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En s’inscrivant sur OnlyFans pour arnaquer ses innocents abonnés, Bella Thorne a causé bien des problèmes aux travailleuses et travailleurs du sexe qui utilisaient la plateforme pour proposer du contenu explicite payant. Et après le passage remarqué de l’ancienne égérie Disney sur le site, les choses ne seront plus jamais comme avant.
À moins de vivre au fond d’une grotte, vous avez forcément entendu parler d’OnlyFans. La plateforme propose à tout type de créateurs de contenus de publier des photos, des textes, des vidéos, et aux visiteurs d’y accéder grâce à un service d’abonnement. Très vite, grâce à ses conditions d’utilisation qui autorisent les contenus à caractère sexuel – contrairement à Patreon, Tipee ou tout simplement Facebook et Instagram – le site est devenu le point de ralliement des acteur·rice·s porno et autres travailleur·euse·s du sexe. Pour eux, cette plateforme était l’endroit idéal pour vendre des photos, des vidéos à caractère érotique ou pornographique, et reprendre le contrôle sur leur diffusion, sans avoir à passer par PayPal ou par les tubes.
Présente depuis quelques années déjà, la plateforme a gagné en visibilité massivement pendant le confinement. En effet, l’industrie du porn a été touchée de plein fouet de la crise sanitaire, et l’annulation de tous les tournages a fait d’OnlyFans une solution inespérée pour proposer du contenu amateur, fait maison, à une large audience. Bref, le site est en quelque sorte devenu le MySpace du cul.
OnlyFans, ce n’est pas que du culFace à l’affluence de créateur·ice·s de contenu explicite inscrit·e·s sur la plateforme, OnlyFans a lancé un axe de communication différent pour essayer de « déporniser » son image. L’objectif : rappeler que tous les créateur·rice·s de contenu sont les bienvenu·e·s sur le site et peuvent s’y faire de l’argent si leur audience est au rendez-vous. Et pour ce faire, quoi de mieux que d’inviter des stars de tous les univers ? Des drag queens telles que Shay Coulée – popularisée par RuPaul’s Drag Race –, la rappeuse Cardi B… Plusieurs célébrités ont saisi l’opportunité. Et parmi elles, Bella Thorne. Le début du drame.
View this post on InstagramA post shared by OnlyFans (@onlyfansofficial) on Aug 19, 2020 at 1:01pm PDT
Pourtant, son arrivée sur OnlyFans n’a pas surpris grand monde. Ancienne égérie Disney, Bella Thorne avait déjà fait parlé d’elle en donnant un virage sulfureux à sa carrière à grands coups de photos dénudées sur les réseaux sociaux. En 2019, elle avait fait une première plongée dans le domaine de la pornographie, en réalisant Her & Him, un court-métrage qui a reçu le prix Vision lors des PornHub Awards. À l’époque, la jeune femme de 22 ans hésitait encore sur la suite à donner à sa carrière : continuer en tant qu’actrice ou poursuivre son exploration des sexualités à travers la pornographie ? Elle refusait de se fermer des portes.
D’ailleurs, sa volonté de « faire des recherches » lui a servi d’excuse pour justifier son inscription sur le site. Sa priorité n’était pas de se faire de l’argent, mais de se documenter, en prévision d’un long-métrage sous la direction de Sean Baker. L’argent que pourrait potentiellement lui rapporter son compte OnlyFans devait quant à lui servir à financer sa boîte de production, et à subventionner des œuvres de charité. Pourquoi pas, après tout ? Et, sans surprise, en quelques heures à peine, la jeune actrice avait attiré des milliers d’abonnés… Et empoché la rondelette somme d’un million de dollars en moins de 24 heures, alors qu’on estime le revenu moyen mensuel sur la plateforme à 180$, déclenchant un sentiment d’injustice parmi les utilisatreur·ice·s régulier·e·s de la plateforme.
Pire : Bella Thorne a abusé de la confiance de ses nouveaux abonnés, joué sur leurs fantasmes. La starlette avait promis d’envoyer une photo « entièrement dénudée » d’elle-même à toutes les personnes qui lui offriraient un pourboire de 200 dollars en DM. Une offre alléchante qui lui a permis de faire grimper sa cagnotte à plus de 2 millions en moins d’une semaine. Mais les internautes ont déchanté en découvrant le cliché. Loin d’être un « full nude » comme promis, il s’agissait d’une photo en lingerie. Sexy, certes, mais bien loin de ce qui était attendu.
En colère, les acheteurs se sont rebellés en masse et ont demandé le remboursement de cette arnaque.
Un changement dans la politique d’OnlyFansSur OnlyFans comme sur tous les sites commerciaux, il est évidemment possible de demander un remboursement pour un service non honoré : un problème connu de l’industrie du porno, le « cashback » (quand le client demande l’annulation d’une transaction). Mais le cas Bella Thorne est inédit. Des milliers de personnes ont été brimées, et demandent donc un remboursement à la plateforme la même semaine. Pas question pour OF de se laisser avoir une seconde fois : le site décide donc de faire plusieurs changements qui vont fortement compliquer la vie des travailleur·se·s du sexe.
Jusqu’à présent, la plateforme n’avait pas de limites pour le prix des contenus, ni pour les pourboires laissés par les abonnés des créateurs et créatrices de contenu. Ce principe est passé aux oubliettes à cause de Bella Thorne : désormais, il est interdit de vendre des contenus et d’envoyer des pourboires de plus de 100 dollars. Un réel manque à gagner pour celles et ceux qui profitaient des tips de leurs généreux contributeurs.
Par ailleurs, il est essentiel de le rappeler : OnlyFans, ce n’est pas de l’argent de poche. Pour pouvoir toucher l’argent obtenu grâce à la plateforme, il faut créer une micro-entreprise, et donc payer des impôts à l’état, en plus du pourcentage (20%) conservé par le site lui-même. Résultat, ainsi que l’a rappelé l’actrice Erika Heidewald sur Twitter, cela signifie que sur les 50 dollars payés pour un contenu, seulement 30 finissent dans la poche de la personne concernée.
PPV messages are frequently used by sex workers to sell more explicit content. Let’s say you’re selling a video of you sucking your boyfriend’s dick. If you sell that for $50, OF keeps 20%, so you get $40. BUT you have to pay taxes on that. Maybe you get $30-32.
— Erika Heidewald top 2.6% on OnlyFans (@erikaheidewald) August 28, 2020
Un tarif bien faible, donc, d’autant que de nombreuses créatrices et de nombreux créateurs de contenus proposaient via OnlyFans des vidéos personnalisées, parfois exclusives, mettant en scène certains fétiches… Bref, des contenus qui peuvent parfois difficilement être vendus à plus d’une personne. Des heures de travail pour un résultat vendu pour un prix dérisoire, c’est tout sauf rentable. Et cela signifie que, pour OnlyFans, un contenu créatif, quel qu’il soit, ne pourra jamais valoir plus de 100 dollars.
Moins d’argent à la banque… Et plus de dangersUn autre changement est survenu en même temps : dans certains pays les créateur·ice·s ne peuvent désormais plus demander de paiement hebdomadaire, ce qui est une méthode pourtant classique dans de nombreuses régions du globe (l’Amérique Latine notamment). Or, ce changement de système a été opéré sans le moindre délai de prévention, ne laissant pas le temps aux utilisateurs de se retourner et les mettant probablement dans une position difficile vis-à-vis de leurs créanciers.
Ajoutez à cela le système bancaire, qui dénigre les personnes évoluant dans le domaine du sexe. L’enquête menée il y a quelques mois par Lowiness, de même que nos mésaventures du Tag pour trouver une banque ne font que confirmer qu’avoir un compte bancaire lorsque l’on est TDS est extrêmement difficile. Or, un paiement OnlyFans mensuel signifie une plus grosse somme qui arrive d’un seul coup, ce qui pourrait amener les banques à poser des questions, voire bloquer le virement ou même à fermer le compte de la personne concernée.
À noter qu’OnlyFans affirme que ces changements ne sont pas liés à l’affaire Bella Thorne, mais uniquement une évolution logique de la plateforme qui a été mise en place à ce moment. Coïncidence, donc.
Des promesses et des mensongesFace à la situation, Bella Thorne n’a pas eu trop le choix. L’actrice a pris la parole sur Twitter pour expliquer sa démarche dans une série de tweets décousus, dans lesquels elle affirme : « Retirer les stigmas autour du sexe, du travail du sexe, et la négativité autour du mot en lui-même en lui donnant un visage plus mainstream, voilà ce que j’ai voulu faire. (…) Mais en faisant cela, je vous ai fait du mal », regrette-t-elle… Avant de ramener la situation à elle une fois de plus en affirmant : « À plus d’une reprise, j’ai risqué ma carrière pour changer le regard autour du travail du sexe, du porno, et la haine naturelle du public a ressurgi. » Malgré tout, Bella a présenté ses excuses, et affirmé le 30 août dernier avoir pris rendez-vous avec les responsables d’OnlyFans pour mieux comprendre pourquoi ils avaient choisi d’imposer ces nouvelles restrictions. Une affirmation qui n’a pas été confirmée par la plateforme elle-même et, au sujet de laquelle, deux semaines plus tard, personne n’a de nouvelles.
PT1 Remove the stigma behind sex, sex work, and the negativity that surrounds the word SEX itself by bringing a mainstream face to it that’s what I was trying to do, to help bring more faces to the site to create more revenue for content creators on the site.
— BITCHIMBELLATHORNE (@bellathorne) August 29, 2020
I wanted to bring attention to the site, the more people on the site the more likely of a chance to normalize the stigmas, And in trying to do this I hurt you. I have risked my career a few times to remove the stigma behind sex work, porn, and the natural hatred people spew…
— BITCHIMBELLATHORNE (@bellathorne) August 29, 2020
behind anything sex related. I wrote and directed a porn against the high brows of my peers and managers because I WANTED to help with the stigma behind sex.
— BITCHIMBELLATHORNE (@bellathorne) August 29, 2020
…I am a mainstream face and when you have a voice, a platform, you try to use you in helping others and advocate for something bigger than yourself. Again in this process I hurt you and for that I’m truly sorry.
— BITCHIMBELLATHORNE (@bellathorne) August 29, 2020
Ps. I’m meeting with only fans about the new restrictions to find out why!!! This is fucked up and I’m sorry comment any ideas or concerns you want brought up to OF!! and send me your links and a pic so I can promote you guys
— BITCHIMBELLATHORNE (@bellathorne) August 29, 2020
En revanche, Sean Baker, lui, a donné de ces nouvelles. Le réalisateur, qui devait soit disant réaliser un long-métrage mettant en scène Bella Thorne, et lui aurait demandé de mener des recherches sur OnlyFans, est sorti de son silence. Dans un communiqué, il affirme que l’information est inventée de toute pièce : « Je voudrais que ce soit clair : le fait que je prépare un film (documentaire ou fiction) sur OnlyFans en utilisant Bella Thorne pour faire des recherches est faux. Je ne suis pas lié au projet. » Il affirme avoir évoqué avec l’actrice la possibilité d’une collaboration au sujet de son inscription sur la plateforme, mais avoir recommandé à l’équipe de cette dernière de prendre contact avec des TDS en tant que consultant·e·s de façon à ne pas nuire à l’industrie du sexe.
— sean baker (@Lilfilm) August 28, 2020
Un mensonge de plus de la part de Bella Thorne, qui n’en aura décidément fait qu’à sa tête dans cette histoire, en dépit de ses belles promesses. En quelques jours à peine, l’actrice déjà richissime (sa fortune s’élèverait entre 5 et 12 millions de dollars) a réussi à compromettre l’une des sources de revenus stable et efficace trouvée par les acteur·ice·s porno pour garder le contrôle sur leur contenu et à s’attirer les foudres de la communauté adulte en ligne.
“Célébrons les femmes qui façonnent le monde de demain” est la devise de ce tout premier festival qui souhaite mettre à l’honneur les femmes entrepreneures, le festival Empow’Her ! Les 18, 19 et 20 septembre 2020, rendez-vous à la Cité Fertile, dans la région 93 en Ile-De-France, pour assister à cet événement de rentrée qui […]
Cet article Empow’Her, festival qui célèbre les femmes entrepreneures est apparu en premier sur Desculottées.
Effet de mode, chute de certains tabous, démocratisation et surenchère médiatique du libertinage, curiosité… Les clubs libertins se sont multipliés à travers la France, plus d’un million de couples y ont “gouté”, mais pour la grande majorité, l’expérience est restée assez soft et n’a pas abouti aux véritables libres échanges.
Différences avec l’échangismeLa différence entre mélangisme et échangisme se situe essentiellement sur un plan : la pénétration hors couple. Les mélangistes peuvent se retrouver à deux, trois, quatre ou encore plus de couples dans la même pièce mais tous respecteront la sacro-sainte règle que monsieur n’ira pas convoiter l’épouse du couple voisin et restera fidèle à sa compagne. À la limite, quelques caresses seront autorisées, surtout s’il s’agit d’attouchements entre femmes.
Le côte-à-côtisme est sensiblement la même chose mais, par souci de classification, certains y ajoutent une petite nuance : un jeu d’exhibition et de voyeurisme. « C’est comme faire l’amour devant un film porno », explique Olivier, « sauf que là, les gens sont bien réels et au plaisir de voir, on ajoute celui de se montrer. »
Premiers pas dans le monde du libertinagePour quelques couples, mélangisme et cote-à-côtisme seront une première étape avant d’aller plus loin et de progresser vers le triolisme ou l’échangisme. D’autres n’auront tenté qu’une seule expérience, la motivation étant juste le plaisir d’avoir découvert l’ambiance d’un club libertin et celle des coins câlins. Mais il existe aussi des personnes qui se satisfont pleinement de ce type de jeux, sans pénétration hors couple.
C’est ce que vivent Tara et John : « Au départ, nous étions très curieux sur tout ce qui touchait la sexualité....Lire la suite sur Union Cet article Le libertinage soft ? C’est possible avec le mélangisme et le côte-à-côtisme ! est apparu en premier sur Union.
On se demande trop peu souvent si on est plutôt une brouette bulgare ou un missionnaire à l'italienne. La réponse est ici.
Cet article Test — Organisez une soirée et découvrez quelle position sexuelle vous correspond est apparu en premier sur Madmoizelle.
Il existe des saints dites "sauroctones" (vainqueurs de dragons), dont le culte est associé aux gouffres, soit l'équivalent de systèmes digestifs ou reproducteurs. Ces saints sont invoqués pour les constipations, les accouchements et… les secrets traumatisants.
Les saints sauroctones (littéralement «tueurs de reptiles») les plus célèbres sont bien sûr St Michel ou St Georges, terrasseurs de dragons. Leur nom s’inscrit dans une tradition de héros qui, à l’instar d’Apollon, clouant à Delphes le Python, font triompher la lumière. En Occident, leur culte est souvent lié à des grottes dont les boyaux descendent profondément sous terre, dans des zones de montagne, de zones inondables ou de ravins : le sauroctone c’est avant tout celui qui fait sortir les démons des gouffres et qui fait la lumière sur les sujets enfouis. Il lutte contre le néant, contre les ténèbres.
Pour faciliter les expulsions
Parmi les saintes sauroctones, une des plus célèbres est Ste Marguerite qui fut avalée par un dragon avant dʼen déchirer le ventre en brandissant la croix. Parce qu’elle ressurgit indemne hors du ventre de l’animal, elle est souvent invoquée pour faciliter les accouchements. Comme elle, les saints sauroctones permettent de faire sortir les choses qui, autrement, resteraient coincées à l’intérieur. Sors de ce corps !
L’image la plus courante du sauroctone chrétien, c’est celle d’un ermite qui lève son bâton en direction du dragon habitant une grotte et qui lui intime – au nom de Dieu tout-puissant – de vider les lieux. Ce genre de saint est souvent associé à l’idée du bonheur, comme St Béat (un ermite de l’an 1000, qui vivait dans les grottes d’Interlaken) dont le nom évoque l’immense soulagement d’être «débarrassé». Exit le monstre serpentiforme qui «bouchait» les voies de transit. Chassé, le dragon qui empêchait l’accès aux trésors enfouis !
«Avoir consulté l’oracle de Trophonius»
A ce sujet, connaissez-vous l’expression «Avoir consulté l’oracle de Trophonius» ? Cette expression signifie : avoir l’air triste et abattu. Elle date d’un culte de la Grèce antique (en Béotie), attesté depuis au moins l’époque homérique (soit le 8e siècle avant Jésus-Christ). On dit que ceux qui avaient consulté l’oracle de Trophonius en remportaient un fond de tristesse que rien ne pouvait vaincre, et qu’ils conservaient le reste de leur vie. La raison en est qu’ls avaient dû descendre dans des boyaux étroits au cours d’un rituel claustrophobique effrayant les forçant à chercher une partie d’eux-mêmes… au fond d’un gouffre. Il n’est pas innocent de s’enfoncer dans l’abîme. Ni de se confronter aux serpents qui symbolisent les vérités que l’on tente d’ignorer.
Faire surgir la vérité…
Pour consulter l’oracle de Trophonius, s’il faut en croire Pausanias (Description de la Grèce, Livre IX, Béotie), il fallait tout d’abord aller sur une certaine montagne de Lébadie, puis descendre dans un puit au fond duquel se trouvait l’entrée d’une caverne étroite. Après avoir introduit ses jambes dans le goulot, en position allongée, il fallait prendre en main des gateaux de miel afin de nourrir les serpents qui vivaient dans la grotte. Un mécanisme alors se déclenchait. Le consultant était comme happé par le gouffre, tiré par les jambes : son corps «entraîné avec autant de violence et de rapidité» que l’est un homme par un tourbillon de fleuve. Il dévalait au fond «de l’antre secret» où lui étaient révélées des choses avant d’être littéralement recraché par l’ouverture du goulot. L’expérience était si terrifiante que ceux qui avaient consulté l’oracle en ressortait en état second.
… d’un trou (de mémoire)
Le traumatisme était comparable à celui d’une naissance. De fait, le culte de Trophonius était fortement associé à celui de Démeter (déesse de la terre fertile et du retour à la vie), considérée comme sa nourrice. Mais il y a plus et c’est ici que les choses deviennent vraiment intéressantes : les statues de Trophonius étaient ornées de serpents. Par ailleurs, avant de consulter son oracle, le croyant devait boire deux eaux : une eau d’oubli (léthé) pour oublier les préoccupations mondaines et une eau de mémoire (mnemosyne) pour bien se rappeler le message de l’oracle. Après avoir été expulsé du gouffre, il était d’ailleurs interrogé par les prêtres, afin qu’il rapporte exactement ce qu’il avait vu et entendu. Puis il était remis «encore tout épouvanté, entre les mains de ses amis». Pausanias affirme qu’au sortir du gouffre, la personne avait les traits si déformés par la terreur qu’il lui fallait plusieurs jours pour «recouvrer sa raison, ainsi que la faculté de rire».
L’inconscient et ses dangers
On ne consultait pas cet oracle à la légère. Pour comprendre le sens de ce rituel traumatique, il faut d’ailleurs remonter à la légende, telle que Pausanias la rapporte : Trophonius, illustre architecte, est celui qui construisit (avec son frère, Agamède) le temple d’Apollon à Delphes. Encore une histoire de serpent. Il était si connu pour ses talents de constructeur que le roi Hyrieus le chargea de construire un édifice pour ses trésors. Avec l’aide d’Agamède, Trophonius fit bâtir le bâtiment comme un coffre-fort. Mais les deux frères le conçurent avec un passage secret pour voler ses richesses. Chaque nuit, ils entraient dans l’édifice par ce passage connu d’eux seuls et prenaient de l’or. S’apercevant que ses richesses disparaissaient mystérieusement, Hyrieus fit installer un piège dans l’édifice. Agamède fut pris. Ne parvenant pas à le libérer, craignant d’être identifié par la faute de son frère, Trophonius lui trancha la tête pour l’emporter avec lui. C’est alors que la terre l’engloutit dans ses entrailles. Il sombra au fond du gouffre de Lébadie où se situe son oracle.
D’effrayantes épreuves
Quelques années plus tard, la Pythie de Delphes recommanda aux personnes qui cherchaient des réponses de s’adresser à l’esprit de Trophonius dont l’oracle devint réputé. Mais l’idée de glisser son corps dans un trou, puis de chuter dans les ténèbres en dissuadaient beaucoup. «Les séjours dans l’antre pouvaient durer un jour et une nuit; les incrédules ne revoyaient plus le jour. Les croyants entendaient parfois l’oracle ; revenus à la surface, ils étaient assis sur un siège nommé Mnémosyne, ils évoquaient les terribles impressions ressenties, dont ils resteraient frappés toute leur vie.»
Le passé ne peut s’oublier
Dans un beau texte, sur son blog dédié à la mythologie grecque, Europia propose une hypothèse séduisante que je me permets de citer : «Le complexe de Trophonius, qui tua son frère pour ne pas être reconnu coupable, est celui des personnes qui renient les réalités de leur passé, pour étouffer en elles un sentiment de culpabilité ; mais le passé inscrit au fond de leur être ne disparaît pas pour autant ; il continue de les tourmenter (serpents etc.) jusqu’au moment où elles acceptent de le reconnaître comme leur appartenant. La caverne symbolise l’exploration du moi intérieur, refoulé dans les profondeurs de l’inconscient.» S’il faut en croire Europia, le fratricide de Trophonius est une métaphore de ce que l’on veut tuer en soi et garder enfoui, inconscient ou invisible.
L’oracle de Trophonius se trouve aussi en Suisse ?
Détail intéressant : le culte de Trophonius se serait répandu en dehors de la Béotie. L’historien Karl Kerenyi, qui vécut dans les montagnes d’Ascona, en Suisse, aurait ainsi trouvé les vestiges d’un lieu de culte tout à fait insolite à Tegna : une citerne qui, semble-t-il, n’était pas destinée à recueillir de l’eau. Servait-elle de ventre maternel pour mourir et renaître ? Pour accueillir et expulser des souvenirs ?
.
CET ARTICLE FAIT PARTIE D’UN DOSSIER CONSACRE A MONTE VERITA : «Sors de ce trou !» ; «Monte Verita et la libération sexuelle» ; «Vivre d’amour et d’eau fraiche ?» ; «Otto Gross, baiseur en série ?» ; «Danse avec le diable» ; «Sexe, morphine et dadaisme», «Fidus, précurseur du flower power ?», etc
Il existe des saints dites "sauroctones" (vainqueurs de dragons), dont le culte est associé aux gouffres, soit l'équivalent de systèmes digestifs ou reproducteurs. Ces saints sont invoqués pour les constipations, les accouchements et… les secrets traumatisants.
Les saints sauroctones (littéralement «tueurs de reptiles») les plus célèbres sont bien sûr St Michel ou St Georges, terrasseurs de dragons. Leur nom s’inscrit dans une tradition de héros qui, à l’instar d’Apollon, clouant à Delphes le Python, font triompher la lumière. En Occident, leur culte est souvent lié à des grottes dont les boyaux descendent profondément sous terre, dans des zones de montagne, de zones inondables ou de ravins : le sauroctone c’est avant tout celui qui fait sortir les démons des gouffres et qui fait la lumière sur les sujets enfouis. Il lutte contre le néant, contre les ténèbres.
Pour faciliter les expulsions
Parmi les saintes sauroctones, une des plus célèbres est Ste Marguerite qui fut avalée par un dragon avant dʼen déchirer le ventre en brandissant la croix. Parce qu’elle ressurgit indemne hors du ventre de l’animal, elle est souvent invoquée pour faciliter les accouchements. Comme elle, les saints sauroctones permettent de faire sortir les choses qui, autrement, resteraient coincées à l’intérieur. Sors de ce corps !
L’image la plus courante du sauroctone chrétien, c’est celle d’un ermite qui lève son bâton en direction du dragon habitant une grotte et qui lui intime – au nom de Dieu tout-puissant – de vider les lieux. Ce genre de saint est souvent associé à l’idée du bonheur, comme St Béat (un ermite de l’an 1000, qui vivait dans les grottes d’Interlaken) dont le nom évoque l’immense soulagement d’être «débarrassé». Exit le monstre serpentiforme qui «bouchait» les voies de transit. Chassé, le dragon qui empêchait l’accès aux trésors enfouis !
«Avoir consulté l’oracle de Trophonius»
A ce sujet, connaissez-vous l’expression «Avoir consulté l’oracle de Trophonius» ? Cette expression signifie : avoir l’air triste et abattu. Elle date d’un culte de la Grèce antique (en Béotie), attesté depuis au moins l’époque homérique (soit le 8e siècle avant Jésus-Christ). On dit que ceux qui avaient consulté l’oracle de Trophonius en remportaient un fond de tristesse que rien ne pouvait vaincre, et qu’ils conservaient le reste de leur vie. La raison en est qu’ls avaient dû descendre dans des boyaux étroits au cours d’un rituel claustrophobique effrayant les forçant à chercher une partie d’eux-mêmes… au fond d’un gouffre. Il n’est pas innocent de s’enfoncer dans l’abîme. Ni de se confronter aux serpents qui symbolisent les vérités que l’on tente d’ignorer.
Faire surgir la vérité…
Pour consulter l’oracle de Trophonius, s’il faut en croire Pausanias (Description de la Grèce, Livre IX, Béotie), il fallait tout d’abord aller sur une certaine montagne de Lébadie, puis descendre dans un puit au fond duquel se trouvait l’entrée d’une caverne étroite. Après avoir introduit ses jambes dans le goulot, en position allongée, il fallait prendre en main des gateaux de miel afin de nourrir les serpents qui vivaient dans la grotte. Un mécanisme alors se déclenchait. Le consultant était comme happé par le gouffre, tiré par les jambes : son corps «entraîné avec autant de violence et de rapidité» que l’est un homme par un tourbillon de fleuve. Il dévalait au fond «de l’antre secret» où lui étaient révélées des choses avant d’être littéralement recraché par l’ouverture du goulot. L’expérience était si terrifiante que ceux qui avaient consulté l’oracle en ressortait en état second.
… d’un trou (de mémoire)
Le traumatisme était comparable à celui d’une naissance. De fait, le culte de Trophonius était fortement associé à celui de Démeter (déesse de la terre fertile et du retour à la vie), considérée comme sa nourrice. Mais il y a plus et c’est ici que les choses deviennent vraiment intéressantes : les statues de Trophonius étaient ornées de serpents. Par ailleurs, avant de consulter son oracle, le croyant devait boire deux eaux : une eau d’oubli (léthé) pour oublier les préoccupations mondaines et une eau de mémoire (mnemosyne) pour bien se rappeler le message de l’oracle. Après avoir été expulsé du gouffre, il était d’ailleurs interrogé par les prêtres, afin qu’il rapporte exactement ce qu’il avait vu et entendu. Puis il était remis «encore tout épouvanté, entre les mains de ses amis». Pausanias affirme qu’au sortir du gouffre, la personne avait les traits si déformés par la terreur qu’il lui fallait plusieurs jours pour «recouvrer sa raison, ainsi que la faculté de rire».
L’inconscient et ses dangers
On ne consultait pas cet oracle à la légère. Pour comprendre le sens de ce rituel traumatique, il faut d’ailleurs remonter à la légende, telle que Pausanias la rapporte : Trophonius, illustre architecte, est celui qui construisit (avec son frère, Agamède) le temple d’Apollon à Delphes. Encore une histoire de serpent. Il était si connu pour ses talents de constructeur que le roi Hyrieus le chargea de construire un édifice pour ses trésors. Avec l’aide d’Agamède, Trophonius fit bâtir le bâtiment comme un coffre-fort. Mais les deux frères le conçurent avec un passage secret pour voler ses richesses. Chaque nuit, ils entraient dans l’édifice par ce passage connu d’eux seuls et prenaient de l’or. S’apercevant que ses richesses disparaissaient mystérieusement, Hyrieus fit installer un piège dans l’édifice. Agamède fut pris. Ne parvenant pas à le libérer, craignant d’être identifié par la faute de son frère, Trophonius lui trancha la tête pour l’emporter avec lui. C’est alors que la terre l’engloutit dans ses entrailles. Il sombra au fond du gouffre de Lébadie où se situe son oracle.
D’effrayantes épreuves
Quelques années plus tard, la Pythie de Delphes recommanda aux personnes qui cherchaient des réponses de s’adresser à l’esprit de Trophonius dont l’oracle devint réputé. Mais l’idée de glisser son corps dans un trou, puis de chuter dans les ténèbres en dissuadaient beaucoup. «Les séjours dans l’antre pouvaient durer un jour et une nuit; les incrédules ne revoyaient plus le jour. Les croyants entendaient parfois l’oracle ; revenus à la surface, ils étaient assis sur un siège nommé Mnémosyne, ils évoquaient les terribles impressions ressenties, dont ils resteraient frappés toute leur vie.»
Le passé ne peut s’oublier
Dans un beau texte, sur son blog dédié à la mythologie grecque, Europia propose une hypothèse séduisante que je me permets de citer : «Le complexe de Trophonius, qui tua son frère pour ne pas être reconnu coupable, est celui des personnes qui renient les réalités de leur passé, pour étouffer en elles un sentiment de culpabilité ; mais le passé inscrit au fond de leur être ne disparaît pas pour autant ; il continue de les tourmenter (serpents etc.) jusqu’au moment où elles acceptent de le reconnaître comme leur appartenant. La caverne symbolise l’exploration du moi intérieur, refoulé dans les profondeurs de l’inconscient.» S’il faut en croire Europia, le fratricide de Trophonius est une métaphore de ce que l’on veut tuer en soi et garder enfoui, inconscient ou invisible.
L’oracle de Trophonius se trouve aussi en Suisse ?
Détail intéressant : le culte de Trophonius se serait répandu en dehors de la Béotie. L’historien Karl Kerenyi, qui vécut dans les montagnes d’Ascona, en Suisse, aurait ainsi trouvé les vestiges d’un lieu de culte tout à fait insolite à Tegna : une citerne qui, semble-t-il, n’était pas destinée à recueillir de l’eau. Servait-elle de ventre maternel pour mourir et renaître ? Pour accueillir et expulser des souvenirs ?
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CET ARTICLE FAIT PARTIE D’UN DOSSIER CONSACRE A MONTE VERITA : «Sors de ce trou !» ; «Monte Verita et la libération sexuelle» ; «Vivre d’amour et d’eau fraiche ?» ; «Otto Gross, baiseur en série ?» ; «Danse avec le diable» ; «Sexe, morphine et dadaisme», «Fidus, précurseur du flower power ?», etc
Alexandre Lacroix sort La Naissance d’un Père, aux éditions Allary. Il raconte dans ce roman-témoignage de près de 500 pages sa paternité, qui, comme il l’écrit, “est la grande affaire de sa vie adulte”. Son premier fils est né lorsqu’il avait 25 ans, et son dernier est né quand il avait 42 ans, et vous l’entendrez, il a été un père très impliqué.
Il raconte qu’avoir autant d’enfants n’a jamais été un objectif de vie, simplement c’est arrivé, comme il l’écrit si bien.
C’est un épisode d’Histoires de Darons un peu spécial, puisque pour la première fois, je savais déjà quasiment tout sur la paternité de mon invité, mais j’espère que, comme moi, vous trouverez le point de vue d’Alexandre sur la paternité passionnant. Et au fait, si vous souhaitez vous procurer son livre, n’hésitez pas à passer par ces liens au moment de commander, ils me permettent de gagner un peu d’argent grâce à l’affiliation.
Achetez La Naissance d’un Père (liens affiliés) :
À écouter aussi : Si vous voulez un autre Daron qui raconte sa paternité en livre, écoutez l’épisode de Jérôme Colin, sur son livre “Le Champ de Bataille”
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L’article Alexandre Lacroix, philosophe et romancier, raconte sa Naissance de Père est apparu en premier sur Histoires de Darons.