On estimait le marché des sextoys à 50 milliards d’euros en 2020. Ces objets de plaisir sont valorisés pour le bienfait qu’ils peuvent apporter à la sexualité des femmes, des hommes et de tout le monde. Dernièrement, la marque phare des stimulateurs clitoridiens, Womanizer, annonçait une augmentation des ventes de +130% au Canada et +4% en France durant l’épidémie de Coronavirus. 1 Les sextoys sont de plus en plus innovants et recommandés pour apprendre à mieux connaître son corps, réaliser des fantasmes et accéder à l’orgasme. Cependant, tout le monde n’aime pas utiliser des sextoys, comme le témoignent Marie, Marylin et Capucine*, qui nous ont expliqué leurs raisons.
*Les femmes ont elles-même indiqué le prénom à utiliser pour mentionner leur témoignage.
Deus Ex Machina, mais pas tout-puissantNous faisons régulièrement des tests de sextoys sur Desculottées, pour vous partager nos avis et vous aider à choisir les meilleurs sextoys. Oser utiliser un vibro, c’est un moyen de s’approprier son corps, sa sexualité et de varier ses façons de se masturber. L’industrie moderne du sextoy travaille pour proposer des produits design, technologiques et qui promettent un orgasme qui survient à tous les coups. Même s’il est important de rappeler qu’une sexualité épanouie ne se résume pas à l’orgasme, cela reste un fort indice de satisfaction sexuelle. D’autant plus quand on sait que 78% des femmes ont déjà eu du mal à avoir un orgasme.
Marie, 26 ans, a utilisé un sextoy la première fois pour « le plaisir et mieux connaître son corps » et Marilyn, 38 ans, « pour la curiosité et ne pas mourir bête ». Quant à Capucine, 27 ans, ce sont les problèmes d’érection de son compagnon qui ont amené les sextoys sur la table : « J’ai accepté de sauter le pas à la demande de mon compagnon, qui souffre depuis 4 ans de problèmes d’érection compliqués à régler. Il souhaitait qu’on essaie de nouvelles choses pour ne pas en arriver à ne plus se toucher. »
Chacune d’elles a l’habitude de se masturber aussi sans sextoy. Les créateurs de sextoy aiment proposer des vibromasseurs avec différents modes de vibration et des ajustements de vitesse, comme le Womanizer OG. Pourtant, elles s’accordent toutes à dire qu’elles préfèrent utiliser leurs mains, qui permettent une meilleure précision, des variations et une « vitesse maîtrisable ». Le contact peau contre peau est aussi important. Marie trouve qu’avec un objet il « manque la chaleur du contact humain » et Marilyn n’aime pas les sextoys, car « ça fait faux, avec le contact de cette matière froide et cet aspect de machine. »
Sur la question des orgasmes, seule une des trois a déjà eu un orgasme en utilisant un sextoy. Parmi les sextoys déjà utilisés, chacune a indiqué avoir déjà essayé un vibromasseur et deux ont aussi eu un gode et un stimulateur clitoridien. Désolée pour le marketing des marques, mais seule Capucine était capable d’énoncer le nom d’une marque liée à ses sextoys. Il s’agissait de la boutique Passage du Désir où elle avait effectué un achat, mais pas de la marque du sextoy en lui-même.
Penser d’abord à soi pour réussir à se réconcilier avec les sextoys ?Ces trois femmes ont toutes obtenu leur premier sextoy sur l’impulsion d’une autre personne. Capucine et Marilyn l’ont toutes deux reçu de leur amoureux et Marie se l’est vue offrir par des amies. Peut-on y voir un lien avec le fait qu’elles aient eu du mal à prendre du plaisir avec ces objets ?
Comme nous le répétons beaucoup sur le site, le plaisir sexuel ne descend pas du Saint-Esprit, du « Saint-Partenaire » ou du « Saint-Objet ». Ce sont éventuellement des facilitateurs, des opportunités de découvrir des sensations inconnues (pour le Saint-Esprit, on ne s’avancera pas trop tout de même), mais en aucun cas ceux qui doivent avoir toute la main sur notre plaisir. Le désir et le plaisir doivent commencer par soi avec soi-même.
Si la démarche de vouloir un sextoy émane de personnes extérieures, ce n’est pas le meilleur point de départ pour y trouver satisfaction. Cela met potentiellement plus de pression pour prendre du plaisir et l’esprit n’est pas forcément prêt à se laisser aller à ce type de masturbation. Le cas de Capucine illustre bien cette réflexion. Élevée dans un strict respect de la religion qui a créé beaucoup de blocages en elle, elle considérait les sextoys comme « sales et dégradants ». Quand elle franchit le pas du sextoy sur proposition de son compagnon, elle n’ose pas l’utiliser seule : « C’est mon compagnon qui s’en chargeait pendant nos jeux. Je crois que j’ai mis un an avant de commencer à l’utiliser seule« , explique-t-elle.
Photo by Anna Shvets on Pexels.com Sortir de la culpabilité face au plaisir de la masturbationLa culpabilité est aussi présente, car notre société base l’amour sur l’idée erronée de possession de l’autre et de son corps. Sans parler de l’idée – erronée et dangereuse pour les femmes– que la sexualité d’une femme est un « devoir » à l’égard du partenaire. Ainsi, plutôt que de voir le sextoy comme un simple objet de plaisir pour soi, des femmes se sentent coupables de les utiliser : « J’ai eu du mal quand on a commencé à l’utiliser à deux, parce que j’avais l’impression de remplacer mon compagnon » affirme Capucine. Aujourd’hui, elle a une autre approche et a compris que c’était un plus et non un remplacement. Si la culpabilité a disparu, elle n’arrive pas encore à jouir seule, mais c’est la seule à avoir eu un orgasme grâce à un sextoy.
N’oublions pas que tous les sextoys ne sont pas adaptés pour tout le monde. Nous avons toutes des corps différents, notre sexualité solitaire comme à deux est influencée par notre éducation, culture, environnement. Ainsi, utiliser un sextoy ce n’est pas laisser passivement l’objet accomplir sa tâche. Nous sommes actives psychologiquement et physiquement dans cet usage, comme quand on fait l’amour avec quelqu’un. De plus, certains sextoys sont plus ou moins de qualité et cela vaut vraiment la peine de s’intéresser aux marques des sextoys que vous achetez, pour assurer une qualité de produit et un meilleur plaisir, même si ça implique souvent de payer plus cher.
Si Marie, Marilyn et Capucine ont toutes trois affirmé ne pas aimer les sextoys, elles ont toutes répondu « oui » à la question « Serais-tu prête à essayer un nouveau sextoy si on te garantit qu’il peut te donner du plaisir ? ». L’envie d’explorer son plaisir et de mieux se connaître est donc bien présente. Il ne reste plus qu’à trouver le bon sextoy et à se sentir en pleine confiance de se faire du bien sans aucune culpabilité, même seule.
1 https://www.lalibre.be/lifestyle/love-sex/partout-dans-le-monde-les-ventes-de-sextoys-explosent-litteralement-5e70bd86f20d5a29c678f8bdL’article Ces femmes qui n’aiment pas les sextoys est apparu en premier sur Desculottées.