Erik Remès publie « Le 21ème sex« , ouvrage cru, pornographique et politique. Ainsi s’annonce ce roman : « un ouvrage politique qui tache bien les draps, parce qu’à travers la sexualité, et notamment une homosexualité dépravée, toxicomane et juteuse, ce sont tous les rapports de pouvoir qui se mettent en branle dans nos sociétés dépressives et anxiogènes, sur le déclin. »
Pour Erik Remès, l’écriture est un combat – la mise aux poings commence d’ailleurs dès la couverture du livre. Je pense comme lui que le sexe est politique et qu’analyser la sexualité d’une société revient à effectuer une déconstruction des rapports de pouvoir. Aussi voici quelques questions à Erik Remès, qui déconstruit plutôt à coups de foutre.
Pourquoi le choix de mélanger le côté cru de la sexualité et l’aspect politique?
La sexualité est éminemment politique et partie prenante de notre vie sociale. Elle condense tous les rapports de normes et de pouvoir à l’intérieur d’une société. Rapport de force, homophobie, violence, machisme, misogynie, etc, sont les mamelles du sexe. Je suis psychologue et sexologue de formation. La sexualité permet d’atteindre la vérité et la folie de l’être humain. C’est peut-être dans le sexe que se niche nos derniers espaces de liberté. C’est cette liberté fondamentalement politique que j’ai voulu montrer et analyser.
Pourquoi avoir intégré la drogue comme un élément constitutif de la sexualité?
La drogue et notamment les drogues de synthèse ont littéralement contaminé la sphère sexuelle. On les utilise de plus en plus dans les plans. C’est une catastrophe sanitaire dans le milieu gay. Au début on prend de la drogue pour faire du sexe. Ensuite on fait du sexe pour prendre de la drogue. J’ai voulu analyser le phénomène. Beaucoup de personnes n’envisagent plus leur sexualité sans produit.
En quoi pensez vous que l’homosexualité permet de repenser les normes?
L’homosexualité interroge la société, la remet en question. Les droits des LGBT révèlent l’avancée ou non d’une société. Elle est un élément phénoménal de l’analyse de la norme dominante. On l’a vu avec le mariage gay qu’on retrouve dans le roman (les héros se marient) : ce sont les fondements mêmes de l’hétérosexualité qui sont remis en question. La norme dominante n’a qu’à bien se tenir.
Qui /que visez vous avec ce roman ?
J’ai voulu faire le roman d’une génération un peu perdu dans un monde en crise. C’est un roman d’amour fondamentalement positif : l’amour est la raison de vivre la plus importante. Peut-être la seule en fin de compte. C’est une ode élégiaque à l’amour.