Abrazo de tango querer copyright Claudio Mirabella
Ton SMS m’a surprise. Je ne pensais plus avoir de tes nouvelles, même si elles se résument à ces deux mots rituels. Tu l’as signé de ton prénom. Comme si tu avais eu peur que j’aie effacé ton numéro de mon répertoire. Comme si j’étais cette sorte de femme, de celles qui suppriment leur amant d’un doigt rageur : clic, t’es mort. Nous oublier, ce n’est pas possible. Non, ce n’est pas possible. Cinq jours plus tard, je t’ai écrit : « Parfois, tu me manques. Comme ce soir. »
Pulp Fiction repassait à la télévision et pour une fois, j’étais devant l’écran. J’aurais aimé le regarder à tes côtés, d’abord allongée sage sur les coussins de ton canapé d’angle. Par la suite, je me serais pelotonnée contre toi ou tu m’aurais attirée à toi, entre tes bras.
Vincent Vega dansait sur le dancefloor du Jack Rabbit Slim et des images de cette soirée à l’Orangerie se sont télescopées dans ma tête. A un moment, plus fort que la chanson diffusée, tu avais sifflé pour me ramener devant toi. Dans l’euphorie de la fête, je m’étais retournée pour danser près d’un autre. J’avais adoré, ton sourire satisfait et ton corps qui s’était collé au mien.
Tu n’as pas répondu avant le lendemain matin. En éteignant ma lampe de chevet à une heure trop avancée dans la nuit, j’avais vérifié en souriant de mon geste, rien, tant pis. Je m’étais interrogée plusieurs secondes avant de te l’envoyer. Comment allais-tu réagir ?
« J’espère que des images de nous t’ont accompagnée dans ton endormissement. » Je l’avais enfin sous les yeux, ta réaction. Tu me souhaitais aussi une belle journée.
Des images de nous ? J’en ai plein ma mémoire. Je pourrais t’en décrire des pages, quitte à inventer des scénarii. Comme Rosalie, je dirais n’importe quoi pour te parler de moi. Tu n’es pas David mais tu es toujours mon O.
Dimanche, Emmaüs organise un grand bric-à-brac. Je t’y emmènerais bien, histoire de flâner avant de te faire l’amour. Nous cuisinerions ensemble. Dans cet ordre ou dans le désordre. Je relis tes mots, les aurais-je mal interprétés ? Tu me manques et en vrai, nous, c’est mieux dans le réel. J’ai une envie dingue de te toucher, de t’embrasser pendant des heures, de jouer avec ta langue qui baise la mienne, de te sucer avec lenteur. J’ai envie que tu me désarçonnes en reprenant les rennes et que tu viennes t’empaler en moi comme si tu étais chez toi. Je me souviens avec une précision si nette de la forme de ton sexe, du ballet sensuel de tes mains, du rythme de tes hanches que cela en est douloureux et excitant.
Mes bleus à l’âme disparaissent avec le gris du ciel mais j’en ai de nouveaux, à cause d’un hula-hoop d’1,3 kg. J’ai marché plus de deux heures en forêt avec elles deux cet après-midi. Ce soir, je me demande quelle sorte de promenade serait la nôtre si tu osais y voir plus clair. *Vibra mi mente al pensar En la posibilidad De encontrar un rumbo diferente…
*Extrait de Diferente, Gotan Project
Diferente, Gotan Project, album Lunatico sur Youtube