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Une proposition de loi propose de renforcer l'interdiction des sites porno aux mineurs. Et si c'était une fausse bonne idée ?
Cet article Les dangers de cette mesure « protégeant » les mineurs du porno est apparu en premier sur madmoiZelle.com.
À la suite de la prise de parole de performeur·euse·s noires pour protester contre le racisme dans le milieu porno aux États-Unis, les mêmes voix (et d’autres) se sont élevées pour dénoncer des abus sexuels et des viols. Si auparavant quelques performeuses osaient des accusations publiques, elles étaient éparses. Avec le mouvement démarré le 5 juin, c’est un faisceau très fourni de témoignages qui a émaillé les timelines de Twitter. La parole s’est libérée et nous vous rendons compte de ces déclarations, qui ont déjà débouché sur des actions pour certaines.
Nouvelle accusation de viol chez Gamma FilmsLe 5 juin dernier, Aria Lee, qui a débuté comme performeuse en 2018, poste une vidéo où elle accuse Craven Moorehead de viol à deux reprises, les faits remontent aux mois d’octobre et décembre dernier. AVN publie le lendemain un article présentant son témoignage en détails. Gabi Paltrova raconte à son tour la tentative de Moorehead de la violer en 2016 – elle arrive heureusement à échapper à son agresseur.
Moorehead travaille comme réalisateur pour la société Gamma Films, qui détient Adult Time, Girlsway, Pure Taboo, etc. C’est un proche de Bree Mills, la Chief Creative Officer et la caution éthique de Gamma, qui n’a toujours pas réagi personnellement. En juin 2019, Lily Adams avait dénoncé des abus sexuels du réalisateur Stills By Alan qui travaillait pour Girlsway. S’il continue de travailler pour d’autres sites (dont un détenu par Jules Jordan), il avait été remercié par Gamma Films, qui ne semble pas réussir à imposer son code de conduite, mentionné dans leur réponse, à ses employés (ou affiliés).
En effet, la seule réaction au témoignage de Lee fut un communiqué de Gamma Films, publié tel quel par Xbiz et par AVN (introuvable maintenant sur le site d’AVN mais repris dans l’article sur Aria Lee). La réponse stipule que, après une enquête indépendante, les accusations ne peuvent être vérifiées et que les personnes victimes de ce « type de faute » doivent en avertir les autorités. La publication immédiate de cette réaction, sans mise en contexte, a fait réagir plusieurs membres du milieu qui ont questionné la déontologie journalistique de ces médias.
Hey @AVNMediaNetwork @Xbiz: You earn money off of the backs of porn performers. Running a letter of non-apology from somebody accused of assaulting a porn performer without any questions or commentary is telling porn performers you don’t care about them. I’m Fucking disgusted.
— Lee Roy Myers (@leeroymyers) June 7, 2020
Hey @AVNMediaNetwork @Xbiz, vous faites de l’argent sur le dos des performer·euse·s. Publier une lettre de non-excuses émanant de quelqu’un accusé d’avoir agressé une performeuse sans remise en question ou commenaire, c’est dire que vous vous en foutez, des performeuses. Je suis dégoûtée.
@leeroymyers
I guess AVN AND XBIZ protect abusive behavior. pic.twitter.com/ociCXGsOi1
— Tom ‘Knuck if you Buck’ Nook (@GiaPaige) June 7, 2020
J’imagine que AVN et XBIZ couvrent des comportements d’agresseurs. *fait semblant d’être choquée*
@GiaPaige
Edit du 11/06 : Karl Bernard, président du groupe Gamma Films a déclaré à Xbiz : « nous ne travaillerons plus avec Black Wings Media et son réalisateur Craven Moorehead lorsque nous reprendrons finalement la production » [ arrêtée suite à la crise sanitaire du Covid-19].
Dénonciations de pression chez les agentsMaya Kendrick, performeuse depuis 2016, dénonce l’agent Dave Rock de Motley Models pour avoir eu des relations sexuelles avec elle par deux fois l’année de ses débuts. Un agent est supposé travailler avec les performeur·euse·s pour leur trouver des tournages, s’occuper de leur sécurité, bien-être et organiser les séjours dans la Porn Valley. Pour cela, il existe des « model houses » où les performeuses habitant dans d’autres États restent le temps de leur session de tournages. Il existe donc une certaine relation de dépendance et de pouvoir, qui pourrait empêcher un consentement franc et éclairé. Selon Kendrick, ce comportement semblerait habituel chez cette personne. Vous pourrez lire les commentaires sous le tweet pour trouver d’autres performeuses témoignant du comportement de cet agent.
Dans la foulée, AVN et Xbiz, encore une fois, publient un communiqué de l’agence, sans mise en contexte. Les performeuses sont révoltées par ce qui ressemblerait à un soutien, alors que la parole des victimes n’est pas rapportée.
You’re posting a press release defending @thedaverock but haven’t reached out me. Disgustingly giving a serial abuser an even bigger platform https://t.co/RFB3PBVlAI
— Maya Kendrick (@mayakendrickx) June 7, 2020
Vous partagez un communiqué défendant @thedaverock mais n’avez pas cherché à me contacter. C’est dégueulasse d’amplifier encore plus la parole d’un agresseur en série.
@mayakendrickx
Fuck EVERYTHING about this. THIS is why it took some of us years to say anything. AVN is making themselves look complicit. Fuck fuck fuck this. https://t.co/njRws6APqh
— Allie Eve Knox (@allieeveknox) June 7, 2020
Allez vous faire voir pour TOUT ça. VOILÀ pourquoi certaines d’entre vous ont mis plusieurs années à parler. AVN se rend complice. Quelle merde.
@allieeveknox
Les agents sont la cible de plusieurs témoignages relatant relations sexuelles, harcèlement moral et pression. Rappelons-nous, en octobre 2018, Bunny Colby avait poursuivi l’agence Direct Models pour avoir été « contrainte de travailler dans des conditions dangereuses […], de voir ses revenus indûment retenus par l’agence, et d’être indûment facturée par l’agence […]. »
Plus récemment, Demi Sutra évoque un tournage pour Deeper dans de très mauvaises conditions. La pièce n’était pas chauffée et un tapis sentait la pisse de chat. De plus, elle rajoute que la réalisatrice (Kayden Kross) pensait que « c’était ok de faire poser 4 femmes noires tenant une banane ». Demi était accompagnée d’Ana Foxxx, Nia Nacci et ScarLit Scandal.
Edit du 11/06 : Kayden Kross a réagi dans un article du magazine Rolling Stone. Voici la traduction de sa réponse : « Je ne reconnaissais pas les bananes comme spécialement problématiques sur le moment [le tournage a eu lieu début 2020], bien que je comprenne maintenant pourquoi ça pourrait être sensible et je regrette cette décision.«
One of their directors for their sister site @deeper thought it was okay to HAND FOUR BLACK WOMEN BANANAS to pose with, before we fuck here husband in a cat piss filled l room with ZERO HEAT shivering our asses off. THEY DIDNT EVEN TRY TO CORRECT THIS AND WHEN I
— BLM (@DemiSutra) June 4, 2020
Je les affiche comme je les affiche depuis que j’ai appris leur existence il y a 5 ans (avant de commencer ma carrière dans le porn) parce qu’ILS SONT OUVERTEMENT RACISTES ET ESSAIENT DE RENDRE LEUR MERDE GRAND PUBLIC. D’ailleurs, ils n’ont toujours pas essayé de me contacter, même après qu’une des réalisatrices de leur site Deeper a cru que c’était normal de faire poser QUATRE FEMMES NOIRES AVEC DES BANANES, avant de baiser son mari en grelottant dans une pièce pleine de pisse de chat et sans chauffage. ILS N’ONT MÊME PAS ESSAYÉ DE RECTIFIER LE TIR
@DemiSutra
Sutra rajoute que son agent Mark Spiegler, considéré comme le plus influent du milieu, l’a menacée de ne plus la faire travailler si elle parlait de ce tournage (lire le thread de Sutra). Cela fait écho au tweet d’Ana Foxxx (qui a le même agent) où elle écrivait qu’on la menaçait suite à son sentiment d’être maltraitée sur un plateau.
Sooooo We get threatened with consequences if we feel mistreated on set? last time I checked I’m a grown ass woman and I expect others to act accordingly. One more “threat” I’m spilling the beans tea and soup.
— Ana Fuckin Foxxx (@AnaFoxxx) January 12, 2020
Attaques contre les performeurs transgressant le consentementAloooors on est menacées de conséquences quand on est maltraitées sur un tournage ? La dernière fois que j’ai vérifié, j’étais une femme adule et responsable et j’attends à ce que les autres se comportent en conséquence. Encore une « menace » et je balance tout.
@AnaFoxxx
Manuel Ferrara présent sur le tournage de Deeper précédemment mentionné, est à nouveau accusé pour maltraitance sur un plateau par Jenny Blighe en août 2018. Elle affirme que le performeur n’a pas respecté les limites qu’elle avait établies et elle a subi un grand traumatisme sur cette scène. C’était une de ses premières, car il s’agissait de suivre Blighe et Ginger Banks, vedettes de la cam, dans leurs débuts dans le porno mainstream. John Stagliano est aussi accusé d’avoir franchi les limites consenties par ces nouvelles performeuses.
All involved with my scenes that violated my consent were:@johnastagliano – molested both of us in our GG scene@manuelferrara – abuser in 3some scene (see more of my page for details)@Jonnidarkko2 – director who told me to stop calling cut@EvilAngelChris – filmed the movie https://t.co/vWqDujW6A8
— Jenny Blighe (@JennyBlighe) June 8, 2020
Jenny, tu mérites que justice soit faite pour ce qui t’es arrivé, et ça arrivera, mais maintenant le principal est de révéler plus de noms d’agents, performers et entreprises pour qu’ils soient connus pour exploiter leur performeuses et en tant que violeurs
@soryalos
Tous ceux impliqués dans mes scènes qui ont bafoué mon consentement sont : @johnastagliano – nous a agressées sexuellement toutes les deux dans notre scène GG ; @manuelferrara – agresseur dans une scène à trois (voir ma page pour les détails) ; @jonnidarkko2 – réalisateur qui m’a demandé d’arrêter de demander à couper ; @EvilAngelChris – a filmé
@JennyBlighe
Suite à ce rappel d’actes abusifs, Aiden Starr, réalisatrice ayant travaillé avec Blighe et Banks sur le DVD Camgirls: The Movie, a décidé de quitter Evil Angel, la compagnie ayant produit ces scènes. Elle se dit « complice et s’excuse ». Un geste fort dans le contexte actuel. Ferrara n’a pas réagi et a continué de travailler depuis les faits. Starr démissionne aussi de son poste de « production manager » chez Kink.com.
Dana DeArmond, vétérane du porno, énonce des abus subis à l’Armory, lieu de tournage des studios Kink, pourtant jusque-là réputé irréprochable sur le respect du consentement. DeArmond évoque un tournage où, prise dans des cordes de bondage, elle n’a pas pu réagir quand le patron de Kink entra sur le plateau et inséra ses doigts en elle sans consentement. Personne sur le plateau n’aurait émis la moindre protestation.
Autre témoignage, Maya Bijou accuse le performeur Chris Strokes de l’avoir sodomisée sans consentement, puis d’avoir mis en ligne cette scène. D’autres performeuses, comme Hime Marie, Bobbi Dylan ou Dolly Leigh, lui répondent que des histoires similaires circulent sur Strokes.
Déferlement de charges contre Ryan MadisonLe plus grand nombre de témoignages vont à l’encontre de Ryan Madison. Il détient avec sa femme, Kelly Madison, les studios Porn Fidelity et Teen Fidelity pour lesquels il réalise et tourne comme performeur. Xbiz a fait état des accusations dans un article. La première à témoigner publiquement Annabel Redd, performeuse depuis 2019, avertit dans un tweet qu’il ne faut pas regarder sa scène sur Porn Fidelity, car Madison a enfreint son consentement en éjaculant en elle et lui faisant pratiquer la gorge profonde.
D’autres performeuses, souvent débutantes dans le milieu à l’époque, corroborent le comportement abusif de Madison. Skylar Vox partage son expérience. Là aussi, le creampie n’est pas prévu au préalable. Elle a dû négocier en plein tournage et explique qu’il lui était difficile de quitter les lieux, car la maison est « au milieu de nulle part ». Le tournage fini, Kelly Madison lui propose de revenir tourner si jamais elle tombait enceinte de son compagnon et de faire comme si Ryan était le père.
Les témoignages s’accumulent et dépeignent Madison comme un prédateur opérant toujours de la même façon. Zoe Bloom affirme qu’aucune pratique n’a été consentie ou discutée avant la scène. Pareil pour Kinsley Karter. Rosalyn Sphinx, représentée par Motley Models, dit ne pas avoir été avertie du caractère hardcore de la scène pour sa première fois avec un performeur. Monica Sage a été blessée par Madison lors d’une sodomie et il a continué la scène encore plus fort.
L’alcool semble être le mode opératoire de Madison pour repousser les limites des performeuses et rendre ces abus possibles. Janice Griffith dit ne pas avoir été violée, mais parle de cette consommation d’alcool problématique sur un lieu de travail. Madison a fait boire de l’alcool à Rosalyn Sphinx avant de tourner, alors qu’elle n’avait pas 21 ans (l’âge légal pour boire aux États-Unis). Elena Koshka ajoute la consommation de cannabis et parle de son attitude agressive. Sydney Cole parle également d’alcool, elle signale aussi des étranglements virulents. Elle n’est pas la seule, Lulu Chu a frôlé l’évanouissement. Kenzie Madison, elle, s’est évanouie. Penelope Reed dit avoir perdu connaissance plusieurs fois et affirme qu’il lui a ouvert la lèvre. Lexi Lore dit qu’il « m’a baisé sans consentement après notre scène pendant j’attendais mon Uber ». Melody Marks dit qu’il l’a forcée à boire, puis que, malgré un coup de soleil préexistant, elle a dû travailler à l’extérieur pendant trois heures sans protection solaire.
D’autres témoignages racontent le comportement intolérable de Ryan Madison, comme Jane Wilde sur Instagram. Nikki Hearts avait dénoncé le prédateur il y a 7 ans. Cela dure donc depuis des années. Les performeuses accusent les agences de continuer à envoyer des jeunes femmes tourner pour Madison, connaissant son attitude et ses abus. Lena Paul en fait partie. Kloe Kapri et Janice Griffith aussi.
I’m so sorry, I absolutely believe you. That man is the devil. I know at least 2 other women this has happened to, there’s infamous videos on eFukt. EVERY SINGLE AGENT KNOWS HE DOES THIS and they still send girls 3 hours south of LA by themselves to him, it’s reprehensible.
— Lena Paul (@lenaisapeach) June 5, 2020
Ne regardez pas ma scène chez porn fidelity. Ce mec a franchi plusieurs de mes limites. Il n’était pas censé me creampie. Il m’a maintenue de force en le faisant. Au déjà, je pensais que ça faisait partie de la scène. Et je me suis rendu compte qu’il n’arrêtai pas. Il n’étai pas censé me faire faire de gorge profonde.
@annabelredd
Je suis absolument désolée, je te crois à 100%. Ce mec est un monsre. Je connais au moins deux autres femmes à qui c’est arrivé, il y a des vidéos sur eFukt. TOUS LES AGENTS SAVEN QU’IL FAIT ÇA et ils continuent à lui envoyer des filles seules à 3 heures de Los Angeles, c’est répréhensible.
@lenaisapeach
Fuck it. RYAN MADISON IS A RAPIST. AGENTS ARE COMPLICIT. https://t.co/epfcupwBw4
— Khloe Kapri (@slutsaucekhloe) June 5, 2020
Il y a un réalisateur/performer en particulier qui fait des creampies les nouvelles performeuses sans leur consentement (v*ol) et j’aimerais bien savoir pourquoi les agences continuent à lui envoyer des filles à filmer sans leur donner cette information. POURQUOI VOUS PERMETTEZ LES ABUS
Oh et merde. RYAN MADISON EST UN VIOLEUR. LES AGENTS SONT COMPLICES.
@slutsaucekhloe
also, did every single one of our agents send us to ryan fucking madisons house KNOWING he would give us alcohol and KNOWING he was a rapist? because models from every agency have spoken out.
— janice (@rejaniced) June 7, 2020
Est-ce que tous nos agents nous ont envoyées chez cette enflure de Ryan Madison en SACHANT PERTINEMMENT qu’il nous ferait boire et en sachan que c’était un violeur ? Je demande parce que des models de chaque agence ont parlé.
@rejaniced
En réaction au grand nombre de témoignages contre Ryan Madison, Ginger Banks a lancé une pétition pour que MindGeek retire les chaînes Porn Fidelity, Teen Fidelity et Kelly Madison de ses tubes. Avec plus de 3500 signatures, la requête a trouvé une réponse positive. Il n’y a plus de vidéos officielles des studios précités sur l’ensemble des tubes de la société, il reste cependant quelques vidéos téléchargées illégalement et les scènes de Ryan Madison pour d’autres productions.
Dans l’article de Xbiz, un représentant de la société Kelly Madison répond qu’elle prend au sérieux les accusations d’abus contre des performeuses, mais qualifie celle d’Annabel Redd de fausse. Pour le reste, il y a un « processus d’enquête ».
Problème systémique d’agressions dans le porno américainToutes ces déclarations publiques ne sont pas faciles à faire pour les personnes concernées. Il s’agit de viols, de violences sexuelles traumatisantes. Kristen Scott exprime la réalité de beaucoup de performeuses et de femmes en général. Elle ne cite pas de noms, mais affirme avoir « été violée par un réalisateur » et avoir été poussée au-delà de ses limites consenties de multiples fois. Paige Owens fait de même, elle parle d’une agression hors d’un plateau de tournage et de la difficulté de revenir travailler, surtout quand les performeurs et réalisateurs ne respectent pas son consentement. Kasey Warner explique dans un thread comment faire respecter ses limites finit par porter préjudice aux performeuses. Elles sont réputées « diva », « difficiles » ou « folles » et perdent ainsi des contrats.
So many people are coming out with their stories… I don’t know where to start with mine… I’ve been raped by a director, I’ve been emotionally/mentally abused by an ex who’s abuse has escalated with others, I’ve had my boundaries crossed SO MANY TIMES by male talent…
— Kristen Scott (@krisscottx) June 6, 2020
Tellement de gens racontent publiquement leurs histoires… Je ne sais pas par où commencer avec la mienne… J’ai été violée par un réalisateur, j’ai été abusée émotionnellement/psychologiquement par un ex qui a ensuite fait pire à d’autres, j’ai vu mes limites dépassées TELLEMENT DE FOIS par des performeurs…
@krisscottx
Lance Hart résume la situation : « Certaines personnes ont de l’assurance et peuvent facilement dire non. D’autres personnes ont des difficultés avec ça et valent tout autant. C’est le travail de tous de faire attention à ça. » Il faut le comprendre, c’est toujours la faute des agresseurs, jamais celle des victimes. Et laisser faire revient à être complice.
Après les revendications des performeurs noirs quant à l’arrêt des pratiques racistes, le milieu de porno professionnel américain, tout du moins celles et ceux qui jouent devant la caméra, continue de vouloir changer les choses grâce aux témoignages publics de performeuses. En effet, le nombre d’accusations de viol, d’abus sexuels montre que cette « industry » connaît un problème systémique. Les auteurs de ces violences sont rarement inquiétés et continuent toujours de travailler et même d’être nommé et de recevoir des prix lors des cérémonies annuelles du porno. Cela n’empêche pas les agents de continuer à envoyer les jeunes recrues sur des tournages possiblement dangereux.
Les bruits de couloir existent, et ce pas seulement dans le porno américain mais aussi en Europe et dans les sociétés dites « éthiques ». Il faudra un changement de système de fond pour que les prédateurs soient vraiment inquiétés. Le public et la presse auront aussi un rôle à jouer dans cette révolution à venir.
La page Instagram TesPasSolo se présente comme un lieu safe pour permettre aux personnes LGBTQIAP+ de s’exprimer et lire les témoignages d’autres personnes sur leur vie. “Libère ta voix / Montre la voie” est la devise de cette page, qui souhaite soutenir, empower et offrir un espace bienveillant à la communauté LGBT+ sur Instagram et […]
Cet article Un compte Instagram dit #TesPasSolo aux LGBTQIAP+ est apparu en premier sur Desculottées.
La crise du Covid a mis au-devant de la scène de nombreuses femmes, autrefois invisibles, qui exercent en grande majorité ces métiers dits « du care », essentiels à la marche de notre monde. Elles sont aides-soignantes travaillant en Ehpad, infirmières, aides à domicile, institutrices, caissières, nounous, agentes d'entretien... Leur travail est habituellement peu considéré, peu rémunéré, voire dévalorisé.
Au-delà de la célébration ponctuelle, cet épisode cherche à leur rendre hommage, pour ne pas oublier leurs histoires et leurs voix aussi vite qu'elles ont été mises en lumière. Il interroge aussi plus largement la notion de soin : qui prend soin de qui ? Est-ce que le care n'est pas aussi une question de classe ? Comment ont été soigné.e.s les habitantes et habitants des quartiers populaires ?
Et au-delà encore, comment prend-on soin ? Qu'en est-il du soin que l'on porte aux morts ? Mais aussi au monde vivant, et aux animaux ? Et pourquoi tout cela nous amène à parler de vulnérabilité, de pouvoir et d'utopies concrètes ?
Un épisode choral, où vous pourrez retrouver des voix déjà entendues dans les épisodes précédents. Il clôture notre troisième saison, et lance des pistes de réflexions pour le retour d'Un podcast à soi en 2021, après le congé maternité de Charlotte Bienaimé.
Avec :
- Nadège, aide-soignante dans un Ehpad de l'Est de la France.
- Pascale Molinier, psychologue, autrice de nombreux ouvrages sur l'éthique et le travail du care
- Vinciane Despret, philosophe
- Hanane, féministe, lesbienne, militante des quartiers populaires, membre du collectif Femmes en lutte 93
- Myriam Bahaffou, chercheuse, militante écoféministe
- Emilie Hache, philosophe
- Cy Lecerf Maulpoix, journaliste et militant queer, spécialiste des questions écoqueer.
Textes :
- Monologue du virus, Lundi matin
- Starhawk, « The fifth sacred thing »/ La cinquième chose sacrée (Traduction Juliette Hamon)
- Ursula K. Le Guin, A left-handed commencement address (Traduction Juliette Hamon)
- Donna Haraway, « Manifeste des espèces compagnes »
- Françoise d'Eaubonne, « Les bergères de l'apocalypse »
Musiques :
- Chanson sans peur de Vivir Quintana accompagnée par El Palomar
- La danse des bombes, sur un texte de Louise Michel par la chorale Les chianteuses - Captation : bisounours deter - Mixage : Jean Tevenin
Remerciements :
- Sandra Laugier
- Mathilde Goanec
- No anger
- Juliette Rennes
- Adel Tincelin : retrouvez son texte écrit pour l'épisode en cliquant sur "Télécharger le transcript"
- Sarah Ben
Liens :
- Pascale Molinier, Le travail du care. Édition 2020, La Dispute, « Le genre du monde », Paris, 2020
- Le soucis des autres. Ethiques et politiques du care, Sandra Laugier, Patricia Paperman
- « Touche pas à nos vieux » Cinq concepts pour penser le vieillissement
- Au bonheur des morts, Vinciane Despret
- Réenchanter la mort, Alexa Hagerty
- Le monstre politique, Blog d'Hanane
- Portrait d'Hanane dans Komitid
- Caféministe avec Myriam Bahaffou
- Myriam Bahaffou sur France Inter
- Ce à quoi nous tenons, propositions pour une écologie pragmatique
- Sensibilités climatiques, entre mouvances écoféministes et queer
- Les sociétés matriarcales, Heide Goettner-Abendroth
- Thread de ressources sur le monde féministe d'après Bonne nouvelle, Un podcast à soi se décline en livre ! Du micro à la plume, Un livre à soi de Charlotte Bienaimé nous donne à lire ce qui fait les questions d’aujourd’hui : le sexisme ordinaire, la grossophobie, le rôle des pères, la transidentité, les luttes sociales, l’écoféminisme, le prix du sexe ou encore l’horloge biologique. Un livre ARTE Éditions / Stock, disponible en librairie.
Presque deux mois et demi après le déconfinement, l’heure est venue de faire le bilan de cette période tristement historique. Une période difficile à vivre pour beaucoup de personnes. Certain(e)s ont même bravé le confinement afin d’assouvir des besoins purement sexuels. De l’exhibitionniste au couple qui ne pouvait plus se retenir. Les coquins d’une région se sont particulièrement démarqués durant le confinement, faisons le point.
L’amour à la plageCela paraît être une blague et c’est pourtant bien arrivé. Le jeudi 7 mai, à quatre jours du déconfinement, un homme et une femme ont été surpris en plein acte sexuel. Il fallait peut-être que ça sorte. Qu’ils évacuent à leur manière peut-être la pression des restrictions de déplacements et d’activités imposées par le confinement pour éviter la propagation du coronavirus. Les habitants de La Grande-Motte qui sont passés devant cette scène ont aussitôt prévenu la police.
Lorsque ces derniers étaient arrivés, les amoureux en étaient encore aux préliminaires. « Nous leur avons dressé une contravention de 135 euros à chacun pour accès sur un lieu interdit par arrêté préfectoral. » affirme le responsable de la police municipale de la Grande Motte à France 3 Occitanie. Soit 270 euros au total pour les deux amants. Ils n’ont pas retenu le délit d’exbitionnisme, le couple étant « plus gêné...Lire la suite sur Union Cet article Ces coquins qui ont bravé le confinement est apparu en premier sur Union.
A l’époque baroque, certains peintres inaugurent les tableaux d’émotions fortes. Le Caravage par exemple représente un garçon mordu par un lézard dont les traits sont déformés par un cri guttural. On retrouve curieusement le même genre de visage dans les films gore ou porno. Pourquoi ?
Dans l’Europe de la Réforme qui voit se mettre en place un idéal d’épargne et d’économie, les artistes de la Contre-Réforme répliquent avec des tableaux outranciers qui constituent l’envers du modèle protestant. C’est à la même époque que se multiplient les statues en pâmoison, aux paupières révulsées, de saintes mystiques et les visages obscènes de Méduse. Ces représentation frappantes et perturbantes seraient-elles les ancêtres des films de tripe ou de sexe ?
Quel est le point commun entre le gore et le porno ?
Dans un très stimulant ouvrage intitulé Le corps souillé, le chercheur québécois Éric Falardeau s’intéresse au lien qui unit ces deux genres cinématographiques : l’exhibition spectaculaire des émotions (psychiques) et de leur pendant corporel (les fluides). Les mises en scène excessives du porno et du gore sont transgressives, dit-il, parce qu’elles montrent des passions (à une époque qui les condamne) et des convulsions de chair, jugées de nos jours parfaitement suspectes. Dans notre société – dominée par les valeurs du contrôle de soi–, les «transports» et les effervescences sont devenus des pathologies. Celui ou celle qui perd la maîtrise de ses sens ferait bien de consulter. Trop d’envies ? Addiction ! Trop de pulsions ? Danger.
Attention, pulsions !
Pour Éric Falardeau, le porno et le gore ne pouvaient apparaître qu’en réaction au puritanisme, comme les reflets inversés d’un monde qui a le mépris du corps, des affects, et de tout ce qui nous rappelle à notre condition mortelle. Bien qu’elles constituent l’exact envers de ce monde pasteurisé, les images gore et porno expriment donc en creux cette répulsion vis à vis de la chair dont elles célèbrent pourtant les noces… sanglantes ou spermatiques. Dans un chapitre consacré aux gros plans, le chercheur note l’insistance avec laquelle la caméra nous impose des visions d’habitude réservées aux chirurgiens ou aux gynécologues. Ces images pulvérisent «l’ordinaire quotidien» dit-il, en citant Marc Bruimaud (auteur d’un essai sur Gérard Damiano) : «notre fascination résulte de cette aporie : plus la caméra, négligeant tout effort narratif, s’obstine à exhiber la matérialité brutale des peaux et des chairs, […] plus elle nous entraîne vers l’abstraction». Pour nous, qui vivons dans un monde expurgé des réalités concrètes de la mort ou de la maladie, les images gore et porno ont quelque chose d’irréel.
Plein la vue : action, réaction
Les explosions d’hémoglobine et de sécrétions génitales, qui portent à leur paroxysme les séquences de violence ou de sexe, participent pleinement de cette stratégie de sidération visuelle : il s’agit de nous reconnecter de force à cette enveloppe qui expulse des sucs sous nos yeux. «Il s’agit de permettre l’identitification», résume Éric Falardeau, en faisant du corps un «théâtre d’événements». Ce à quoi le spectateur assiste c’est non plus une histoire dont il lui faut chercher le sens, mais une action pure commise sur un corps qui réagit à cette action, suivant un enchaînement inévitable, par des prurits et des émissions de jets organiques divers. Bien qu’il n’exclut pas, bien sûr, une part d’aléatoire (le geyser sera-t-il saccadé ou brumisé ?), ce côté mécanique, programmé, des scènes d’orgasme ou d’agonie a sur nous un effet quasi automatique : nous voilà, physiquement, par contamination, saisi-es d’effroi ou d’excitation à la vue de ces corps humides. Le gros plan sur la chair ouvert active en nous des palpitations. Nous donnons une «réponse» aux stimuli.
La “frénésie du visible”
Pour doper ces réponses, les réalisateurs de porno et de gore disposent d’ailleurs d’une arme massive : le montage en alternance des gros plans sur l’anatomie suppliciée et sur le visage de la «victime». «Le gore et la pornographie accordent autant d’importance à l’action, soit le meurtre ou le sexe, qu’à la réaction, soit le déplaisir ou le plaisir. […] Par exemple, on enchaînera des plans de pénétration vaginale avec des plans sur le visage de l’actrice. […] Le but, à l’intérieur du gore comme de la pornographie, réside dans ce que Linda Williams a défini sous le nom de “frénésie du visible”, soit un court instant où il est possible de capter, d’enregistrer l’inconnu, la “vérité”, la révélation du plaisir (de la peur ou de la douleur). Moment ultime de bris dans la narration puisque le visage se fige dans une stase extatique ou horrifique, censée révéler un état.» Dans le gore comme dans le porno, l’expression du visage revêt une telle importance qu’elle est parfois figée par un ralenti extrême ou par un effet «snapshot», photo instantanée, qui fixe à son acmé le moment de la révélation suprême.
L’«effet-Méduse»
Philippe Dubois, historien de l’art, nomme ce figement expressif l’«effet-Méduse». C’est le moment où le visage, transformé en masque, rend tangiblement visible, donc «objectif» ce qui relève par essence du subjectif : le monde intérieur, invisible, des émotions se manifeste par ses effets sur le corps. «Traits tendus, sourcils relevés, bouche ouverte…». C’est aussi le moment, dit Dubois où «le figement expressif tend à installer la mort sur les visages». Le visage qui jouit et celui qui expire ne semblent d’ailleurs parfois plus faire qu’un. A l’écran, les émotions ambiguës qui les traversent laissent comme une empreinte qui –si elle se constitue au bon moment (ce que Dubois appelle le kairos)– touche à l’éternité.
Cauchemar et kairos
Dans le gore, «ce moment est particulièrement important», rappelle Éric Falardeau, puisqu’il introduit ou suit l’apparition d’un tueur armé (ou du hardeur dégainé). Comme dans un cauchemar, il y a, d’un côté, la face d’une femme qui bouge au ralenti et, de l’autre, un homme qui la pénètre à coups redoublés. Alors que le couteau ou le pénis entrent par saccades, dans un mouvement de répétition spasmodique et frénétique, le visage de la victime semble au contraire se figer dans sa souffrance ou jouissance, jusqu’à devenir une image arrêtée. D’où la question : le porno et le gore sont-ils des films qui nous permettent, symboliquement, de punir notre corps ? Ou, au contraire, de se le réapproprier, au fil de visionnages «participatifs» ponctués par les mêmes scènes obsessionnelles ?
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A LIRE : Le corps souillé : gore, pornographie et fluides corporel, d'Éric Falardeau, éditions L’Instant même, 2020.
Gérard Damiano : les peaux, la chair, les nuits, de Marc Bruimaud, éd. Flament, 2018.
« Glacé d’effroi. Les figures de la Peur ou les passions de l’expression à la représentation », de Philippe Dubois, Traverses, n°25, 1982, p. 137-147.
POUR EN SAVOIR PLUS : «Esthétique du sperme» ; «Le selfie, c’est porno ?» ; «Existe-t-il encore des tabous dans la pornographie ?» ; «Quels tabous le porno transgresse-t-il ?» ; “Evil Dead, le film préféré de Fellini ?“ ; «Les archives somatiques et le cul».
A l’époque baroque, certains peintres inaugurent les tableaux d’émotions fortes. Le Caravage par exemple représente un garçon mordu par un lézard dont les traits sont déformés par un cri guttural. On retrouve curieusement le même genre de visage dans les films gore ou porno. Pourquoi ?
Dans l’Europe de la Réforme qui voit se mettre en place un idéal d’épargne et d’économie, les artistes de la Contre-Réforme répliquent avec des tableaux outranciers qui constituent l’envers du modèle protestant. C’est à la même époque que se multiplient les statues en pâmoison, aux paupières révulsées, de saintes mystiques et les visages obscènes de Méduse. Ces représentation frappantes et perturbantes seraient-elles les ancêtres des films de tripe ou de sexe ?
Quel est le point commun entre le gore et le porno ?
Dans un très stimulant ouvrage intitulé Le corps souillé, le chercheur québécois Éric Falardeau s’intéresse au lien qui unit ces deux genres cinématographiques : l’exhibition spectaculaire des émotions (psychiques) et de leur pendant corporel (les fluides). Les mises en scène excessives du porno et du gore sont transgressives, dit-il, parce qu’elles montrent des passions (à une époque qui les condamne) et des convulsions de chair, jugées de nos jours parfaitement suspectes. Dans notre société – dominée par les valeurs du contrôle de soi–, les «transports» et les effervescences sont devenus des pathologies. Celui ou celle qui perd la maîtrise de ses sens ferait bien de consulter. Trop d’envies ? Addiction ! Trop de pulsions ? Danger.
Attention, pulsions !
Pour Éric Falardeau, le porno et le gore ne pouvaient apparaître qu’en réaction au puritanisme, comme les reflets inversés d’un monde qui a le mépris du corps, des affects, et de tout ce qui nous rappelle à notre condition mortelle. Bien qu’elles constituent l’exact envers de ce monde pasteurisé, les images gore et porno expriment donc en creux cette répulsion vis à vis de la chair dont elles célèbrent pourtant les noces… sanglantes ou spermatiques. Dans un chapitre consacré aux gros plans, le chercheur note l’insistance avec laquelle la caméra nous impose des visions d’habitude réservées aux chirurgiens ou aux gynécologues. Ces images pulvérisent «l’ordinaire quotidien» dit-il, en citant Marc Bruimaud (auteur d’un essai sur Gérard Damiano) : «notre fascination résulte de cette aporie : plus la caméra, négligeant tout effort narratif, s’obstine à exhiber la matérialité brutale des peaux et des chairs, […] plus elle nous entraîne vers l’abstraction». Pour nous, qui vivons dans un monde expurgé des réalités concrètes de la mort ou de la maladie, les images gore et porno ont quelque chose d’irréel.
Plein la vue : action, réaction
Les explosions d’hémoglobine et de sécrétions génitales, qui portent à leur paroxysme les séquences de violence ou de sexe, participent pleinement de cette stratégie de sidération visuelle : il s’agit de nous reconnecter de force à cette enveloppe qui expulse des sucs sous nos yeux. «Il s’agit de permettre l’identitification», résume Éric Falardeau, en faisant du corps un «théâtre d’événements». Ce à quoi le spectateur assiste c’est non plus une histoire dont il lui faut chercher le sens, mais une action pure commise sur un corps qui réagit à cette action, suivant un enchaînement inévitable, par des prurits et des émissions de jets organiques divers. Bien qu’il n’exclut pas, bien sûr, une part d’aléatoire (le geyser sera-t-il saccadé ou brumisé ?), ce côté mécanique, programmé, des scènes d’orgasme ou d’agonie a sur nous un effet quasi automatique : nous voilà, physiquement, par contamination, saisi-es d’effroi ou d’excitation à la vue de ces corps humides. Le gros plan sur la chair ouvert active en nous des palpitations. Nous donnons une «réponse» aux stimuli.
La “frénésie du visible”
Pour doper ces réponses, les réalisateurs de porno et de gore disposent d’ailleurs d’une arme massive : le montage en alternance des gros plans sur l’anatomie suppliciée et sur le visage de la «victime». «Le gore et la pornographie accordent autant d’importance à l’action, soit le meurtre ou le sexe, qu’à la réaction, soit le déplaisir ou le plaisir. […] Par exemple, on enchaînera des plans de pénétration vaginale avec des plans sur le visage de l’actrice. […] Le but, à l’intérieur du gore comme de la pornographie, réside dans ce que Linda Williams a défini sous le nom de “frénésie du visible”, soit un court instant où il est possible de capter, d’enregistrer l’inconnu, la “vérité”, la révélation du plaisir (de la peur ou de la douleur). Moment ultime de bris dans la narration puisque le visage se fige dans une stase extatique ou horrifique, censée révéler un état.» Dans le gore comme dans le porno, l’expression du visage revêt une telle importance qu’elle est parfois figée par un ralenti extrême ou par un effet «snapshot», photo instantanée, qui fixe à son acmé le moment de la révélation suprême.
L’«effet-Méduse»
Philippe Dubois, historien de l’art, nomme ce figement expressif l’«effet-Méduse». C’est le moment où le visage, transformé en masque, rend tangiblement visible, donc «objectif» ce qui relève par essence du subjectif : le monde intérieur, invisible, des émotions se manifeste par ses effets sur le corps. «Traits tendus, sourcils relevés, bouche ouverte…». C’est aussi le moment, dit Dubois où «le figement expressif tend à installer la mort sur les visages». Le visage qui jouit et celui qui expire ne semblent d’ailleurs parfois plus faire qu’un. A l’écran, les émotions ambiguës qui les traversent laissent comme une empreinte qui –si elle se constitue au bon moment (ce que Dubois appelle le kairos)– touche à l’éternité.
Cauchemar et kairos
Dans le gore, «ce moment est particulièrement important», rappelle Éric Falardeau, puisqu’il introduit ou suit l’apparition d’un tueur armé (ou du hardeur dégainé). Comme dans un cauchemar, il y a, d’un côté, la face d’une femme qui bouge au ralenti et, de l’autre, un homme qui la pénètre à coups redoublés. Alors que le couteau ou le pénis entrent par saccades, dans un mouvement de répétition spasmodique et frénétique, le visage de la victime semble au contraire se figer dans sa souffrance ou jouissance, jusqu’à devenir une image arrêtée. D’où la question : le porno et le gore sont-ils des films qui nous permettent, symboliquement, de punir notre corps ? Ou, au contraire, de se le réapproprier, au fil de visionnages «participatifs» ponctués par les mêmes scènes obsessionnelles ?
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A LIRE : Le corps souillé : gore, pornographie et fluides corporel, d'Éric Falardeau, éditions L’Instant même, 2020.
Gérard Damiano : les peaux, la chair, les nuits, de Marc Bruimaud, éd. Flament, 2018.
« Glacé d’effroi. Les figures de la Peur ou les passions de l’expression à la représentation », de Philippe Dubois, Traverses, n°25, 1982, p. 137-147.
POUR EN SAVOIR PLUS : «Esthétique du sperme» ; «Le selfie, c’est porno ?» ; «Existe-t-il encore des tabous dans la pornographie ?» ; «Quels tabous le porno transgresse-t-il ?» ; “Evil Dead, le film préféré de Fellini ?“ ; «Les archives somatiques et le cul».
Besoin d’évasion après ce long confinement et de reprendre une vie coquine active ? On vous comprend !
Benjamin Warlop, à la communication de la plateforme Wyylde, voyait un « avant » et un « après » confinement pour les libertins. Et c’est le cas également pour toutes les industries du secteur qui vont devoir trouver une nouvelle façon d’accueillir leur public.
Les touristes affluaient de tous les pays européens chaque été pour venir pratiquer le libertinage ou le naturisme dans le village du Cap d’Adge. Un lieu de mixité, de proximité aussi, où la coutume voulait que l’on partage allègrement ses fluides sur « la Baie des Cochons » ou que l’on échange des caresses dans les clubs.
Mais cette année, nouvelle règle : les frontières sont plus difficiles d’accès ! Et les Français sont vivement invités à redécouvrir leur pays durant l’été. Pour Vincent, propriétaire et loueur d’un bateau dans le village, c’est une nouvelle population qui peut être attendue : « On pense qu’il y a une nouvelle clientèle nationale qui va venir cette année, moins intéressée par le libertinage, mais plus par la découverte des paysages, par la beauté et la culture locale, la gastronomie. On sait aussi que cela sera nécessairement plus calme cette année… »
Certains commerces seront gagnants, d’autres auront plus de mal à tirer leur épingle du jeu… : « Le bateau est une des meilleures alternatives par rapport à l’entassement de la plage ou des clubs. Comme on est en mer, on peut à la fois vivre le côté « expérience coquine » comme faire l’amour sur le bateau ou se baigner nu en sécurité – en plus d’en profiter pour explorer la région ou s’offrir un apéro sympa au coucher de soleil. »
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