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La proposition de loi visant notamment à pénaliser les clients des travailleurSEs du sexe sera discutée une dernière fois ce mercredi 6 avril à l’Assemblée Nationale.
Cette mesure est dangereuse en premier lieu pour les prostituéEs. Les associations communautaires, de santé et de lutte contre le sida, et surtout les premierEs concernéEs n’ont eu de cesse de s’y opposer.
Au mépris de cette opposition, les parlementaires risquent de voter cette loi, qui ne comporte aucune mesure bénéfique pour les travailleurSEs du sexe et qui, au prétexte de les « protéger », va les exposer un peu plus aux violences, celles des réseaux et celles de la police, à l’isolement, et les éloigner des structures de santé, de soin et de dépistage et entraver leur accès au droit.
Rendez-vous ce mercredi 6 avril à 13h métro Invalides.
En 1961, Claire Kirkland-Casgrain a donné, par sa seule personne, corps, voix et visage aux espoirs de toutes les femmes du Québec.
- Femmage/hommage à pionnières et à féministesChaque premier dimanche d’avril depuis 1977, le sanctuaire Wakamiya Hachimangu de Kawasaki héberge le Kanamara Matsuri – littéralement, la “fête du pénis de fer”. Cette année, c’était donc hier. Au cours de ce festival shinto qui marque l’arrivée du printemps, les Japonais célèbrent la fertilité en faisant défiler trois énormes statues de pénis. La première est en bois, la deuxième en fer, la dernière est peinte en rose. Leur procession commence en début d’après-midi ; sur le chemin des reliques phalliques, baladées par des porteurs criants et chantant la gloire de l’érectile attribut, de nombreux petits commerçants taquinent le chaland. Sur leurs étals : des sucettes, des bougies et des sculptures en tout genre, toujours en forme de pénis.
Dans la foule compacte, les autochtones en habit traditionnel côtoient les nombreux étrangers venus prendre part à la curiosité nippone. On dépense, on prie, on danse, on chevauche de gros sexes en bois pour s’attirer les grâces des divinités ou pour une simple photo. “L’ambiance est amusante, comme celle d’une bonne fête de rue”, note le site Fest300. L’événement s’achève en fin de journée avec un défilé costumé et le couronnement du radis-pénis le mieux sculpté. Daidai sur le kagami mochi : les revenus générés par l’événement vont à la recherche contre le Sida. La fête du pénis de fer déborde décidément de bienfaits.
Le Kanamara Matsuri serait né pour célébrer la victoire de l’homme sur le démon. La légende raconte qu’un esprit jaloux s’est un jour installé dans le vagin d’une vierge dont il s’était épris. N’ayant cure des sentiments de ce curieux locataire, la jeune femme décida de se marier à banal humain. Pour signifier son désaccord, le monstre aux dents effilées sectionna le pénis du malheureux mari pendant la nuit de noce. Quelques années plus tard, un deuxième époux subit le même sort. Pour faire cesser la chute des pénis et enfin délivrer la belle de son dry spell, un astucieux forgeron bricola une gaine de fer pour son membre. L’esprit maléfique s’y brisa les quenottes et, défait, libéra la place pour l’artisan. C’est ce pénis de fer que le Kanamara Matusri honore. Quand on croulera sous l’argent, on ira y faire un tour.
Emma la Diablote balade ses cornes dans le Paris érotique. Je vous emmène en virée découvrir ce qui se trame coté CULture (théâtre, expo,...
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Lundi 04 Avril 2016Dans un ouvrage intitulé “Apollinaire et les femmes”, Alexandre Dupouy, bibliophile spécialisé dans les curiosa, comble une lacune immense : il n’y avait jusqu’ici jamais eu de biographie portant sur la vie intime du poète… fils d'une aristocrate polonaise et prostituée.
On pourrait protester : quel intérêt de rendre public ce qui relève du privé ? Vaine protestation. Les amours d’Apollinaire envahissent les poèmes qu’il écrit. Elles sont indissociables d’une oeuvre tissée d’emprunts aux lettres enflammées qu’il envoie puis dont il réclame copie. «Tout au long de sa vie, déconcertant souvent ses sujets de conquête, il utilise ses vers pour ses amours et ses amours pour ses vers, ne parvenant pas à faire la part des choses. Quoique…». Guillaume Apollinaire sait jouer avec les chimères, les mensonges et les faux noms (1). Il s’appelle en réalité Guglielmo Alberto Wladimiro Alessandro Apollinare de Kostrowitzky. Sa mère le nomme Wilhem. Il est né le 25 août 1880, «de père inconnu, probablement dans les secrets du Saint-Siège et d’une mère qui fut l’une des dernières demi-mondaines».
«Oui je veux vous aimer mais vous aimer à peine»
Dans un livre en trois parties – vie publique, vie clandestine, vie privée –, Alexandre Dupouy dévoile avec minutie les secrets de certaines collaborations littéraires de Guillaume et des pans entiers d’une correspondance qui permettent de mieux comprendre qui était la mystérieuse égérie des Poèmes à Lou… On y apprend que la Marie du poème homonyme («Oui je veux vous aimer mais vous aimer à peine / Et mon mal est délicieux») fut inhumée en 1956, à quelques rangées de lui, «vêtue de blanc au cimetière du Père Lachaise, une rose rouge à la main et les lettres de Guillaume Apollinaire sur son sein» (2). On y apprend surtout qu’Apollinaire, toute sa vie, joue à cache-cache avec la censure. Officiellement, il gagne sa vie comme journaliste et écrivain. Officieusement, il est éditeur clandestin de textes illégalement sortis des enfers qu’il coupe et qu’il fait publier sous le manteau. C’est lui, le premier, qui exhume Sade (3). Lui, «l’apatride cosmopolite qui ne détenait pour tout papier qu’une carte de lecteur à la Bibliothèque nationale et qui était fortement soupçonné de participer à la diffusion de la littérature pornographique clandestine» défend avec fierté ce travail de bibliophile (4). Il exfiltre ses auteurs fétiches du second rayon (le rayon des livres interdits), mais «même édulcorées, ces éditions demeurent compromettantes pour qui manque de relations. […] C’est d’autant plus courageux que, s’il va trop loin, n’étant pas de nationalité française, il risque l’expulsion».
Deux statuettes du Louvre vendues à Picasso
Apollinaire manque d’ailleurs à plusieurs reprises d’être condamné. En 1904, alors qu’il exerce les fonctions de rédacteur en chef au sein du Guide du rentier, il sympathise avec Géry Pieret, «un curieux collègue», ainsi que le note Alexandre Dupouy. En 1907, «pour le sport», Pieret dérobe deux statuettes au Louvre qu’il revend 50 francs à Picasso. «Le peintre cubiste s’en inspire pour réaliser son chef-d’oeuvre, Les Demoiselles d’Avignon. “Vous vous rappelez de cette affaire, à laquelle j’ai été mêlé, lorsqu’Apollinaire a dérobé au Louvre des statuettes ? C’étaient des statuettes ibériques... Eh bien, si vous regardez les oreilles des Demoiselles d’Avignon, vous reconnaîtrez les oreilles de ces sculptures !”. Il est étonnant de voir Pablo accuser son ami. Apollinaire n’est pour rien dans l’origine du vol des statuettes, mis à part d’avoir eu la mauvaise idée de présenter Pieret à Picasso.» Mais voilà : Apollinaire n’a pas dénoncé Pieret. «La délation ne figurait pas dans les moeurs du fils d’une demi-mondaine», résume Dupouy.
L’affaire de La Joconde : Apollinaire complice ?
Le problème, c’est qu’en 1911, Géry Pieret est ensuite mêlé au vol de La Joconde (vol accompli par un Italien qui ne sera identifié que quelques années plus tard). Branle-bas de combat. «Lorsque le chef-d’oeuvre de Léonard de Vinci disparaît de sa cimaise, toute la police française est sur les dents. Pieret, bien intentionné, démontre à Étienne Chichet, le directeur de Paris-Journal, preuve à l’appui et sous couvert d’anonymat, que le Louvre est une véritable passoire. Devant les menaces des enquêteurs, Chichet ne protège pas très longtemps son Arsène Lupin informateur. La police remonte aisément à l’affaire des statuettes ibériques, à Picasso et à Apollinaire. Ce dernier n’a rien à dire sur La Joconde et ne veut rien dire. Mais il faudra moult interventions pour parvenir à le sortir de la prison de la Santé après quelques jours de détention».
«Dans les eaux troubles d’une volupté semi-clandestine»
Sachant tout cela, nul ne s’étonnera que Mac Orlan ait fait disparaître les détails de sa relation avec Apollinaire : il met dans sa chaudière toutes leurs lettres, en disant : «Je ne veux pas avoir des soucis posthumes». Dans l’univers de la littérature interdite, «ce milieu plus secret encore que celui de la prostitution», il n’est pas forcément bon de fréquenter un poète qui parle leur langue aux voyous comme aux membres du Gotha. Guillaume aime avoir plusieurs vies et on ne sait jamais dans laquelle il vous entraîne. Né d’un père inconnu (lié peut-être au Vatican) et d’une aventurière issue de l’aristocratie polonaise, il était sans doute «prédestiné à nager dans les eaux troubles d’une volupté semi-clandestine». C’est ici qu’il faut aborder la question des femmes, ou plutôt de la première d’entre elles, à laquelle Alexandre Dupouy consacre un chapitre magistral : Olga. La mère d’Apollinaire.
Olga, la mère-ogre
De son vrai nom Angelica (elle choisit de changer son prénom lors de son arrivée à Monaco en 1887), la mère d’Apollinaire frappe tous ceux qui l’approche par «sa force de caractère». Filleule d’un général-major de la suite du tsar Alexandre II devenu camérier du pape Pie IX, «la jeune femme mène une vie suffisamment tumultueuse pour donner, aujourd’hui encore, beaucoup de fil à retordre aux historiens qui tentent de faire le point sur la paternité de ses enfants.» Angelica a deux enfants, qu’elle traîne partout, sur lesquels elle veille avec férocité. «Lorsqu’elle s’installe à Monaco, la Principauté refuse d’abord le permis de séjour à cette fille “d’un colonel russe, pensionnée du Czar” qui semble venue avec l’ambition de faire sauter la banque du casino. […] Mais d’autres faits sont reprochés à l’encontre d’Olga “dont l’attitude laisserait supposer qu’elle emploie, pour vivre, en dehors de cette pension, des moyens plus ou moins légaux”. Madame de Kostrowitzky se retrouve fichée comme femme galante et entraîneuse.» Qu’importe. Ses protecteurs sont haut placés.
Une redoutable manieuse de fouet
À la Belle Époque, la Principauté accueille la fine fleur de la galanterie cosmopolite – Liane de Pougy, Valtesse de la Bigne, la belle Otéro – parmi lesquelles Mme de Kostrowizka fait figure de dragon. Elle n’hésite pas à se battre au corps à corps, ni à lancer des verres au visage de ses rivales. En 1896, une rixe la met aux prises, à la terrasse d’un café, avec une autre femme galante. Les rapports de police parlent «d’un caractère d’une extrême violence» mais aussi d’«une excellente mère. Elle a deux fils très intelligents, a dit l’abbé Hertz qui les a eus plusieurs années dans son collège, et elle s’impose des privations pour leur donner une instruction soignée»… En 1896, Olga rencontre un joueur de casino, Jules Weil avec qui elle se met en ménage. Ils partent en France en 1899, s’installent à Paris. Wilhem a 19 ans et grandit sous la férule de cette tyran femelle qui se promène «fréquemment fouet à la main, sachant très bien en faire usage». Olga fouette les bonnes. Olga fouette les chiens. Spectacle inquiétant, pour le moins.
Telle mère, tel fils ?
«Sans se contenter de terroriser son fils, Madame de Kostrowitzky épouvante aussi ses hôtes – Picasso, Vlaminck, Salmon, Billy, Rouveyre, Mollet – lorsque, le dimanche, ils accompagnent leur ami déjeuner au Vésinet. Il faut se représenter “l’indomptable” mère déambulant dans son jardin “le fouet au poing pour mater ses molosses, cette Angelica tyrannique qui fait des scènes à tout bout de champ”.» Guillaume l’aime : «Elle est si racée, dit-il ! Je lui ressemble beaucoup» (5). Rouveyre lui reconnaît d’énormes qualités : «Hospitalière comme il n’est pas permis de l’être. Elle vous offre dans un dimanche deux repas à vous rendre malade […]. Et vous avez des paniers remplis sous chaque bras, quand le soir vous rentrez par le dernier train. Cela aussi est à vous effrayer un peu, vu qu’on n’est pas moscovite soi-même». Il arrive qu’un ami poète vienne rendre visite à Guillaume. Malheur, Guillaume n’étant pas là, c’est la mère qui ouvre la porte. Le soir-même, quand son fils rentre, elle le foudroie : «Qu’est-ce que tu as pu encore faire ? Il est venu tantôt un homme de la police qui t’a demandé».
Sexe, exil et violence
Ainsi qu’Alexandre Dupouy le note : il n’est pas innocent que Guillaume ait eu cette mère-là. «Elle détenait de quoi troubler le caractère d’un adolescent.» Avec cette mère, le sexe, la violence et la vie d’exil s’emmêlent. A la fois russe, polonais, italien, Guillaume «demeure “quasi apatride” jusqu’à ses trente-six ans. En 1916, son engagement militaire lui permet d’obtenir – enfin – la nationalité française.» Le 14 mars 1916, il reçoit sur le front le décret lui notifiant sa naturalisation. Trois jours après, le 17 mars, «le sous-lieutenant Kostrowitzky est blessé par l’éclat d’un obus qui traverse son casque et son crâne.» Evacué du front, soigné, le voilà nommé censeur par une terrible ironie du destin : il relit les courriers des soldats, les expurge de toute indication géographique qui pourrait renseigner l’ennemi sur la position des troupes, mais aussi de tout propos nuisible au moral des «vainqueurs». La guerre s’arrête le 11 novembre 1918. Le 9 novembre 1918, atteint de la grippe espagnole, Guillaume meurt. Il a 38 ans. Sa mère à son tour est frappée. Elle meurt le 7 mars 1919.
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A LIRE : Apollinaire et les femmes, Alexandre Dupouy, La Musardine.
A VOIR : Les Larmes d’Eros, la librairie d’Alexandre Dupouy. 58, rue Amelot 75011 Paris. Tél. : 01.43.38.33.43.
NOTES
(1) Léautaud disait : «Une biographie exacte et complète d’Apollinaire serait difficile à écrire. Chacun de ses amis savait quelque chose. Encore se contredisent-ils souvent, comme si Apollinaire avait varié sur tel ou tel point, par fantaisie, pour mystifier ou pour dérouter» (4). Paul Léautaud, cité par Hubert Fabureau, Guillaume Apollinaire, son oeuvre, Éditions de la Nouvelle Revue Critique, 1932, page 12.
(2) José Pierre, Marie Laurencin, Somogy, 1988, page 81.
(3) Apollinaire voit en lui «l’homme le plus libre qui ait jamais été» et lui consacre 56 pages d’une introduction fervente et enthousiaste, ouvrant la voie d’une réhabilitation de Sade par les surréalistes, puis par «Maurice Heine, Gilbert Lély et plus récemment Annie le Brun qui offrit en 2014 une exposition hors du commun au musée d’Orsay». (Source : Apollinaire et les femmes, d’Alexandre Dupouy, La Musardine).
(4) Guillaume écrit avec véhémence dans une introduction : «C’est en effet l’honneur de la France d’avoir produit, à toutes les époques, une littérature dont la liberté ne peut choquer que les cuistres».
(5) Geneviève Dormann, La Gourmandise de Guillaume Apollinaire, Albin Michel, 1994, page 27.
ILLUSTRATION : Couverture du livre de Robert Merodack, L’Avilissement absolu, avec une introduction de Christophe Bier, aux éditions la Musardine.
Adoption, naturalisation, mariage: à Berne, les droits LGBTIQ ont été particulièrement débattus au mois de mars. Après le refus par 50,8% des votants de l’initiative du PDC «Pour le couple et la famille – non à la pénalisation du mariage» qui visait au passage à le figer comme l’union d’un homme et d’une femme, on avait rarement vu tant de sujets LGBTIQ traités en une seule session.
Ils et elles se dirent oui…
Le gros morceau de cette session, c’est le mariage. Le 15 mars, deux postulats ont été adoptés par le Conseil national, demandant un rapport sur la création d’un mariage light: un régime ouvert tant aux homos qu’aux hétéros, dont les conséquences juridiques soient moins étendues que le mariage. A noter qu’Andrea Caroni, conseiller aux Etats PLR et auteur de l’un des postulats appelé «un pacs pour la Suisse», précisait dans une interview à 24heures qu’il s’agit surtout à ses yeux de «combler un vide pour les hétéros», précisant plus loin qu’«avec le pacs, l’introduction du mariage pour tous est moins pertinente»!
Droits LGBTI en Europe: la Suisse végète (11 mai 2015)
Un peu plus réjouissant, la commission des affaires juridiques du National planche sur l’ouverture du mariage aux homosexuels pour leur donner accès à la procréation médicalement assistée, l’adoption et la naturalisation. Ce projet est issu d’une initiative déposée par les Vert’libéraux en 2013. «Nous trouvions choquant que le Conseil fédéral approuve l’initiative du PDC Pour le couple et la famille. La discrimination entre les personnes, pour des raisons socio-économiques ou d’orientation sexuelle, doit être abolie. C’est d’ailleurs inscrit dans la Constitution suisse», affirme la conseillère nationale vert’libérale Kathrin Bertschy qui a déposé l’initiative.«La population suisse est toujours plus favorable à l’égalité des droits» Kathrin Bertschy
Aux yeux de la Bernoise, la Suisse est en retard sur toutes les questions de société car les lois et les politiciens sont plus conservateurs que la population elle-même. Critique à l’égard d’un système lent – il faut à chaque fois plusieurs années pour qu’une loi devienne effective – la conseillère nationale est pourtant optimiste quant au succès de son initiative. «La gauche devrait l’approuver et la droite, reconnaître que le peuple doit pouvoir s’exprimer sur ces questions. Or, la population suisse est toujours plus favorable à l’égalité des droits.» A noter qu’une motion déposée par la Commission de la science, de l’éducation et de la culture pour moderniser le droit de la famille a aussi été acceptée par le National.
…Vécurent ensemble…
Le 14 mars, autre victoire d’étape: le «oui» du Conseil national à la naturalisation facilitée du partenaire étranger d’un homosexuel suisse pacsé, sur laquelle le Conseil des Etats doit encore se prononcer. Même si l’idée a été combattue par les partis les plus conservateurs tels que l’UDC et le PDC, la majorité des députés a estimé qu’un traitement différencié ne se justifiait pas. «Ne pas abolir cette inégalité aurait représenté une injustice flagrante», commente Mathias Reynard, conseiller national socialiste (VS) à l’origine en mars 2013 d’une initiative parlementaire contre les discriminations basées sur l’orientation sexuelle. Barbara Lanthemann, députée socialiste au Grand Conseil valaisan et secrétaire générale de l’Organisation suisse des lesbiennes, est frustrée par la lenteur de la procédure. «La naturalisation facilitée, on en parle depuis deux ans! Il faudra en plus voter et je ne pense pas que cela passera comme une lettre à la poste. J’ai de la bienveillance pour le système politique suisse, mais parfois j’aimerais que les choses soient plus simples».
…Et élevèrent plein d’enfants
Enfin, le 8 mars, le Conseil des Etats a approuvé la réforme du droit de l’adoption. Elle permet aux couples homosexuels et aux concubins d’adopter les enfants des partenaires alors qu’actuellement, la législation n’accorde le droit à l’adoption conjointe qu’aux couples mariés. S’il s’agit d’un signe fort – le Conseil des Etats est connu pour être plus conservateur que le National – il s’écoulera du temps avant que la révision soit effective. En effet, le Conseil national, puis le peuple devront se prononcer, les milieux conservateurs ayant déjà promis qu’il y aurait un référendum. Pour eux, pas question de revenir sur les promesses faites lors de la votation de 2005: le peuple avait accepté une loi sur le partenariat enregistré interdisant l’adoption aux couples gays et aux partenaires enregistrés.
«Moins pessimiste que prévu»
«Je suis moins pessimiste que prévu, mais je ne veux pas me réjouir trop vite: le processus est très lent. D’ailleurs, nous travaillons depuis des années sur les points sur lesquels nous sommes parvenus à avancer lors de cette session», note le socialiste valaisan Mathias Reynard. En somme, bien que nos élus avancent dans la bonne direction, la patience est de mise: il s’écoulera encore plusieurs mois, voire quelques années, avant que les changements espérés soient mis en œuvre
Malgré une évolution de la jurdisprudence concernant les personnes transgenres, force est de constater qu’une étude approfondie de la question ne figure pas à l’agenda parlementaire dans l’immédiat. Bien que le lien entre identité de genre et discrimination ne soit plus à démontrer, aucun élu ne s’est encore emparé de ces thématiques pourtant cruciales pour les personnes concernées. Affaire à suivre…
» A lire également: l’interview du chercheur Thierry Delessert: «La Suisse n’est pas en retard»
Historien, Thierry Delessert est chargé de cours à la Faculté des sciences sociales et politiques de l’Université de Lausanne. Auteur de «Homosexualités masculines en Suisse: de l’invisibilité aux mobilisations», il estime que la politique suisse des «petits pas» n’est pas si mauvaise.
360° – On a parfois l’impression de faire tout plus lentement que les autres…
Thierry Delessert – Et pourtant la Suisse n’est pas en retard, sinon on ne verrait pas des couples de même sexe se bécoter dans le métro. Notre pays a toujours été perçu comme un pays plutôt tranquille pour les homosexuels. Même si notre démocratie demande du temps, nous ne sommes pas à la traîne: la culture du consensus et l’existence d’une Suisse urbaine et avancée permettent d’avancer, comme l’ont montré les dernières votations. On se compare toujours aux autres mais il ne faut pas oublier que si nos voisins européens avaient dû voter, la loi n’aurait peut-être pas avancé du tout. Lorsque François Hollande a lancé le projet du mariage pour tous, les gens sont descendus dans la rue pour protester! Et au vu des restrictions qu’il comporte – interdiction de la PMA notamment – il ressemble finalement beaucoup à notre partenariat enregistré.
– Alémaniques et Romands envisagent-ils l’homosexualité de la même manière?
– Non, on peut même dire qu’il y a un Rheingraben, car la situation en France ou en Allemagne, qui influencent ces deux régions linguistiques, n’est pas semblable. Autrefois, Paris pratiquait une homosexualité d’élite, discrète, dans des appartements fermés tandis que Berlin faisait la fête, s’exprimait beaucoup plus librement. En résulte le fait qu’on est plus discret en Romandie qu’en Suisse alémanique, où des soirées dansantes pour homosexuels ont été organisées très tôt à Zurich ou à Berne.
– Le fait d’être catholique ou protestant joue-t-il aussi un rôle?
– Là encore, on peut être surpris: ce sont les catholiques qui, les premiers, ont pris l’initiative de placer les pratiques homosexuelles et hétérosexuelles non-procréatives au même niveau dans les années 1970. Un progrès relatif, puisqu’ils les considéraient toutes deux comme une dépravation, mais ils avaient de l’avance sur les protestants grâce à l’organisation de synodes – une sorte de débat pré-parlementaire – dans les diocèses à la suite de Vatican II. Ensuite, les protestants ont repris le lead car le Vatican a tapé sur les doigts des catholiques suisses en 1975. En comparaison, l’Église catholique française est totalement inféodée aux dogmes conservateurs du Vatican.
– Comment à votre avis la situation va-t-elle progresser dans les prochaines années?
– Lentement mais sûrement, comme on en a l’habitude en Suisse. Voyez le PDC revenir à l’assaut après sa défaite du 28 février, avec une motion parlementaire dans laquelle il inclut cette fois-ci aussi les partenariés! La politique du saucissonnage – le fait d’atteindre un but à petits pas – fonctionne bien dans notre pays.
1920-1930 Plusieurs initiatives en Suisse alémanique pour créer des associations réunissant des homosexuels et lutter contre l’homophobie. Dès le départ, les lesbiennes sont doublement invisibilisées: dans les esprits, l’homosexualité est une pratique masculine.
1930-1940 Zurich devient un lieu d’accueil pour le mouvement allemand visé par le nazisme. Au milieu d’une Europe fascisante, la Suisse se transforme en centre européen du mouvement de libération des homosexuels.
1942 Promulgation du nouveau Code pénal fédéral indiquant que les relations consenties entre adultes de même sexe ne sont plus punissables. «C’est un progrès, même si le changement est porté par la Société Suisse de Psychiatrie avec l’argument que les homosexuels étant des malades, il est absurde de les emprisonner», commente Thierry Delessert, historien à l’Université de Lausanne. La prostitution et la pratique de l’homosexualité avec des mineurs de 16 à 20 ans sont punies «pour éviter que les mineurs ne soient ‘influencés’ par des homosexuels», explique Thierry Delessert. Dans les cantons romands qui avaient totalement dépénalisé l’homosexualité, ce Code introduit de nouvelles sanctions, mais il représente une avancée en Suisse alémanique où prédominait le droit pénal allemand punissant les relations sexuelles entre des hommes de tout âge.
1950-1970 Dans l’atmosphère paranoïaque de la Guerre froide, l’homosexuel, jugé veule et féminin, est perçu comme l’ennemi interne par excellence. Interpol lance une vaste enquête en 1957 sur son potentiel criminogène et dans les parcs de Genève et de Zurich, les razzias policières se succèdent. Les gays sont surveillés et fichés, une pratique autour de laquelle le tabou demeure alors que les registres ont été abrogés dans les années 1990. «Contrairement aux Romands, les autorités alémaniques ont avoué leur existence», souligne Thierry Delessert.
1974 Une commission d’experts qui planche sur la révision du Code pénal décide d’abolir la pénalisation de l’homosexualité. Cette décision révèle un changement militant car les associations homosexuelles, par des courriers et des auditions, parviennent à se faire reconnaître comme des interlocuteurs valables auprès des autorités.
1979 Première Journée fédérale de libération homosexuelle à Berne. Les manifestants revendiquent un âge de consentement égal pour tous, la suppression des fichiers de police recensant les homosexuels et la reconnaissance légale des couples gays et lesbiens. Dans les années 1980, il est aussi question de réviser la Constitution fédérale en matière de non-discrimination de l’orientation sexuelle.
1985 Large approbation par les partis politiques, les cantons et les associations consultées de l’abrogation de l’article 194 du Code pénal qui pénalisait l’homosexualité.
1992 L’UDF lance un référendum contre la révision, mais le perd à plus de 73% des voix. C’est aussi l’année du début du processus législatif en faveur du partenariat enregistré à Zurich et à Genève. «Comme souvent en Suisse, on attend de voir ce qui se passe au niveau cantonal avant de se lancer au niveau national», explique Thierry Delessert.
2005 La loi sur le partenariat enregistré (LPart) est acceptée en votation populaire (par 58% des voix) et entre en vigueur le 1er janvier 2007.
«Déchirant: il tue son fils parce qu’il est gay.» C’est sous ce genre de titre que les médias LGBT américains et internationaux se sont enflammés ce week-end pour le récit d’un meurtre commis par un sexagénaire sur son fils, dans la banlieue de Los Angeles. Amir Issa, 29 ans, a été abattu de plusieurs balles devant le domicile de ses parents, mardi dernier dans le quartier de North Hills. Sa mère a été retrouvée poignardée à mort dans la maison.
Selon les premières déclarations du suspect, Shehada Issa ne supportait plus l’orientation sexuelle de son fils. Or les conditions du drame semblent bien plus compliquées, relève le «Los Angeles Times». Depuis le retour du fils au domicile familial, il y a deux ans, plusieurs incidents avaient été signalés. Le jeune homme aurait notamment vandalisé la maison pour empêcher sa mise en vente. Amir avait des problèmes psychologiques et de drogue, selon un voisin auquel le père se serait confié. «C’était un bon type. Pas son fils. Je suis désolé pour le vieux», a-t-il résumé.
Personnalité perturbée
Les traces laissées par le jeune homme sur sa page Facebook révèlent une personnalité pour le moins perturbée. «Ils tentent de me contrôler dans mon sommeil», a-t-il écrit à propos de ses proches. «Ils disent à des gens de me violer et de me tabasser et de faire en sorte de faire comme si j’aimais ça.» Une vidéo de janvier 2014 a refait surface, où il demande à ses parents s’ils ont déjà pratiqué la sodomie. Il reçoit une bordée d’insultes de la part de son père, qui l’invite à se faire castrer chimiquement.
Avant son retour chez ses parents, Amir Issa avait eu des problèmes avec la justice pour menace avec une arme et pour une attaque au couteau sur un de ses ex-compagnons, qui avait laissé ce dernier balafré. Amir avait alors été interné.
Le père, âgé de 69 ans, a été incarcéré et inculpé pour la meurtre d’Amir. Pour l’instant, aucune charge n’a été retenu contre lui pour la mort de son épouse, dont le décès serait antérieur à celui du fils.