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En plus d'être une amoureuse du sexe, Josée est un pur produit de la pop culture. Et quand son amour pour Pokémon se mêle à ses parties de jambes en l'air, ça mouille, et c'est drôle.
Cet article Josée l’obsédée éjacule comme Carapuce est apparu en premier sur madmoiZelle.com.
«On vous a trouvé la meilleure excuse pour regarder du porn : sauver les abeilles.» Lancée par Pornhub, la chaîne Beesexual propose des vidéos d’abeilles en train de butiner… Ces vidéos sont doublées par des pornstars.
Depuis le 22 avril (jour de la Terre), le site Pornhub, en partenariat avec l’agence publicitaire française BETC Pantin, fait campagne en faveur des abeilles par le moyen de l’humour décalé. Sur la chaîne Beesexual –jeu de mot sur bee (abeille) et bi– des vidéos d’hyménoptères sont visibles gratuitement. Pour chaque vidéo regardée, Pornhub s’engage à faire une donation à deux associations de défense des abeilles : Opération Honey Bee et Le Centre pour la Recherche sur les Abeilles. L’enjeu est de taille, ainsi que l’explique Corey Price, vice-président de Pornhub : «La plupart des plantes dépendent des pollinisateurs pour se reproduire. Malheureusement, les abeilles doivent maintenant lutter pour leur survie. Etant donné que nous avons 110 millions de visites par jour, nous pensons que toutes les personnes qui profitent de Pornhub pourraient peut-être participer à la sauvegarde d’une espèce si précieuse. C’est notre devoir de garantir que les abeilles puissent continuer à polliniser et à forniquer.»
«Une abeille trans se tape une fleur de cerisier timide»
Sur la chaîne Beesexual, les vidéos ont des titres parodiques : «Comment faire jouir une fleur en trois secondes», «Une domina dénudée donne la fessée à un hélianthème», «Les leçons coquines de prof. culbutineur», «La première baise à trois d’un couple poly-nisateur», «Maya l’abeille déflore toutes les vivaces au gode-ceinture»… Prises en macro, ces vidéos montrent les abeilles faire orgie de nectar, écarter les pétales, plonger leur trompe dans les pistils et s’enfoncer jusqu’au cou dans le pollen. Le doublage est assuré par des stars du porno gay, hétéro et queer (1) dont les dialogues (malheureusement non doublés) sont parfaitement parodiques. A défaut d’être excitant, c’est très drôle. Il arrive même, en regardant les vidéos, qu’on se sente gagné par la frénésie bourdonnante des abeilles. De fait, les butineuses sont souvent associées à l’érotisme. Pourquoi ?
La faute au miel
La faute au sucre, répond l’anthropologue Gilles Tétart : «la sensation gustative euphorisante procurée par les sucreries rappelle [les hommes] au souvenir d’une autre espèce de la jouissance…» Dans Le sang des fleurs, Gilles Tétart rappelle ce fait qu’en Occident, la gourmandise «a souvent fait l’objet d’une réprobation morale implicitement liée à la question du plaisir sexuel.» Presque rien ne sépare les lèvres du haut de celles du bas. Il suffit d’un coup d’oeil dans notre littérature érotique, dit l’anthropologue. Les fluides liées à la jouissance sont souvent comparés au miel. De même que le voyage de noces («lune de miel») durant lequel les jeunes mariés sont censés s’initier au plaisir. Il existe aussi un rapport direct entre la piqure d’abeille, le dard et l’érotisme. Un conte licencieux d’Aquitaine en témoigne : «La fille qui avait un essaim au cul». C’est l’histoire d’une jeune femme possédant plusieurs amants et dont le sexe est comparé à une ruche bourdonnante.
«La fille qui avait un essaim au cul»
«La Catinelle avait deux galants, le premier riche mais simple d’esprit le second pauvre mais dégourdi. Un jour, le dégourdi dit à l’autre : “Tu vas voir la Catinelle. Je t’avertis qu’elle a un essaim au cul. Moi, à aucun prix, je ne la prendrais.” L’imbécile courut aussitôt chez sa maîtresse pour savoir si c’était vrai. “Catinelle, dit-il, le bruit court que tu as un essaim au cul. Avant d’aller plus loin, il faut que je sache si c’est vrai.” “C’est bien facile, dit la Catinelle, tu n’as qu’à y mettre le nez, Prends garde seulement que les abeilles ne te piquent pas !”» Ce genre de conte n’est pas isolé. Il s’appuie sur une tradition datant de l’antiquité qui associe le plaisir à la peine : dans les Idylles de Théocrite (-315 - 250 av. J.-C), un conte nommé «le voleur de miel» raconte que Cupidon voulut un jour dérober les rayons d’une ruche et se fit piquer. Se plaignant qu’un aussi petit insecte procure une douleur si vive, il se plaignit à sa mère, Vénus, qui se moqua : «Toi-même mon fils, ne ressembles-tu pas à l’abeille ? Tu n’es qu’un enfant, mais quels maux ne fait pas ta blessure ?»
Le plaisir ne va pas sans souffrance
Vers 1525-1530, Lucas Cranach peint de nombreuses versions de cette histoire. Son tableau Vénus et Cupidon voleur de miel met en scène une femme nue au sourire narquois, sûre d’elle et pleine d’audace. Elle ignore superbement les plaintes du petit Cupidon. Il n’y a pas de miel sans venin. Ni de désir sans douleur. C’est à prendre ou à laisser.
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A LIRE : Le sang des fleurs. Une anthropologie de l’abeille et du miel, de Gilles Tétart, éditons Odile Jacob, 2004.
A VOIR : Rendez-vous sur la chaîne Beesexual sur Pornhub. Pour plus d’infos : www.beesexual.com
NOTE (1) : Abella Danger, Julia Ann, Brett Rossi, Charlotte Stokely, Kira Noir, Domino Presley, Dante Colle, Avery Black, Olivia Austin, Will Pounder, Stirling Cooper et Joanna Angel.
CET ARTICLE FAIT PARTIE D’UN DOSSIER «MIEL SEXUEL» : «L’érotisme de la cire : un rêve d’éternité ?» ; «Du porno (drôle) pour sauver les abeilles ?» ; «Ouranos et le fantasme de la castration» ; «Contre quoi donnerais-tu ta vie ?» ; «Sainte Rita et le miracle de l’épine».
«On vous a trouvé la meilleure excuse pour regarder du porn : sauver les abeilles.» Lancée par Pornhub, la chaîne Beesexual propose des vidéos d’abeilles en train de butiner… Ces vidéos sont doublées par des pornstars.
Depuis le 22 avril (jour de la Terre), le site Pornhub, en partenariat avec l’agence publicitaire française BETC Pantin, fait campagne en faveur des abeilles par le moyen de l’humour décalé. Sur la chaîne Beesexual –jeu de mot sur bee (abeille) et bi– des vidéos d’hyménoptères sont visibles gratuitement. Pour chaque vidéo regardée, Pornhub s’engage à faire une donation à deux associations de défense des abeilles : Opération Honey Bee et Le Centre pour la Recherche sur les Abeilles. L’enjeu est de taille, ainsi que l’explique Corey Price, vice-président de Pornhub : «La plupart des plantes dépendent des pollinisateurs pour se reproduire. Malheureusement, les abeilles doivent maintenant lutter pour leur survie. Etant donné que nous avons 110 millions de visites par jour, nous pensons que toutes les personnes qui profitent de Pornhub pourraient peut-être participer à la sauvegarde d’une espèce si précieuse. C’est notre devoir de garantir que les abeilles puissent continuer à polliniser et à forniquer.»
«Une abeille trans se tape une fleur de cerisier timide»
Sur la chaîne Beesexual, les vidéos ont des titres parodiques : «Comment faire jouir une fleur en trois secondes», «Une domina dénudée donne la fessée à un hélianthème», «Les leçons coquines de prof. culbutineur», «La première baise à trois d’un couple poly-nisateur», «Maya l’abeille déflore toutes les vivaces au gode-ceinture»… Prises en macro, ces vidéos montrent les abeilles faire orgie de nectar, écarter les pétales, plonger leur trompe dans les pistils et s’enfoncer jusqu’au cou dans le pollen. Le doublage est assuré par des stars du porno gay, hétéro et queer (1) dont les dialogues (malheureusement non doublés) sont parfaitement parodiques. A défaut d’être excitant, c’est très drôle. Il arrive même, en regardant les vidéos, qu’on se sente gagné par la frénésie bourdonnante des abeilles. De fait, les butineuses sont souvent associées à l’érotisme. Pourquoi ?
La faute au miel
La faute au sucre, répond l’anthropologue Gilles Tétart : «la sensation gustative euphorisante procurée par les sucreries rappelle [les hommes] au souvenir d’une autre espèce de la jouissance…» Dans Le sang des fleurs, Gilles Tétart rappelle ce fait qu’en Occident, la gourmandise «a souvent fait l’objet d’une réprobation morale implicitement liée à la question du plaisir sexuel.» Presque rien ne sépare les lèvres du haut de celles du bas. Il suffit d’un coup d’oeil dans notre littérature érotique, dit l’anthropologue. Les fluides liées à la jouissance sont souvent comparés au miel. De même que le voyage de noces («lune de miel») durant lequel les jeunes mariés sont censés s’initier au plaisir. Il existe aussi un rapport direct entre la piqure d’abeille, le dard et l’érotisme. Un conte licencieux d’Aquitaine en témoigne : «La fille qui avait un essaim au cul». C’est l’histoire d’une jeune femme possédant plusieurs amants et dont le sexe est comparé à une ruche bourdonnante.
«La fille qui avait un essaim au cul»
«La Catinelle avait deux galants, le premier riche mais simple d’esprit le second pauvre mais dégourdi. Un jour, le dégourdi dit à l’autre : “Tu vas voir la Catinelle. Je t’avertis qu’elle a un essaim au cul. Moi, à aucun prix, je ne la prendrais.” L’imbécile courut aussitôt chez sa maîtresse pour savoir si c’était vrai. “Catinelle, dit-il, le bruit court que tu as un essaim au cul. Avant d’aller plus loin, il faut que je sache si c’est vrai.” “C’est bien facile, dit la Catinelle, tu n’as qu’à y mettre le nez, Prends garde seulement que les abeilles ne te piquent pas !”» Ce genre de conte n’est pas isolé. Il s’appuie sur une tradition datant de l’antiquité qui associe le plaisir à la peine : dans les Idylles de Théocrite (-315 - 250 av. J.-C), un conte nommé «le voleur de miel» raconte que Cupidon voulut un jour dérober les rayons d’une ruche et se fit piquer. Se plaignant qu’un aussi petit insecte procure une douleur si vive, il se plaignit à sa mère, Vénus, qui se moqua : «Toi-même mon fils, ne ressembles-tu pas à l’abeille ? Tu n’es qu’un enfant, mais quels maux ne fait pas ta blessure ?»
Le plaisir ne va pas sans souffrance
Vers 1525-1530, Lucas Cranach peint de nombreuses versions de cette histoire. Son tableau Vénus et Cupidon voleur de miel met en scène une femme nue au sourire narquois, sûre d’elle et pleine d’audace. Elle ignore superbement les plaintes du petit Cupidon. Il n’y a pas de miel sans venin. Ni de désir sans douleur. C’est à prendre ou à laisser.
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A LIRE : Le sang des fleurs. Une anthropologie de l’abeille et du miel, de Gilles Tétart, éditons Odile Jacob, 2004.
A VOIR : Rendez-vous sur la chaîne Beesexual sur Pornhub. Pour plus d’infos : www.beesexual.com
NOTE (1) : Abella Danger, Julia Ann, Brett Rossi, Charlotte Stokely, Kira Noir, Domino Presley, Dante Colle, Avery Black, Olivia Austin, Will Pounder, Stirling Cooper et Joanna Angel.
CET ARTICLE FAIT PARTIE D’UN DOSSIER «MIEL SEXUEL» : «L’érotisme de la cire : un rêve d’éternité ?» ; «Du porno (drôle) pour sauver les abeilles ?» ; «Ouranos et le fantasme de la castration» ; «Contre quoi donnerais-tu ta vie ?» ; «Sainte Rita et le miracle de l’épine».
«Venez fabriquer votre propre bougie de massage !». Du 13 au 16 juillet, le festival parisien Erosphère propose (parmi bien d’autres ateliers sexuels) une initiation à la cire fondue et aux secondes peaux de lubrifiant huileux. Laissez-vous embaumer?
«Le festival des sexualités créatives a été victime de son succès cette année : les tickets sont partis en moins de deux heures.» Eve de Candaulie –auteure de plusieurs livres consacrés aux amours plurielles– se réjouit cependant : il reste des places dans l’atelier qu’elle organise, sur les «bougies de massage DIY». Il reste aussi –dans le Erosphère Off– plusieurs événements gratuits (un Forum, une Erosticauserie), des spectacles cabarets, un vide-grenier kinky et deux ateliers à la carte… «Le programme est en ligne et je vous recommande de réserver dès maintenant» invite Eve, qui décrit ainsi le programme de son atelier : «Vous avez toujours rêvé de jouer avec les bougies quand vous étiez enfant ? Ce rêve peut enfin devenir réalité et SAFE.»
Trempez-la dans l’huile
«Les bougies de massages sont faites avec des ingrédients spécialement prévus pour que la cire soit chaude mais pas brûlante. Eh oui, les bougies à basse température permettent de pouvoir verser le liquide sur le corps de votre partenaire pour servir d’huile de massage sans risque de brûlure. Vous pourrez même mettre votre doigt dans la cire fondue… C’est magique, onctueux et tellement ludique.» Composées de cire de soja (ou d’abeille), de beurre de cacao (ou de karité) et d’huile de coco parfois agrémentée de chocolat blanc, les bougies de massage à basse température présentent l’avantage d’être très hydratantes. La bougie en se liquéfiant coule sur le corps de la personne massée. «On joue à s’enduire, à se découvrir, à se caresser, se lécher», explique Eve qui recommande d’étaler l’huile en un film lubrifiant très fin, appliqué de façon homogène «avec la paume bien à plat sur le corps de son ou sa partenaire». Erotisme de l’embaumement ?
Les saintes plongées dans l’amour
L’imaginaire des statues de cire rôde autour des jeux à la bougie et il flotte comme un parfum mystique autour de ces corps oints. Se faire enduire, c’est comme communier dans l’extase avec les belles saintes, mortes en odeur de sainteté. Elles ne pourriront jamais. Toutes les choses plongées dans l’huile, de même, deviennent incorruptibles. Dans Le sang des fleurs, l’anthropologue Gilles Tétart note que le miel et la cire aussi rendent les corps imputrescibles, de même que la propolis, excrétée par les abeilles: «On trouve parfois dans les ruches des petits rongeurs incrustés dans les rayons de cire et dont le corps est enduit d’une fine couche de propolis qui empêche la putréfaction. Si l’on dégage l’animal de son enveloppe, on le trouve entièrement intact et desséché, ce qui n’est pas sans rappeler le procédé de la momification humaine.»
Les abeilles productrices de miel sont sans sexe
En Occident, les abeilles embaumeuses sont d’ailleurs fortement associées à l’image des vierges chastes, préservées de toute souillure symbolique. Celles qui produisent le miel sont stériles de naissance et meurent sans avoir jamais connu de rapport sexué. Mieux : elles ne se posent que sur des choses qui sentent bon. Leur nourriture, parfumée, exclut tout ce qui se corrompt. Dès l’antiquité, les observateurs notent qu’il n’existe aucune matière fécale dans les ruches, comme si leur corps était l’alambic permettant de changer le «sang des fleurs» en substances protectrices. «Le miel est reconnu depuis longtemps comme un antiseptique résorbant la nécrose et concourant à la recomposition tissulaire, vertus que Porphyre n’a pas manqué de rappeler. Le miel qui est “la nourriture des dieux” est “formé de vertus variées, tant celle de purifier que de conserver : grâce au miel beaucoup de choses deviennent incorruptibles et les plaies anciennes sont nettoyées par le miel”.»
Se faire laquer d’huiles et d’aromates
Les bougies de massage partagent avec le miel et la cire ces vertus symboliques : elles recouvrent le corps d’un filtre miroitant, qui met le corps comme à distance du monde corrompu. Elles permettent de jouer avec l’idée d’une mort dans l’éternité (1). S’abandonner aux caresses des onguents aromatiques, c’est –de façon plus ou moins consciente– jouer à devenir un «corps de gloire» et s’offrir, par anticipation, le plaisir de renaître dans une peau gorgée de beurre et de miel.
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QUESTIONS A EVE DE CANDAULIE
Après avoir enduit son corps en faisant fondre sur soi une bougie de massage, qu’est-on censé faire ? Dans quel type d’environnement prônez-vous le massage à la bougie ?
On peut utiliser une serviette de bain pour une séance longue avec une exploration intégrale du corps du bout des pieds au sommet du crâne. Mais ce n’est pas obligatoire, par exemple, si l’on joue dans le mouvement. Je préfère envisager les massages comme une danse à deux (ou plusieurs), où la personne qui est massée bouge au gré de ses envies et de la connexion avec la personne qui masse. Les bougies de massage que l’on va fabriquer lors de l’Erosphère off peuvent être utilisées sur les parties génitales externes sans danger. Elles peuvent aussi être une bonne alternatives au wax play (jeu de cire) classique, où l’on dépose goutte à goutte de la bougie sur le corps de son ou sa partenaire. La cire des bougies de massage s’étale ensuite facilement et nourrit la peau grâce à l’huile de coco et le beurre de karité. Et si, vous en faites tomber sur le parquet, ça le nourrira également ! C’est testé et approuvé.
Pour l’Erosphère, nous allons faire un format de bougie facile à utiliser, dans des petites tasses à café avec anse ou des verres à pied à liqueur, dénichés lors de grande Chasse au trésor kinky, organisée le dimanche matin avant l’atelier. C’est vraiment un cercle vertueux.
Après une séance de bougie de massage, peut-on remettre ses vêtements ou faut-il se nettoyer ? Comment fait-on pour enlever tout ce gras (parfois mélangé de cire) qui recouvre le corps ?
Je conseillerai de prendre une douche chaude et de laver son corps au savon. Avec une simple huile d’abricot, vous pourriez remettre vos vêtements, mais effectivement comme il s’agit d’un mélange de cire et d’huile, cela peut être désagréable. Mais, cela dépend de la zone massée, et du ressenti de chacun. Il n’y a pas vraiment de risque non plus à enfiler ses vêtements après, sans passer par la case douche.
Qu’est-ce qui vous a amenée à vous intéresser aux bougies de massage ?
J’ai fait mon premier cours de cosmétique bio il y a sept ans, et j’ai été stupéfaite par la simplicité des recettes proposées. C’est plus difficile de réussir une tarte tatin que de fabriquer un baume à lèvres. Quand les ingrédients n’impliquent pas l’ajout d’une substance aqueuse, ça se conserve très bien. C’est très safe. Donc, j’ai commencé à fabriquer mes propres pains de massages et bougies de massage. La base est la même, les proportions et la température de fusion des cires est différente. Je trouve ça simple à réaliser en fait et assez peu démocratisé. J’adore l’Erosphère, son ambiance inclusive, et je trouve ça chouette de proposer cette année ce DIY, à la portée de toutes et tous.
Votre parcours semble très marqué par la recherche de bien-être, de soins enveloppants, de caresses. Comment expliquez-vous ce besoin ?
Je suis hédoniste et d’un naturel très curieux. Mon être est un tout : un esprit, un corps, des émotions. J’aime vivre des expériences, me connecter à d’autres personnes de façon authentique. J’ai quand même eu une période de ma vie de femme qui a été un déclic, où j’ai eu envie d’être pleinement connectée à l’énergie en moi : c’est quand j’ai été enceinte. Et depuis, ça m’est resté. J’adore les échanges de massages, le libertinage, le bdsm, le polyamour, la peinture, la photographie, la sculpture, l’écriture, la cosmétique bio, et même le tricot...
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FESTIVAL Erosphère 2019, du 13 au 21 juillet 2019. (Erosphère OFF : du 13 au 16, Erosphère IN : du 18 au 21)
A LIRE : Le sang des fleurs. Une anthropologie de l’abeille et du miel, de Gilles Tétart, Odile Jacob, 2004.
NOTE 1 : Certains Celtes étaient enduits d’hydromel (boisson au miel) ce qui les préservait des insectes nécrophages. Cette forme «d’embaumement au miel» est avérée dans le cas d’une tombe à char dont Juliette Cazes dévoile ici les images, dans une vidéo, passionnante. Juliette Cazes est la créatrice d’une chaîne d’information YouTube intitulée Le Bizarreum dédiée à la mort, aux reliques, aux nécropoles, aux faits divers «creepy», à la thanatopraxie, etc. Juliette a aussi créé un compte sur Twitter et sur Internet
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POUR EN SAVOIR PLUS : «OVNISex : l’inconnus suscite souvent la curiosité» ; «M’assoir sur toi : agréable ? excitant ?» ; «Peut-on vainre la jalousie ?» ; «La méditation clitoridienne rend-elle heureux?» ; «Transe-formez-vous en bête de sexe» «Le silence est-il d’or ou de plomb ?» ; «La peau : un organe à orgasme» ; «Le charme discret du latex liquide»; «Faites-vous tirer le portrait XY» ; «Club Fight, version sexe : apprendre à se battre» ; «Je ne suis pas celle que vous croyez»
CET ARTICLE FAIT PARTIE D’UN DOSSIER «MIEL SEXUEL» : «L’érotisme de la cire : un rêve d’éternité ?» ; «Du porno (drôle) pour sauver les abeilles ?» ; «Ouranos et le fantasme de la castration» ; «Contre quoi donnerais-tu ta vie ?» ; «Sainte Rita et le miracle de l’épine».
«Venez fabriquer votre propre bougie de massage !». Du 13 au 16 juillet, le festival parisien Erosphère propose (parmi bien d’autres ateliers sexuels) une initiation à la cire fondue et aux secondes peaux de lubrifiant huileux. Laissez-vous embaumer?
«Le festival des sexualités créatives a été victime de son succès cette année : les tickets sont partis en moins de deux heures.» Eve de Candaulie –auteure de plusieurs livres consacrés aux amours plurielles– se réjouit cependant : il reste des places dans l’atelier qu’elle organise, sur les «bougies de massage DIY». Il reste aussi –dans le Erosphère Off– plusieurs événements gratuits (un Forum, une Erosticauserie), des spectacles cabarets, un vide-grenier kinky et deux ateliers à la carte… «Le programme est en ligne et je vous recommande de réserver dès maintenant» invite Eve, qui décrit ainsi le programme de son atelier : «Vous avez toujours rêvé de jouer avec les bougies quand vous étiez enfant ? Ce rêve peut enfin devenir réalité et SAFE.»
Trempez-la dans l’huile
«Les bougies de massages sont faites avec des ingrédients spécialement prévus pour que la cire soit chaude mais pas brûlante. Eh oui, les bougies à basse température permettent de pouvoir verser le liquide sur le corps de votre partenaire pour servir d’huile de massage sans risque de brûlure. Vous pourrez même mettre votre doigt dans la cire fondue… C’est magique, onctueux et tellement ludique.» Composées de cire de soja (ou d’abeille), de beurre de cacao (ou de karité) et d’huile de coco parfois agrémentée de chocolat blanc, les bougies de massage à basse température présentent l’avantage d’être très hydratantes. La bougie en se liquéfiant coule sur le corps de la personne massée. «On joue à s’enduire, à se découvrir, à se caresser, se lécher», explique Eve qui recommande d’étaler l’huile en un film lubrifiant très fin, appliqué de façon homogène «avec la paume bien à plat sur le corps de son ou sa partenaire». Erotisme de l’embaumement ?
Les saintes plongées dans l’amour
L’imaginaire des statues de cire rôde autour des jeux à la bougie et il flotte comme un parfum mystique autour de ces corps oints. Se faire enduire, c’est comme communier dans l’extase avec les belles saintes, mortes en odeur de sainteté. Elles ne pourriront jamais. Toutes les choses plongées dans l’huile, de même, deviennent incorruptibles. Dans Le sang des fleurs, l’anthropologue Gilles Tétart note que le miel et la cire aussi rendent les corps imputrescibles, de même que la propolis, excrétée par les abeilles: «On trouve parfois dans les ruches des petits rongeurs incrustés dans les rayons de cire et dont le corps est enduit d’une fine couche de propolis qui empêche la putréfaction. Si l’on dégage l’animal de son enveloppe, on le trouve entièrement intact et desséché, ce qui n’est pas sans rappeler le procédé de la momification humaine.»
Les abeilles productrices de miel sont sans sexe
En Occident, les abeilles embaumeuses sont d’ailleurs fortement associées à l’image des vierges chastes, préservées de toute souillure symbolique. Celles qui produisent le miel sont stériles de naissance et meurent sans avoir jamais connu de rapport sexué. Mieux : elles ne se posent que sur des choses qui sentent bon. Leur nourriture, parfumée, exclut tout ce qui se corrompt. Dès l’antiquité, les observateurs notent qu’il n’existe aucune matière fécale dans les ruches, comme si leur corps était l’alambic permettant de changer le «sang des fleurs» en substances protectrices. «Le miel est reconnu depuis longtemps comme un antiseptique résorbant la nécrose et concourant à la recomposition tissulaire, vertus que Porphyre n’a pas manqué de rappeler. Le miel qui est “la nourriture des dieux” est “formé de vertus variées, tant celle de purifier que de conserver : grâce au miel beaucoup de choses deviennent incorruptibles et les plaies anciennes sont nettoyées par le miel”.»
Se faire laquer d’huiles et d’aromates
Les bougies de massage partagent avec le miel et la cire ces vertus symboliques : elles recouvrent le corps d’un filtre miroitant, qui met le corps comme à distance du monde corrompu. Elles permettent de jouer avec l’idée d’une mort dans l’éternité (1). S’abandonner aux caresses des onguents aromatiques, c’est –de façon plus ou moins consciente– jouer à devenir un «corps de gloire» et s’offrir, par anticipation, le plaisir de renaître dans une peau gorgée de beurre et de miel.
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QUESTIONS A EVE DE CANDAULIE
Après avoir enduit son corps en faisant fondre sur soi une bougie de massage, qu’est-on censé faire ? Dans quel type d’environnement prônez-vous le massage à la bougie ?
On peut utiliser une serviette de bain pour une séance longue avec une exploration intégrale du corps du bout des pieds au sommet du crâne. Mais ce n’est pas obligatoire, par exemple, si l’on joue dans le mouvement. Je préfère envisager les massages comme une danse à deux (ou plusieurs), où la personne qui est massée bouge au gré de ses envies et de la connexion avec la personne qui masse. Les bougies de massage que l’on va fabriquer lors de l’Erosphère off peuvent être utilisées sur les parties génitales externes sans danger. Elles peuvent aussi être une bonne alternatives au wax play (jeu de cire) classique, où l’on dépose goutte à goutte de la bougie sur le corps de son ou sa partenaire. La cire des bougies de massage s’étale ensuite facilement et nourrit la peau grâce à l’huile de coco et le beurre de karité. Et si, vous en faites tomber sur le parquet, ça le nourrira également ! C’est testé et approuvé.
Pour l’Erosphère, nous allons faire un format de bougie facile à utiliser, dans des petites tasses à café avec anse ou des verres à pied à liqueur, dénichés lors de grande Chasse au trésor kinky, organisée le dimanche matin avant l’atelier. C’est vraiment un cercle vertueux.
Après une séance de bougie de massage, peut-on remettre ses vêtements ou faut-il se nettoyer ? Comment fait-on pour enlever tout ce gras (parfois mélangé de cire) qui recouvre le corps ?
Je conseillerai de prendre une douche chaude et de laver son corps au savon. Avec une simple huile d’abricot, vous pourriez remettre vos vêtements, mais effectivement comme il s’agit d’un mélange de cire et d’huile, cela peut être désagréable. Mais, cela dépend de la zone massée, et du ressenti de chacun. Il n’y a pas vraiment de risque non plus à enfiler ses vêtements après, sans passer par la case douche.
Qu’est-ce qui vous a amenée à vous intéresser aux bougies de massage ?
J’ai fait mon premier cours de cosmétique bio il y a sept ans, et j’ai été stupéfaite par la simplicité des recettes proposées. C’est plus difficile de réussir une tarte tatin que de fabriquer un baume à lèvres. Quand les ingrédients n’impliquent pas l’ajout d’une substance aqueuse, ça se conserve très bien. C’est très safe. Donc, j’ai commencé à fabriquer mes propres pains de massages et bougies de massage. La base est la même, les proportions et la température de fusion des cires est différente. Je trouve ça simple à réaliser en fait et assez peu démocratisé. J’adore l’Erosphère, son ambiance inclusive, et je trouve ça chouette de proposer cette année ce DIY, à la portée de toutes et tous.
Votre parcours semble très marqué par la recherche de bien-être, de soins enveloppants, de caresses. Comment expliquez-vous ce besoin ?
Je suis hédoniste et d’un naturel très curieux. Mon être est un tout : un esprit, un corps, des émotions. J’aime vivre des expériences, me connecter à d’autres personnes de façon authentique. J’ai quand même eu une période de ma vie de femme qui a été un déclic, où j’ai eu envie d’être pleinement connectée à l’énergie en moi : c’est quand j’ai été enceinte. Et depuis, ça m’est resté. J’adore les échanges de massages, le libertinage, le bdsm, le polyamour, la peinture, la photographie, la sculpture, l’écriture, la cosmétique bio, et même le tricot...
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FESTIVAL Erosphère 2019, du 13 au 21 juillet 2019. (Erosphère OFF : du 13 au 16, Erosphère IN : du 18 au 21)
A LIRE : Le sang des fleurs. Une anthropologie de l’abeille et du miel, de Gilles Tétart, Odile Jacob, 2004.
NOTE 1 : Certains Celtes étaient enduits d’hydromel (boisson au miel) ce qui les préservait des insectes nécrophages. Cette forme «d’embaumement au miel» est avérée dans le cas d’une tombe à char dont Juliette Cazes dévoile ici les images, dans une vidéo, passionnante. Juliette Cazes est la créatrice d’une chaîne d’information YouTube intitulée Le Bizarreum dédiée à la mort, aux reliques, aux nécropoles, aux faits divers «creepy», à la thanatopraxie, etc. Juliette a aussi créé un compte sur Twitter et sur Internet
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POUR EN SAVOIR PLUS : «OVNISex : l’inconnus suscite souvent la curiosité» ; «M’assoir sur toi : agréable ? excitant ?» ; «Peut-on vainre la jalousie ?» ; «La méditation clitoridienne rend-elle heureux?» ; «Transe-formez-vous en bête de sexe» «Le silence est-il d’or ou de plomb ?» ; «La peau : un organe à orgasme» ; «Le charme discret du latex liquide»; «Faites-vous tirer le portrait XY» ; «Club Fight, version sexe : apprendre à se battre» ; «Je ne suis pas celle que vous croyez»
CET ARTICLE FAIT PARTIE D’UN DOSSIER «MIEL SEXUEL» : «L’érotisme de la cire : un rêve d’éternité ?» ; «Du porno (drôle) pour sauver les abeilles ?» ; «Ouranos et le fantasme de la castration» ; «Contre quoi donnerais-tu ta vie ?» ; «Sainte Rita et le miracle de l’épine».
Sept femmes se livrent sur le corps d'une Reine à une étrange cérémonie. Des cuisses de leur idole, une substance se met à couler… Intitulé “Nectar”, le court-métrage érotique de Lucile Hadzihalilovic pose la question : pour quoi sommes-nous prêts à nous sacrifier ?
Derrière un mur, un jardin fleuri. Dans une chambre hexagonale, une femme se réveille : c’est la Reine, entourée de servantes qui la nourrissent, la lavent et la coiffent avec soin. Au fil d’un rituel parfaitement rodé, Reine abandonne son corps à sept d’entre elles... «Sept bouches, quatorze mains, soixante-dix doigts experts» entreprennent de toucher son corps. Il se met, brusquement, à exsuder une liqueur dorée que les servantes recueillent à l’aide de spatules. Le temps passe. Une abeille entre par la fenêtre d’une tour de béton, dans un ensemble urbain à très haute densité. Un couple s’unit dans la lumière bleue de cette nécropole industrielle. Un pot de miel se trouve au pied du lit.
Le film s’intitule Nectar
La réalisatrice, Lucile Hadzihalilovic, est connue pour avoir tourné deux fables fantastiques (dans tous les sens du terme) : Innocence (2004) et Évolution (2015). Innocence se situe dans un centre d’éducation, réservé aux petites filles, au coeur d’une forêt mystérieuse entourée d’un haut mur.
Évolution se déroule sur une île peuplée de femmes mutantes où les petits garçons servent de cobayes en vue d’expérimentations.
Dans les films de Lucile, le monde n’est qu’un laboratoire peuplé d’êtres soumis à des protocoles cruels et qui tentent de survivre. Nectar obéit à la même logique : il montre une Reine prisonnière de sa ruche. Elle n’a été sélectionnée qu’en vue de produire le précieux nectar. Elle n’a pas le droit de sortir du jardin.
Le monde : un laboratoire pour l’évolution
Condamnée à subir l’expérience quotidienne de la traite, jusqu’au jour fatal où… devenue improductive… la Reine incarne cette forme de renoncement qui consiste, pour la plupart d’entre nous, à sacrifier notre vie au profit d’une «structure abstraite qui nous dépasse». C’est ainsi que le formule François J. Bonnet, dans un petit ouvrage percutant, bouleversant, dont le titre aurait parfaitement pu s’appliquer au film de Lucile : Après la mort (éditions de l’éclat, 2017). Dans cet «essai sur l’envers du présent», François J. Bonnet explique : pour conjurer la peur de la mort, nous ne cessons de nous sacrifier.
Les vies humaines sont faites d’abnégation
Se sacrifier, dit-il, «c’est se faire soldat et offrir sa vie à sa patrie, c’est partir au feu pour tenter de sauver les vies […]. Mais c’est tout autant, de manière plus dissimulée, consumer son temps et se tuer à la tâche pour contribuer à l’expansion de l’entreprise qui nous engage, asservissant à long terme son propre devenir à celui d’une structure abstraite qui nous dépasse.» Nous nous sacrifions pour la patrie, pour une cause, pour un groupe, pour une firme, peu importe. Si nous nous sacrifions c’est toujours pour une structure dont la dimension nous excède et qui continuera d’exister après notre mort. C’est en tout cas ce que nous espérons : qu’elle nous survive et, ce faisant, que nous puissions survivre à travers elle.
Ma vie contre une après-mort : marché de dupe ?
Un seul problème, souligne François J. Bonnet : l’espérance d’éternité est bien souvent confiée à des structures qui nous survivent à peine. Parfois nous nous sacrifions pour une patrie qui nous conspue, une fois la guerre perdue. Nous sommes mort en héros, mais nous laissons la mémoire d’un monstre. Parfois, nous mourons pour une compagnie qui fait faillite. Ou pour une cause qui s’avère nuisible. Le pire, c’est que nous croyons toujours bien faire en nous sacrifiant, et parfois même nous n’avons même pas conscience de nous sacrifier. Nous nous moquons de la reine des abeilles, enfermée dans sa ruche, qui s’exténue à pondre des milliers de larves. Mais nous sommes nous-mêmes prêts à mourir de stress ou d’ennui pour… quoi au juste ?
«Ce que la société poursuit, c’est l’Éternité»
Se sacrifier, se rendre sacré, c’est conjurer la mort en se jetant de toutes ses forces dans un projet ou dans un monde si possible infini, sans limites, afin de faire corps avec lui. «Se sacrifier, c’est ainsi agir de manière littéralement absurde», se moque François J. Bonnet, qui note pourtant que ce marché de dupe (donner sa force et sa jeunesse en échange d’une éternité symbolique) constitue «l’acte fondateur de nombreuses civilisations.» Il se pourrait bien, d’ailleurs, qu’aucune société au monde ne soit autre chose qu’un dispositif permettant aux individus de négocier leur vie (finie) en échange d’un espoir (d’infini). «Ce que la société poursuit, c’est l’Éternité. Elle enrôle dans cette quête l’ensemble des hommes qui la compose, leur fait croire à l’illimité de leur existence, de leur pouvoir»…
Le miel et les abeilles
On pourrait trouver cela aberrant ou irrationnel. Mais nous sommes prêts à tout pour obtenir cette part d’éternité symbolique. Ce que le film de Lucile Hadzihalilovic démontre avec une grande économie de moyen : le miel produit par les abeilles est une substance imputrescible. Comme la semence masculine. Si la Reine se sacrifie, c’est pour la production de ce miel qui symbolise en Occident une voie d’accès possible à l’immortalité. Dans la mythologie grecque, le miel entre dans la composition du nectar et de l’ambroisie, qui sont les nourritures des dieux. Même chose chez les Celtes, avec l’hydromel. Les dieux ne peuvent se nourrir que d’un breuvage dont la substance se résorbe littéralement dans la forme de leur corps, sans produire aucun déchet. Parce que les dieux ne digèrent pas. Parce que les dieux n’excrètent pas. Ils ne font pas l’expérience de la pourriture. Heureux dieux. Nous n’aspirons qu’à être comme eux. Nous serions prêts à donner notre vie pour ça.
Des saintes qui n’allaient plus aux toilettes ? La suite au prochain article.
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A VOIR : Le court-métrage Nectar se trouve en bonus sur le DVD du film Évolution, édité par Potemkine.
A LIRE : Après la mort, Essai sur l’envers du présent, de François J. Bonnet, éditions de l’éclat, 2017.
CET ARTICLE FAIT PARTIE D’UN DOSSIER «MIEL SEXUEL» : «L’érotisme de la cire : un rêve d’éternité ?» ; «Du porno (drôle) pour sauver les abeilles ?» ; «Ouranos et le fantasme de la castration» ; «Contre quoi donnerais-tu ta vie ?» ; «Sainte Rita et le miracle de l’épine».
Merci à Saskia Walentowitz
Sept femmes se livrent sur le corps d'une Reine à une étrange cérémonie. Des cuisses de leur idole, une substance se met à couler… Intitulé “Nectar”, le court-métrage érotique de Lucile Hadzihalilovic pose la question : pour quoi sommes-nous prêts à nous sacrifier ?
Derrière un mur, un jardin fleuri. Dans une chambre hexagonale, une femme se réveille : c’est la Reine, entourée de servantes qui la nourrissent, la lavent et la coiffent avec soin. Au fil d’un rituel parfaitement rodé, Reine abandonne son corps à sept d’entre elles... «Sept bouches, quatorze mains, soixante-dix doigts experts» entreprennent de toucher son corps. Il se met, brusquement, à exsuder une liqueur dorée que les servantes recueillent à l’aide de spatules. Le temps passe. Une abeille entre par la fenêtre d’une tour de béton, dans un ensemble urbain à très haute densité. Un couple s’unit dans la lumière bleue de cette nécropole industrielle. Un pot de miel se trouve au pied du lit.
Le film s’intitule Nectar
La réalisatrice, Lucile Hadzihalilovic, est connue pour avoir tourné deux fables fantastiques (dans tous les sens du terme) : Innocence (2004) et Évolution (2015). Innocence se situe dans un centre d’éducation, réservé aux petites filles, au coeur d’une forêt mystérieuse entourée d’un haut mur.
Évolution se déroule sur une île peuplée de femmes mutantes où les petits garçons servent de cobayes en vue d’expérimentations.
Dans les films de Lucile, le monde n’est qu’un laboratoire peuplé d’êtres soumis à des protocoles cruels et qui tentent de survivre. Nectar obéit à la même logique : il montre une Reine prisonnière de sa ruche. Elle n’a été sélectionnée qu’en vue de produire le précieux nectar. Elle n’a pas le droit de sortir du jardin.
Le monde : un laboratoire pour l’évolution
Condamnée à subir l’expérience quotidienne de la traite, jusqu’au jour fatal où… devenue improductive… la Reine incarne cette forme de renoncement qui consiste, pour la plupart d’entre nous, à sacrifier notre vie au profit d’une «structure abstraite qui nous dépasse». C’est ainsi que le formule François J. Bonnet, dans un petit ouvrage percutant, bouleversant, dont le titre aurait parfaitement pu s’appliquer au film de Lucile : Après la mort (éditions de l’éclat, 2017). Dans cet «essai sur l’envers du présent», François J. Bonnet explique : pour conjurer la peur de la mort, nous ne cessons de nous sacrifier.
Les vies humaines sont faites d’abnégation
Se sacrifier, dit-il, «c’est se faire soldat et offrir sa vie à sa patrie, c’est partir au feu pour tenter de sauver les vies […]. Mais c’est tout autant, de manière plus dissimulée, consumer son temps et se tuer à la tâche pour contribuer à l’expansion de l’entreprise qui nous engage, asservissant à long terme son propre devenir à celui d’une structure abstraite qui nous dépasse.» Nous nous sacrifions pour la patrie, pour une cause, pour un groupe, pour une firme, peu importe. Si nous nous sacrifions c’est toujours pour une structure dont la dimension nous excède et qui continuera d’exister après notre mort. C’est en tout cas ce que nous espérons : qu’elle nous survive et, ce faisant, que nous puissions survivre à travers elle.
Ma vie contre une après-mort : marché de dupe ?
Un seul problème, souligne François J. Bonnet : l’espérance d’éternité est bien souvent confiée à des structures qui nous survivent à peine. Parfois nous nous sacrifions pour une patrie qui nous conspue, une fois la guerre perdue. Nous sommes mort en héros, mais nous laissons la mémoire d’un monstre. Parfois, nous mourons pour une compagnie qui fait faillite. Ou pour une cause qui s’avère nuisible. Le pire, c’est que nous croyons toujours bien faire en nous sacrifiant, et parfois même nous n’avons même pas conscience de nous sacrifier. Nous nous moquons de la reine des abeilles, enfermée dans sa ruche, qui s’exténue à pondre des milliers de larves. Mais nous sommes nous-mêmes prêts à mourir de stress ou d’ennui pour… quoi au juste ?
«Ce que la société poursuit, c’est l’Éternité»
Se sacrifier, se rendre sacré, c’est conjurer la mort en se jetant de toutes ses forces dans un projet ou dans un monde si possible infini, sans limites, afin de faire corps avec lui. «Se sacrifier, c’est ainsi agir de manière littéralement absurde», se moque François J. Bonnet, qui note pourtant que ce marché de dupe (donner sa force et sa jeunesse en échange d’une éternité symbolique) constitue «l’acte fondateur de nombreuses civilisations.» Il se pourrait bien, d’ailleurs, qu’aucune société au monde ne soit autre chose qu’un dispositif permettant aux individus de négocier leur vie (finie) en échange d’un espoir (d’infini). «Ce que la société poursuit, c’est l’Éternité. Elle enrôle dans cette quête l’ensemble des hommes qui la compose, leur fait croire à l’illimité de leur existence, de leur pouvoir»…
Le miel et les abeilles
On pourrait trouver cela aberrant ou irrationnel. Mais nous sommes prêts à tout pour obtenir cette part d’éternité symbolique. Ce que le film de Lucile Hadzihalilovic démontre avec une grande économie de moyen : le miel produit par les abeilles est une substance imputrescible. Comme la semence masculine. Si la Reine se sacrifie, c’est pour la production de ce miel qui symbolise en Occident une voie d’accès possible à l’immortalité. Dans la mythologie grecque, le miel entre dans la composition du nectar et de l’ambroisie, qui sont les nourritures des dieux. Même chose chez les Celtes, avec l’hydromel. Les dieux ne peuvent se nourrir que d’un breuvage dont la substance se résorbe littéralement dans la forme de leur corps, sans produire aucun déchet. Parce que les dieux ne digèrent pas. Parce que les dieux n’excrètent pas. Ils ne font pas l’expérience de la pourriture. Heureux dieux. Nous n’aspirons qu’à être comme eux. Nous serions prêts à donner notre vie pour ça.
Des saintes qui n’allaient plus aux toilettes ? La suite au prochain article.
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A VOIR : Le court-métrage Nectar se trouve en bonus sur le DVD du film Évolution, édité par Potemkine.
A LIRE : Après la mort, Essai sur l’envers du présent, de François J. Bonnet, éditions de l’éclat, 2017.
CET ARTICLE FAIT PARTIE D’UN DOSSIER «MIEL SEXUEL» : «L’érotisme de la cire : un rêve d’éternité ?» ; «Du porno (drôle) pour sauver les abeilles ?» ; «Ouranos et le fantasme de la castration» ; «Contre quoi donnerais-tu ta vie ?» ; «Sainte Rita et le miracle de l’épine».
Merci à Saskia Walentowitz
Tu as des histoires, des anecdotes de sexe qui font marrer tes potes (ou que tu n'oses pas leur raconter ?) Et si tu (te) racontais sous la plume de Josée L'Obsédée ?
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