter les résultats aussi bien en tant que score global que séparément avec tous les paramètres. La fonction «coaching» de SexTrack vous permettra également d’améliorer vos rapports grâce à un suivi et des conseils.». Il s’agit donc d’enregistrer ses «performances» grâce à un capteur de mouvements. Curieuse façon de mesurer la puissance d’une relation : l’appli ne s’adresse, de toute évidence, qu’aux adeptes du trémoussement. «Certes, nous ne vous cachons pas que les résultats sont loin d’être fiables mais ça a le mérite d’être amusant et de savoir si vous êtes endurant ou non.» Avantage supplémentaire : SexTrack calcule la quantité de calories que vous brûlez. En outre, il permet de «partager» ces données par mail ou via le réseau social (Facebook, Twitter, etc.). Vos scores apparaîtront sous la forme de notes et de médailles (bronze, argent, or ou platine) – comme s’il s’agissait d’un jeu vidéo – vous permettant «d’ajouter ces informations à votre identité numérique» en tout bien tout honneur : si c’est fun, ce n’est pas vraiment du sexe ?
Spread Sheets (Iphone/payant)
Tout comme Sextrack, cette appli doit être mise en route juste avant que l’action ne démarre. Elle enregistre non seulement le mouvement, mais le son. C’est comme une sextape audio, avec possibilité de se réécouter après : gémissements, râles, halètements… avec ou sans partenaire. L’application ne fait pas qu’enregistrer d’ailleurs : elle mesure l’intensité sonore et mobile pour qualifier l’intensité de l’acte sexuel et crée une base statistique permettant de comparer l’évolution d’une relation amoureuse qu’elle transcrit sous la forme de données chiffrant la durée, la fréquence ou la «rage» sexuelle. Le tout dans le but d’«améliorer vos prouesses sexuelles» (sic), comme si le plaisir était réductible à des démonstrations sonores et musculaires. Les utilisateurs ne sont pas dupes bien sûr et la présentation de l’appli affiche clairement la couleur : «Ce concept a vocation ludique n’a la prétention que de vous divertir, mais se veut utile et stimulante, avec pour ambition de vous aider à vous améliorer». Elle s’adresse aussi bien aux majeurs ayant une vie sexuelle active qu’aux personnes de plus de 17 ans qui aiment sauter sur les matelas.
Sexulator (iPhone et iPad/payant)
«Vous vous disputez souvent avec votre conjoint-e concernant le nombre de fois où vous l’avez fait ? Alors tenez le journal comptable de votre vie sexuelle, pour en finir avec les récriminations. Vous venez de rencontrer quelqu’un ? Ce pourrait être l’élu-e ! Enregistrez cette histoire, en incluant votre premier baiser et plus». L’appli sexulator (jeu de mot sur sex et calculator) permet d’enregistrer l’activité de la semaine sur un agenda virtuel permettant d’inscrire les actes sous la forme d’icônes : un cœur pour une pénétration, des lèvres pour les baisers et les attouchements, un O pour le sexe oral (cunilungus, fellation, feuille de rose), un M («multipartenaires») pour les parties à plusieurs. But : «Améliorer le rendement sexuel du couple.» N’oublions qu’il s’agit d’optimiser ses performances. L’appli est conçue pour établir des moyennes statistiques et noter le niveau des utilisateurs en fonction de leur volume d’activité. Le développeur ajoute à l’intention des femmes : «si vous tombez enceinte, vous n’aurez qu’à consulter l’agenda pour retrouver la date de la conception». A l’intention des hommes : «si votre amie tombe enceinte et que vous estimez n’être pas le père, vous pourrez vérifier plus facilement [si elle vous ment ou pas]». Il offre en option la possibilité d’ajouter les détails «croustillants» de chaque «événement sexuel» et d’attribuer une note à ses partenaires. Tout cela peut être partagé, bien sûr : «comparez votre vie sexuelle avec celle de vos ami-e-s, augmentez vos niveaux [et mettez-leur la pâtée]». Puisqu’on vous dit que la compétition, c’est fun.
Bed Buddy (Android/gratuit)
Equivalent du Sexulator, mais pour Android, le Bed Buddy (littéralement, «copain de coucherie») se présente comme le partenaire électronique idéal, celui que vous devez placer aux premières loges de vos ébats sexuels, sur la couette et pourquoi pas glissé dans la sangle de votre soutien-gorge ou plaqué sur votre torse avec du scotch de carrossier. «Vous êtes-vous jamais demandé à quel point vous étiez bon-ne au lit ? Utilisez Bed Buddy pour enregistrer vos séances de sexe et les évaluer». En utilisant le micro, le capteur de mouvement et le chronomètre, l’appli vous donne une note qui sera forcément arbitraire et absurde. Mais c’est pour rire, bien sûr. L’appli transforme les données en courbes de croissance et chiffres, avec la possibilité de voir le nombre de calories brûlées. «Vous pouvez comparer vos statistiques d’activité sexuelle avec vos différents partenaires, précise le mode d’emploi. Combien de temps êtes-vous capable de faire l’amour ? A quel point votre partenaire est-il passionné ? Améliorez votre endurance et votre vigueur. Petite astuce : plus c’est rapide et fougueux, mieux c’est». La petite astuce s’adresse probablement aux adeptes de mountain bike.
Santé reproductive (Iphone et Ipad/gratuit)
Comme s’il fallait faire face au succès galopant de toutes ces applications, le 8 juin 2015, la firme Apple se décide à introduire le sexe dans ses applications mobiles mais ne le fait qu’à reculons. Dans la rubrique «Santé reproductive» du nouveau système d’exploitation iOS9, l’utilisateur de Iphone et de Ipad peut désormais cocher dans son agenda les jours durant lesquels il a eu un «rapport sexuel» (sous-entendu : une pénétration vaginale), avec pour seules précisions : l’heure et la mention «relation protégée» ou «non-protégée». La nouvelle fonctionnalité propose également aux femmes de renseigner la qualité de leur mucus cervical, le résultat de leurs tests d’ovulation, la fréquence de leur spotting (saignements inhabituels entre deux menstruations) et leur température basale corporelle. L’application enregistre donc toutes les données relatives aux cycles menstruels, indiquant les jours à risques ou, à l’inverse, permettant de prévoir les meilleures dates (correspondant aux pics de fertilité) si l’on veut tomber enceinte. Ce n’est pas fun du tout. Mais qu’est-ce qui vaut le mieux ?
Quelles applications sont les plus idéologiquement pernicieuses, voire vicieuses : celles qui réduisent notre vie sexuelle à une question de santé reproductive ou celles prétendent «coacher» notre vie intime et «maximiser» nos résultats ? La réponse lundi prochain.
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ILLUSTRATIONS : Photos de Tony Ward, couvertures des livres Orgasm XL et Orgasm, aux éditions La Musardine, collection Alixe.