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Le Planning Familial salue l’avis rendu ce mercredi 1er juillet par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh) en faveur de l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) à « toutes les femmes sans discrimination ».
Mercredi 01 Juillet 2015 2015-07-01_pma_avis-hcefh.pdfCi-dessous, la déclaration de la confédération du Planning Familial relative à la radiation de l'association départementale 83 (Var).
Le Conseil d’administration confédéral du Planning Familial, réuni le 14 juin 2015 a pris la décision de radier du réseau national, l’association départementale 83 (Var) pour le motif grave suivant constitué par:
- Manquement à l’éthique du mouvement
- Dysfonctionnement grave dans la gouvernance associative
- Atteinte à l’image et à la crédibilité du Planning Familial
- Atteinte au service rendu au public dont le Planning Familial se réclame et pour lequel il est financé
sur des fonds publics.
http://www.tetu.com/2015/06/30/news/maroc-violente-video-dun-lynchage-homophobe/|Plusieurs vidéos font le tour des réseaux sociaux ces dernières heures, suscitant l’émoi dans le royaume marocain. La principale, diffusée par le site Goud, montre durant près de trois minutes un homme perçu comme homosexuel à Fès, dans le centre du pays, tenter en vain de se réfugier dans un taxi, alors qu’il est poursuivi par plusieurs jeunes en colère.
Après une matinée riche auprès de Nathalie Giraud, sexothérapeute et créatrice de Piment Rose, et de Céline Peltier, musicothérapeute, il me fallait rejoindre les Chahuteuses. Décidément ce dimanche 7 juin était plus qu’enrichissant! Eve de Candaulie m’a accompagnée jusqu’au bar Le 153, lieu de nos ateliers. Elle a eu la gentillesse de m’offrir un livre…
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Certes, vue de l’extérieur, Nice semble être une riche station balnéaire peuplée de vieilles rombières à la peau tannée par le soleil, déambulant le long de la promenade des Anglais accompagnées de caniches géants aux reflets abricot… Pourtant la ville abrite un solide réseau d’associations et d’initiatives LGBT qui tentent de renverser les idées reçues.
S’il est un cliché qui se révèle pertinent à propos de Nice et qui frappe d’emblée le visiteur, c’est que la ville est riche. Lieu de villégiature prisé par l’aristocratie européenne à partir du Second Empire, Nice conserve les traces des nombreux séjours de têtes couronnées telles que la reine Victoria ou le tsar Alexandre II. Aujourd’hui encore, la ville est la deuxième destination touristique de France après Paris et les Russes et Chinois fortunés continuent de se presser au Negresco ou au Boscolo Exedra. Les majestueuses façades Art déco des grands hôtels, la profusion d’églises baroques aux décorations surchargées ou les aménagements urbains plus récents (comme la promenade du Paillon et la rénovation de la place Garibaldi) attestent d’ailleurs de la prospérité de la cité méditerranéenne.
Mais les lecteurs de Point de vue et les admirateurs du gotha ne sont pas les seuls à trouver leur bonheur à Nice : la ville a en effet également un glorieux passé artistique et a accueilli par exemple Matisse, Chagall et Niki de Saint Phalle.
Enfin, l’histoire de l’homosexualité s’est aussi écrite en partie dans la préfecture des Alpes-Maritimes, puisque c’est ici que Magnus Hirschfeld (1868-1935), fondateur de l’Institut de sexologie à Berlin en 1919 et défenseur des droits des homosexuels, vint finir ses jours après l’accession au pouvoir des nazis. Mais qu’en est-il aujourd’hui de la vie et du tourisme LGBT dans cette ville coincée entre mer et montagne, à quelques encablures à peine de l’Italie ?
Pinkwashing ou schizophrénie ?
Pour une ville dont le cœur est à droite depuis les années 1960, Nice offre un dynamisme LGBT dont peu d’autres villes peuvent se prévaloir. Et ce malgré la course après le Front national engagée par son député-maire Christian Estrosi (LR) à l’approche des élections régionales de décembre, pour lesquelles il devra affronter Marion Maréchal-Le Pen. Les derniers mois l’ont ainsi vu multiplier les saillies douteuses sur les ondes nationales, à propos de l’affaire Zyed et Bouna, de l’islam, de l’immigration, des Roms ou de l’identité française.
Parallèlement, il est un des rares élus de droite à considérer l’ouverture du mariage aux couples de même sexe (qu’il n’a pourtant pas votée à l’Assemblée nationale) comme «une avancée» sur laquelle il ne faudrait pas revenir dans le cas plus que probable d’un changement de majorité en 2017. Et force est de constater que la municipalité fait de l’œil à ses habitant-e-s LGBT.
Ainsi, l’Office du tourisme a mis sur pied en 2011 le label «Nice, irisée naturellement» qui répertorie les adresses friendly de la ville, des hôtels aux cafés en passant par les plages et les boîtes. Un tel dispositif peut certes ressembler un peu à un gadget, mais il s’accompagne d’un programme de formation des commerçants organisé avec les associations LGBT de Nice. En outre, l’Office du tourisme est également à l’origine, en février 2015, de la première édition de Lou Queernaval, opération visant à donner de la visibilité aux LGBT par l’intermédiaire d’un défilé et d’animations dans le cadre des festivités du carnaval de la ville.
Enfin, la mairie subventionne le Centre LGBT Côte d’Azur, un lieu unique en son genre dans la région, qui regroupe pas moins de vingt associations. Le Centre, dont les locaux sont en pleine expansion, est ouvert trois fois par semaine et offre des permanences ciblées. Celle dédiée aux personnes trans, tous les lundis de 17h à 20h, est notamment assurée par la vice-présidente du Centre, Dana Osi, et n’a pas d’équivalent dans le sud de la France. Le Centre propose également, en partenariat avec la Bibliothèque municipale à vocation régionale (BMVR) de Nice, un fonds de 800 ouvrages en lien avec les questions LGBT, consultables sur place et empruntables pour les adhérents.
Deux associations organisent par ailleurs un festival du film gay et lesbien : Polychromes (Zefestival, en septembre-octobre) et Les Ouvreurs (In&Out, en avril-mai). La ville est également dotée d’une librairie spécialisée dans les livres anciens ou d’occasion sur les cultures homosexuelles et l’histoire des femmes, la librairie Vigna, qui entretient des liens étroits avec le tissu associatif local.
Enfin, Nice compte de nombreux lieux de sociabilité gay ou friendly, parmi lesquels la plage Castel, qui arbore fièrement un drapeau arc-en-ciel au pied de la colline du Château, ou le 6, un bar-club à la porte duquel l’inénarrable Cathy joue les hôtesses d’accueil et où se croisent des jeunes hommes pas si insouciants et les vieux briscards de la ville.
Des rapports moins hypocrites ?
Les Niçois, tant homosexuels qu’hétérosexuels, s’accordent à dire qu’il fait bon vivre dans leur ville et que la tolérance vis-à-vis de la visibilité LGBT a plutôt progressé ces dernières années. Cela n’empêche certes pas quelques manifestations d’hostilité, comme lorsque de la peinture rouge sang a été déversée sur la devanture du CentrE, fin avril. Cependant, comme on l’a vu, la vie LGBT de Nice est plutôt riche et variée, grâce à l’implication et au dynamisme du milieu associatif, mais également au soutien de la mairie. Se pose alors aux militants la question du positionnement face à ce maire si droitier au niveau national et si friendly au niveau local.
Les associations assurent bénéficier d’une véritable liberté d’expression dans leurs rapports avec les élus locaux, sans pour autant être dupes des enjeux électoraux. C’est ce que résumait assez bien le petit film promotionnel de la dernière édition du festival In&Out : il mettait en scène une élue locale fictive, Mazarine, cintrée dans son écharpe tricolore, manifestement peu au fait des problématiques LGBT mais consciente qu’il s’agissait d’électeurs à ne pas négliger…
Benoît Arnulf, directeur artistique de l’association Les Ouvreurs et secrétaire du Centre LGBT, reconnaît que les rapports avec les élus locaux, notamment concernant la programmation du festival, sont plutôt simples, parce qu’il sait à quoi s’attendre. Globalement, il est libre de montrer les films qu’il veut, même si, cette année, la projection porno (présente dans la programmation des éditions précédentes) a dû être supprimée. On lui a clairement fait comprendre qu’une partie des subventions en dépendait… Preuve que, cette année au moins, quelqu’un à la mairie a pris la peine de feuilleter le catalogue du festival !
De telles situations ne sont cependant pas l’apanage des villes de droite. À Lyon également, Écrans mixtes a dû renoncer en 2015 à sa traditionnelle séance porno du samedi minuit à la suite d’amicales et discrètes pressions de la municipalité, qui subventionne le festival et pour laquelle la pornographie (même lorsqu’elle met en scène exclusivement des hommes ou lorsqu’elle est filmée par des femmes) donnerait une mauvaise image des femmes.
Ainsi, si les relations des associations LGBT avec les autorités locales niçoises ne sont pas plus idylliques qu’ailleurs, elles pourraient en revanche s’avérer finalement moins hypocrites…
Bonnes adresses
Centre LGBT Côte d’Azur, 123 rue Roquebillière-Nice / 09.81.93.14.82 / www.centrelgbt06.fr
Librairie Vigna, 3 rue Delille-Nice / 06.07.70.61.84
Le 6, 6 rue Raoul Bosio-Nice / 04.93.62.66.64 / www.le6.fr
Photos : © Nicolas Maille
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C’est enfin l’été et, si vous faîtes partie de la petite moitié des Français-es qui partent en vacances, peut-être avez-vous prévu de vous rendre dans un pays où l’homosexualité est illégale. Vous n’avez que l’embarras du choix : ils sont soixante-dix-sept à travers le monde. Les plus médiatisés sont les pays africains et/ou musulmans, auxquels on peut ajouter la Russie, où l’homosexualité n’est plus illégale depuis 1993 mais où toute forme de visibilité homosexuelle est, comme on le sait, sévèrement réprimée.
La situation des homosexuel-le-s dans ces pays est évidemment un scandale, mais que dire des réactions que ces situations insoutenables provoquent chez les personnes LGBT en France ?
À chaque fois que les médias communautaires se font l’écho de telle ou telle mesure répressive dans l’un de ces pays, on peut s’attendre à une avalanche de commentaires, sur leurs sites Internet ou sur les réseaux sociaux, dans lesquels se mêlent ethnocentrisme, occidentalisme, islamophobie et racisme éhonté, le tout dans une ignorance complète et volontaire de l’histoire de ces pays, du contexte et de toutes les évolutions qui peuvent expliquer, sinon justifier, leur climat homophobe.
La palme de la réaction la plus abjecte revenant sans doute à Pierre Guénin (photo), ancien éditeur de presse homosexuelle (et co-fondateur d’un prix qui porte son nom remis chaque année par SOS Homophobie) qui a récemment commenté en ces termes les déclarations du président gambien Yahya Jammeh (qui souhaite égorger «tout homme qui veut en épouser un autre») : «sa grosse gueule de Noir parle pour lui. Et il se dit civilisé ! On peut en douter. Un gorille du 1er siècle ?». Ni l’âge de Pierre Guénin (quatre-vingt-huit ans) ni les crimes du président gambien n’excusent de telles ignominies racistes.
D’autres commentateurs se proposent pour leur part de ne plus se rendre dans les pays où les homosexuel-le-s sont réprimé-e-s, une suggestion problématique pour au moins deux raisons.
La première est que, pour espérer avoir la moindre efficacité, un tel boycott ne peut pas être individuel mais collectif, c’est-à-dire médiatisé, structuré, organisé comme l’était le boycott de l’Afrique du Sud au temps de l’apartheid ou comme l’est actuellement la campagne Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) contre les violations du droit international commises par Israël. Et ce n’est actuellement pas le cas.
La seconde raison est que, quand bien même un tel boycott parviendrait à faire significativement baisser le nombre de visiteurs étrangers dans ces pays, son effet ne serait peut-être pas aussi positif qu’escompté. Dans des pays pour lesquels le tourisme représente une source de revenus importante, voire indispensable, cela se traduirait par un ralentissement économique certainement plus favorable aux démagogues et aux fondamentalistes religieux qu’aux partisans d’un assouplissement des législations en matière de mœurs. Pensons-y, avant d’organiser ou d’annuler nos vacances à l’étranger…
Bonne lecture et bon été à toutes et tous !
Photo 1 : le Kremlin à Moscou © Pavel Kazachkov
Photo 2 : Pierre Guénin © DR
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Depuis les années 70 en France, la pornographie n’est plus illégale. N’importe qui peut tourner son porno-maison, mettre en scène ses fantasmes, même les plus bizarres, sans être accusé de crime. Cela signifie-t-il qu’il n’y a plus de tabous ?
En France, plus personne ne va en prison pour avoir photographié un corps nu, ni filmé un coït. Ce qui autorise les nostalgiques de la «proscription» à déplorer ce qu’ils désignent comme une «prescription» : «Maintenant, le plaisir est une norme». «Autrefois, il relevait de la transgression». «C’était la part maudite…». Surfant sur le sentiment général de malaise qui frappe notre société, certains affirment : «il n’y a plus de mystère». D’autres vont jusqu’à regretter le bon vieux temps durant lequel, «il était encore possible de profaner des interdits»… Comme si notre époque était celle d’une permissivité générale. Qu’en est-il en réalité ? L’idée de la transgression a-t-elle réellement disparue ? Oui et non. Dans un ouvrage collectif intitulé Cultures pornographiques, dirigé par le sociologue Florian Vörös, l’essayiste américaine Laura Kipnis signe un texte qui bouscule les idées reçues.
«La pornographie nous prend aux tripes. Toutes les réactions que l’on peut avoir, du dégoût à l’excitation en passant par l’indignation et le titillement, ne sont que des variantes du même corps-à-corps intense, viscéral, avec ce que la pornographie a à dire. […] Il ne s’agit pas que de friction et de corps dénudés : la pornographie a de l’éloquence. Elle a du sens, elle porte des idées. Elle porte même des idées rédemptrices. Mais alors d’où vient notre gêne ?». Pour Laura Kipnis, la gêne date peut-être du jour où la pornographie est devenue légale. Entre le moment de son apparition (au siècle des Lumières) et pendant tout le XIXe siècle, la pornographie opère «comme une forme de critique sociale dirigée à l’encontre des autorités politiques et religieuses.» Le pouvoir en place multiplie les condamnations. Sous couvert de moralité publique, il s’agit de «censurer l’agenda politique dont elle porteuse». Vient 1974. Brusquement, n’importe quel adolescent de 18 ans peut pousser la porte d’une salle de cinéma pour avoir sa dose d’organes génitaux en gros plan… Avec l’apparition du Web 2.0, dans les années 2000, une nouvelle étape est franchie : n’importe qui obtient l’accès aux vidéos porno qui sont mises en ligne via des sites de piratage ou autre.
Du jour au lendemain, ceux qui se régalaient d’images «interdites» se mettent à les dénigrer. Elles sont devenues des images à consommer, en libre-accès, offertes à tous, scandale. Et c’est pourquoi, criant à la «décadence», les amateurs de curiosités affirment que le porno n’est désormais plus porteur d’aucune transgression. Pour eux, le label X – synonyme de plaisir sans honte, ni culpabilité – rime avec sexe sans enjeux. Ils affirment que ces images ne lèvent aucune barrière morale et n’enfoncent plus que des portes ouvertes… ou des vagins déjà béants. C’est comme si – en démocratisant le porno – on lui avait fait perdre tout son pouvoir de déstabilisation. Ce que Laura Kipnis réfute : «Comme tous les autres genres de la culture populaire (la science-fiction, la comédie romantique, le policier, le noir), la pornographie obéit à certaines règles. Or sa règle première est la transgression. C’est un peu comme cet oncle qui réussit à mettre tout le monde mal à l’aise lors des repas de famille : son plus grand plaisir est d’aller chercher un à un les tabous, interdits et conventions de la société pour les transgresser».
S’il faut en croire Laura Kipnis, non seulement les tabous sexuels existent encore dans notre société, mais en très grand nombre. La pornographie elle-même n’est qu’une immense mise en image des interdits qu’elle bafoue et des règles qu’elle viole joyeusement. «La sueur qui coule des corps dénudés et de leurs improbables acrobaties sexuelles n’est pas la seule raison pour laquelle les images pornographiques nous collent à la peau. Nous sommes également captivé(e)s par la pornographie en tant que théâtre de la transgression», dit-elle, insistant sur le malaise que provoquent souvent les images de vidéos X. Si elles nous mettent mal à l’aise, n’est-ce pas justement parce qu’elles touchent au coeur même de nos «hontes cachées» et de nos «secrets sordides» ? «Les avant-gardes le savaient : la transgression n’a rien de facile, c’est un exercice intellectuel qui doit être calculé avec précision. Il faut connaître la culture de l’intérieur, réussir à discerner ses hontes cachées et ses secrets sordides, savoir comment l’humilier au mieux pour la faire tomber de son piédestal. (Aussi, pour commettre un sacrilège, faut-il d’abord avoir étudié la religion.)».
Reste à répondre à la question : quels tabous la pornographie met-elle à mal ?
La suite lundi.
A LIRE : Cultures pornographiques, dirigé par Florian Vörös, aux éditions Amsterdam. 320 pages. 23 euros. En librairie depuis le 22 mai 2015.
L’article de Laura Kipnis s’intitule : «Comment se saisir de la pornographie ?»
Monsieur le Procureur de la République
Près le Tribunal de Grande Instance
4, Boulevard du Palais
75001 PARIS
Monsieur le Procureur de la République,
Dans un rapport d’enquête rendu public le 18 mars 2013, la « commission nationale sur les rapports entre les citoyens et les forces de sécurité, et sur le contrôle et le traitement de ces rapports » avait dénoncé le harcèlement policier dont des femmes chinoises se prostituant dans certains quartiers de Paris étaient victimes, ainsi que l’absence de contrôle effectif par l’autorité judiciaire sur les procédures établies à cette occasion.
Les témoignages recueillis depuis quelques semaines par nos organisations révèlent une intensification de ce harcèlement policier à l’encontre de femmes chinoises présentes dans l’espace public du quartier de Belleville.
Contrôles répétés, documents déchirés, prises photographiques imposées et accès barrés jusqu’aux voies donnant accès à leurs domiciles, voilà les actes que dénoncent ces femmes, maltraitées par l’institution policière à en raison de leur statut, réel ou supposé, de prostituées. Par ailleurs, ces procédures ont donné lieu à des placements en rétention dont on pourrait émettre des doutes sur la légalité ; et qui constituent une pression supplémentaire sur ces femmes quel que soit leur statut administratif.
Loin de se réduire à de simples dérives personnelles, ces actions participent d’un système de « sécurisation renforcée » de la voie publique, selon la terminologie du ministre de l’Intérieur, dans une réponse publiée au JO le 9 juin 2015 à une question écrite de Jean-Christophe Cambadélis. Ces comportements inacceptables relèvent d’opérations menées à dessein pour rendre le travail sexuel invisible.
Des pratiques auxquelles vous prêtez la main, à en croire la même réponse ministérielle : ces contrôles auraient pour socle l’article 78-2 du code de procédure pénale, qui vous donne le pouvoir de requérir que des contrôles d’identité soient opérés en des lieux et sur des périodes déterminées par vous. En votre qualité de procureur de la République, il vous revient pourtant, en exerçant la direction de la police judiciaire, de contrôler et de prévenir l’usage abusif de ces opérations comme leurs modalités inacceptables.
Las, aux dires du ministère de l’intérieur, votre politique pénale s’attacherait prioritairement à dissuader et évincer la prostitution, puisqu’en en accord avec vous « les personnes se livrant à la prostitution, réitérantes en matière de racolage, sont désormais l’objet d’une interdiction de paraître ».
Au-delà des interrogations tant sur la base légale que sur l’opportunité de telles interdictions, c’est l’affirmation suivante, selon laquelle « les services de police mettent en œuvre tous les moyens dont ils disposent pour faire respecter cette interdiction » qui nous interpelle. Nos témoignages l’établissent : les « moyens » en question consistent en des gestes humiliants et des pratiques coercitives injustifiées et vexatoires que l’autorité judiciaire ne saurait assumer ni couvrir.
L’ensemble de nos organisations vous demandent de fournir tous éclairages utiles sur le cadre juridique de ces mesures de contrôles, donner toutes instructions nécessaires pour qu’il soit mis fin aux dérives auxquelles ces contrôles d’identité donnent lieu et, en application de l’article 40-1 du code de procédure pénale, de poursuivre toutes les infractions commises par les policiers à leur occasion.
Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions, Monsieur le Procureur de la République, d’agréer l’expression de notre considération distinguée et citoyenne.
Les signataires :
La ligue des droits de l’Homme – le STRASS (syndicat du travail du sexuel) –Bloc rouge – le Planning familial – la FASTI (Fédération des associations de solidarité avec tou-te-s les immigrés)– Femmes en lutte 93- NPA 20ème – le Syndicat de la Magistrature.
Télécharger courrier au format pdf
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