Si sa situation est plus envieuse que son voisin nordique, la Corée du Sud n’est pas non plus du genre à accueillir le porno à bras ouverts, loin de là. Là bas, les sites pornographiques sont persona non grata. Face à cette censure gouvernementale, les coréens ont leur mot à dire. La chaîne YouTube d’Asian Boss leur laisse donc la parole le temps d’une instructive vidéo.
« S’il ne s’agit pas de contenu illégal, alors la censure n’est pas nécessaire » remarque une étudiante interrogée par la journaliste d’Asian Boss. Et pourtant ! En Corée du Sud, il est impossible – selon la loi – de naviguer sur des sites pornographiques. Lorsque l’on s’y dirige, un alarmant « Danger » écrit en grosses lettres recouvre l’écran. L’Agence nationale de la police (le National Police Agency Cyber Bureau) bloque ces sites pour contenu explicite. « Je croyais que tous les autres pays le faisaient aussi » commente une coréenne quand on la questionne sur cette censure d’Etat. Une observation pleine de bon sens car, ajoute un interrogé bien érudit (il consacre sa thèse au sujet) : « C’est comme ça que ça fonctionne : si les choses sont interdites, les gens vont forcément se dire qu’elles sont négatives. Car si la situation est plus ouverte, cela peut altérer votre perception ». On ne pourrait mieux synthétiser la réalité des faits.
Disons-le, cette inaccessibilité au X est un frein à l’esprit critique, à la liberté du net, à la nuance aussi, celle qu’il faudrait établir entre obscénité légale et obscénité hors la loi. « Il y a des pornos à régulariser (revenge porn, contenu pédophile), mais d’autres non, comme les sites japonais ou américains, là où les productions sont faites dans le respect de la loi » commente en ce sens un fin observateur. Sous cette condamnation, c’est sa diabolisation qui s’éclaire. Observez à quelle vitesse la discussion lorgne du côté du revenge porn, « un contenu qui a le pouvoir de ruiner des vies » note un étudiant. Plus globalement, le porno est associé aux violences sexuelles, impulsions et autres perversions. Ce discours réac’ nous est résumé l’espace d’une phrase : « la perception négative qu’a l’ancienne génération du porno a peut être beaucoup influé sur cette situation« . Comprendre, la société coréenne est sous l’emprise d’un vieux monde régi par « un certain code moral« , précise un témoin. Bouc émissaire (pour ne rien changer !), le porno s’envisage dès lors en conflit des générations.
Comment avoir accès au X malgré ces restrictions ? Plusieurs astuces existent, confessent les passants interrogés. Les sites de peer-to-peer, le téléchargement illégal, les réseaux sociaux, ou encore « la modification de localisation de l’adresse IP » détaille un étudiant, sont autant de voies alternatives qui démontrent que le porno, comme la vie, trouve toujours un chemin. Mais ces astuces ne résolvent en rien le souci démocratique que pose une telle législation. Seulement, pour pouvoir naviguer librement sur des sites pour adultes en Corée du Sud, il faudra attendre. Longtemps. « Les générations changent. Les vingtenaires sont plus ouverts d’esprits. Les choses évolueront quand nous deviendrons « l’ancienne génération » ! » s’amuse un jeune optimiste. Faire bouger les choses, sortir du carcan moral, mais surtout restaurer les libertés individuelles : autant de désirs qui, pour l’instant, restent de l’ordre du fantasme.