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Ateliers, soirées plus osées et même week-ends à la campagne, les évènements Chatonnade sont en train de conquérir le cœur des parisienne.s. Dans ces réunions d’un nouveau genre, s’assurer ouvertement du consentement de l’autre, est un passage obligé. Reportage Paris Derrière. Illustrations Clarence Les chatons sont câlins, aiment les caresses certes, mais ils ne se...(lire l'article)
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Depuis maintenant trois ans que la loi de 2016 pénalisant les clients est en place, tous les acteurs s’accordent pour dire que ses effets positifs se font toujours attendre.[1] Le nombre de travailleuses du sexe n’a pas diminué et l’exploitation des mineurs ainsi que la traite des êtres humains seraient au contraire en hausse.[2] L’attention se tourne désormais sur le travail sexuel via Internet puisqu’il est dorénavant admis que la majorité exerce par ce moyen de communication.
Le gouvernement et les prohibitionnistes annoncent vouloir lutter contre le « proxénétisme sur Internet » et une proposition de loi[3] de la députée de Paris, Laetitia Avia, contient un amendement CL93 visant à censurer les contenus illicites[4] au regard de l’infraction de « proxénétisme ». Cette proposition de loi déjà votée par l’Assemblée Nationale sera présentée courant décembre au Sénat.
Comme d’habitude, la lutte contre l’exploitation est amalgamée à la lutte contre le travail sexuel dans son ensemble. La définition du proxénétisme est en effet très large pour inclure toute « aide à la prostitution » ou « mise en relation » avec les clients. Cela signifie concrètement que tout site web d’annonces d’escortes est pénalement interdit.
Les prohibitionnistes prônent la « tolérance zéro » tout en sachant que pour chaque site web fermé, trois autres ouvrent à sa suite. Ils prétendent que cela permet de réduire les profits des « proxénètes » sans se soucier aucunement des conséquences sur les travailleuses du sexe en matière de sécurité et d’exploitation.
En réalité, les annonceurs savent depuis longtemps comment contourner ces interdits et s’en servent pour gagner plus d’argent sur notre dos. Ils sont hébergés administrativement à l’étranger, et pour les sites français, ils n’hésitent pas à censurer nos annonces régulièrement pour nous forcer à payer plusieurs fois le même service.
Tout comme la loi britannique visant à censurer l’accès à la pornographie sur Internet, la loi Avia semble mal partie pour s’attaquer réellement aux annonceurs et aux pratiques abusives de certains d’entre eux. Les pouvoirs de censure que cette loi donnera aux plateformes en ligne permettra surtout, sur le modèle des lois FOSTA/SESTA aux Etats-Unis[5], de s’attaquer aux travailleuses du sexe elles-mêmes. Celles-ci ont effet conduit à supprimer profils, comptes, blogs, utilisés par des escortes, camgirls/camboys et actrices/acteurs porno en ligne, et jusqu’à même des sites d’information et d’entraide.
Un an et demi après le vote quasi unanime de FOSTA/SESTA par le Congrès américain, les candidats démocrates à la présidentielle américaine s’accordent petit à petit pour dire que c’était une erreur. Cela n’a en rien permis de lutter contre la traite des êtres humains, mais seulement renforcé les pratiques d’exclusion et de censure, précarisant fortement les travailleuses du sexe, renvoyant plusieurs d’entre elles à la rue où elles se disent plus exposées à des agressions.
Il existe cependant d’autres solutions que d’aller toujours plus loin dans la prohibition, et d’autres sources d’inspiration que l’administration Trump. En Suisse francophone, par exemple, le gouvernement fédéral finance via les fonds de la police et du ministère de la santé un site d’annonces d’escortes en partenariat avec les associations Fleur de Pavé[6] et Aspasie[7], spécialisées dans l’accompagnement pour l’accès aux soins et aux services.
Le site « Call Me To Play »[8] est ainsi gratuit et libre d’accès, ce qui permet de ne plus avoir à payer des intermédiaires pour organiser ses rencontres avec les clients. Son but est également d’informer les travailleuses du sexe sur leurs droits, en particulier en cas d’agression, et de nouer des relations de confiance avec la police qui rappelle qu’elle finance ce projet pour améliorer leur sécurité et prévenir toute forme d’abus et d’exploitation.
Moins d’un an après son lancement, Call Me To Play tire déjà un bilan positif.[9] Il est plébiscité par les travailleuses du sexe et va être étendu à toute la Suisse en 2020. En France, le « projet Jasmine »[10] tente également de lutter contre les violences en mettant en place un système d’alerte par et pour les travailleuses du sexe. Malheureusement, il est totalement ignoré et ne reçoit aucun soutien financier de la part de la classe politique.
Avant d’ajouter une nouvelle catastrophe à celle de la loi de 2016, le gouvernement ferait mieux d’attendre son évaluation, toujours non publiée, et d’étudier d’autres voies, notamment celles présentées par les personnes concernées, plutôt que d’écouter toujours les mêmes associations chrétiennes et prohibitionnistes qui ne représenteront jamais nos intérêts.
Signatures :Nikita Bellucci
Emma Becker
Marianne Chargois, Travailleuse du sexe
Bertoulle Beaurebec, Actrice porno
Romy Alizée, Actrice Porno
Misungui Bordelle, Dominatrice et Actrice porno
Erika, Informaticienne et Travailleuse du sexe
Mademoisellex, Camgirl
Lullabyebye, Camgirl et Actrice Porno
Vera Flynn, Camgirl
Christine, Travailleuse du sexe
Petits Cochons, Webcammeurs
Esther Koimann, Travailleuse du sexe
Cybèle Lespérance, Travailleuse du sexe
Anaïs de Lenclos, Travailleuse du sexe
Amar, Travailleuse du sexe
Lyne Mary, Actrice X et Camgirl
Luth, TDS
Thierry Schaffauseur, Travailleur du sexe
Ira, TDS
Yanakilla, Pute et Camgirl
Lizzy, Camgirl, Modèle photo, TDS
Beryl Esbrayat, Travailleuse du sexe
Slamboy, Escort
Ambrose S T, Escorte
Reinette, Travailleuse du sexe
Julie, Escorte
Louisea, Travailleuse du sexe
Mlle Oscar, Travailleuse du sexe
Awen/Osmose, Travailleur du sexe
Moïra.C, Travailleuse du sexe
Giovanna, TDS
Mylène, TDS
The Girl Named B, Escort
Icy, Travailleuse du sexe (escorte/actrice porno)
Alya, Travailleuse du sexe
Juan Florian, Puta
Naomi, Escort
Cyan, Dominatrice
Nina, Escorte
Emilie Oups, Travailleuse du sexe
Sheherazade, Camgirl
Gummianne, Travailleuse du sexe
Leta, Escort
Impératrice Em’, Camgirl
Colbalt FTM, Travailleur du sexe
Lilou, Travailleur du sexe, Escort
Katie, Travailleuse du sexe
Inanna Justice, Dominatrice
Mia More, TDS
Annaturelle, Escort-girl
Manon, TDS
Amandine, Travailleuse du sexe
Satine, Escorte girl
Rosalie, Escorte de luxe
Maxime Maes, Travailleur du sexe
Mona et Lou, Travailleuses du sexe
Jonathan Kilnèj, Escort boy, Travailleur du sexe
Tan Polyvalence, Sex Educatrix
Elydios, Escort boy
Arianne, Travailleuse du sexe (pute)
Clavy Player, Travailleuse du sexe
Fleur, TDS
Alina, TDS
Luciel, Travailleur du sexe
TaPotePute, Travailleuse du sexe
Lisa, Travailleuse du sexe
Megan, Strip Teaseuse
Fred, TDS et Acteur porno
Fael, Accompagnant sexuel
Lucy, TDS
Mylène, Vendeuse en ligne (lingerie, vidéo, …)
Julie Holly, Ex Actrice porno
Ella, TDS
Lilitass, Camgirl
Opiid, Camgirl
Summer, Escort
DiscreteTe, Camgirl
Cléonice, TDS
Kiddo, Escorte
Rico Simmons, acteur de films adultes
Molly Jones, TDS
Bug Powder, escort
Pesha, Travailleuse du sexe
Mimi, Travailleuse du sexe
Kay Garnellen, Travailleur du sexe
Kima, Assistante sexuelle
Holly Marie, TDS
Molly Saint-Rose, Actrice porno
Mya Belladone, escort
Mirah Mord escort et actrice porn
Néo Maloness, escort
Alexis Tivoli, acteur porno
Lolito, Tds
Jess Ryan, acteur et producteur porno
Karim Citebeur – Realisateur
Ruben – CameraMen et Realisateur
Le 30 octobre dernier, le corps d’une escorte était retrouvé ligoté dans le Rhône. Début septembre, c’est le corps d’une travailleuse du sexe découpé en morceaux qui était retrouvé à Evian-les-Bains, en Savoie. En juin, une jeune femme roumaine était poignardée au Bois de Boulogne et son pronostic vital était fortement engagé. Nous ne savons pas si elle a survécu. En début d’année, deux autres travailleuses du sexe été assassinées. D’autres meurtres ont peut-être eu lieu sans que nous en ayons connaissance.
De toute évidence, les violences faites aux travailleuses du sexe ne se sont pas arrêtées avec la pénalisation des clients, bien au contraire. Pourquoi alors lorsque nous alertons sur l’augmentation des violences que nous subissons ne sommes-nous pas écoutées ? Pourquoi la parole des travailleuses du sexe est considérée comme systématiquement « biaisée » et jamais une preuve en soi ? Pourquoi l’augmentation des violences est-elle niée par ceux-là mêmes qui prétendent vouloir nous protéger ?
Nous sommes étonnées qu’au moment même où l’on s’intéresse aux féminicides et aux violences contre les femmes, les meurtres de travailleuses du sexe ou de femmes trans ne soient jamais comptés comme « féminicides ». Ne sommes-nous pas nous aussi des femmes ? Pourquoi nous séparer du reste de la classe des femmes ?
Nous interprétons cette séparation des violences de genre entre celles faites aux femmes mariées et celles faites aux putes comme une volonté de maintenir les travailleuses du sexe à part. Une partie du mouvement féministe a fait le choix stratégique d’assimiler toute forme de travail sexuel à une violence de genre et à une institution patriarcale à abolir, tandis que le couple hétérosexuel reste une institution légitime inattaquable.
Nous pensons au contraire nous situer dans le même continuum des rapports hétérosexuels que les autres femmes. Les maris des unes sont les clients des autres. Nous n’appelons cependant pas à abolir le couple hétérosexuel en le pénalisant. Cette stratégie punitive ne fonctionne pas et ce sont les femmes elles-mêmes qui se retrouvent le plus pénalisées par ces politiques.
Nous appelons en revanche à l’autodéfense, à la prévention et à la réduction des risques. Les travailleuses du sexe s’auto-organisent contre les violences, notamment au travers de cours d’autodéfense féministes, du système d’alerte Jasmine et pour l’accès au droit et à la justice. Nos initiatives ne sont malheureusement jamais soutenues car règne le dogme de l’abolitionnisme et de la « sortie de la prostitution » comme seule et unique réponse politique légitime.
Pourtant, les pouvoirs publics ont compris dans les années 1990 qu’il ne suffisait pas de « lutter contre la prostitution » pour lutter contre le SIDA, et qu’il fallait mettre en place des pratiques de réduction des risques et d’accompagnement à l’activité du travail sexuel.
En ce qui concerne la lutte contre les violences, il est temps que la classe politique comprenne qu’il ne suffit pas de nous exhorter à arrêter notre travail. En faisant cela, elle se rend au contraire coupable de blâmer les victimes, puisque si nous continuons d’exercer le travail sexuel, on nous explique que nous nous exposons nous-mêmes aux violences, et sans doute pensent-ils que nous les méritons.