Petite parenthèse au milieu de mes articles et interviews sur le porno et ses coulisses. Cette fois-ci je vous propose de me suivre dans une petite histoire que je me suis plu à écrire… En voici la première partie. Si je commence « soft » il se peut que j’aille bien plus loin dans la partie suivante mais cela dépendra aussi de vos retours… A vous de me laisser vos commentaires. Attention chers lecteurs et lectrices, ce texte n’est pas pour les enfants… En espérant qu’il vous plaise !
Elle avait l’habitude de ne pas accepter les rendez-vous. Elle trouvait toujours une excuse pour ne pas se laisser tenter, se contenter d’écouter un compliment avec politesse et s’esquiver ensuite dans un sourire quelque peu gêné. Sagesse ou lâcheté, le résultat restait le même; elle se réveillait chaque matin seule dans ses draps, rêvant d’un bras pour l’enlacer, d’un torse sur lequel promener ses doigts.
Plaire à un homme c’est être consciente que l’on a accès à son lit ; il suffit de dire « oui », ou même simplement « peut-être ». Une femme qui émet un doute, plus encore qui acquiesce, est une femme qui semble accepter l’idée que ça puisse aller plus loin. Et envisager cette possibilité est déjà une manière d’amorcer l’acte. « Ai-je à ce point envie de lui pour courir le risque d’être déçue ? » Une attitude, un mot, une réflexion, une odeur de peau… ce qui semble être un détail pour certains pouvait elle l’anéantir. Si tout à ses yeux était chargé d’un potentiel érotique, tout pouvait également devenir une excellente raison de briser son élan. Elle avait ainsi renoncé à une étreinte pour un mauvais grain de peau, un rire trop sonore, un ongle sale, des chaussures de mauvais goût, un mot de trop, un mot de moins.
Pour la séduire il fallait l’envoûter et pour cela il fallait que la musique soit parfaite. Tout devait s’unir en un moment précis dans une harmonie rare. Alors seulement elle acceptait de se laisser porter, de se donner. A défaut de livrer son cœur qu’elle ne faisait battre que pour quelques frémissements furtifs, des mirages du vertige amoureux, elle était disposée à partager son corps, et pour y accéder il fallait en premier lieu dompter son cerveau. Elle ne pouvait céder qu’à l’excellence. Celle-ci pouvait se traduire à travers la performance, l’intelligence, la prestance ou pourquoi pas, la simplicité, tant que cette dernière était touchante et en cela, exceptionnelle. Elle n’atteignait l’extase qu’à travers la transe, il fallait qu’elle se perde, jouisse, s’évanouisse. Alors, elle se sentait vivante.
La normalité la rendait folle. Chaque fois qu’elle s’était vue revenir d’une aventure banale et par conséquent médiocre, elle ne pouvait s’empêcher de se sentir honteuse, accablée, marquée par l’impression d’avoir été trompée, d’avoir perdu son temps, de s’être gaspillée. Non pas qu’elle ne puisse frémir à la douceur d’une caresse, d’un mot tendre, d’une main effleurant son genou ou d’un baiser déposé sur son poignet. Bien au contraire, ses sens étaient démultipliés, aiguisés à leur paroxysme au point qu’ils étaient sollicités en permanence, la maintenant dans un état de torture lente où elle se languissait de ne pouvoir trouver l’amant/ bourreau qui l’en délivrerait. Plus qu’aucune autre femme elle ressentait le plaisir dans ses moindres degrés, ses infinies subtilités. Et celui-ci ne trouvait sa source que dans le raffinement, la magie d’un moment, une brutalité dosée, une alchimie parfaite. Elle avait donc pris l’habitude de refuser les invitations au flirt de manière systématique. Pas d’ouverture possible, pas de rencontre, pas de risque, et surtout, pas de déception.
Enfermée dans sa bulle d’images où sa chair n’en finissait jamais de jouir et de couler en celle des autres, elle vivait une sexualité paresseuse et s’y complaisait des heures durant. Le soir dans son bain elle glissait sa main entre ses cuisses, s’enfonçait dans l’eau jusqu’à ce que la mousse couvre son front, jusqu’à ne plus entendre que son cœur ralentir. Elle fermait les yeux, glissant toujours plus, jusqu’au refuge d’un demi sommeil où tous les rêves s’offraient à elle en silence. Alors, dans cette pièce à laquelle elle seule avait accès, elle se permettait toutes les rencontres, tous les excès, tous les risques. Pas d’échec possible dans son cerveau qui comblait tous ses désirs.
Les hommes de ses aventures cérébrales étaient souvent forts, virils, dominants… Parfois même ils la forçaient, mais selon une intuition qui ne pourraient jamais la blesser. Il lui arrivait d’être toute aussi rêveuse devant un jeune étudiant à la grâce efféminée assis à quelques mètres d’elle alors qu’elle lisait à la terrasse d’un café. Elle le dévisageait jusqu’à ce que les pommettes du jeune homme s’empourprent. Elle voulait boire en lui l’innocence, le nourrir en retour de son savoir, l’éduquer, lui enseigner l’art et la manière de la faire jouir même si elle savait que son désir à lui était porté vers les hommes. Elle lui ordonnerait de se masturber devant elle, de la regarder, elle qui ne le toucherait jamais. Elle lui imposerait de recommencer durant ses heures de cours alors qu’il serait assis sur le banc d’un amphithéâtre, de serrer ensuite la main de son professeur alors que ses doigts seraient encore moites. Elle y enfouirait son visage à son retour pour humer le parfum mêlant le plaisir à la honte. L’interdit était le cœur de sa libido.
Elle ne pouvait contenir un sentiment de peur lorsqu’elle croisait des ouvriers attroupés sur une route en travaux. Depuis sa plus tendre enfance elle ne pouvait s’expliquer cette excitation mêlée de terreur et de fascination lorsqu’elle était face à un groupe d’hommes. Aujourd’hui leurs regards carnassiers réveillaient en elle une pulsion violente, l’envie d’être prise à même le béton, de voir ses vêtements déchirés , d’être dénudée, humiliée, exposée en pleine rue, forcée de jouir devant tous alors qu’ils déverseraient leur sueur et leur rage sur son beau visage. Son mascara s’étalerait sur ses joues en de longues coulées noires, elle se relèverait honteuse, rabaissant sa jupe sur ses bas filés, les genoux noircis, abîmés comme lorsqu’elle se blessait petite après avoir trop joué au loup après les garçons.
Elle rêvait d’une violence sexuelle extrême. Dans les films de ses fantasmes la brutalité serait toujours motif d’excitation, les insultes n’étant jamais le mot de trop mais la parole qui libère, celle où le jugement laisse place au jeu, le vrai, celui où la norme s’efface, où l’inconscient jaillit, où la femme se fait femelle, chienne, salope, et ce sans ne jamais rien craindre. Elle serait souillée sans se sentir salie. Là résidait toute la beauté complexe de ses fantasmes. Là était la frontière entre ses rêves et le monde réel, limité. Dans son monde à elle chaque violence infligée s’ ajustait à son propre désir sans qu’elle n’ait besoin de l’exprimer. Chaque geste, chaque baiser, chaque main pressée sur un sein ou claquant ses fesses précédaient ses désirs et savaient la surprendre. Elle avait le contrôle de cet univers et pour cette raison elle pouvait s’y abandonner. Tout était parfait.
A suivre…
Katsuni