La travailleuse du sexe Bertoulle Beaurebec se coud les lèvres en protestation à la PPL Avia visant à nous censurer.
La proposition de loi de Madame Avia, députée de Paris, est sujette à de nombreuses critiques et mobilisations, notamment contre la censure du net. La mesure principale consiste à donner pouvoir, et rendre obligatoire, aux plateformes du web, de censurer en 24 heures, tout contenu considéré comme haineux ou illicite.
- Or, peut-on faire confiance aux géants du net pour ne pas abuser de leur pouvoir ? Par exemple, des campagnes de prévention ont été censurées dans le passé. https://www.bfmtv.com/tech/instagram-censure-une-campagne-de-prevention-contre-le-sida-1795398.html
- La censure des « contenus illicites » concernant l’industrie sexe aux Etats-Unis a eu un impact négatif majeur, via les lois SESTA/FOSTA.
- La censure du net aura un impact global sur les travailleurSEs du sexe, artistes, queer/LGBTI, personnes racisées, femmes musulmanes, féministes qui sont déjà victimes de délation et de censure, y compris sous de fausses accusations de « haine » contre les dominants, racisme anti-blancs, etc.
https://www.liberation.fr/auteur/19255-romy-alizee-photographe-et-travailleuse-du-sexe
https://www.laquadrature.net/2018/12/10/not-safe-for-sexwork/ - La nécessité d’une modération aura un coût supplémentaire qui sera reportée sur les usagers. La prohibition engendre également plus d’exploitation, ce dont nous avons déjà l’expérience dans les industries du sexe. https://www.lemonde.fr/pixels/article/2020/01/11/sarah-t-roberts-les-geants-du-web-ont-choisi-de-rendre-le-processus-de-moderation-invisible_6025491_4408996.html
- La PPL Avia est une nouvelle criminalisation du travail sexuel en ligne qui aura pour conséquences : une possible hausse du « réel proxénétisme », l’isolement, hausse des violences, augmentation des prises de risques, —-cyberharcèlement alors que nous en sommes déjà victimes de la part des prohibitionnistes comme des personnes mal intentionnées.
- Lorsque nous signalons des posts, les grandes plateformes telles que Facebook, Twitter, Insta ne condamnent pas ces violences car ils sont sous SESTA/FOSTA. En revanche, les comptes tels que « Ta pote Pute », « Par et Pour », « le Tag Parfait » subissent des censures.
- La PPL Avia criminalisera l’auto-marketing porno. C’est donc donner toute puissance aux gros producteurs, rendre les TDS dépendantes (ce qui est déjà en partie le cas avec les shadow ban), et empêcher le développement de porno éthique, féministe, Queer.
- La notion de « proxénétisme » est tellement floue parmi les contenus « manifestement illicites » que la PPL Avia permettra de censurer y compris les formes de travail sexuel qui ne relèvent pas de l’exploitation ou de la traite des êtres humains, incluant au passage celles qui ne sont pas définies légalement comme de la « prostitution ».
Solutions
D’autres solutions sont souhaitables pour lutter contre l’exploitation du travail sexuel sur Internet. En Suisse, le gouvernement fédéral a soutenu et financé la mise en place du site « call me to play » afin que les travailleuses du sexe aient accès à un mode d’annonces gratuit, qui les alerte sur les risques d’agressions, partage les signalements et les informe sur les services disponibles.
Pour lutter contre les violences, le cyberharcèlement des TDS et le slut-shaming, il ne faut surtout pas donner plus de pouvoir aux géants du net, mais donner des moyens de lutte contre le revenge porn, le vol de vidéos, les pratiques d’outing.
Vous pouvez agir
En téléphonant ou en emailant la ou le député de votre circonscription. Vous pouvez aussi contacter les députés présidents de groupes parlementaires. Trouver les contacts ici https://www.laquadrature.net/loihaine/
En relayant les campagnes de la quadrature du net.
En informant sur les conséquences de la PPL Avia et en communiquant publiquement en faveur de son retrait.