Les appels saisonniers aux régimes n’ont qu’un but : détruire les femmes.
* Destruction physique.
Souvent dramatique : une sous-nutrition que l’on retrouve dans tous les patriarcats (cf. Paola TABET, La construction sociale de l’inégalité des sexes; ou Elena GIANINI BELOTTI : Du côté des petites filles). Imposée par des méthodes masculines adaptées, chaque fois, à la culture. Par exemple, dans une culture de l’ « individu libre de ses choix », les hommes fabriquent une propagande multimillionnaire (les secteurs médias & beauté sont trustés par les hommes) pour expliquer aux femmes qu’elles sont libres de faire le choix entre
1) être imbaisable (par eux) car capitonnée, difforme, vieillissante, boutonneuse, à problèmes, bref, défectueuse par nature
ou
2) être regardable voire bandante car affamée, squelettique, au regard vague et à la bouche ouverte comme absente ou morte, jeune, imberbe … bref, fragile voire cadavérique et immature donc utilisable, manipulable et jetable.
* Destruction mentale.
Les femmes sont bombardées d’injonctions et d’insultes – feuilletez un magazine et repérez le nombre de fois où ils noues dénigrent ou affichent leur dégoût pour notre corps, photos en gros plan à l’appui. Et en même temps ces injonctions sont totalement contradictoires. Résultat, les femmes sont obnubilées par ça mais elles ne peuvent rien faire pour y remédier.
Les hommes, par leur propagande médiatique, faite de promesses publicitaires et de mensonges d’experts** (en dermatologie, en psychologie, en sexologie, en nutrition, etc.), parviennent à créer chez noues un sentiment presque indéracinable d’ »imperfection ». Non pas de celle que ne peuvent souffrir les dieux. Non. « Imparfaite » au sens de « défectueuse ». De ce défaut de fabrication propre aux stigmatisé-e-s. Noues noues percevons insuffisantes, illégitimes, inabouties, de trop ou jamais assez … Ce fond d’insécurité est fait de dévalorisation et de haine, et il est la conséquence normale d’un stigmate, celui de naître femme dans un monde fait par et pour les hommes.
Mise au régime des opprimées, victoire totale des dominants :
1) affaiblissement physique, fatigabilité, maladies chroniques (ostéoporose, anémie, etc.). Cela leur permet de noues utiliser au long court car noues sommes plus épuisées qu’eux (en dehors même de la surexploitation qu’ils noues imposent). Mais surtout, en cas de rapport de force (au plan du boulot ou plan conjugal ou au plan sexuel) ils s’assurent d’avoir le dessus (car eux pendant ce temps là, ils font du sport … de combat, ils mangent à l’aise balaise … des protéines).
2) dissociation psychique, avec auto-détestation, auto-observation permanente, insécurité profonde, rupture du circuit du plaisir et du désir et confusion morbide des besoins vitaux avec le sentiment de faute, ce qui détruit notre capacité à savoir intuitivement ce qui est bon pour noues et à agir en conséquence … bref, tout cela prépare un terrain idéal pour les violences masculines, en particulier sexuelles :
…. les femmes supportent les agressions de rue ou le harcèlement sur le lieu de travail nommées « drague » parce qu’elles se sentent reconnues, elles y trouvent une consolation voire une réhabilitation pour leur effort titanesque de masquer – ou pour les plus optimistes « réparer » - les défauts profonds de leur être.
…. elles endurent les insistances du petit copain jusqu’au viol (céder pour faire plaisir, simuler pour écourter ou faire semblant de participer) parce qu’elles ne savent plus ce qui est bon pour elles ou s’il ne faudrait pas faire des efforts pour ressentir un désir ou avoir du plaisir ou si elles pourront supporter la moindre rétorsion affective de sa part (chantage affective, bouderie, simulacres d’abandon, abandon).
… etc.
Quelques rappels de bon sens:
* Manger, c’est bon pour la santé.
* Manger noues maintient en vie et noues rend vivante.
* Prendre plaisir à manger, c’est prendre plaisir à se sentir en vie et c’est s’accorder le droit de l’être.
… C’est la raison pour laquelle le pouvoir viril produit des experts et des magazines dédiés à téléguider notre rapport à l’alimentation. Les militant-e-s voient comment les multinationales détruisent les rapports de bon sens des paysan-ne-s ou des consommateurs-trices avec l’alimentation; il est temps de le voir aussi pour les femmes.
* Ne pas savoir interpréter ou ne plus trouver en soi les sensations d’envie, de plaisir, de satiété, est un signe de dissociation. Lire des recettes d’expert n’arrangera ni la dissociation ni l’amour de soi vivante.
… Il faut plutôt rééduquer les circuits de désir et de besoins, en se centrant sur soi, en cherchant à rétablir ces sensations. Pour les règles extérieures à soi, il vaudra mieux se référer aux codes sociaux qui valent pour les hommes, plus fiables car destinés aux dominants dans chaque société : heures de repas, régimes culturels (saisonniers, régionaux, coutumiers), et adaptation à la corpulence et à l’effort (oui, oui, se baser sur les calculs d’effort attribués aux hommes, car les calculs pour les femmes sont proprement mensongers : ils ne tiennent pas compte de l’exploitation sexiste, forcément, ni de l’énergie qu’il noues faut pour résister au quotidien aux agressions masculines; or il noues faut une énergie folle pour noues anesthésier et entretenir notre mémoire traumatique à coups d’amnésie, de clivages et de dénis, dériver nos colères sur noues ou d’autres femmes ou les étouffer … ).
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Lire
Sheila Jeffreys Beauty and Misogyny : Harmful Cultural Practices in the West. Women and Psychology
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** à lire http://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/stereotypes-et-roles-sociaux/fiches-de-synthese-5/article/l-image-des-femmes-dans-les-medias
Voici les résultats d’enquête concernant la meilleure des « bonnes pratiques » observée chez l’un des 4 journaux féminins les plus « fortement impliqués dans une démarche de valorisation des femmes »
Sont soulignés les secteurs clés où les hommes gardent la main : économie, droit et sexualité, les piliers de leur pouvoir !