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Retourné tête en bas, sans défense, un pénis en érection, contre un mur : il sert de vase et contient trois roses. Autour de lui, alignés, d’autres pénis fleuris sont épinglés au mur. L’oeuvre s’intitule «Aux verges suspendues» et pose la question : comment garder l'amour en vie ?
Née à Lyon en 1981, diplômée des beaux arts de Toulouse, enseignante et chercheuse à l’Université Jean Monnet à Saint Etienne, Céline Cadaureille moule des parties de corps qu’elle nomme ses fantômes. «Pour le pénis, je n’ai pas moulé un vrai organe, se défend-elle. J’ai moulé un gode.» Pour en faire quoi ? Un vase. L’histoire commence ainsi : Céline a une amie qui la loge à Paris. L’amie a beaucoup d’amants. Les amants offrent des roses. Mais il n’y a pas de vase pour mettre les roses, qui atterrissent dans des pots de moutarde ou de pate à tartiner. «J’ai dit à mon amie : “Je vais te fabriquer un vase”. L’idée m’est venue d’un vase qui indiquerait clairement la provenance des roses. Il fallait que le vase destiné à recueillir les fleurs de ses amoureux reflète ce qu’ils ressentaient pour elle.» Céline Cadaureille entreprend donc de faire un vase à l’image du désir.
Une femme dans un magasin de verges en porcelaine
Son vase est en porcelaine, matière délicate, souvent associée à de la vaisselle fine… «Il suffit d’un rien pour la briser, dit Céline. Tout comme l’érection, si fragile… Elle tient à rien. Elle reste suspendue à un mot, un regard. C’est aussi pour cela que j’ai fait du pénis un vase à suspendre, accroché au mur par un simple clou, la tête dirigée vers le bas, comme s’il appréhendait sa chute.» En 2015, Céline Cadaureille reproduit ce vase en plusieurs dizaines d’exemplaires qu’elle aligne sur un mur comme une pluie de verges. Comme un tapis de bombe. Chacun des vases accueille trois roses d’Eden, une variété de roses dont le blanc nacré se teinte de rose vers les ourlets – la «même couleur qu’un gland ému» – et dont les têtes s’inclinent doucement vers le sol.
Un ballon d’hélium qui tient une sculpture érigée
Lorsqu’elle expose pour la première fois son mur de verges suspendues, Céline s’interroge : ce motif présente-il «la fragilité des hommes» ou «le déclin de nos amours» ? À la même époque, elle présente un travail intitulé Hommage à San Antonio, constitué d’un napperon rose sur lequel trône un petit phallus relié au ciel par un ballon gonflé à l’hélium. Le fil tendu est si fin que l’équilibre phallus-ballon semble presque tenir du miracle. Un rien pourrait rompre l’attache, dit Céline, qui affirme rendre ainsi un hommage «aux propos de San Antonio lorsqu’il dit que la chose la plus légère au monde est un sexe masculin, car une seule pensée suffit à le soulever !» Telles sont les verges de porcelaine «suspendues au désir», défiant la peur du vide. Papillons épinglés aux ailes si frêles.
Les mariées rêvent-elles de verges électriques ?
Pendant plusieurs années, Céline dit que cette oeuvre exprime le retournement : du sexe masculin, elle donne l’image d’un organe renversé, tête en bas, réduit à sa fonction utilitaire et décorative de récipient. Ce n’est plus le phallus qui pénètre, c’est la verge qui accueille. Ce n’est plus l’homme fort, c’est l’amant tendre. Mais Céline Cadaureille pressent que le mur a d’autres choses à dire. C’est pourquoi en juin 2019, elle y rajoute encore quelques verges et l’expose à la galerie Analix Forever, à Genève, aux côtés d’une sculpture qui charge l’oeuvre d’une dimension critique. La sculpture – intitulée Contrapposto La mariée – est celle d’une femme coupée au niveau des hanches. On ne voit d’elle que le bas du corps, cambrée dans la posture des statues antiques, appuyée sur une jambe, en déhanché (contrapposto).
«Le reste d’un amour fané»
Pour faire cette sculpture, Céline moule les jambes d’une amie : des pieds aux mollets, la sculpture est en grès. Du genoux aux hanches, elle est faite d’un amas mou de vieux oreillers figurant les cuisses et les fesses d’une mariée périmée, aux formes éléphantesques. Sur cette déesse déchue, un bouquet de roses desséchées figure l’état d’abandon de celles qui ne reçoivent plus d’hommages. Aucun homme ne sacrifie de fleurs pour cette femme. «Quand elle s’est mariée, elle a reçu le bouquet de ses noces, un seul et unique bouquet pour toute sa vie. À mes yeux, c’est toute la différence entre une mariée et une amoureuse.» Ainsi que l’explique Céline Cadaureille, par opposition au monde dans lequel des amants offrent chaque jour une rose (chaque jour qu’ils se désirent), il y a le monde des unions contractées une fois pour toutes.
Sans liquide, tout se dessèche
Dans le monde de l’amour, chaque jour il faut remettre de l’eau dans le vase, parce que sinon la fleur meurt. Dans le monde des femmes qui se sont fanées faute qu’on les fasse mouiller, il y a des rêves pareils à des feuilles mortes. «Il faut offrir des roses. Il faut penser à remettre de l’eau.» Sans liquide, la verge reste flétrie, le vagin se dessèche, le coeur se racornit. Sans liquide, les serments sonnent creux.
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EXPOSITION : L’herbe entre les pavés (et les roses dans les phallus), jusqu’au 31 octobre 2019. Galerie ANALIX FOREVER moving art : 10 rue du Gothard, 1225 Chêne-Bourg, Suisse.
Retourné tête en bas, sans défense, un pénis en érection, contre un mur : il sert de vase et contient trois roses. Autour de lui, alignés, d’autres pénis fleuris sont épinglés au mur. L’oeuvre s’intitule «Aux verges suspendues» et pose la question : comment garder l'amour en vie ?
Née à Lyon en 1981, diplômée des beaux arts de Toulouse, enseignante et chercheuse à l’Université Jean Monnet à Saint Etienne, Céline Cadaureille moule des parties de corps qu’elle nomme ses fantômes. «Pour le pénis, je n’ai pas moulé un vrai organe, se défend-elle. J’ai moulé un gode.» Pour en faire quoi ? Un vase. L’histoire commence ainsi : Céline a une amie qui la loge à Paris. L’amie a beaucoup d’amants. Les amants offrent des roses. Mais il n’y a pas de vase pour mettre les roses, qui atterrissent dans des pots de moutarde ou de pate à tartiner. «J’ai dit à mon amie : “Je vais te fabriquer un vase”. L’idée m’est venue d’un vase qui indiquerait clairement la provenance des roses. Il fallait que le vase destiné à recueillir les fleurs de ses amoureux reflète ce qu’ils ressentaient pour elle.» Céline Cadaureille entreprend donc de faire un vase à l’image du désir.
Une femme dans un magasin de verges en porcelaine
Son vase est en porcelaine, matière délicate, souvent associée à de la vaisselle fine… «Il suffit d’un rien pour la briser, dit Céline. Tout comme l’érection, si fragile… Elle tient à rien. Elle reste suspendue à un mot, un regard. C’est aussi pour cela que j’ai fait du pénis un vase à suspendre, accroché au mur par un simple clou, la tête dirigée vers le bas, comme s’il appréhendait sa chute.» En 2015, Céline Cadaureille reproduit ce vase en plusieurs dizaines d’exemplaires qu’elle aligne sur un mur comme une pluie de verges. Comme un tapis de bombe. Chacun des vases accueille trois roses d’Eden, une variété de roses dont le blanc nacré se teinte de rose vers les ourlets – la «même couleur qu’un gland ému» – et dont les têtes s’inclinent doucement vers le sol.
Un ballon d’hélium qui tient une sculpture érigée
Lorsqu’elle expose pour la première fois son mur de verges suspendues, Céline s’interroge : ce motif présente-il «la fragilité des hommes» ou «le déclin de nos amours» ? À la même époque, elle présente un travail intitulé Hommage à San Antonio, constitué d’un napperon rose sur lequel trône un petit phallus relié au ciel par un ballon gonflé à l’hélium. Le fil tendu est si fin que l’équilibre phallus-ballon semble presque tenir du miracle. Un rien pourrait rompre l’attache, dit Céline, qui affirme rendre ainsi un hommage «aux propos de San Antonio lorsqu’il dit que la chose la plus légère au monde est un sexe masculin, car une seule pensée suffit à le soulever !» Telles sont les verges de porcelaine «suspendues au désir», défiant la peur du vide. Papillons épinglés aux ailes si frêles.
Les mariées rêvent-elles de verges électriques ?
Pendant plusieurs années, Céline dit que cette oeuvre exprime le retournement : du sexe masculin, elle donne l’image d’un organe renversé, tête en bas, réduit à sa fonction utilitaire et décorative de récipient. Ce n’est plus le phallus qui pénètre, c’est la verge qui accueille. Ce n’est plus l’homme fort, c’est l’amant tendre. Mais Céline Cadaureille pressent que le mur a d’autres choses à dire. C’est pourquoi en juin 2019, elle y rajoute encore quelques verges et l’expose à la galerie Analix Forever, à Genève, aux côtés d’une sculpture qui charge l’oeuvre d’une dimension critique. La sculpture – intitulée Contrapposto La mariée – est celle d’une femme coupée au niveau des hanches. On ne voit d’elle que le bas du corps, cambrée dans la posture des statues antiques, appuyée sur une jambe, en déhanché (contrapposto).
«Le reste d’un amour fané»
Pour faire cette sculpture, Céline moule les jambes d’une amie : des pieds aux mollets, la sculpture est en grès. Du genoux aux hanches, elle est faite d’un amas mou de vieux oreillers figurant les cuisses et les fesses d’une mariée périmée, aux formes éléphantesques. Sur cette déesse déchue, un bouquet de roses desséchées figure l’état d’abandon de celles qui ne reçoivent plus d’hommages. Aucun homme ne sacrifie de fleurs pour cette femme. «Quand elle s’est mariée, elle a reçu le bouquet de ses noces, un seul et unique bouquet pour toute sa vie. À mes yeux, c’est toute la différence entre une mariée et une amoureuse.» Ainsi que l’explique Céline Cadaureille, par opposition au monde dans lequel des amants offrent chaque jour une rose (chaque jour qu’ils se désirent), il y a le monde des unions contractées une fois pour toutes.
Sans liquide, tout se dessèche
Dans le monde de l’amour, chaque jour il faut remettre de l’eau dans le vase, parce que sinon la fleur meurt. Dans le monde des femmes qui se sont fanées faute qu’on les fasse mouiller, il y a des rêves pareils à des feuilles mortes. «Il faut offrir des roses. Il faut penser à remettre de l’eau.» Sans liquide, la verge reste flétrie, le vagin se dessèche, le coeur se racornit. Sans liquide, les serments sonnent creux.
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EXPOSITION : L’herbe entre les pavés (et les roses dans les phallus), jusqu’au 31 octobre 2019. Galerie ANALIX FOREVER moving art : 10 rue du Gothard, 1225 Chêne-Bourg, Suisse.
Que tu débutes en matière de sextoy, ou que ta libido soit allergique aux notices compliquées, voici des jouets simples et efficaces pour jouir sans te ruiner !
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