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** Happy 2015 **
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Picture by Tim Swallow
Vu sur La Planète du sexe, Erika Sauw
Longue nouvelle d’Erika Sauw, dont j’avais beaucoup apprécié le texte Zone d’expérimentation sexuelle, La Planète du sexe narre l’enlèvement d’un jeune homme machiste, Mathieu, par une femme extraterrestre qui lui fait découvrir le sort réservé aux hommes sur sa planète. Le Terrien devient un numéro, un sex-toy de compagnie avant de… De l’humour là encore, […]
Cet article provient de Littérature érotique
Vu sur Sex and the TV, Octavie Delvaux
Deux ans après la publication de Sex in the kitchen, Octavie Delvaux publie un nouveau roman, suite du premier opus. Du vichy en couverture et des silhouettes, comme pour Sex in the kitchen. Deux ans, c’est justement le temps qui s’est écoulé entre la fin du précédent roman où Charlotte concrétise enfin ses rêves en […]
Cet article provient de Littérature érotique
L’affaire avait provoqué un tollé. En décembre dernier, des dizaines d’hommes avaient vu débarquer les forces de l’ordre dans un hammam du Caire. Motif de l’arrestation: «débauche», terme employé pour les actes homosexuels, qui ne sont pas explicitement interdits en Egypte. Ce qui avait aussi soulevé l’indignation, c’est la dénonciation de l’établissement par la journaliste Mona Iraqi. La femme, nous l’avons appris par la suite, était liée au festival bernois Shnit. Embarras. Elle a été virée.
Dieu est grand!
Dans le box des accusés, les 26 hommes ont crié leur joie lorsque la justice les a acquittés. Leur avocat, Ahmed Hossam a exprimé son soulagement: «Enfin, un tribunal égyptien prononce un verdict conforme à la loi dans une affaire de ce genre», rapporte l’AFP. Pour rappel, plusieurs hommes se sont fait condamner par la justice égyptienne des derniers mois, pour débauche et atteinte aux bonnes mœurs.
Quant à la journaliste, qui s’était targuée d’avoir dénoncé l’établissement à la police, elle risque à présent d’être poursuivie à son tour par les clients du hammam.
Check out my new indie books, Filthy Housewives and December’s Holiday Kink (Amazon)
Thank you to our Australian sponsor and friends, Bright Desire.
Thank you to our sponsor, Nubile Films.
Image above via: Victoria’s Secret Swim 2015, part 1 (fashionising.com)
Thank you to our French sponsor, Dorcel Club.
Illustration : Aletheia – Femmes encrées (2014)
L’énergie de vie – énergie sexuelle peut se capter, se manifester, s’expérimenter de plusieurs façons. Imaginons un chaudron de liquide or jaune orangé obtenu depuis une source inépuisable, et qui serait au niveau de votre bassin… Qu’en feriez-vous ? Peut-être que vous ne saviez pas que vous aviez ce creuset précieux en vous ? Comment l’utiliseriez-vous ? Sentez-vous, à chaque instant cette sève circuler en vous ?
Dans le corps, mais pas que sexuellement…
L’activité immédiate à laquelle on pense automatiquement est l’activité sexuelle physique stimulant directement lecorps. Avec les rapports sexuels la prise en main s’opère in vivo, on semble en plein « dans la marmite dorée » bordée de coussins avec un(e) partenaire qu’on espère très expert(e)… La <masturbation solitaire>< http://cabinetsdecuriosites.fr/au-fond-des-choses/chroniques-amour-et-sexualite/le-plaisir-solitaire-feminin/ >est un terrain d’expérimentation essentiel pour pratiquer et explorer la circulation de cette énergie dans son propre corps. Si les préoccupations du quotidien ont atténué la saveur de l’expérience sexuelle, on peut ritualiser ces moments consacrés au plaisir de l’âme et du corps. Des techniques de méditation et de respiration peuvent aider à la relaxation, au recentrage dans le moment présent, à l’exploration intérieure des ressentis du corps pour améliorer sa relation à l’autre comme à soi.
Par le toucher, la tendresse comme la douceur parviennentà créer un climat pour être en réception dans la sécurité et la bienveillance. Que ce soit dans l’intimité avec préliminaires à deux, des massages par une tierce personne, des câlins simples avec nos proches ou de l’auto-massage avec une huile. Ils nous aident à sentir notre corps, à l’aimer et à accepter d’être aimée, d’accueillir en confiance avec l’autre.
Être présent et sentir son corps en mouvement est une très belle façon aussi de sentir ce fluide en nous. La danse sur une piste bondée ou dans un cours (la danse africaine, orientale, latina sont intéressantes pour les mouvements de bassin et l’enracinement dans le rythme) comme les sports dynamiques, voire offensifs (footing autour d’un lac, sport collectif, arts martiaux..) offrent de belles occasions de suer et de faire circuler l’énergie. Pour les adeptes de calme, le yoga, le qi gong ou la randonnée en forêt allieront un mouvement plus énergétique et recentrant. Cependant, zero prétexte pour ne pas bouger (sauf problèmes de santé) car les tâches du quotidien (ménage, jardinage, travaux…), monter descendre les escaliers, porter quelques courses, faire de la gym douce chez vous avec youtube (et dans les bonnes postures), danser sur votre playlist vous permettront aussi de transpirer.
Observez votre quotidien et voyez donc toutes les occasions de sentir votre corps en mouvement !
Qu’est ce qui me stimule dans mon imagination, me donne envie… de me projeter ?
L’imagination semble avoir un rôle important chez les femmes. L’inspiration sexuelle est exactement comme l’inspiration artistique. Sans curiosité naturelle, ni ouverture aux stimuli sensoriels on ne peut explorer en profondeur son univers érotique à soi. D’où la possibilité d’être plus réceptive (sans tout accepter bien sûr), juste pouvoir se laisser traverser par les stimulations sensorielles qui parlent directement au corps et à cette partie animale du cerveau qui dit « oui oui oui » face à une rencontre « alchimique » (un parfum de peau, un détail visuel, une voix qui rassure, une saveur, un regard : tout simplement l’énergie de la présence de la personne).
Même si beaucoup de ces contacts réels ne mènent pas à une concrétisation immédiate ou future, ces moments furtifs vont nourrir un certain imaginaire du désir, et proposent à votre énergie sexuelle des projections et scénarios utiles pour construire vos références, dessiner aussi de nouvelles formes d’expression et d’envisager des cadres d’échanges*.
Le point commun entre une balconnière, une salade et un chemisier ?
Cette énergie vivante est aussi source de créativité. Elle nous guide quand nous manifestons du nouveau pour célébrer la beauté, aider le vivant, se lancer… Cela peut se matérialiser par une activité artistique ou manuelle, trouver des solutions, mettre en place quelque chose qui n’existait pas… « Ai-je donc mis de l’énergie sexuelle sans le savoir dans ces graines qui poussent dans la balconnière ? Cette salade thaïlandaise que je réussis enfin ? Les boutons enfin recousus de mon chemisier?… » La réponse est oui, car vous êtes allée dans le sens d’un quotidien plus fluide qui va faciliter la circulation de l’énergie de vie. Les graines entretenues avec soin se sont transformées en fleurs, la salade est un délice de saveurs à partager et avec votre chemisier ressuscité, votre tenue se pare d’une nouvelle harmonie.
Quand on pose des actes concrets avec une reconnaissance de nos potentialités, on agit pour l’estime de soi. S’aimer soi est la condition essentielle pour la circulation de l’énergie sexuelle, l’énergie de vie. Si je m’aime, j’ai la conviction que je peux agir selon des choix de cœur, guidée par ce qui me fait vibrer véritablement, que je suis aidée et surtout, j’ai la pleine conviction que je mérite ce dont je rêve pour combler ma vie de joies innombrables, dont fait partie la sexualité. Ainsi j’attire ce qui est bon pour moi.
N’hésitez pas à observer les formes multiples que cette énergie prend dans votre vie. Elle est forcément là, puisque vous respirez par cette énergie vivante à chaque instant, se montrant de mille façons. Parfois visible en extérieur, parfois invisible de l’intérieur, mais toujours en mouvement. Faites confiance en votre intuition pour manifester ce qui est une des plus belles expressions du vivant en vous.
Car après avoir pleinement contacté en conscience cette énergie sexuelle, l’étape suivante sera de la faire circuler en harmonie et équilibre aussi avec les autres…
A bientôt !
*Ces cadres d’échange sont essentiels à définir, car ils posent les limites sur ce qu’on le désire ou pas, accepte ou pas. Cependant faites bien évidemment confiance en vos expériences vécues pour confirmer ou ajuster ces cadres sur le terrain.
The post Comment puis-je ressentir mon énergie sexuelle ? appeared first on Le Cabinet de Curiosité Féminine.
This makeup fashion shoot is really hot, and I like the makeup too. The models are Samantha Gradoville and Holly Rose, shot by Donna Trope for Under The Influence (Magazine).
Content copyright © 2013 Violet Blue ® (R) permitted for use on tinynibbles.com only.Dans un ouvrage initiatique mêlé d’érudition, un «professeur de philosophie» raconte son parcours physique et mental dans les méandres d’une pratique sexuelle honnie : le fist fucking. Cette pratique serait née dans un club au nom révélateur : Les Catacombes. Tout comme le christianisme?
Comme pour «mieux jouir de la nouveauté formidable du présent», on se berce toujours d’illusions, pensant être les premiers, les pionniers de pratiques sexuelles inouïes… Mais l’illusion selon laquelle l’histoire se déroulerait suivant le fil d’un progrès constant, nous éloignant d’ancêtres forcément barbares et ignares ne tient pas l’épreuve de la réalité.
Dans un livre à la fois philosophique et masturbatoire – Fist, aux éditions La Découverte –, celui qui se cache sous le nom de Marco Vidal, «professeur de philosophie et romancier», nous entraîne avec lui dans une enquête portant sur l’illusion du «progrès». Sa réflexion s’appuie sur une pratique encore peu connue du grand public, fortement décriée, condamnée. Et pour cause : le fist-fucking ne serait sorti de l’ombre que dans les années 70. La doxa veut que cette pratique ait vu le jour au XXe siècle. Elle serait née dans un club de San Francisco, Les Catacombes, surnommé par l’anthropologue Gayle Rubin le «Temple du trou du cul». «La première fois que j’entendis parler des Catacombes, ce nom éveilla en moi les images de ces souterrains peuplés de tombes de la Rome antique, où les premiers chrétiens se réfugiaient pour échapper à la persécution de l’État et pratiquer leur religion hors la loi aussi secrètement qu’il leur était possible».
Marco Vidal se prend de passion pour le sujet… Citant Gayle Rubin, il raconte : au départ des Catacombes, il n’y avait qu’un «nid d’amour» aux allures de caveau. C’était le boudoir cuir et acier d’un gay, Steve Fritscher et de son amant. Ils avaient aménagé le sous-sol d’un bel immeuble qu’ils habitaient au sud de la 21e rue puis l’avaient agrandi afin d’y convier des amis ou amis d’amis, suivant le système strict du parrainage. «Pour être invité aux soirées, il fallait être sur la liste de Steve. Pour être sur la liste de Steve, il fallait être recommandé par une de ses connaissances, et souvent il fallait également passer un entretien.» L’activité de ce club avait commencé le 7 mai 1975. Cette année même, Steve avait imposé la présence d’une amante bisexuelle, Cynthia Slater, qui rapidement y fit venir ses amies. Le club était donc mixte. Chaque vendredi, dès 1979, l’activiste Pat Califia investissait les lieux pour des soirées exclusivement réservées aux femmes… auxquelles Steve et un amant assistaient. Le fist n’était donc, dès le départ, pas réservé aux gays. C’était au contraire une pratique réunissant tous les sexes et tous les styles de sexualité. Il suffisait d’avoir une main et un cerveau pour la pratiquer.
C’est ici que Marco Vidal s’interroge : s’il suffit d’une main et d’un cerveau, comment se fait-il que le fist n’ait vu le jour qu’au XXe siècle ? «Selon moult commentateurs, le philosophe et historien français à l’origine de l’opinion que le fist fucking serait l’unique contribution des modernes à l’arsenal sexuel serait… Michel Foucault en personne.» Marco Vidal décide de vérifier. Avant les Catacombes, n’existait-il pas d’autres clubs ? Avant ces autres clubs, n’existait-il pas déjà des hommes et des femmes adeptes du fist ? «Le fist fucking ne figure pas dans le rapport Kinsey de 1948 et il faut attendre les années 1960 et la création du TAIL [Total Anal Involvement League, Ligue pour l’engagement total dans le cul, NdA] pour qu’un groupe de 1 500 personnes revendique sa pratique aux États-Unis. L’anthropologue Gayle Rubin reprend l’affirmation, suivie par l’helléniste et théoricien queer David Halperin. Deux lignes auront suffi à populariser l’idée – pour ne pas dire le dogme – que le fist fucking serait d’invention récente. Aucune source n’atteste la pratique dans le passé : rien sur les cratères grecs, les estampes orientales, les gravures licencieuses, la photographie du XIXe siècle. La main dans le cul jaillit entre la côte Est et la côte Ouest des États-Unis à une époque guère éloignée de la nôtre…».
Marco Vidal n’a pas la prétention de faire mieux que les historiens, mais il retrouve cependant les traces possibles de pratiques proches du fist dans des documents anciens. «Il ne s’agit pas de révéler ce qui aurait été caché, précise-t-il avec délicatesse, pas davantage de substituer une vérité à une vérité. […] Car ce qui est vrai d’une époque l’est de toutes, chaque fragment du passé étant susceptible de révéler des lignes occultées par les formes mieux connues qui occupaient le devant de la scène.» Laissant «battre le cœur vivant de l’histoire, jamais aussi univoque qu’on veut bien le croire», Marco Vidal cite un texte du Marquis de Sade qui parle d’une main enfoncée «jusqu’au poignet» dans un anus (La Philosophie dans le boudoir, 1795). Il cite aussi des ouvrages médicaux (1838, 1877, etc.) évoquant des massages d’un genre particulier… Il mentionne au passage les effrayantes descriptions d’empalement dont les détails à faire frémir flirtent avec l’érotisme… Tous ces éléments glanés au fil de sa recherche pourraient laisser penser qu’après tout, oui, Foucault avait tort. Mais Marco Vidal, encore une fois, s’interroge… avec infiniment de doigté.
Le fist n’est pas forcément réductible à l’acte d’enfoncer 5 doigts au-delà des dernières phalanges, dit-il. Il se peut en effet que le fist soit bien autre chose que l’insertion anale-génitale d’une main (au lieu d’un godemiché ou d’un pénis). C’est ici que sa réflexion devient véritablement lumineuse… Ce qui, en matière de fist, peut sembler paradoxal ne l’est pas, au contraire. Pour Marco Vidal, la sexualité va bien au-delà des figures de style corporelles. On ne peut pas résumer une pratique sexuelle en termes d’emboîtements d’organes et d’orifices. C’est pourquoi, balayant d’un revers toutes ses recherches, il conclut que finalement, oui, Foucault avait probablement raison… Ou presque.
Au XXe siècle, l’acte de fister correspond non pas au désir de procurer un équivalent manuel de la pénétration génitale mais à celui, inédit, de «franchir le sphincter», dit-il. «Franchir le sphincter, c’est pousser la porte d’une forge formidable, un foyer à la chaleur infernale. Introduite aux marges de l’anus, la main est déjà à hauteur du thorax, mais ce n’est pas le cœur battant qu’elle étreint, c’est un rameau de l’aorte qui irrigue le rectum. Aucune cage ne retient cet oiseau sauvage. Sa pulsation affolée n’interrompt jamais la course qui l’emporte».
Michel Foucault, y voit une nouveauté radicaleMarco Vidal devient lyrique. Il décrit «le bouillonnement des parois artérielles, tendues comme par une érection» que l’on peut tenir au bout de sa main, comme si l’on serrait dans son poing l’autre – homme ou femme – livré à cette «caresse intérieure»… De ce point de vue-là, oui, le fist apparaît bien comme une pratique nouvelle : il n’existe, semble-t-il, aucun texte érotique évoquant le plaisir du point de vue de la main. Lorsque, dans les années 1960, les premier(e)s adeptes du fist évoquent leur plaisir en tant que «plongée charnelle», c’est «un événement improbable, dont rien ne semble préluder l’inversion de signe. Pas étonnant que Michel Foucault y ait vu une nouveauté radicale».
Mais… rebondissant sur une ultime question, le livre s’achève en posant la question : se peut-il que les premiers chrétiens aient eu la conscience, avant nous, de ce plaisir ? Les catacombes, alors, n’auraient pas été celles de San Francisco… Avant elle, il y aurait eu les souterrains de ces cités antiques où des vivants dissimulaient leurs pratiques, en chantant des textes comme, peut-être, celui-ci, Le Cantique des cantiques…
Je suis endormie et mon cœur est éveillé
La voix de mon ami qui frappe
ouvre-moi ma sœur mon amour
ma colombe ma merveille parce que
ma tête est pleine de rosée
mes boucles des gouttes de nuit.
[…]
Mon ami a tendu sa main par l’ouverture
et mon ventre était en tumulte à cause de lui.
«Ainsi parlent les strophes trois et cinq du cinquième Cantique des cantiques», conclut Marco Vidal qui consacre à ces derniers vers une exégèse… pour le moins troublante. «La main a le poids d’une chose et la liberté d’une métaphore, et bourgeonne d’images où se déplie le suspens jamais brisé du désir : l’homme avance, ouvre la porte, caresse la peau, pénètre la femme aimée».
Fist, de Marco Vidal, aux éditions La Découverte.
Mon bien-aimé a passé la main par la fenêtre, Et mes entrailles se sont émues pour lui. (Louis Second)
Mon bien-aimé a avancé sa main par le trou de la porte, et mes entrailles ont été émues à cause de lui. (Martin)
Mon bien-aimé a avancé sa main par le guichet, et mes entrailles se sont émues à cause de lui. (Darby)
Mon bien-aimé a avancé sa main par le trou de la porte et mes entrailles se sont émues pour lui. (Ostervald)
Mon bien-aimé alors a étendu sa main par la fenêtre, et mon sein en a frémi. (Renan)
Mon amant lance sa main par le trou ; mes boyaux se bouleversent pour lui. (Chouraqui)
À Lire également : Gayle RUBIN, Surveiller et jouir. Anthropologie politique du sexe, traduit de l’anglais (États-Unis) par Flora Bolter, Christophe Broqua, Nicole-Claude Mathieu et Rostom Mesli, textes réunis et édités par Rostom Mesli, Paris, EPEL, 2010.
Illustration : Robert Mapplethorpe
Dans un ouvrage initiatique mêlé d’érudition, un «professeur de philosophie» raconte son parcours physique et mental dans les méandres d’une pratique sexuelle honnie : le fist fucking. Cette pratique serait née dans un club au nom révélateur : Les Catacombes. Tout comme le christianisme?
Comme pour «mieux jouir de la nouveauté formidable du présent», on se berce toujours d’illusions, pensant être les premiers, les pionniers de pratiques sexuelles inouïes… Mais l’illusion selon laquelle l’histoire se déroulerait suivant le fil d’un progrès constant, nous éloignant d’ancêtres forcément barbares et ignares ne tient pas l’épreuve de la réalité.
Dans un livre à la fois philosophique et masturbatoire – Fist, aux éditions La Découverte –, celui qui se cache sous le nom de Marco Vidal, «professeur de philosophie et romancier», nous entraîne avec lui dans une enquête portant sur l’illusion du «progrès». Sa réflexion s’appuie sur une pratique encore peu connue du grand public, fortement décriée, condamnée. Et pour cause : le fist-fucking ne serait sorti de l’ombre que dans les années 70. La doxa veut que cette pratique ait vu le jour au XXe siècle. Elle serait née dans un club de San Francisco, Les Catacombes, surnommé par l’anthropologue Gayle Rubin le «Temple du trou du cul». «La première fois que j’entendis parler des Catacombes, ce nom éveilla en moi les images de ces souterrains peuplés de tombes de la Rome antique, où les premiers chrétiens se réfugiaient pour échapper à la persécution de l’État et pratiquer leur religion hors la loi aussi secrètement qu’il leur était possible».
Marco Vidal se prend de passion pour le sujet… Citant Gayle Rubin, il raconte : au départ des Catacombes, il n’y avait qu’un «nid d’amour» aux allures de caveau. C’était le boudoir cuir et acier d’un gay, Steve Fritscher et de son amant. Ils avaient aménagé le sous-sol d’un bel immeuble qu’ils habitaient au sud de la 21e rue puis l’avaient agrandi afin d’y convier des amis ou amis d’amis, suivant le système strict du parrainage. «Pour être invité aux soirées, il fallait être sur la liste de Steve. Pour être sur la liste de Steve, il fallait être recommandé par une de ses connaissances, et souvent il fallait également passer un entretien.» L’activité de ce club avait commencé le 7 mai 1975. Cette année même, Steve avait imposé la présence d’une amante bisexuelle, Cynthia Slater, qui rapidement y fit venir ses amies. Le club était donc mixte. Chaque vendredi, dès 1979, l’activiste Pat Califia investissait les lieux pour des soirées exclusivement réservées aux femmes… auxquelles Steve et un amant assistaient. Le fist n’était donc, dès le départ, pas réservé aux gays. C’était au contraire une pratique réunissant tous les sexes et tous les styles de sexualité. Il suffisait d’avoir une main et un cerveau pour la pratiquer.
C’est ici que Marco Vidal s’interroge : s’il suffit d’une main et d’un cerveau, comment se fait-il que le fist n’ait vu le jour qu’au XXe siècle ? «Selon moult commentateurs, le philosophe et historien français à l’origine de l’opinion que le fist fucking serait l’unique contribution des modernes à l’arsenal sexuel serait… Michel Foucault en personne.» Marco Vidal décide de vérifier. Avant les Catacombes, n’existait-il pas d’autres clubs ? Avant ces autres clubs, n’existait-il pas déjà des hommes et des femmes adeptes du fist ? «Le fist fucking ne figure pas dans le rapport Kinsey de 1948 et il faut attendre les années 1960 et la création du TAIL [Total Anal Involvement League, Ligue pour l’engagement total dans le cul, NdA] pour qu’un groupe de 1 500 personnes revendique sa pratique aux États-Unis. L’anthropologue Gayle Rubin reprend l’affirmation, suivie par l’helléniste et théoricien queer David Halperin. Deux lignes auront suffi à populariser l’idée – pour ne pas dire le dogme – que le fist fucking serait d’invention récente. Aucune source n’atteste la pratique dans le passé : rien sur les cratères grecs, les estampes orientales, les gravures licencieuses, la photographie du XIXe siècle. La main dans le cul jaillit entre la côte Est et la côte Ouest des États-Unis à une époque guère éloignée de la nôtre…».
Marco Vidal n’a pas la prétention de faire mieux que les historiens, mais il retrouve cependant les traces possibles de pratiques proches du fist dans des documents anciens. «Il ne s’agit pas de révéler ce qui aurait été caché, précise-t-il avec délicatesse, pas davantage de substituer une vérité à une vérité. […] Car ce qui est vrai d’une époque l’est de toutes, chaque fragment du passé étant susceptible de révéler des lignes occultées par les formes mieux connues qui occupaient le devant de la scène.» Laissant «battre le cœur vivant de l’histoire, jamais aussi univoque qu’on veut bien le croire», Marco Vidal cite un texte du Marquis de Sade qui parle d’une main enfoncée «jusqu’au poignet» dans un anus (La Philosophie dans le boudoir, 1795). Il cite aussi des ouvrages médicaux (1838, 1877, etc.) évoquant des massages d’un genre particulier… Il mentionne au passage les effrayantes descriptions d’empalement dont les détails à faire frémir flirtent avec l’érotisme… Tous ces éléments glanés au fil de sa recherche pourraient laisser penser qu’après tout, oui, Foucault avait tort. Mais Marco Vidal, encore une fois, s’interroge… avec infiniment de doigté.
Le fist n’est pas forcément réductible à l’acte d’enfoncer 5 doigts au-delà des dernières phalanges, dit-il. Il se peut en effet que le fist soit bien autre chose que l’insertion anale-génitale d’une main (au lieu d’un godemiché ou d’un pénis). C’est ici que sa réflexion devient véritablement lumineuse… Ce qui, en matière de fist, peut sembler paradoxal ne l’est pas, au contraire. Pour Marco Vidal, la sexualité va bien au-delà des figures de style corporelles. On ne peut pas résumer une pratique sexuelle en termes d’emboîtements d’organes et d’orifices. C’est pourquoi, balayant d’un revers toutes ses recherches, il conclut que finalement, oui, Foucault avait probablement raison… Ou presque.
Au XXe siècle, l’acte de fister correspond non pas au désir de procurer un équivalent manuel de la pénétration génitale mais à celui, inédit, de «franchir le sphincter», dit-il. «Franchir le sphincter, c’est pousser la porte d’une forge formidable, un foyer à la chaleur infernale. Introduite aux marges de l’anus, la main est déjà à hauteur du thorax, mais ce n’est pas le cœur battant qu’elle étreint, c’est un rameau de l’aorte qui irrigue le rectum. Aucune cage ne retient cet oiseau sauvage. Sa pulsation affolée n’interrompt jamais la course qui l’emporte».
Michel Foucault, y voit une nouveauté radicaleMarco Vidal devient lyrique. Il décrit «le bouillonnement des parois artérielles, tendues comme par une érection» que l’on peut tenir au bout de sa main, comme si l’on serrait dans son poing l’autre – homme ou femme – livré à cette «caresse intérieure»… De ce point de vue-là, oui, le fist apparaît bien comme une pratique nouvelle : il n’existe, semble-t-il, aucun texte érotique évoquant le plaisir du point de vue de la main. Lorsque, dans les années 1960, les premier(e)s adeptes du fist évoquent leur plaisir en tant que «plongée charnelle», c’est «un événement improbable, dont rien ne semble préluder l’inversion de signe. Pas étonnant que Michel Foucault y ait vu une nouveauté radicale».
Mais… rebondissant sur une ultime question, le livre s’achève en posant la question : se peut-il que les premiers chrétiens aient eu la conscience, avant nous, de ce plaisir ? Les catacombes, alors, n’auraient pas été celles de San Francisco… Avant elle, il y aurait eu les souterrains de ces cités antiques où des vivants dissimulaient leurs pratiques, en chantant des textes comme, peut-être, celui-ci, Le Cantique des cantiques…
Je suis endormie et mon cœur est éveillé
La voix de mon ami qui frappe
ouvre-moi ma sœur mon amour
ma colombe ma merveille parce que
ma tête est pleine de rosée
mes boucles des gouttes de nuit.
[…]
Mon ami a tendu sa main par l’ouverture
et mon ventre était en tumulte à cause de lui.
«Ainsi parlent les strophes trois et cinq du cinquième Cantique des cantiques», conclut Marco Vidal qui consacre à ces derniers vers une exégèse… pour le moins troublante. «La main a le poids d’une chose et la liberté d’une métaphore, et bourgeonne d’images où se déplie le suspens jamais brisé du désir : l’homme avance, ouvre la porte, caresse la peau, pénètre la femme aimée».
Fist, de Marco Vidal, aux éditions La Découverte.
Mon bien-aimé a passé la main par la fenêtre, Et mes entrailles se sont émues pour lui. (Louis Second)
Mon bien-aimé a avancé sa main par le trou de la porte, et mes entrailles ont été émues à cause de lui. (Martin)
Mon bien-aimé a avancé sa main par le guichet, et mes entrailles se sont émues à cause de lui. (Darby)
Mon bien-aimé a avancé sa main par le trou de la porte et mes entrailles se sont émues pour lui. (Ostervald)
Mon bien-aimé alors a étendu sa main par la fenêtre, et mon sein en a frémi. (Renan)
Mon amant lance sa main par le trou ; mes boyaux se bouleversent pour lui. (Chouraqui)
À Lire également : Gayle RUBIN, Surveiller et jouir. Anthropologie politique du sexe, traduit de l’anglais (États-Unis) par Flora Bolter, Christophe Broqua, Nicole-Claude Mathieu et Rostom Mesli, textes réunis et édités par Rostom Mesli, Paris, EPEL, 2010.
Illustration : Robert Mapplethorpe
Depuis bientôt 15 ans, gays et lesbiennes peuvent servir officiellement au sein des forces armées britanniques. Désormais, le Ministère de la défense va un peu plus loin. Depuis novembre, les recrues se voient systématiquement demander quelle est leur orientation sexuelle, et s’ils la vivent ouvertement dans le cadre de leur travail.
Invisible
Ces informations serviront à «nous donner une meilleure compréhension de la composition de nos forces et à nous assurer que nos politiques et nos pratiques soutiennent pleinement notre personnel», a commenté un porte-parole du Ministère. Les données sont anonymisées et invisibles de la hiérarchie militaire, a-t-il assuré. De même, les soldats peuvent botter en touche, en cochant l’option «Préfère ne pas le dire».
La mesure a été accueillie positivement par la principale organisation LGBT du royaume, Stonewall, qui l’a saluée comme un outil contre la discrimination.
Source: BBC