Vous vous souvenez de Toni Bortoluzzi? Mais oui, ce sympathique politicien UDC zurichois qui tient de source sûre que les homosexuels «ont le cerveau à l’envers». Or c’est justement un des ces inversés cérébraux qui représentera le parti populiste dans la course pour un des sièges zurichois au Conseil des Etats, cet automne: Hans-Ueli Vogt. «C’est un excellent candidat – une aubaine pour l’UDC. Il a ses chances, a lâché Bortoluzzi au «Sonntagsblick». Qu’il soit homo ne m’inquiète pas; il fait ce qu’il veut avec sa vie. Je suis juste contre l’égalitarisme.»
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Le journal dominical n’a pas résisté à la tentation d’interroger Vogt, 45 ans, sur la fameuse petite phrase de son collègue de parti. «Les mots sont forts et grossiers», admet-il, mais ils étaient délibérément provocateurs. Aussi ne se sent-il pas concerné personnellement «Aucun gay ne devrait l’être.» Léger malaise chez cette recrue récente de l’UDC au profil atypique au sein de la formation: hormis son homosexualité, il est prof d’uni et vit dans un quartier branché.
Il y a de la place pour tout le monde à l’UDC!
Le quadra zurichois ne se mouille pas quand on lui demande sa position sur l’adoption au sein des couples de même sexe, à laquelle l’UDC est hostile. Il est beaucoup plus à l’aise sur la question des étrangers. «L’immigration à partir de cultures qui interdisent aux homosexuels de vivre libres, je la sens comme une menace pour l’ouverture de notre société.» Bizarre, de la part d’un juriste qui a fait du combat la primauté du droit international, source de protection pour les LGBT à travers le monde, son cheval de bataille.
«Il y a de la place pour tout le monde dans mon parti», explique Vogt. Défendre une Suisse libre, indépendante et démocratique, n’a rien à voir avec le sexe, rien à voir avec l’opposition ville/campagne, ni avec la formation, l’origine ou l’orientation sexuelle, selon lui.