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Grâce au bouche à oreille, j’ai découvert la jeune marque « Osez Joséphine » fondée par deux artisans, Justine et Jean-Philippe, qui ont allié leur savoir-faire pour créer une gamme d’objets érotiques en cuir et en porcelaine. Vous connaissez déjà peut-être les sextoys en bois d’Idée du Désir, sachez que le choix des matériaux n’a vraiment aucune limite quand il s’agit de nous procurer du plaisir ! Je vous livre ici ce que j’ai retenu de cet entretien passionnant et sans tabou avec Osez Joséphine.
Sextoy en porcelaine et accessoire en cuir Osez Joséphine Vers le chemin de l’artisanat érotiqueComment on en vient à se lancer dans la fabrication d’objets de plaisir sexuel ? Je leur ai posé la question, et on peut dire que leurs vies avaient commencé tout autrement !
Côté cuir, Jean-Philippe est infirmier en psychiatrie. Rien à voir donc. Mais son attrait personnel pour les arts manuels et la pratique du BDSM l’ont amené à passer un CAP en maroquinerie. Il vendait ainsi depuis quelques années ses créations classiques sur des marchés d’artisans. Jusqu’au jour où il a l’opportunité d’exposer une collection complète dans un donjon BDSM, et commencé à partager son commerce entre le jour et la nuit.
Collier de soumission (ou d’apparat) en cuir créé par Jean-PhiippePour Justine, l’histoire commence aussi avec des études d’infirmière, mais son attrait pour l’art finit par l’orienter vers des études de plasticienne céramiste. Elle apprend à travailler sur des techniques de créations variées : forge, céramique, sérigraphie, bronze… Elle crée sa première entreprise d’articles classiques en porcelaine, en y ajoutant parfois une touche d’érotisme, comme des services à thé mythologiques.
Un salon de l’artisanat en novembre 2022 et BOUM ! C’est la rencontre. La connexion se crée et Jean-Philippe lance l’idée de faire des sextoys en porcelaine. Il va falloir faire vite, car l’occasion de vendre leurs produits se présente aussi soudainement que leur rencontre, en un mois ils doivent tout inventer !
L’art de concevoir le plaisirJustine m’explique que le concept est attrayant, mais pas franchement répandu. Il existe seulement une petite poignée de céramistes qui font des sextoys, et aucun en porcelaine. Alors la grande question est : comment est-ce possible ?
Quelques points techniques sur la porcelaine :
J’ai eu l’occasion d’avoir une de ces pièces entre le mains et contrairement à ce que l’on s’imagine, c’est très léger !
Le plus grand atout de la porcelaine est qu’elle est thermosensible, c’est-à-dire qu’elle adapte sa température à celle de son environnement.
Autrement dit, vous pouvez jouer avec sa température, tremper vos sextoys dans de l’eau chaude ou froide, ou bien les laisser s’adapter à votre température corporelle pour ne faire qu’un et ne sentir que la forme de l’objet dans votre corps.
L’atelier de fabrication de Justine, ambiance cosy pour faire des sextoys !Concernant le cuir, Jean-Philippe opte pour un tannage végétal, certes un peu plus cher, mais qui rend la matière imputrescible. De plus, les tannages minéraux ou chimiques peuvent provoquer des réactions allergiques, ce dont on ne veut pas sur notre peau ou nos intimités. Le cuir offre un confort surprenant et un visuel très attrayant, tant par l’esthétisme naturel du cuir, que par les créations sur-mesure.
L’atelier de fabrication de Jean-Philippe, une vraie usine à plaisir !Les artisans maroquiniers sont bien plus nombreux dans le milieu BDSM, mais l’originalité d’Osez Joséphine c’est ce mélange de cuir et de porcelaine. La complémentarité de leurs connaissances et être deux, c’est se donner deux fois plus de motivation !
Le strap-on « Annastasia » délicat mélange de cuir et de porcelaine Un métier encore tabou ?J’étais très curieuse de savoir s’ils avaient parlé de leur nouvelle entreprise à leur entourage. J’avais en face de moi deux personnes passionnées et très ouvertes sur le sujet de la sexualité, mais est-ce que tout le monde le voit comme ça ? Justine en a parlé à sa famille qui l’a bien accueilli et encouragé, Jean-Philippe ne les a pas informé, de crainte d’être trop en contradiction avec leurs valeurs. En revanche, l’accueil des amis proches et collègues est assez unanime, pas de jugement, parfois même un grand intérêt ! Justine m’évoque son expérience avec ses collègues céramistes, qui évoluent dans un métier parfois très classique et traditionnel. À sa grande surprise, pas de rejet de leur part ! Au contraire, l’originalité de ses créations ne leur retire pas la dimension artistique de la discipline.
Un plug ou une oeuvre d’art ?Seule ombre au tableau, comme beaucoup de métier dans le secteur de l’érotisme, certain.e.s ne reconnaissent pas le sérieux de ce travail. Le fameux « Tu travailles ce soir ? Enfin ça va, c’est pas trop dur ! », lorsqu’ils vont exposer dans des clubs libertins par exemple. Rappelons que le marché de l’érotisme implique le même investissement que la commercialisation de produits traditionnels ! Il faut gérer son business, sa clientèle, la fabrication des produits, le marketing, l’administratif…
Osez les sextoys en porcelaine « Osez Joséphine »Ces créations sont presque des œuvres d’art faites à la main et avec passion. L’aventure ne fait que commencer pour cette jeune marque ! Justine et Jean-Philippe aimeraient développer leur activité. Ils pensent à créer des petites séries, continuer de faire des commandes personnalisées, notamment pour plus d’inclusion (en adaptant la taille et en répondant aux désirs de chacun.e.s). Et pourquoi pas se diversifier en rajoutant d’autres matériaux qu’ils savent travailler ? Le duo a aussi comme projet de proposer des ateliers créations, pour apprendre à fabriquer soi-même son sextoy par exemple. Rien ne s’oppose à la nuit, comme dit la chanson.
Je sais qu’on les aime nos Womanizer et autres bijoux de technologies qui nous font vibrer de plaisir ! Mais si on revenait à la matière de temps en temps ? Du vrai cuir sur la peau pour nous faire frissonner, de la porcelaine entre les jambes pour nous caresser ?
Si vous souhaitez leur passer commande, n’hésitez pas à aller voir leur instagram @josephine_osez et à leur écrire un message ! Vous pourrez aussi les retrouver au salon de l’érotisme Erotix de Mons les 09, 10 et 11 juin prochain.
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Cet article Dancing Pina, dans les pas d’un héritage de liberté provient de Manifesto XXI.
En suivant deux troupes qui reprennent des pièces majeures de l’œuvre de la célèbre chorégraphe Pina Bausch, Florian Heinzen-Ziob signe un magnifique film, émouvant par sa bienveillance et sa beauté, tant visuelle que philosophique.Pina Bausch, on peut le dire sans trop de prudence, a largement participé à construire la danse contemporaine. Danseuse et chorégraphe incontournable de son époque, elle laisse aujourd’hui un héritage qui influence nos façons d’aborder la danse, en pratique et en théorie. C’est à cet héritage que le documentaire Dancing Pina rend hommage, et le perpétue.
École des sables, près de Dakar. Une scène, grande ouverte sur une forêt de cimes. Des danseur·euses, venu·es de 14 pays d’Afrique reprennent Le Sacre du Printemps. À quelques milliers de kilomètres, au Semperoper, à Dresde en Allemagne, on reprend Iphigénie en Tauride. Deux pièces majeures de Pina, montées à nouveau, sous la direction d’ancien·nes danseur·euses du Tanztheater, sa troupe. Nous suivons ces deux groupes – dans ce que le mot groupe a de plus essentiel – qui, fouillant dans les mémoires individuelles et collectives, cherchent à comprendre et reproduire ces chorégraphies majestueuses où se jouent la philosophie du sacrifice et les rapports entre hommes et femmes.
Il s’agit de reconstruire une mémoire. Dancing Pina se déroule comme une réflexion sur la vie d’une œuvre, sur sa façon de traverser le temps et les gens. Que reste-t-il, dans les cœurs de celleux qui campaient les rôles principaux, des indications de la chorégraphe décédée en 2009 ? Comment retranscrire ses intentions, sa vision de la danse, sa mise en scène ? Et comment se la réapproprier ? La magie de Pina Bausch tenait dans son attachement aux imperfections, sa capacité à laisser aux danseur·euses la place d’être elleux-mêmes au sein de ces chorégraphies, d’être des individu·es entier·es au sein du groupe. Il faudra les faire siennes, pour les comprendre. « Si c’était une copie, ce ne serait pas du Pina » affirme l’une de ses anciennes collaboratrices.
Parce que la plus grande œuvre de Pina a été de léguer à toute une génération de danseur·euses la capacité de s’émanciper des diktats autour des corps. Petite, elle se cache sous les tables du bistrot de l’hôtel tenu par ses parents et dans lequel elle a grandi. Là, protégée des regards et à hauteur de genoux, elle observe les gens. C’est précisément cet amour et cette fascination pour l’humain qui va construire toute sa philosophie de la danse. Toute sa vie, elle ira à l’encontre d’une danse qui bafoue, écrase, questionne ou critique les corps des danseuses et la masculinité des hommes. La force de ce documentaire réside justement dans sa capacité à perpétuer cet effort. Florian Heinzen-Ziob filme et écoute ces femmes et ces hommes qui, au fil des répétitions et de cette transmission, se réapproprient leur corps, comme espace intime et politique pour aller vers le renouement. Iels parlent d’elleux, des autres, de leurs complexes, de leurs fiertés, de toutes ces choses que danser du Pina Bausch remue et remet en question.
Dancing Pina est avant tout à l’image du travail de la chorégraphe : d’une grande beauté, émouvant de sincérité, intime et universel, et mû par un amour immense de la danse comme espace de liberté et d’émancipation. Avec ce film, Florian Heinzen-Ziob entretient avec brio l’héritage de Pina Bausch.
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Docteur, bien que je sois encore jeune, je ne suis plus attirée par les choses du sexe. Je vis en couple et mon compagnon est toujours aussi actif, alors que de mon côté, je ressens une sorte d’usure, voire de désintérêt. Comment expliquer cette lassitude pour le sexe alors que j’adorais cela quand j’étais plus jeune ?
Les explications de la sexologueVous semblez tout mettre sur le compte de votre âge et croire que votre désintérêt vis-à-vis du sexe est uniquement lié au fait que vous approchez de la quarantaine. En réalité, ce qui vous arrive est un souci très répandu chez les femmes vivant en couple. Au fil des années passées ensemble le compagnon n’a plus l’aura de “Prince charmant” qu’il avait au début et le ronron de la vie quotidienne ne convient pas bien à la libido féminine.
Je suis prête à parier que si vous veniez à rencontrer votre partenaire maintenant, au lieu de le voir tous les jours et tous les soirs, votre envie de faire l’amour avec lui réapparaîtrait ! Le désir féminin est souvent bien plus compliqué que celui des hommes. Ces derniers ont une sensibilité érogène très visuelle et physique, et il leur suffit de pas grand chose pour réveiller leur intérêt sexuel.
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Le Griffon, centre de santé sexuelle, nous a ouvert les portes de ses nouveaux locaux, l’occasion pour nous de faire un point sur cet endroit unique et essentiel à la communauté LGBT+ lyonnaise. Aurélien Charnay, directeur du Griffon à répondu à nos questions.
Votre présence rue des Capucins n’est pas une simple coïncidence, pourquoi avoir choisi de vous installer ici ?
Aurélien Charnay : Ce n’est effectivement pas un hasard, il existait déjà un centre de santé sexuelle dans le même quartier (rue du Griffon) mais le local était petit. Il reposait sur le travail des bénévoles et les horaires étaient plus contraignants. Pouvoir investir l’ancien poste de police, rue des Capucins, s’est présenté comme une réelle opportunité, d’autant plus que nous sommes à présent dans la même rue que le Centre LGBTI+. Maintenant, nous sommes ouverts de 12h à 21h du lundi au vendredi et un samedi par mois. Sur place, il y a un médecin, un infirmier, un médiateur et une personne pour accueillir les patient·es. Nous avons de vrais locaux médicaux et surtout nous avons un laboratoire interne.
Proposer une prise en charge complète est au cœur du projet initial du Griffon, pourquoi ?
Aujourd’hui cela paraît logique car la santé sexuelle est envisagée dans sa globalité en termes de politique de santé publique. Mais en 2016, aux prémices du projet du Griffon, ce n’était pas encore une évidence. Il y avait vraiment une segmentation dans la façon de prendre en charge les patient·es dans le monde médical (séparation entre addicto, IST, VIH…). L’idée originelle était de créer un lieu qui prendrait en compte tous les volets de la santé sexuelle.
Pourriez-vous revenir sur les associations avec lesquelles vous travaillez au quotidien ?
Nous travaillons main dans la main avec l’Enipse. Nous collaborons également avec Keep Smiling, l’ALS, Cabiria et l’ALSM. Le Griffon a pour but de réunir au maximum les associations locales, ayant chacune leurs publics, qu’elles redirigent ensuite vers le Griffon. Nous faisons du soin, les associations nous permettent de nous mettre en relation avec les différentes communautés.
Vous décrivez le Griffon comme un espace de santé expérimental, en quoi cette structure se différencie-t-elle des centres de dépistage plus conventionnels ?
Concrètement, la différence entre un CeGIDD et le Griffon se fait au niveau de notre approche communautaire. Nous n’accueillons pas tous les publics, nous priorisons la communauté LGBT+ et les TDS. Les pays anglo-saxons ont d’ailleurs déjà opté depuis plusieurs années pour cette approche communautaire et observent des résultats très positifs.
Êtes-vous satisfait·es de la fréquentation de votre centre ? Quels retours avez-vous eu de la part de la communauté LGBT+ ?
Globalement nous avons de très bons retours, mais nous faisons surtout attention à la satisfaction des patients. Nous commençons toujours par faire un balayage complet de la situation en discutant avec un médiateur communautaire ( bien-être mental, sexualité, consommation de produit), ce sont des véritables pivots du parcours de soin. Nous co-construisons avec le patient les modalités de la prise en charge.
Comment vous assurez-vous que les professionnel·les de santé, à l’œuvre dans votre centre, soient bienveillant·es à l’égard des minorités qu’il cible ?
Tous·tes les salarié·es dans le centre sont issu·es de la communauté ou/et sont spécialistes de la santé sexuelle. Nous veillons à mettre en place un safe place où tous les professionnel·les de santé ont une approche de non-jugement.
Les travailleu·ses du sexe sont encore très stigmatisées dans la sphère médicale, comment permettez-vous à ces personnes, d’avoir accès à une prise en charge et un suivi régulier ?
Cabiria nous permet d’établir une relation de confiance entre les TDS et notre centre de santé. Ensuite, les TDS souhaitent effectuer des dépistages mais en majorité ne veulent pas de prise en charge plus globale. Le dépistage complet en 90 minutes que nous proposons permet un gain de temps énorme pour ces personnes particulièrement exposées.
Nous avons abordé de nombreuses spécificités liées à votre centre de santé sexuelle et à son ancrage local, êtes-vous présent·es ailleurs que dans vos locaux ?
Nous faisons déjà un peu d’hors les murs, avec notamment l’association Enipse, mais nous souhaitons développer davantage cet axe. Par exemple, nous nous rendons régulièrement au sauna l’Oasis. Les agents de prévention de l’Enispe informent et dirigent les usagers vers nos infirmier·ères qui les accompagnent sur place.
Dans votre centre de santé sexuelle, vous avez choisi de développer tout un axe autour du chemsex, quel service avez-vous mis en place pour accompagner ces utilisateurs ?
Nous avons un lien historique avec le CSAPA (Centre de Soins d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie) de Croix-Rousse, une fois par semaine et une soirée par mois, un médecin et un infirmier spécialistes occupent nos locaux. Nous allons également mettre en place des groupes de parole autour du chemsex avec l’équipe du CSAPA et une psychologue de L’Enipse.
Quel avenir pour votre centre de santé sexuelle ?
Nous sommes encore en phase de test. Nous espérons, à la fin de l’année, être reconnu comme le centre de santé sexuelle à approche communautaire de Lyon afin de pouvoir continuer notre travail mais aussi élargir nos champs d’action.
Pour préparer votre visite :
Le Griffon, 23 rue des Capucins, Lyon 1 / 04.28.29.04.87
@ Misha Faber
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