Crédit : Mélanie Le Grand
C’es la deuxième fois qu’un tel festival a lieu à Paris, après la première que fut X-Plore l’année dernière. Le Bon Docteur Senzo, membre de l’organisation d’Erosphère, s’étend un peu plus sur le sujet.
J’ai beaucoup parlé d’X-plore dans Sexe Libris et sur Sexpress. Je m’attendais donc à une suite… Mais cette année c’est un nouveau festival qui voit le jour, « Erosphère ». Comment se fait-ce?
Vive l’inattendu ! En effet, le festival Xplore a bien fonctionné à Paris en 2013. Très motivés pour relever un formidable défi culturel et militant, nous voulions accueillir au mieux pour la première fois en France une manifestation qui tranche dans le paysage de l’érotisme. Cela a été une aventure collective qui a confirmé que le jeu en valait la chandelle… Mais, vous savez, avec Félix (Ruckert, le créateur d’x-plore à Berlin), nous cultivons la franchise et sincérité. Quand nous avons constaté que nos visions sur l’organisation du festival divergeaient, la conclusion s’est imposée d’elle-même : il nous fallait concevoir une autre manifestation.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans cette nouvelle aventure ?
C’est une chance unique de pouvoir créer dans de telles conditions une manifestation de cette ampleur et de ce niveau, surtout dans un pays qui est à la fois fer de lance de l’érotisme et parfois du conservatisme. Aujourd’hui, le monde de l’érotisme bouillonne, les réflexions sur la sexualité se multiplient, sous des formes très diverses : médias Web en ligne, mouvement pro-sex et sex-positive, soirées spécialisées, films, romans. C’est une véritable vague de désir qui saisit nos sociétés, lesquelles s’interrogent, s’enthousiasment à ce sujet (comme en témoigne l’excellent « Manifeste de la Fête du Slip ») ou encore s’en inquiètent.
Erosphère a donc sa personnalité propre ?
Réaliser un festival sur la sexualité enchaînant des ateliers d’expérimentation ne peut que faire référence à Xplore, le festival précurseur en la matière ! Si de l’extérieur et pour le public français, la distinction entre Xplore Paris 2013 et EroSphère 2014 est moins évidente, c’est tout simplement parce que nous avions déjà apporté notre French Touch l’année dernière ! Pour exemple, l’Erosticratie a tenu à mettre en place un Corner Créateur ainsi qu’une exposition avec le projet Lyx et avec les œuvres hEros de Mélanie Le Grand. Enfin, une soirée avant-goût, initiative française, avait permis 2 jours avant le festival de présenter le concept au public.
Côté philosophie, nous partageons le fait de rendre actif le public pour tester, découvrir, s’initier. En pratique, le festivalier réalise son propre parcours en expérimentant 3 à 4 ateliers par jour. A chaque créneau horaire, il peut choisir l’une des 3 propositions offertes, sachant que tous ateliers sont donnés deux fois. La principale nouveauté est que nous voulions travailler une programmation de façon collective : nous sommes dans une philosophie de fonctionnement coopérative. Nous avons aussi voulu intégrer les médias et la technologie, accentuer le caractère lumineux et joyeux, et renforcer l’axe culturel. Du coup rien de tel, pour être créatif, que de lancer un nouveau festival ! Autre innovation, durant le festival, nous avons voulu développer des résidences d’artistes, avec un photographe, Wieglas, une plasticienne, Aniès Gomez et un créateur sonore, David Pomlait. Les meilleures conditions pour « Osez Erosphère », pour s’aventurer au-devant de ses désirs, de soi-même et des autres, vers les possibles et les plaisirs.A quoi peut-on s’attendre durant le festival ?
Côté format, Xplore durait 3 jours et proposait des ateliers d’une heure trente. Pour EroSphère, ce sera 4 jours et des durées variables d’ateliers, avec des modules d’une, 2 ou même 3 heures ! Cela répond à un besoin de diversité allant du plus léger au plus immersif. Après les 3 jours d’ateliers du jeudi 28 au samedi 30 août, la grande innovation est le module immersif final de 8 heures le dimanche 31. Plutôt que maintenir une fête de clôture en soirée la veille de la rentrée des classes, nous avons décidé d’intégrer ce moment en journée pour plonger collectivement dans une libre improvisation nourrie par tout ce que les ateliers auront apporté.
Côté programmation, nous avons configuré des ateliers à coloration créative, initiatique, ludique ou technique, avec même du « Do It Yourself » bien kinky… En plus, nous avons voulu intégrer le rapport à la technologie et aux médias, avec des modules photo, vidéo et jeux vidéo. Par exemple avec une séance de photographie collective se transformant en tableau vivant décalé, ou une exhibition de groupe en WebCam devenant jeu et performance. Il y aura aussi des séances d’écriture, de la sculpture, des expériences autour de la nourriture ou du cacao! Et bien d’autres encore que vous pourrez découvrir sur le site de l’Erosticratie.
A l’instar d’Avignon ou du Printemps de Bourges, il y a un festival « in » mais aussi un « off »…
Nous avons par exemple le mercredi 27 aout une soirée d’initiation à une pratique originale qui mêle le tango au bondage ludique. Une exposition collective sera inaugurée lors de la soirée « Avant-goûts » qui aura lieu le mardi 26 lors de laquelle, comme l’année dernière, le public pourra aussi tester des mini-modules de l’Erosphère « in ». Nous y offrirons en point d’écoute la création de Marie Lisel, avec son documentaire radiophonique «Merci Madame». Enfin, des lieux partenaires comme la librairie la Musardine se prêteront au off de l’Erosphère.