D’après Artesonju, le lecteur qui a chroniqué pour Sexpress La rééducation sentimentale, « ça n’est jamais facile de dire du mal d’une œuvre ». C’est pourtant ce à quoi il en est réduit suite à sa lecture.
L’intégralité de l’histoire de ce livre est bien présentée dans la quatrième de couverture, et pour résumer mon avis personnel c’est bien là le problème : l’absence de surprise, l’ultra-classicisme.
Des personnages caricaturaux
Alors certes le style est fluide, oui ça se lit bien, on trouve même un semblant de suspense dans le découpage de l’histoire en faisant un effort de curiosité. Le vrai problème de ce livre est plutôt le manque cruel de relief des personnages et de l’histoire.
Les protagonistes sont caricaturaux, entre la jeune-mais-plus-assez-pour-ne-pas-douter-d’elle femme (très) naïve et la figure ultra-éculée de l’amant riche, cultivé, cinquantenaire qui en fait quarante, amant expert incroyablement sensible, performant et intelligent. Les seconds couteaux sont de la même veine : une amie canon et délurée au final pas si gentille, la seconde amie moins belle mais complaisante et empathique au mari parfait, la secrétaire gourdasse, le patron insensible mais qui ne l’est pas tant, et ainsi de suite.
Pas mieux du côté de l’intrigue
J’attendais quelque chose de l’intrigue, même si le thème de l’initiation qui va trop loin est là encore un ressort narratif classique. J’ai retrouvé une histoire mille fois lue et vue lorsque l’on parle de sexe, d’argent, de pouvoir ou de quoi que ce soit impliquant une découverte de sa nature profonde par l’héro(ïne), puis une rédemption pour être allé trop loin (Icare, tout ça). J’avais beau être ouvert, j’ai été déçu. Tout s’enchaîne de manière vraiment trop cousue de fil blanc entre ces deux personnages sans âme.
Les scènes de sexe sont bien écrites sans être particulièrement innovantes dans leur style, à part peut-être d’être racontées du point de vue de l’héroïne. Roman à réserver à un public adolescent âgé ou dans la petite vingtaine maximum, qui pourrait y prendre du plaisir, mais trop ennuyeux à mon goût. Sans l’avoir lu je n’ai pas pu m’empêcher de penser systématiquement à 50 nuances de Grey : le résumé de la Rééducation sentimentale pourrait être un copier-coller de celui de fifty shades, en moins subversif. C’est vous dire.