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Les films centrés sur l’armée américaine évoquent si souvent la sexualité des soldats que l’image du GI affalé sur son lit de camp, Playboy à la main, vous est forcément familière. Ce que vous ignorez sans doute, c’est que le Département de la Défense des Etats-Unis surveille activement le matériel explicite qui finit dans les casernes. Vendredi 4 novembre, le magazine britannique Business Insider a rappelé que le Pentagone organisait depuis 1998 des réunions au cours desquelles une équipe d’officiers et de civils est chargée de choisir les images qui seront disponibles à la vente au sein des bases militaires.
La mission des six hommes et deux femmes qui composent cette équipe d’observateurs pornographiques n’est pas aussi simple qu’elle en a l’air. Les soldats états-uniens ont interdiction d’acheter ou de louer du matériel “sexuellement explicite” au sein de leur base depuis le Military Honor and Decency Act de 1996. Comme d’habitude, le problème consiste à définir ce que signifie ce “sexuellement explicite”. Le document du Département de la Défense qui encadre le travail de l’équipe de critiques X du Pentagone explique que ce terme désigne tout matériel “obscène et pensé ou conçu pour déclencher une réponse sexuelle”, ce qui ne nous avance pas beaucoup.
Fort heureusement, les documents officiels sur lesquels le Business Insider a basé son article mentionnent les noms des objets culturels approuvés et rejetés par l’équipe du Pentagone. En 1998, ses membres ont considéré “sexuellement explicites” les films Anna Nichol Exposed et Beach Babes 2 (Cave Girl Island). Le calendrier vidéo Playmate 1995 ne leur a cependant pas posé problème. On ne comprend toujours pas très bien, mais qu’importe : les soldats ont de quoi s’entretenir le fap, quitte à y mettre un peu d’imagination, et le Département de la Défense des Etats-Unis paye pour ça. Leur petite assemblée de critiques leur coûte 5 500 dollars chaque année. Sachant que son budget approche des 500 milliards de dollars, ce n’est pas trop lui demander.
Tout fan de super héros s’est posé un jour la question : mais que font-ils donc après le boulot pour se déstresser ? Parce que quand même, ça va bien cinq minutes de sauver la planète et mettre les supers vilains dans une prison dont ils vont s’échapper le lendemain. Car comme le dit si bien Spider-man dans la vidéo de Suricate : « Un grand pouvoir implique… De niquer sa raaace !! ». Et donc à partir de ce postulat, de se poser quelques questions existentielles dont les réponses sont vitales pour notre équilibre psychique. Hellboy pratique-t-il intensivement le fist-fucking ? Storm avale-t-elle ? Et Spider-man éjacule-t-il de la toile ?
A priori, oui.
Je n’étais pas le seul à me poser ces questions. Tony Emeriau et Xav ont eu les mêmes interrogations mais comme ils sont respectivement bien meilleurs scénariste et dessinateur que moi, ils ont décidé de s’y mettre ensemble pour y répondre. Leurs travaux de recherche ont d’abord été présentés sur leur blog, où ils continuent d’ailleurs à poster régulièrement leurs nouveaux dessins. Il n’a ensuite pas fallu bien longtemps pour que, vu leur qualité, ces oeuvres se trouvent réunies dans de belles publications en papier d’arbre, accompagnées de quelques inédits. C’est à ce moment-là qu’intervient Monsieur Popcorn, un gentil éditeur qui aime ses auteurs, pour faciliter leur projet. Et quand l’on a une belle moustache blanche et un véritable amour pour l’édition d’ouvrages qui sortent de l’ordinaire, ce serait dommage de s’en priver. Surtout pour nous.
Aussi
Le premier tome sort ainsi en mai 2014, suivi rapidement par le second en novembre de la même année. Le succès est au rendez-vous, les réimpressions arrivent ensuite pour répondre à la demande et, à l’occasion des fêtes de Noël 2015, nous voyons arriver le coffret spécial Hard Pack qui regroupe les deux tomes et la version light du jeu de société Fist Them All. Jeu dont le crowdfunding sur Ulule s’est bien terminé en juin et devrait bientôt partir en fabrication. Par contre, autant le coffret Hard Pack et les tomes seuls sont trouvables, autant le jeu ne va pas être facile à dégotter, semble-t-il. Tant pis, il va falloir falloir se contenter des soirées fist OU jeu de société, et pas les deux en même temps. Dommage.
Alors oui, je suis encore à la bourre pour vous donner les infos qui vont bien mais, d’une, je n’étais pas encore au Tag à l’époque et, de deux, je suis en retard mais avec un bon timing cette fois. Avec un thème aussi formidable, il serait dommage de s’arrêter là sans finir en beauté (pour l’instant) avec un tome 3 prévu pour la fin novembre, lui aussi plein d’inédits. Évidemment nos supers héros favoris se lâchent toujours autant mais aussi avec certains des personnages qui ont bercé notre enfance et notre adolescence. Nous retrouverons ainsi des héros issus des dessins animés, bandes dessinées ou jeux vidéos pour un gros mashup plein de cul et de déconne. Un beau programme en guise d’au revoir, le temps que les deux auteurs se changent les idées et nous reviennent peut être un jour tout frais.
Cela doit se voir un petit peu, je suis un gros fan, j’en suis déjà à mon cinquième coffret acheté pour offrir aux amis. Le potentiel masturbatoire est effectivement limité quoique présent, ce n’est pas la fête de la loi 34 d’Internet non plus. Mais du Bon Fap, il y en partout alors que du gros fendage de gueule ET du cul, c’est plutôt rare. Mon conseil avisé ? Foncez attraper les Hard Packs pour vous et vos amis tant qu’il en reste et exigez de votre libraire qu’il commande plein de tomes 3 et vous en réserve un à la sortie, vous ne le regretterez pas.
Dispo Fnac – Amazon – BDFugue
Précommande tome 3 Monsieur Popcorn – Fnac – Amazon
Je crois qu'il est temps qu'une femme de la trempe de Hillary Clinton devienne présidente des États-Unis.
- PolitiqueVu sur Légendes érotiques arthuriennes
Deux auteures que je lis souvent, Julie Derussy et Clarissa Rivière, et un illustrateur dont…
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On n’a pas toujours le temps de tout lire, tout écouter, tout regarder sur le net ou ailleurs. Voici un rapide tour d’horizons des infos en tout genre que nous avons trouvées intéressantes. Cette semaine sera (télé)visuelle, j’ai regardé deux documentaires et une série. J’ai eu envie de vous en parler. Bon sexorama… Princesses, pop stars et...
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Dans la continuité du photographe Robert Mapplethorpe, poursuivons avec le triste anniversaire de la mort de l’icône du dessin homo-érotique, Tom of Finland. Décédé il y a 25 ans, le 7 novembre 1991, nous fêtons aujourd’hui son univers cuir-cuir-moustache.
Une enfance pleine de fantasmesElevé dans une petit ville de Finlande, Touko Valio Laaksonen passe son enfance entre ses parents professeurs et les ouvriers des champs. L’odeur de la forêt et de la campagne vont alimenter les carnets de croquis du jeune garçon qui passe maitre dans l’espionnage des hommes au corps musclés, huilés par la transpiration.
Et ce n’est que le début d’une longue série de fantasmes puisqu’en 1939, il part étudier à Helsinki dans une école d’art. Il fantasme sur les forces de l’ordre du pays, avant de lui même porter le costume militaire en ce début de Seconde guerre mondiale. Il réalise ses obsessions les plus profondes, entouré des hommes en uniforme dont il a toujours rêvé.
Après la guerre, il dessine pour des agences publicitaires et anime des soirées installé au piano des bars-concerts de la capitale finlandaise. Ces petits boulots lui permettent de voyager et de rencontrer la fine fleur gay des grandes villes voisines. C’est dans ce bouillonnement intellectuel et sexuel qu’il envoie en 1956 un de ses dessins érotiques, signé Tom afin de contrer la censure, au magazine américain Physique Pictorial. Dès la publication de ses premières oeuvres, le succès s’impose, véritable. Touko Valio Laaksonen devient officiellement Tom of Finland.
L’icône gayLa demande explose mais la faible rentabilité de ses dessins érotiques gay, un type de production très mal payé dans les 50’s, l’amène à se consacrer entièrement au dessin. Il se lance notamment dans la BD avec son célèbre album Kake. Reconnu dans les années 1970, il organise sa première exposition à Hambourg. Mais la véritable révélation se fait dans l’enflammé Los Angeles lors de sa seconde exposition en 1978. Il côtoie les galeries et fait la rencontre du grand Robert Mapplethorpe. Ils cultivent ensemble le même univers sadomasochiste où règne l’odeur du cuir et du cambouis.
Sa renommée est faite, il devient l’une des plus grandes figures de la culture gay à l’échelle mondiale. Malgré un début des années 1980 particulièrement florissant, c’est en parallèle le début de l’épidémie de Sida aux Etats-Unis. L’artiste perd nombre de ses amis dans ce fléau, ainsi que Veli, son amant éternel de plus de 28 ans. Cette période tragique va marquer son retour en Finlande, lui même victime d’une pathologie pulmonaire. Comme ses médicaments l’empêchent de finir les détails de ses créations, il se lance dans l’image colorée au pastel, jusqu’à sa mort.
Untitled, 1990, Tom of Finland
The gay way of lifeInspiré par l’artiste Paul Cadmus et du bara japonais, il créé, dès les années 1950, des personnages masculins hyper-virils qui évoluent dans une atmosphère fantasmatique et fétichiste. Ses dessins sont bien plus que des « dirty drawings » : ce sont des détails, des contrastes et des fantasmes bruts qui poseront les marques d’une nouvelle communauté gay : « Je travaille dur pour m’assurer que les hommes que je dessine en train d’avoir une relation sexuelle sont fiers de faire l’amour d’une façon heureuse. » explique-t-il. Les personnages sertis de cuir dépassent aujourd’hui l‘univers fictionnel (petite pensée à Glenn Hughes des Village People). Ils représentent désormais un style de vie, une mode vestimentaire et une attitude. Du défilé de mode à la ligne de sextoys chez XR Brands, l’auteur de Kake est partout :
« Elevé en tant que père de l’art homo-érotique fétichiste, Tom of Finland a eu un impact majeur sur la culture avec ses images envoutantes de l’homme hyper-masculin » explique le responsable de la ligne chez XR Brands. L’entreprise de distribution de sextoys William Trading Co. s’est aussi emparée du mouvement pour renflouer ses stocks : « Tom of Finland Pleasure Tools est une ligne complète de jouets qui célèbrent la sexualité masculine, on y compte des plugs, des anneaux et des extendeurs péniens qui sont sains pour le corps et sans phthalate » décrit le directeur des ventes, Scott Dantis.
Oeuvres d’art et oeuvres masturbatoires, les oeuvres de Tom of Finland montrent aussi combien les hommes gay doivent prendre confiance dans leur sexualité. A travers ses personnages, le dessinateur nous montre des instants passionnés entre hommes, des moments de fraternité et de camaraderie. Ses figures encouragent aussi tous les types d’expérimentations afin d’amener son partenaire au bout de soi-même. Oh oui !
Untitled, XXL Series / The Saddle Thief III, 1958, Tom of Finland
Untitled, Motorcycle Series, 1959, Tom of Finland
On est bien d’accord que les préservatifs sont tous pareils non ? Et bien justement non 😋. Il y a même une grande différence entre les préservatifs en terme de confort et de sensation. Aujourd’hui, je teste les préservatifs Durex Invisible disponibles en deux versions : extra-lubrifié et sensibilité ultime. La version extra lubrifiée des…
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Avec Clarissa Rivière, ma complice d’écriture, nous venons de publier deux récits aux éditions Dominique Leroy, réunis sous le titre Légendes érotiques arthuriennes. Toutes deux passionnées par les romans de chevalerie, nous avons décidé de faire tomber les armures et les jupons, pour explorer les relations amoureuses de ces personnages mythiques. Les illustrations sont de … Read More →
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Vu sur Lily épisode 4 : Love-shop, Karine Géhin et William Tinchant
Après une première saison en trois épisodes (publiés au printemps 2016), Lily, la série érotique…
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L’homosexualité des Grecs anciens est proverbiale. Leurs mythes racontent l’amour des dieux pour de beaux et jeunes garçons. Mais pourquoi ces amours sont-elles si violentes ? Kidnapping, viol, suicide…
Historien de formation, helléniste, spécialiste de l’Antiquité grecque qu’il a étudiée jusqu’en doctorat, Nicolas Cartelet raconte dans son ouvrage Aux origines de la pédérastie ces innombrables histoires d’amour entre hommes qui font partie du corpus mythologique ancien. Innombrables mais tellement brutales, s’étonne-t-il. Pourquoi ? Et que peut-on en déduire de notre propre société si friande d’histoires de femmes séduites par de richissimes sadiques ?
Pélops et Poséidon : toute première fois avec un dieu
La toute première des légendes grecques met en scène le tendre Pélops aux prises avec Poséidon, dieu des mers et des océans. Pélops est beau. Poséidon s’en éprend. La suite est cruelle : «De force il le prit et l’emmena sur l’Olympe». La première histoire d’amour mâle est donc celle d’un rapt aggravé. Elle est rapidement suivie d’un viol (paragraphe suivant). Dans le palais de Zeus où Poséidon fait de lui son jouet sexuel en même temps que son trophée de guerre, Pélops devient l’échanson divin, «et alors inlassable Pélops servit à boire aux Immortels, ébahis devant son incomparable beauté. Mais ce travail, pourtant éternel de vocation, s’arrêta bientôt : l’on prit le jeune serviteur à dérober le nectar et l’ambroisie, boisson et nourriture des dieux. Pour punition Pélops fut renvoyé sur Terre, où il reprit le cours de sa vie mortelle». Sur Terre, Pélops reprend le cours d’une «vie normale» : à cette époque, les légendes disent que l’homosexualité n’existait pas encore parmi les humains. Pélops prend donc une femme, qui lui donne un fils : Chrysippe. Le fils est aussi beau que son père, sinon plus. Les années passent et Chrysippe devient un magnifique adolescent. Tout est prêt pour que le drame advienne.
Laïos et Chrysippe : viol inaugural chez les humains
C’est le père d’Œdipe en personne, Laïos, qui est considéré – dans de nombreuses légendes antiques – comme l’inventeur de l’homosexualité parmi les humains. Il inaugure la première relation sexuelle entre mâles… relation forcée qui finit dans le sang. «À cette époque où l’homosexualité n’existait pas encore, Laïos, futur roi de Thèbes et père d’Œdipe, fut chassé de sa cité et dut trouver refuge, curieux hasard, chez le roi Pélops, relâché depuis une vingtaine d’années par les dieux. Le brave Pélops, dont le voyage forcé sur l’Olympe n’avait rien enlevé de son innocence, confia son fils Chrysippe aux bons soins de son hôte.» Il n’aurait pas dû. C’est ici que le viol arrive, rapidement suivi d’un suicide. «Apprends-lui à conduire un char, mon cher ami», demande Pélops à Laïos. Laïos accepte, «mais dès qu’il eut aperçu le jeune prince, adolescent aux belles boucles et au visage d’or, […] il ressentit l’Eros incontrôlable. N’écoutant que son désir, se rendant par-là coupable d’une terrible hubris, il emporta le garçon sur son char et abusa de lui. La pédérastie était née. Chrysippe, honteux de voir son honneur sali à tout jamais, se pendit de dépit. Seuls les dieux peuvent enlever et abuser à leur convenance ; l’homme brutal ne répand que la mort autour de lui.»
Ganymède et Zeus : une (sale) histoire de famille ?
La victime suivante s’appelle Ganymède. Il est fils de bonne famille et pour cause : son grand-père est Zeus en personne. «Dardanos, roi mythique qui donna son nom au nord-ouest de l’actuelle Turquie, était issu de Zeus. Son fils, Trôs – fondateur de Troie –, eut avec Callirhoé, fille du dieu-fleuve Scamandre, trois enfants au nombre desquels Ganymède, le plus beau de tous les Grecs.» Le cadre est posé pour une sinistre affaire d’inceste. Un jour que Ganymède chasse, au cœur des forêts sur l’Ida, Zeus jette un œil vers la terre et – détaillant la silhouette du chasseur – en tombe éperdument amoureux. «Comment Zeus s’y prend-il pour mettre à exécution son jugement ? Envoie-t-il Hermès, messager des dieux, se saisir du jeune homme ? À moins que ce ne soient les Harpyes, ces oiseaux de malheurs, coutumières des sombres tâches… Ou encore Zeus lui-même, changé en aigle, se charge-t-il en personne de ce cruel office ?» Les légendes divergent, mais témoignent toutes d’un fait similaire : Zeus ne prend pas le temps de séduire. Il prend, il s’empare, il s’impose. «Au beau milieu de sa chasse, alors qu’il a le daim en mire, qu’il est prêt à décocher sa flèche, Ganymède voit fondre sur lui l’expression de la volonté divine». Encore un kidnapping.
Pourquoi par la force ?
Nicolas Cartelet ici s’interroge : «Pourquoi la brutalité, là où le charme d’un dieu aurait probablement suffi ? […] Zeus n’est-il pas le maître de la séduction, le dieu change-forme aux mille tours ? Lui qui s’était métamorphosé en cygne pour séduire Léda, en serpent pour approcher Perséphone, en taureau pour s’unir à Europe, n’avait-il que l’aigle prédateur et impitoyable pour emporter les faveurs du jeune Troyen ? Assurément non, et il faut chercher plus loin les causes de sa dureté.» S’inspirant de la définition du mythe par Jean-Pierre Vernant (1), Nicolas Cartelet fait des légendes grecques le miroir idéologique d’une culture à la fois pédérastique et profondément homophobe (est-ce possible !?). Oui. Il s’agit de prendre les mythes au sérieux. On aurait tort de penser que les contes et les légendes dites «de grand-mère» sont juste de distrayantes histoires. Elles expriment un Ordre. L’ordre du monde, chez les Grecs anciens, veut que les jeunes et beaux garçons soient enlevés brutalement par les dieux, parce qu’il y a un tabou puissant chez les Grecs concernant la sodomie dite «passive».
Un rite initiatique pour surmonter le tabou de l’enculage
Rappelant que «toute la culture grecque est affaire de rites et de symboles» et que «le rapt, simulé ou pas, y tient une place centrale», Nicolas Cartelet explique : «En Crète, où plus qu’ailleurs les Grecs se réclamaient des lois divines, c’est-à-dire des lois de Zeus, la relation homosexuelle était initiée par l’enlèvement de l’éromène [l’élève], supposément inspirée de la légende de Ganymède […]. L’éraste [le mentor] épris d’un jeune homme en informait la famille de l’intéressé, la prévenant par-là du rapt qui s’annonçait. Lorsqu’il se présentait au logis de l’aimé, deux attitudes pouvaient lui être opposées : soit la porte lui restait clairement fermée, et alors il s’en retournait piteusement chez lui, soit l’on défendait mollement le garçon de la maison, dans un simulacre d’indignation ; l’enlèvement avait alors lieu et voyait les amants disparaître dans la nature, en dehors de la ville, pour une période de deux mois (2). [Après quoi], l’éraste et son éromène crétois rentraient chez eux, et alors l’amant offrait solennellement et en public trois présents au garçon : une coupe en or, qui symbolisait son droit à prendre part aux repas des citoyens ; un bœuf, qui symbolisait son droit à offrir des sacrifices aux dieux ; une tunique de soldat, qui symbolisait son droit à prendre part aux combats. En somme, le jeune homme était devenu citoyen, et ce grâce à l’éraste : l’enlèvement de Ganymède par Zeus symbolisait le rite initiatique du passage à l’âge adulte.»
Grèce antique : une culture de l’homosexualité honteuse ?
Cette mise en scène présentait deux avantages : elle inscrivait la relation entre hommes dans un cadre mythologique (prestige) et elle permettait à l’élève de sauver la face (bonne excuse). «Soyons honnêtes, le rapt et la brutalité imposés au garçon lui évitaient d’avoir à affronter les regards accusateurs de ses proches ; il n’avait pas cédé à la tentation, non : on l’avait simplement forcé !». Dans la Grèce antique, bien que les relations pédérastiques soient institutionnelles, elles entrent en conflit avec le stigmate qui frappe l’homme «féminisé». Un homme, un vrai, un dur, ne se donne pas comme une catin lascive. Il y va de l’honneur. Ce que les mythes traduisent c’est donc la contradiction inscrite au cœur même de cette culture paradoxale qui force les jeunes mâles à se laisser sexuellement initier par leurs aînés, tout en protégeant leurs «arrières». Il est honteux d’être mis en posture «passive», c’est-à-dire enculé. L’humiliation peut conduire au suicide, ainsi qu’en témoigne le mythe de Laïos et Chrysippe. Voilà pourquoi les jeunes mâles – ceux du moins qui sont destinés à devenir des citoyens respectables – doivent absolument mimer Pélops et Ganymède. Pour succomber à l’amour d’un homme, il faut jouer les vierges kidnappées.
Et de nos jours ? Toutes les femmes sont Ganymède
On pourrait trouver cela risible, mais ce petit jeu du «Prends-moi, si t’es un homme» assorti de cris effarouchés, ça ne vous rappelle rien ? Nous vivons, nous si «modernes» et soi-disant «libérés», dans la même schizophrénie : les femmes font semblant de ne pas avoir envie (on leur a appris à se refuser…) de peur de passer pour des salopes. Elles sont comme Ganymède. Plus précisément : Ganymède a changé de nom, il s’appelle maintenant Pamela. Pamela, c’est le titre du premier roman d’amour bourgeois (Samuel Richardson, 1740) et le nom de la première «demoiselle en détresse» qui sert maintenant de modèle mythologique aux femmes dans notre société… Notre société de la sexualité hétéro-honteuse. Société où les dieux ont été remplacés par des millionnaires.
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A LIRE : Aux origines de la pédérastie. Petites et grandes histoires homosexuelles de l’antiquité grecque, de Nicolas Cartelet, éditions La Musardine, 2016.
Pour en savoir plus sur les mythes contemporains de notre société schizophrénique : MOISSEEFF, Marika. La procréation dans les mythes contemporains : une histoire de science-fiction. Texto!, mars 2006.
NOTES :
(1) Jean-Pierre Vernant définit le mythe comme un outil «pour exprimer et transmettre, dans une forme narrative, différente des énoncés abstraits du philosophe ou du savant, un savoir concernant la réalité, une vision du monde, ce que G. Dumézil appelle une idéologie» (Mythe et société en Grèce ancienne(Mythe et société en Grèce ancienne, Paris, François Maspero, 1982, 245-246).
(2) «Cette période d’initiation en campagne n’est pas sans rappeler les deux années que passait l’éphèbe athénien du côté des frontières, au terme desquelles il devenait pleinement citoyen – ou de la kryptie spartiate, pendant laquelle les jeunes guerriers rôdaient dans la nature avant de revenir en ville, agrégés au nombre des soldats de plein droit.» (Source : : Aux origines de la pédérastie. Petites et grandes histoires homosexuelles de l’antiquité grecque, de Nicolas Cartelet, éditions La Musardine)